En faisant le parallèle entre son avènement et l’époque de Noé, Jésus rappelle que le Déluge fut une « pré-fin du monde » (Gn 6:12-13). Et ajoute : il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme (Mt 24:37-39).
Cet article a un objectif difficile : aider à comprendre pourquoi les textes qui annoncent cette Parousie prédisent aussi des faits impliquant notre souffrance. Dans la vie courante le chrétien rencontre diverses épreuves, qui produisent la persévérance (Jc 1:2-3). Dans la perspective de la fin, le NT évoque deux types de souffrances pour le chrétien : d’une part les calamités qui arrivent dans le monde, d’autre part la persécution.
(article précédent : JE REVIENDRAI ET JE VOUS PRENDRAI)
première partie
L’ÉGLISE SOUFFRE DANS LES CALAMITÉS, ET LA PERSÉCUTION
Calamités courantes et plaies finales illustrent le péché et la perdition.
Jésus avait suggéré à des auditeurs qu’un massacre ou un accident ‘illustre’ leur propre mort suite au péché. Il avait répété : si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous de même (Lc 13:3-4). Plus tard, il dit que le Déluge les fit tous périr (Lc 17:26-27), comme aussi le feu et le souffre sur Sodome (Lc 17:28-29). Quand Jésus conclut : il en sera de même le jour où le Fils de l’homme se révèlera (Lc 17:30), ‘périr’ prend le sens ultime qu’il a en Jn 3:16 : l’opposé de vie éternelle. Le sens est : condamnation (Jn 3:18) sous la colère de Dieu (Jn 3:36), après la mort physique (Jn 5:28-29). Cette perdition, Jésus l’annonce comme sanction de Dieu sur le péché (Jn 8:24) et comme châtiment éternel (Mt 25:46).
En Mt 24, Mc 13, Lc 21, Jésus prédit des calamités ‘ordinaires’ (Lc 21:9). Il prédit aussi de grands ébranlements vers la fin (Lc 21:25-26). La suite du NT confirme les unes (Ap 6:4) et les autres (par ex. Ap 8:10-11). Et confirme une ruine soudaine du monde (1 Th 5:3), puis sa fin (2 Pi 3:10 et Ap 6:13-14), préludes au jugement qu’annoncent les Évangiles (ex. Mt 13:41, Mt 16:27, Mt 25:31-32).
Ancien pécheur, le chrétien souffre des calamités actuelles et souffrira des plaies finales.
Les unes et les autres angoissent et affligent les hommes. Bien qu’ayant la paix avec Dieu, les chrétiens ne sont et ne seront pas exemptés des privations ni des deuils. Ils en souffrent parce que Dieu ne les a pas ôtés du monde. Ils souffrent comme tout humain parce qu’ils sont nés après la rupture ; et s’ils restent mortels c’est parce qu’eux ont aussi péché. Il faut le comprendre, les catastrophes ont à voir avec le péché. Ainsi, bien que déliés du péché par le sang de Christ, les chrétiens partagent pour un temps les circonstances des pécheurs auprès desquels Dieu les envoie – avec compassion – comme témoins de Christ.
Or être ses témoins implique d’accepter les douleurs qu’il a prédites à ses élus, pour tout siècle (Mc 13:9), et pour la période précédant sa venue (Mc 13:19 et Mc 13:24).
Nouvelle créature, le chrétien souffre de la persécution.
Jésus en donne la raison : s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi (Jn 15:20). C’est, dit Jésus, à cause de mon nom. On vous persécutera, on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison (Lc 21:12), cela aboutira pour vous à un témoignage (Lc 21:13 litt.), ils feront mourir plusieurs d’entre vous, vous serez haïs de tous à cause de mon nom (Lc 21:16-17). Ces douleurs que Jésus prédit aux disciples se comprennent mieux si on voit le rapport entre cette prédiction et une précédente : il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les principaux sacrificateurs et les scribes, qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour (Lc 9:22).
deuxième partie
LA COMMUNION À SES SOUFFRANCES
Dans quel but le NT dit-il depuis vingt siècles à tout chrétien d’attendre la Parousie de Christ (1 Th 1:10), alors que seule une dernière génération la verra ? Dans le but que tout ce qui constitue notre vie – provisoire – soit parcouru dans la perspective du jour – définitif – de Christ. Mais aussi parce que toutes les générations, en un clin d’œil, seront ressuscitées par cette Parousie, et ainsi la verront !
La parousie de Christ finalisera ce qu’il a été et ce qu’il a accompli.
Ce qui est prédit pour la fin trouve son sens dans la vie de Christ. Ce que seront les « choses dernières » était déjà, en essence, contenu dans la première venue de Christ.
– Son incarnation a fait connaître Dieu que nul n’avait vu (Jn 1:18) ; sa parousie mènera à voir sa face.
– Sa première venue a été salut pour les uns et jugement pour d’autres (Jn 3:18) ; la seconde le sera aussi.
– Son ministère a été, déjà, condamnation du grand ennemi le diable (Mt 4:10 et Jn 16:11) ; le final le sera pleinement.
– Jésus a été le chemin exclusif vers le Père (Jn 14:6) ; notre fidélité ultime consistera à ne croire que lui, à l’exclusion de l’Antichrist.
– Christ incarné s’est montré obéissant à Dieu au travers de souffrances, déjà avant la croix (He 5:7-8), et il a accompli notre rédemption par des souffrances ; notre final inclura la tribulation.
Entendons bien. Nous sommes cohéritiers de Christ et nous serons glorifiés avec lui si toutefois nous souffrons avec lui (Ro 8:17). Il y a une condition. Mais elle n’est pas sans gloire, parce qu’il s’agit de participer à Christ : mon but est de le connaître lui, la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances (Ph 3:10-11).
Pourquoi la tribulation ?
Dans le NT, souffrir avec Christ s’appuie sur le fait que lui a souffert pour nous (1 Pi 2:20-21). La souffrance présentée comme ‘non étrange’ c’est la persécution (1 Pi 4:12-13). Pierre écrit : puisqu’il le faut (1 Pi 1:6), si telle est sa volonté (1 Pi 3:17), selon la volonté de Dieu (1 Pi 4:19).
Cette volonté n’est pas la souffrance en elle-même, mais ce que Dieu fait pendant qu’on souffre. Il fait que la persécution, comme le feu du fondeur, manifeste la différence entre l’or et les scories (1 Pi 1:7), entre la foi et l’impiété (1 Pi 4:18). C’est aussi le sens de 1 Pi 4:1. Dès le début, si les chrétiens ont accepté et supporté les outrages, c’est par l’Esprit de gloire reposant sur eux du fait même qu’ils souffraient pour le nom de Christ (1 Pi 4:14). C’est en rapport avec leur témoignage que Jésus avait annoncé leurs afflictions : vous serez battus de verge dans les synagogues, vous comparaitrez devant des gouverneurs à cause de moi, pour leur servir de témoignage (Mc 13:9) ; ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint (Mc 13:11).
En prolongement, la dernière tribulation manifestera qui est de Christ et qui est de l’Antichrist. Ce sera l’enjeu : faire apparaître qui témoigne de l’Évangile (Mt 24:14) et qui est apostat et faux (Mt 24:10-12).
Le NT ne dissocie pas vraiment persécutions récurrentes et ‘grande tribulation’.
Jésus ne les confond pas, mais les présente en parallèle, la dernière continuant les premières. Les deux sont de même nature : ‘à cause de son nom’ elles visent ‘les élus’. La dernière sera totale, et infiniment plus courte (Mt 24:22).
Il y a toujours eu persécution des chrétiens (2 Tm 3:12), parfois de certains, parfois de tous. Elle est spirituelle (esprit antichrist) et humaine (méchanceté et opportunisme). Selon les moments et les lieux, ils subissent diverses interdictions ou restrictions. Des confiscations, la faim, le froid. Ils endurent des calomnies, harcèlements, procès. Ils sont battus, emprisonnés, torturés, tués. Ils sont pleins de foi, mais aussi traumatisés, angoissés, malades (cp. 2 Co 6:4-5). C’est ce que souffrent aujourd’hui environ 360 millions de chrétiens (selon Portes Ouvertes) ; et c’est ce que sera la Grande tribulation, globalisée (Ap 13:15-17).
À toute époque, Jésus a fortifié les siens : ne crains pas ce que tu vas souffrir ; sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie (Ap 2:10). Vers la fin, Jésus fortifiera ceux dont les noms sont inscrits dans le livre de vie (Ap 13:8) : la persévérance des saints (Ap 14:12) consistera à ne pas se prosterner devant la bête (Ap 14:9-10).
troisième partie
APOSTASIE ET ANTICHRIST EXPRIMENT LE MAL, MAIS SERVENT AUSSI DE REPÈRE
Un vrai témoignage sera rendu à l’Évangile dans le monde habité entier.
La multiplication de l’iniquité (Mt 24:12) est certes un indicateur important (voir § suivant), mais c’est au sujet d’une ample prédication de l’Évangile que Jésus dit : alors viendra la fin (Mt 24:14). En disant : cet Évangile du royaume, Jésus précise qu’il s’agit du sien, démontré en parole, en faisant le bien, en miracles ; l’Évangile puissance de Dieu pour le salut (Ro 1:16). Cet Évangile fait du chrétien le parfum de Christ parmi les hommes, aux uns odeur de mort, aux autres odeur de vie (2 Co 2:15-16). Prétendre que vers la fin le monde ne rejettera plus l’Évangile, c’est falsifier la parole de Dieu (2 Co 2:17).
Le témoignage aura cette double dimension : une grande moisson pour Dieu (Mt 13:23 ou Ap 5:9), et une distinction entre perdus et sauvés (Mt 13:47-50). Jésus explique que certains reçoivent avec joie la parole du royaume mais trouvent dans la tribulation une occasion de chute (Mt 13:20-21).
Ne pas confondre indicateurs et signes.
D’une part, Jésus donne des ‘indicateurs ordinaires’ de l’état de perdition du monde : faux christs, guerres, séismes, famines, épidémies. S’y ajoute la persécution contre les disciples. Ces indicateurs-là, Jésus ne les qualifie pas de ‘signes’ car ils n’ont pas pour rôle de nous faire identifier l’époque de la Parousie.
D’autre part, Jésus annonce des faits sans précédent : apostasie, Antichrist et grande tribulation, puis signes cosmiques (Lc 21:25) qui signaleront l’approche de la Parousie. En disant : quand cela commencera d’arriver (Lc 21:28), Jésus nous donne un repère. Repère suffisamment net pour ne pas être manqué par l’Église, et suffisamment imprécis pour empêcher qu’elle fixe une date de la Parousie. D’où : ce jour ne vous surprendra pas (1 Th 5:4), mais aussi : vous ne savez quel jour votre Seigneur viendra (Mt 24:42).
L’apostasie finale et l’Antichrist doivent précéder de peu la Parousie.
Jésus prédit que la persécution sera occasion de chute (abandon de la foi) pour beaucoup (Mt 24:10). Concernant la parousie de Jésus (2 Th 2:1-2), Paul écrit : il faut qu’auparavant l’apostasie (au singulier) soit arrivée, et que se révèle « l’homme d’impiété » (2 Th 2:3). Paul évoque une chose qui ne peut passer inaperçue (note : « il faut » implique que nous n’avons pas mission de l’empêcher). Un abandon massif de la foi (parmi les croyants) favorisera l’émergence de l’impie, se faisant passer pour Dieu (2 Th 2:4). S’imposant par la puissance de Satan et des prodiges mensongers (2 Th 2:9), cet impie est la bête, au pouvoir de séduction vraisemblablement planétaire (Ap 13:7-8). C’est l’Antichrist sous lequel aura lieu la grande tribulation (Ap 13:7) ; mais que le Seigneur Jésus détruira par l’apparition de son avènement (2 Th 2:8).
Paul annonce cet épisode « apostasie – Antichrist – tribulation » comme un repère, à contrario, de l’imminence de la Parousie. Ça disait aux Thessaloniciens : le jour du Seigneur n’est pas encore là (2 Th 2:2). À toute époque ça dit : le jour du Seigneur n’est pas encore là. À la dernière génération, ça dira : le jour du Seigneur est là ! Ôter ce repère (par l’idée d’être enlevés avant), place l’Église dans une attente « à l’aveugle ». Remplacer le repère par l’objectif d’une christianisation totale du monde, pousse l’Église à nier ce que Jésus a prédit.
Quand c’est le Seigneur qui le dit, ça change tout !
Quel drame que l’apostasie, quel envoûtement que l’Antichrist, quel tourment que la tribulation ! Comment rester dans le repos de la foi, sinon en entendant Dieu parler. Pourquoi Pierre, évoquant sa prochaine mort violente, écrit-il paisiblement : mon départ de cette tente approche (2 Pi 1:14) ? Parce que Jésus avait indiqué par quelle mort Pierre glorifierait Dieu (Jn 21:18-19). Pourquoi Paul, qui a été battu, lapidé, et plus tard sera tué, qualifie-il de légères les afflictions du chrétien (2 Co 4:17) ? Parce que c’est Jésus qui lui avait montré combien il devrait souffrir pour son nom (Act 9:16).
Nous devons croire Ap 12:10-11 : dans le ciel, une voix forte explique que la parole de témoignage des frères, par le sang de l’Agneau, leur fait vaincre le diable… et les mène, par le sang de l’Agneau, à ne pas craindre la mort (cp. Lc 12:4-5). Nous devons croire Dieu, qui dose les afflictions et qui les abrègera : réjouissez-vous de participer aux souffrances du Christ, afin de vous réjouir aussi avec allégresse, lors de la révélation de sa gloire (1 Pi 4 :13).
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(un prochain article pourrait être : UN JOUR EST COMME MILLE ANS)