Tout ce que le NT dit sur le sujet a pour socle les paroles de Jésus lui-même. Elles sont réparties au long des Évangiles, et culminent en Mt 24 (idem Mc 13, Lc 21). Cet article veut aider à lire ces chapitres, et à les aimer (grâce à Ap 1:3) en leur subordonnant tout idéal et espoir humain.
(voir d’abord : ATTENDRE JÉSUS)
Contexte et perspective de Mt 24.
En Mt 23:13 et suivants, Jésus répète : malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux. Il annonce la géhenne (Mt 23:33). Il prédit : votre maison (le Temple) vous sera laissée déserte (Mt 23:38-39). Suite à cela, aux disciples admirant l’architecture du Temple, Jésus répond que ça ne finira pas bien : il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée (Mt 24:1-2).
D’où leur demande : dis-nous quand cela arrivera et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde (Mt 24:3). Est-ce à tort qu’ils supposent un lien entre la ruine du Temple et l’avènement de Jésus ? Non. Car Jésus leur répond en faisant le même lien, induisant que cette destruction préfigure sa venue. Ainsi, par quelques indicateurs observables dans l’Histoire, Mt 24 pointe vers l’avènement de Christ (le mot avènement traduit le grec parousia : arrivée).
En Mc 13 et Lc 21, la question des disciples ne mentionne pas la parousie, mais la réponse de Jésus la mentionne.
Mt 24 est structuré en trois tableaux.
Le texte n’est pas linéaire ; il offre trois vues d’une même chose, sous trois angles complémentaires. Partant de divers évènements, chaque tableau va jusqu’à la fin du monde. Le premier est une vue globale avec un accent sur le témoignage, le deuxième met l’accent sur Israël et l’élection, le troisième requiert l’attente personnelle (idem Mc 13 et Lc 21). Ce ‘tryptique’ rappelle que la Bible donne deux récits de la création d’Adam, deux fois la Loi, deux récits de la période des Rois, quatre Évangiles ; et que l’Apocalypse est une série de tableaux parallèles. (voir APOCALYPSE : RAPIDE COUP D’ŒIL)
En Mt 24, Jésus ne répond guère à la question ‘quand ?’. On comprend seulement qu’il évoque un futur proche (par rapport au moment où il parle), et un futur lointain, et qu’il distingue la fin. Par endroit, il donne une indication chronologique : ce ne sera pas encore la fin, telle chose arrivera avant telle autre, ou arrivera aussitôt après.
Les signes. De même qu’un recul du soleil a été signe que Dieu guérit Ézéchias (Ésaïe 38:7), Mt 24 – Mc 13 – Lc 21 qualifient de signe, non chaque évènement, mais ceux qui indiqueront l’imminence de la parousie.
PREMIER TABLEAU. v 1 à 14
Jésus commence sa réponse en indiquant l’enjeu premier.
Prenez garde que personne ne vous induise en erreur ; car plusieurs viendront sous mon nom, en disant : c’est moi qui suis le Christ ; et ils séduiront beaucoup de gens (Mt 24:4-5). « Christ ou faux christ », c’est l’enjeu vital de l’histoire d’Israël et du monde ! (Lc 21:8 : ne les suivez pas). L’enjeu est tel que Jésus répète l’avertissement, d’abord dans ce même tableau : de faux prophètes (Mt 24:11), puis dans le deuxième : de faux christs et de faux prophètes (Mt 24:24). Trois fois, le Seigneur précise qu’ils séduiront beaucoup de gens. De toutes les alertes du chapitre, c’est la plus centrale, pertinente jusqu’à la parousie : ils opéreront de grands signes et des prodiges, au point de séduire si possible même les élus ; je vous l’ai prédit (Mt 24:24-25).
Ne pas confondre. D’une part, Jésus avertit ses disciples pour qu’ils évitent certaines choses (ex. être séduits) ; d’autre part, il prédit des choses qui doivent arriver. Le chapitre se situe donc sur un plan ni optimiste ni pessimiste, mais sur le plan de la vérité : mes paroles ne passeront pas.
Vue mondiale et accent sur le témoignage.
Attention, Jésus ne déroule pas l’Histoire du monde en tant que telle ; il prédit certains faits, mais en rapport avec la fidélité de ses disciples dans le monde. D’abord, des faits (guerres et menaces de guerre, cp. Ap 6:4) dont ils ne devront pas s’alarmer, car cela doit arriver (Mt 24:6). Des faits qui plus tard s’élargiront (nation contre nation et aussi famines et séismes (Mt 24:7). Jésus les dit nécessaires : ce ne sera que le commencement des douleurs (Mt 24:8). Lc 21:11-12 précise : des phénomènes terribles et de grands signes dans le ciel, choses plus lointaines qui dépasseront les malheurs ‘courants’ de l’histoire (comme par exemple Ap 8:7 dépasse Ac 11:28).
Ensuite, en lien avec l’enjeu « Christ ou faux christs », Jésus rappelle : à cause de mon nom, on vous livrera à la tribulation (litt.), on vous fera mourir, vous serez haïs de toutes les nations, Mt 24:9). Plus lointain et plus tragique : la tribulation en fera tomber beaucoup, jusqu’à une apostasie, et une haine mutuelle (Mt 24:10), ce qu’éclaire Mt 22:14. Jésus avertit : de faux prophètes séduiront beaucoup (de croyants), l’amour de beaucoup sera refroidi par la multiplication de l’iniquité (Mt 24:12). C’est là qu’il parle de persévérer jusqu’à la fin et d’être sauvé (Mt 24:13).
Simultanée à la laideur, une chose belle vise la fin : cette bonne nouvelle du royaume (celle que Jésus a démontrée) sera prêchée dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les ethnies ; alors viendra la fin (Mt 24:14). Jésus promet un vrai témoignage ! Mc 13:9-11 et Lc 21:12-15 précisent : un témoignage sous la persécution, mais aussi sous l’inspiration du Saint Esprit. En disant « la fin » Jésus est très sobre, mais c’est bien celle que provoquera sa parousie (il le dira dans le second tableau).
De la guerre proche, ce premier tableau évolue donc vers les nations, vers le témoignage et la tribulation, et vers la fin.
Dès l’AT Dieu achemine tout vers la parousie de son Fils en juge et en sauveur.
Alors que guerres ou famines par exemple, avaient déjà existé, Jésus en prédit d’autres. Il élargit au monde : Mt 24:7 cite Ésaïe 19:2 qui est jugement sur l’Égypte, et aussi promesse de salut (Ésaïe 19:22).
Dans l’AT diverses prophéties qui annoncent une intervention de Dieu dans l’histoire, y superposent son intervention finale. Ainsi Ésaïe 13 prédit le châtiment de Babylone, en incluant des paroles qui dépassent largement ce que sera la ruine de cet empire. Par exemple : le soleil s’obscurcira ; je punirai le monde ; j’ébranlerai les cieux (Ésaïe 13:10-13).
Quand ces prophéties parlent en termes de bouleversements cosmiques, est-ce uniquement pour grossir le trait ? Non, car le NT les cite en rapport avec la fin du monde, impliquant que l’AT prévoyait l’avènement du Christ. Ésaïe 13 est cité par Jésus en rapport avec sa venue (Mt 24:29), comme Os 10 est cité par Ap 6:12-17.
DEUXIÈME TABLEAU. v 15 à 31
Focus sur Israël et l’élection.
Mt 24:15 introduit un retour en arrière sur ce qui a été dit. C’est un second tableau, visant à avertir les disciples fidèles en Israël au sujet de l’abominable profanation. Jésus évoque Dn 12:11, prophétie qu’on pensait déjà accomplie (le Temple fut profané par Antiochos Épiphane en 168 av JC). Mais, que le lecteur fasse attention, Jésus annonce un accomplissement alors futur : la destruction du Temple en 70 (Lc 21:20 précise : par des armées). Aux Juifs qui l’écoutent, Jésus recommande la fuite physique : Mt 24:16-20.
Il cite Dn 12:1 : alors il y aura une grande tribulation telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant (Mt 24:21). En effet, à partir de 70, Israël va subir une ruine plus terrible que les défaites et exils précédents (c’est ce qu’implique Lc 21:24).
Surtout, au texte de Dn 12:1 (telle qu’il n’y en pas eu), Jésus ajoute : et qu’il n’y en aura jamais plus (Mt 24:21). Vu la suite du tableau (Mt 24:29-30) Jésus évoque ici, au-delà des malheurs d’Israël seul, un dernier accomplissement de Dn 12, la grande tribulation que souffriront tous ses élus sous l’Antichrist (Ap 7:14).
Deuxième tableau encore : la fin plus clairement dépeinte.
Dans les v 21 à 31, des bouleversements ultimes (cp. Lc 21:25-26) puis l’apparition de Christ sont annoncés plus nettement que dans le premier tableau. Ce n’est pas surprenant puisque l’accent est mis sur Israël, à qui l’AT annonçait le triomphe final du Messie (Ps 110:1-2). Jésus promet que la grande tribulation, dernière et totale (Ap 13:6-7), sera abrégée à cause des élus (Mt 24:22). L’enjeu des faux christs et faux prophètes sera devenu plus criant, avec de grands prodiges au point de séduire si possible même les élus (Mt 24:24). Si quelqu’un vous dit alors : le Christ est ici, ou : il est là, ne le croyez pas (Mt 24:23). Jésus dit de ne rien croire concernant un christ revenu discrètement.
Et il dit pourquoi : quand le vrai Christ apparaitra, ce sera flagrant. En effet, comme l’éclair part de l’orient et brille jusqu’en occident, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme (Mt 24:27-28). Note : très imagé, le v 28 signifie qu’on ne pourra manquer la parousie.
Revenant sur les jours de la dernière tribulation, Jésus prédit ce qui suivra aussitôt après : le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées (Mt 24:29 cp. Ap 8:12). Puis il promet : alors le signe du Fils de l’homme paraitra dans le ciel, toutes les tribus de la terre se lamenteront (id. Ap 1:7), et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire (cf. Dn 7:13) ; il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu’à l’autre (Mt 24:30-31). Promesse suprême faite à tous ses élus, Juifs et païens, sa venue en personne (flagrante, visible, audible) déclenchant leur grandiose enlèvement.
Ce second tableau va, lui aussi, du temps des disciples jusqu’à la parousie de Christ.
TROISIÈME TABLEAU. v 32 à 44
Jésus presse chacun de se tenir prêt.
Il fait un retour en arrière sur ce qu’il a présenté (quand vous verrez tout cela, Mt 24:33), afin qu’on en retienne l’enseignement (Mt 24:32) : sachez que le Fils de l’homme est proche. Quand il dit : cette génération ne passera point, que tout cela n’arrive, c’est probablement la génération qui verra les derniers signes (apostasie, tribulation sous l’Antichrist, soleil obscurci), puisque Jésus poursuit : le ciel et la terre passeront (Mt 24:34-35). Quand il précise que le jour et l’heure, personne ne les connaît, ni les anges, ni le Fils (Mt 24:36), ça ne peut concerner l’an 70, mais bien le jour de sa parousie.
Parousie qui surprendra le monde comme le déluge surprit les hommes – sauf Noé (Mt 24:37-38). Jésus précise que ce fut un jugement : le déluge les emporta tous, et : il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme (Mt 24:39). Dans ce contexte, les mots « l’un sera pris, l’autre laissé » correspondent à : les uns seront emportés pour le châtiment, d’autres seront sauvés tel Noé (Mt 24:40-41). Jésus l’avait déjà dit en Lc 17:26-27.
Il insiste auprès des siens et parle à leur cœur, surtout pour les maintenir fidèles : veillez donc, puisque vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra (Mt 24:42-43). Et : tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas (Mt 24:44). Jésus nourrit l’attente de toutes les générations, jusqu’à celle qui verra que le Fils est à la porte. (Mt 24:50 prolonge l’exhortation, et Mt 25:13 aussi)
Destiné au vécu de tout disciple, ce troisième tableau va jusqu’au jour où le Seigneur viendra.
Brèves remarques sur Mt 24, Mc 13, Lc 21.
– La promesse d’un vrai témoignage rendu à l’Évangile signifie bien plus qu’une simple médiatisation, mais ne signifie pas une conversion planétaire.
– Si, de ces chapitres, on applique les menaces à Israël seul, et les malheurs seulement à l’histoire déjà passée, on ‘vend’ à l’Église – et au monde – un avenir autre que celui prédit par Jésus.
– Même si ‘parousia’ peut signifier ‘présence’, la Pentecôte a accompli : je viens vers vous (Jean 14:18) mais pas la promesse : le Fils de l’homme viendra sur les nuées du ciel.
– Le sens de ces chapitres se confirme dans les autres textes du NT qui parlent de la parousie et de l’enlèvement. (ils seront le sujet du prochain article)
Jésus dit que faire.
Prenez garde que personne ne vous séduise. Ne vous alarmez pas. Que le lecteur fasse attention ; fuyez, priez. Ne les croyez pas. Sachez, veillez, tenez-vous prêts. Redressez-vous et levez la tête (Lc 21:28).
Et : heureux ce serviteur que son maître, à son arrivée, trouvera occupé selon ses instructions (Mt 24:46).
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(article suivant : JE REVIENDRAI ET JE VOUS PRENDRAI)