Une fois que Dieu nous a mis « en Christ », la suite concrète est : « Christ en nous ». Autrement dit, une fois que Christ nous a justifiés et adoptés, il se rend présent à nous en donnant son Esprit. C’est pourquoi Galates 4:6 dit, d’abord : parce que vous êtes des fils, et ensuite : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils. Illustration : des parents qui ont adopté un enfant, s’investissent ensuite dans sa vie.
Voir article précédent, QUE SIGNIFIENT LES MOTS : « EN CHRIST » ?
« CHRIST EN VOUS » : COMPRENDRE L’EXPRESSION
Premières mentions des mots « en vous ».
De tous les versets où Jésus dit : en vous (hormis ce qui est humain), voici le premier : c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous (Matthieu 10:19-20). Il dit que, dans le cœur des disciples (témoins et persécutés), l’Esprit de Dieu sera présent et agira. Et voici le deuxième : je suis au milieu d’eux (Matthieu 18:20, litt. en eux). Il dit que (face au péché d’un membre) si deux ou trois prient en son nom, Jésus est présent au centre. Dans ces deux premiers versets, « en vous » désigne l’individu puis le collectif (nous y reviendrons), mais ces versets montrent surtout qui est en eux.
Christ « en vous » par son Esprit « en vous ».
Des deux versets, l’un dit que c’est l’Esprit Saint qui sera dans le cœur des disciples, l’autre dit que c’est Jésus. Lui-même éclaire cela en leur promettant d’abord : l’Esprit de vérité sera en vous (Jean 14:17), et en précisant aussitôt : je ne vous laisserai pas orphelins, je viens vers vous (Jean 14:18). C’est bien Jésus qui viendra. Mais il viendra par son Esprit, l’Esprit de Dieu, le Paraclet se tenant à leur côté. Jusqu’à son avènement, Jésus le Fils éternel ne viendra pas autrement. Parce qu’il sera remonté au ciel (Actes 1:11). C’est du ciel que ses rachetés l’attendront (1 Thessaloniciens 1:10).
« Christ en nous » signifie donc ceci : de sa présence éternelle sur le trône, hors de nous, Jésus nous accordera par son Esprit un « je suis là » intérieur. Non un « je suis là » en pensée, en symbole. Mais une vraie « venue », un vrai envoi de son Esprit, répandu depuis le ciel sur la terre (Apocalypse 5:6), localisé en nous : Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils. Cela nous est si avantageux ! (Jean 16:7).
Voyons maintenant comment « Christ en nous » signifie : en l’église, et aussi : en chaque membre.
« Christ en vous » : vous l’Église « son corps ».
Les mots « Christ en nous » révèlent qu’il s’investit envers nous comme berger qui aime, nourrit, conduit. Le mot « nous » désigne premièrement l’église. Le mot « en » peut alors se traduire ‘au milieu de’ (1 Corinthiens 14:25) ou ‘parmi’ (2 Corinthiens 13:3). Car ces versets parlent de Christ présent et agissant pour le collectif des croyants (croyants païens incorporés à l’Israël croyant son Messie). C’est ce qu’exprime Éphésiens 2:21-22 : tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être une habitation de Dieu en Esprit. Sept fois environ dans le NT, les mots « Christ en vous » s’adressent plutôt à l’église (Matthieu 28:20 est similaire).
Et si le NT parle au membre individuel (personnellement temple du Saint Esprit, 1 Corinthiens 6:19), il lui révèle ceci : vous êtes le corps de Christ (1 Corinthiens 12:27). Vous êtes un seul homme nouveau créé par la croix du Christ (Éphésiens 2:15-16). Vous êtes les membres édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu en Esprit. Le collectif semble résulter des membres (leur assemblement fait l’église) mais en vérité c’est Christ qui fait le corps (l’église existe parce que Christ est !).
Le mot traduit par ‘tête’ ou ‘chef’ (Éphésiens 1:22) signifie aussi ‘principe’. Il dit que Christ est le Seigneur dont la primauté crée les membres (Éphésiens 2:10), comme le cep produit les sarments. C’est ce que signifie : il est la tête du corps, de l’Église (Colossiens 1:18). Ici, ‘la tête’ n’a pas le sens de 1 Corinthiens 12:21 (comparaison physique où la tête d’un humain n’est qu’une partie de lui). Christ est ‘la tête du corps’ ne signifie aucunement que les membres le complètent. Attention à ne pas inverser « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5). Le cep ne tire pas sa sève des sarments.
« Christ en vous » : vous, chacun pour sa part.
(1 Corinthiens 12:27). Dans l’expression « Christ en nous » le mot « nous » désigne aussi chaque membre racheté ; le mot « en » signifie alors ‘dans’. Jésus le premier affirme cette venue de Dieu et Christ dans un cœur individuel : si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera ; nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui (Jean 14:23). Rédempteurs célestes, le Père et Christ par leur Esprit commun habiteront celui qui reçoit Jésus.
Paul confesse cette venue du Seigneur en lui, individu : c’est Christ qui vit en moi (Galates 2:20). À chaque croyant personnellement, il écrit : si Christ est en vous… (Romains 8:10). Douze fois environ dans le NT, les mots « Christ en vous » s’adressent plutôt à l’individu.
D’où l’importance pour chaque chrétien de confesser : Christ vit en moi. Le confesser avec foi ! Le confesser humblement, puisque le dessein de Dieu a pour centre Christ et non moi. L’insigne grâce du « Christ vit en moi » a donc un sens second par rapport à « Christ est sur le trône céleste ».
« CHRIST EN VOUS » : QUELLE GRÂCE !
Honorer cette grâce, ne pas la négliger, ni en réduire le sens.
L’Éternel Dieu, que les cieux et les cieux des cieux ne peuvent contenir (1 Rois 8:27), habite l’Église et aussi chaque membre ! Il l’habite avec son Fils et par leur Esprit commun (2 Timothée 1:14). L’expression « Christ en nous » est donc à prendre au sérieux. À prendre avec foi : demeurez en moi, et moi en vous (Jean 15:4). Foi réceptive : si mes paroles demeurent en vous (Jean 15:7 ou Colossiens 3:16). Foi bénie : afin que ma joie soit en vous (Jean 15:8). L’expression n’est pas à prendre comme symbolique.
La réalité de « Christ en nous » est à vivre : nous reconnaissons à ceci qu’il demeure en nous : par l’Esprit qu’il nous a donné (1 Jean 3:24). Et non par notre ressenti. Ici-bas, « Christ en nous » est à croire simplement : celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde (1 Jean 4:4). Croire avec reconnaissance pour ce mystère, c’est à dire : Christ en vous, l’espérance de la gloire (Colossiens 1:27). Mais sans le minorer, par exemple en pensant que Christ est présent dans l’église mais guère présent en moi si faible.
Préserver le sens, ne pas le sur-amplifier.
L’Éternel Dieu, que les cieux et les cieux des cieux ne peuvent contenir, habite l’Église et aussi chaque membre. L’expression « Christ en nous » est à maintenir telle qu’écrite. Pour le NT, « Dieu nous habite » n’a pas un sens égal à : « il est dans les cieux » (Matthieu 6:9). Selon lui : je demeure dans les lieux élevés et dans la sainteté, prime sur : mais aussi avec l’opprimé (Ésaïe 57:15). De même, Christ est « dans les cieux » bien plus pleinement qu’il n’est « dans mon cœur ». Il descendra du ciel (1 Thessaloniciens 4:16) et, jusque là, nous demeurons loin du Seigneur (2 Corinthiens 5:6).
Le NT ne donne pas un sens intégral à l’expression « Christ en nous ». Elle n’annule pas : l’homme ne peut me voir et vivre (Exode 33:20). Elle a un sens partiel : l’Esprit Saint nous est donné comme prémices (Romains 8:23) ou arrhes (Éphésiens 1:13-14), et non sans mesure comme il l’était à Jésus (Jean 3:31 et Jean 3:34). C’est pourquoi l’expression « Christ en nous » n’autorise pas un désir de toute puissance ; comme si je disposais à ma guise de son autorité céleste, sans limite. Ou comme si mes dons faisaient la présence de Jésus dans l’église (contre Matthieu 18:20).
Ne pas extrapoler. Quand Jésus dit : vous en moi, et moi en vous, les deux expressions formulent deux grâces successives non symétriques. Car la suite du NT répète séparément « vous en Christ » et « Christ en vous », sans redire d’un bloc « vous en lui et lui en vous ». Cela évite l’idée d’une interpénétration mutuelle, égalitaire, où nous deviendrions tout ce que Christ est, où tout ce qu’il est résiderait en nous. La phrase « vous en moi, et moi en vous » annonce donc la communion, mais pas une éperdue fusion entre deux êtres de même nature. Car nous restons créatures.
Conclusion.
« Christ en nous » se comprend avec : il est la tête du corps, de l’Église. Sans Christ au milieu d’elle, l’Église ne peut en aucun cas paraître devant Dieu ! C’est Christ qui l’a aimée, s’est livrée pour elle, et la sanctifie dans le bain de sa parole (Éphésiens 5:25-26). C’est Christ qui se présentera à lui-même (litt.) cette église, glorieuse, sans tache… (Éphésiens 5:27). À lui-même parce qu’elle est l’épouse, et à Dieu parce que c’est Dieu qui la lui donne.
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