Après celui consacré à Mt 24 (JÉSUS REVIENDRA) cet article veut servir d’autres textes, résumés par : je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi (Jn 14:3).  La première partie de l’article aide à voir que cette promesse contient tout. La deuxième plaide pour que notre espérance ne s’éloigne pas de la simplicité de cette promesse.

 

première partie

LA PROMESSE DE JÉSUS RÉCAPITULE TOUTE L’ESPÉRANCE

 

L’espérance résulte des mots par lesquels Jésus désigne son retour.

Il en emploie cinq.

le jour du Fils de l’homme (Lc 17:24), équivalent à « le jour de l’Éternel ».

la fin du monde (accomplissement de l’ère) (Mt 13:40-41), ou : la fin (Mt 24:14).  ‘Jour’ et ‘fin’ disent que l’histoire du salut révélé ici-bas par Dieu trouve son aboutissement dans la re-venue de son Fils. Fondamentalement, la fin c’est la personne même de Jésus : je suis le premier et le dernier (l’eschatos) (Ap 1:18).

venir, au sens de revenir : on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel (Mt 24:30).

avènement (grec parousia), qui signifie non le début du règne (il règne déjà) mais l’arrivée visible, la présence en personne : ainsi sera la parousie du Fils de l’homme (Mt 24:37).

révélation (grec apocalupsis) : au jour où le Fils de l’homme se révèlera (Lc 17:30), dévoilera pleinement sa gloire.  (ces trois sont traduits de façon variable)

Ces cinq termes de Jésus sont repris dans les Épîtres (ex. dans l’ordre, Ph 1:6, 1 Pi 4:7, 1 Co 11:26, 1 Jn 2:28, 1 Pi 1:13), qui en précisent le sens par deux mots supplémentaires :

apparition (grec épiphaneia) : en attendant l’apparition de Jésus-Christ (Tt 2:13), sa manifestation en lumière (2 Tim 4 v 8).

il descendra du ciel (1 Th 4:16).

Tous ces mots ne désignent pas les bouleversements qui, soit préfigurent déjà, soit précèderont de peu l’arrivée de Christ, mais bien cette arrivée elle-même.  Par elle prendra fin : « nous demeurons loin du Seigneur » (2 Co 5 v 6).

 

Tous ces mots désignent une seule et même chose.

Jour, fin, venue, avènement, révélation, apparition, descente, parlent d’un même retour. Car Jésus puis ses apôtres emploient toujours ces mots comme interchangeables.  Voici quelques exemples. Pour désigner son retour, Lc 17:30 dit ‘révélation’, le verset parallèle Mt 24:37 dit ‘parousie’, et au même paragraphe, Mt 24:42 dit ‘le Seigneur vient’.  Dans une même phrase, Paul emploie comme synonymes ‘parousie’ et ‘jour du Seigneur’ (2 Th 2:1-2).  Jean fait pareil avec ‘il sera manifesté’ et ‘sa parousie’ (1 Jn 2 v 28).  De plus, les sept expressions ou mots, sont toujours au singulier. Ils ne suggèrent pas plusieurs faits séparés, mais un fait unique : Jésus apparaitra une seconde fois (He 9:28).

De la part de Dieu, une telle simplicité est bienveillance !  Elle rencontre les cœurs d’enfant, auxquels il réserve le royaume des cieux. Elle crée en eux une foi ‘facile’, une bienheureuse attente (Tt 2:13).

 

Tous ces mots désignent une venue flagrante et instantanée.

Jésus en parle comme d’une chose immanquable, et non pas confidentielle (Mt 24:26-27).  Il promet sa parousie visible d’un bout du ciel à l’autre. Il dit : comme l’éclair (à la fois fulgurant et éclatant). En He 9:28 le verbe ‘apparaîtra’ implique sera vu.  Sur le même sujet, Jean écrit comme un tout : « il sera manifesté » et « nous le verrons tel qu’il est » (1 Jn 3:2). S’il écrit : tout œil le verra (Ap 1:7), c’est en se référant à Dn 7:13 et Za 12:10 que Jésus a cités ensemble concernant sa venue (Mt 24:30).

Jésus dit aussi : avec la trompette grande (Mt 24:31 litt.), et promet un enlèvement retentissant de ses élus, simultané à sa venue évidente à toute la terre (Lc 21:35). Rappel, concernant une venue non flagrante Jésus dit : ne le croyez pas.  Parlant aussi de cette dernière trompette, Paul précise : en un clin d’œil, les morts ressusciteront et nous serons changés (1 Co 15:52). Et il affirme que c’est la parousie de Christ (1 Th 4:15) qui déclenchera et la résurrection des siens déjà décédés et l’enlèvement des siens encore vivants (1 Th 4:16-17 et 2 Th 2:1).

 

La parousie de Christ déclenche toutes les « choses dernières ».

Cela parce que Christ est lui-même la fin, puisqu’il est l’origine, la raison d’être, et le couronnement de tout ce que Dieu fait (Col 1:16-17). C’est d’ailleurs pourquoi les derniers signes seront cosmiques.

Ainsi, son retour ‘contient’ toute la fin.  Comme relevé ci-dessus, Jésus annonce tout ensemble sa parousie et notre enlèvement. Il annonce ensemble sa venue et le jugement des siens et des autres (Mt 25:31-32).  De même Paul annonce comme simultanés, que Christ est attendu du ciel et qu’il rendra nos corps de misère semblables à son corps glorieux (Ph 3:20-21).  Pierre parle tout ensemble des cieux passant avec fracas (2 Pi 3:10) et de la parousie du jour de Dieu (2 Pi 3:12 litt.). Puis de nouveaux cieux et une nouvelle terre (2 Pi 3:13).  Bien sûr, comme évoqué en Mt 24:29-30, c’est par l’éclat de son avènement (l’éphiphanie de sa parousie) que Jésus mettra fin à la tribulation, et détruira l’impie c’est à dire l’Antichrist (2 Th 2:8 et Ap 19:20).  Par ailleurs, il fera jeter le diable dans l’étang de feu et de souffre (Ap 20:10).

Oui, c’est par sa parousie que nous serons toujours avec le Seigneur, c’est elle qui – d’avance – est la consolation des cœurs qui l’aiment (1 Th 4:17-18).

 

 

 

deuxième partie

GARDER LE BÉNÉFICE DE CE QUI EST ÉCRIT

 

Notre espérance doit retenir que « je reviendrai » inclut « je vous prendrai avec moi ».

En attendant, notre bénéfice sera aussi de rester fidèles, et accepter de souffrir (voir prochain article).

 

Ne pas compliquer inutilement la doctrine de la Parousie.

Le texte du NT ne fractionne pas la doctrine en plusieurs ‘retours’. Jésus et Paul annoncent un enlèvement ; mais ne disent pas qu’il sera secret.

Malgré cela, une idée s’est imposée : Jésus viendrait une première fois sans être vu du monde (qui continuerait son cours), pour nous enlever avant la grande tribulation. Puis il reviendrait une deuxième fois, de manière flagrante, après la tribulation.  Aucun verset ne formulant cette idée, elle a été absente du christianisme jusqu’au 19e siècle (où elle a émergé par une prétendue prophétie).  Plus tard elle a fait son chemin, par divers arguments. D’abord par une distinction artificielle entre les mots (ex. ‘parousie’ annoncerait la venue secrète, et ‘jour du Seigneur’ la venue éclatante).  Ensuite par une intuition autour de deux versets principaux relus d’après cette idée. Enfin par une construction qui sépare deux peuples de Dieu, Israël et l’Église (voir le dernier §).

L’intuition était que, si Jésus revient avec les saints, il faut bien qu’ils aient d’abord été enlevés vers lui.  Premier verset, Za 14:5 : l’Éternel viendra, et tous ses saints seront avec toi. Certains traduisent : avec lui, mais l’original dit bien : avec toi (c’est à dire Jérusalem). Surtout, ici le mot ‘saints’ désigne très probablement les saints anges (que Zacharie mentionne plus de vingt fois).  Deuxième verset, 1 Th 3:13 : sa parousie avec tous ses saints. Certes, ‘saints’ désigne souvent les ‘rachetés’. Mais il est hasardeux d’isoler ce verset de celui écrit peu après : il se révèlera du ciel avec les anges puissants (2 Th 1:7) ; et surtout de ceux où Jésus promet explicitement : il viendra avec les saints anges (Mc 8:38, Mt 25:31, etc). Il ne dit jamais qu’il descendra du ciel avec ses disciples.  Fragile doctrine que celle imaginant notre « co-parousie » avec Christ. D’autant plus fragile que « le jour du Seigneur » n’est jamais dénommé « le jour de l’Église ».

 

Ne pas oublier que c’est l’Écriture qui explique l’Écriture.

Une saine interprétation ne s’appuie pas sur des déductions. Celles qu’on tire d’un verset unique sont à écarter si elles ne sont pas explicitement formulées dans plusieurs autres versets.  L’idée d’un enlèvement secret n’a pas résulté de démonstrations que ferait le texte biblique mais, à l’inverse, elle a déterminé l’interprétation de certains textes. Exemple, le verset « aux temps de la fin, la connaissance augmentera » (Dn 12:4), a été compris comme validant les innovations du 19e siècle. Mais le verset annonçait plutôt He 1:1-2 : aux derniers jours Dieu a parlé par le Fils ; lequel Fils a éclairé le livre de Daniel en le citant, puis en donnant l’Apocalypse qui interdit tout ajout.

Comme de raison, l’enseignement et les textes datant de Jésus et ses apôtres, résistent à toute révélation inédite, et empêchent de modifier le contenu de l’espérance.

 

Pourquoi le succès de l’idée d’un retour de Jésus en deux fois ?

(selon certains, en trois fois)  D’abord, parce que le croyant est curieux de ce qui n’est pas écrit.  Ensuite, parce que cette idée implique d’échapper à la grande tribulation. On utilise Ap 3:10 : je te garderai de l’heure de la tentation qui va venir sur le monde entier. Or on ne peut affirmer que ce verset concerne un enlèvement avant la tribulation, puisque Jésus dit que ses élus la subiront (Mt 24:22). En 2 Th 2:1 et 2 Th 2:3-4, Paul l’annonce aux lecteurs comme signe précédant la parousie.  Il est donc plus sûr de comprendre Ap 3:10 par Jn 17:15 et 1 Co 10:13 : avec la tentation, il donnera aussi le moyen d’en sortir.

Nous compatissons tous au naturel désir de ne pas souffrir, de ne pas être tué. Simplement, nous ne pouvons placer ce désir au-dessus des Écritures, qui affirment partout que les disciples seront persécutés, et le seront jusqu’à la fin (Mt 24:13). Cela parce que la fin c’est Christ  (voir article suivant)

 

Bien sûr, Jésus revient comme il veut !

Que ce soit en une ou en deux fois, ne dépend pas de nous.

Remarque.  La croyance en un enlèvement secret a plus tard permis celle d’un enlèvement « sélectif » (des seuls chrétiens les plus consacrés). Ainsi, l’idée qui voulait rendre obsolète dans l’Église la peur de la grande tribulation, y a créé une autre peur jusque-là inédite : celle de ne pas être enlevé.  Mais ni Jésus ni ses apôtres ne font de distinction entre les rachetés, ils disent simplement : les élus, tous les siens (1 Pi 1:1) pour qui il revient (1 Pi 1:13). Jésus ne parle de tri qu’entre les élus et les perdus (Mt 13:49-50 et Mt 25:31-32).

Autre remarque.  L’espoir d’échapper à la tribulation en tant que rachetés, finit par rendre myope à la nécessité de souffrir pour Christ (1 Pi 4:12). Paradoxe, cet espoir s’accommode de la conviction qu’une autre catégorie de rachetés subira cette grande tribulation. En effet, le scénario imaginant que l’enlèvement nous y fera échapper, prévoit que sous elle Israël et d’autres se convertiront au Messie.  Ils seraient alors autre chose que l’Épouse déjà enlevée. Or le NT enseigne, pas au futur, que Dieu n’a qu’un peuple : Christ a créé un seul corps par sa croix (Ep 2:16). L’Assemblée de l’Éternel c’est celle du Messie, qu’il a aimée, pour qui il s’est livré (Ep 5:25-26), qu’il se présentera (Ep 5:27).  Pour le salut final d’Israël Dieu a certes un temps (Ro 11:25-26), mais Jésus ne dit pas que ce sera en l’absence des autres élus.  (comp. : POURQUOI DIEU SE DIT-IL DIEU D’ISRAËL ?)

 

Conclusion.

Jour, fin, venue, avènement, révélation, apparition, descente. Par la simplicité volontaire de sa promesse, Jésus nourrit à la fois l’espérance et le témoignage de ceux qui (d’avance) auront aimé son avènement (2 Tm 4:8). Parce que c’est le jour de Christ ! (Ph 1:10). Pas leur jour à eux. En effet, le dessein de Dieu n’est pas leur triomphe mais l’universelle glorification de son Fils (Ph 2:10). Celui-ci les associera à sa gloire (Ph 3:20-21), mais ça reste son jour.

 

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