Parce qu’il était disciple de Jean-Baptiste, André a été l’un des deux premiers à croire en Christ et à le suivre. C’est lui qui, sans attendre, a conduit Pierre au Christ. Les Évangiles laissent percevoir d’André principalement deux choses : une simple et véritable réceptivité envers Dieu et, pour cette raison, un désir de favoriser le lien des gens avec Dieu.

 

Un cœur sensible à Dieu.

Cela apparaît dans le fait qu’André est disciple de Jean-Baptiste (Jn 1 v 35 et 40), c’est à dire qu’il reconnaît la voix de Dieu dans ce prophète hors système appelant Israël à la repentance (Mc 1 v 4). Comme beaucoup, il se fait baptiser par lui en confessant ouvertement ses péchés (v 5), pour qu’ils soient pardonnés par Dieu. Mais, contrairement à beaucoup, il reste avec Jean-Baptiste, il est convaincu que Dieu opère là sa grande visitation au bénéfice de son peuple. Étant resté là, André entend le prophète dire qu’il n’est pas Christ (Jn 1 v 20) mais la voix qui prépare le chemin du Seigneur (v 23). Et il l’entend dire que quelqu’un vient, bien plus grand que lui Jean-Baptiste (v 27).

 

Un cœur prédestiné à connaître le Messie.

Quand Jésus vient à Jean-Baptiste (Jn 1 v 29), André entend le prophète dire : voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (id). Dans son cœur d’Israélite craignant profondément l’Éternel, cette parole a une sainte résonnance ! André entend aussi Jean-Baptiste dire qu’il baptise afin que Jésus soit manifesté à Israël (v 31). Et que l’Esprit demeure sur Jésus (v 32), que c’est lui qui baptise d’Esprit Saint et non d’eau (v 33). Et que c’est le Fils de Dieu (v 34) ce qui fait sans doute référence au Psaume 2. Dans ces paroles André reconnaît la voix de Dieu, même si le texte ne rapporte pas ce qu’il en comprend alors.

En tout cas, quand Jean-Baptiste répète : voici l’Agneau de Dieu (v 36), André et un autre demandent à suivre Jésus (v 37). Leur choix peut sembler étonnant : ils ont vu Dieu susciter un grand prophète, le premier en Israël depuis quatre cents ans, celui qui était annoncé par Ésaïe et Malachie. L’Éternel, que l’on pensait présent seulement par la Loi mais plus en personne, vient à nouveau se manifester. Avec Jean-Baptiste, André et l’autre disciple vivent une proximité de Dieu et la conscience d’être dans sa volonté, plus qu’ils ne l’ont vécu auparavant. Et ils envisagent de quitter le prophète ! En fait, leur choix n’est pas étonnant car il résulte des paroles mêmes de Jean-Baptiste : c’est lui le Fils de Dieu. Ils demandent donc à Jésus où il est logé et, pour commencer, ils ne restent qu’un jour avec lui (Jn 1 v 39), jour dont l’Évangile ne raconte rien mais qui suggère un temps de qualité, un temps personnel avec le Seigneur (qui plus tard dira : quand tu pries entre dans ta chambre, ferme ta porte… Mt 6).

 

Un cœur fraternel, qui en conduit d’autres au Messie.

André trouva d’abord son propre frère Simon (ce qui signifie qu’il est allé le chercher) et lui dit : nous avons trouvé le Messie (Jn 1 v 41), et il le conduisit vers Jésus (non vers Jean-Baptiste). Il fait cela parce que, grâce à Jean-Baptiste, il est convaincu que Jésus est le Messie promis. Résultat, le regard de Jésus touche Simon, lui montrant que déjà il est connu de Dieu, et lui annonçant qu’ensuite il sera Pierre (v 42).

Une remarque s’impose ici : que Jésus soit le Messie, cela est dès le début révélé par Dieu à certains (Mt 16 v 17), c’est seulement aux foules que cela n’est pas publié. Nous devons écarter l’idée que Jésus n’aurait jamais dit lui-même qu’il est le Christ, le Fils de Dieu ; il l’a dit à des moments choisis (Jn 10 v 24-25, Mc 14 v 61-62).

Vu l’histoire d’André, ce qui fait qu’un homme en conduit d’autres à Christ, c’est d’abord le cœur que cet homme a pour Dieu et la révélation qu’il a concernant Christ. Bien des gens ont le don naturel de faire du lien dans le siècle présent, mais autre chose est de conduire quelqu’un à Christ. Si André fait du lien avec des gens, c’est toujours en vue de leur lien avec Dieu. Et il est rapidement imité : Philippe, que Jésus vient d’appeler, contacte Nathanaël. Il espère le faire venir à Jésus en lui assurant que c’est celui dont Moïse et les prophètes ont écrit (v 45). Alors, comme Simon, Nathanaël découvre que Jésus le voyait déjà (v 48) et aussitôt il croit en lui (v 49).

Les Évangiles montrent encore deux occasions où André fait du lien. Un jour, voyant une foule nombreuse venir à lui, Jésus demande à Philippe : où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ? (Jn 6 v 5-6). La réponse souligne l’impossibilité (v 7), mais c’est André – conscient du défi de foi – qui présente le jeune garçon qui a cinq pains et deux poissons (v 8-9). Un autre jour, quand quelques grecs demandent à Philippe de voir Jésus (Jn 12 v 20-21) c’est à André qu’il va le dire, semblant considérer son don pour faire le lien avec Jésus (v 22) ; puis c’est André et lui qui vont le dire à Jésus. Comme le texte ne dit pas si ensuite ces Grecs ont rencontré Jésus, il semble avoir été écrit pour relever comment était André, et aussi Philippe.

 

 

 

Un homme appelé par Jésus, et pour qui les paroles de Jésus importent.

Le jour où Jésus dit : suivez-moi et je vous ferai devenir pécheurs d’hommes, c’est Simon mais aussi André qu’il appelle à tout laisser (Mc 1 v 15). Il va aller et venir avec Jésus, et voir tant de choses. La maison où la belle-mère de Simon est guérie, c’est aussi la maison d’André (v 29). Sans doute celle où, pour écouter la parole, tant de gens se sont serrés (Mc 2 v 2) qu’il a fallu découvrir le toit pour introduire un paralytique et le présenter à Jésus (v 4).

C’est souvent implicitement qu’André apparaît comme un homme sensible à ce que Jésus dit, à ce que Jésus fait. Par exemple, il est parmi ceux qui interrogent le Maître sur le sens des paraboles (Mc 4 v 10). Cependant il est écrit explicitement qu’André était avec les trois (Pierre, Jacques, Jean) pour demander à Jésus des explications sur la fin des temps (Mc 13 v 3). D’évidence, il est parmi les douze à qui Jésus montre que le plus grand c’est l’enfant et celui qui sert (Mc 9 v 35). Quand plus tard Jésus annonce que l’un d’eux le livrera (14 v 18), André rendu humble comme les autres se dit : est-ce moi ? (v 19) et non : à mon avis c’est un tel. Bien sûr, André est aussi parmi les douze à qui Jésus annonce sa crucifixion et sa résurrection (Lc 18 v 31) mais qui à ce moment-là n’en comprennent rien (v 34). Mais il reste qu’André a un cœur pour Dieu et une oreille de disciple ouverte à Christ.

 

Un apôtre obéissant au grand envoi.

Quand Jésus appelle les douze qu’il voulait établir apôtres (Mc 3 v 14), il veut aussi André. Et celui-ci ne semble pas déçu d’être nommé après Pierre, ou de ne pas être ensuite parmi les trois. Lui aussi sera envoyé prêcher et chasser les démons (v 15), lui aussi reçoit autorité pour prêcher le royaume de Dieu et guérir les malades (Lc 9 v 2). Après l’ascension de Christ, André est dans la chambre haute (Act 1 v 13). Arrive alors ce qu’il avait entendu Jean-Baptiste prophétiser : il est rempli d’Esprit Saint (2 v 4), il proclame les merveilles de Dieu (v 11), il enseigne l’Église (v 42). Beaucoup de signes et prodiges se font par ses mains (5 v 12), et il est convaincu de ne pas délaisser la Parole de Dieu au profit d’autres services (6 v 2).

En rapportant ce qu’ont vécu ses personnages, la Bible dit que c’est pour nous servir d’exemple. Sur André, elle donne peu de renseignements mais, quand les textes le mentionnent, c’est pour dire sa révélation du Christ et son appel. Hormis cela, quand les textes nomment André (qui signifie homme), c’est pour le dire prompt à mettre autrui en relation avec Jésus. Voilà l’exemple, un homme discret et fidèle faisant ce qu’un homme peut faire de plus beau envers un autre : le conduire à Christ ! C’est aussi ce qu’un parent peut faire de plus beau pour ses enfants.

André a écouté et suivi le Messie ; après Pentecôte il a servi l’Église à Jérusalem et alentour. Selon la tradition, il a prêché l’Évangile en voyageant longtemps autour de la mer Noire, puis en Mésopotamie, Bithynie, Thrace, Crimée… et en Achaïe où vers l’an 60 il a été mis à mort pour sa foi au Christ, sur une croix en forme de X (dite croix de St André).

La Bible conclut implicitement que, étant un des apôtres de l’Agneau, André est un des douze fondements de la nouvelle Jérusalem (Ap 21 v 14).