Quasi inconnu sous son nom, cet homme est célèbre dans le NT par son surnom. Act 4 v 36 : Joseph qui, par les apôtres, fut surnommé Barnabas ce qui est traduit fils de consolation, ou d’exhortation (on pourrait dire : il était l’encouragement incarné). Joseph apparait dans un contexte admirable où la multitude de ceux qui avaient cru n’étaient qu’un cœur et qu’une âme (v 32), c’est à dire où il est flagrant que l’amour de chacun était soutien et réconfort pour l’autre.
Pourquoi les apôtres l’ont-ils surnommé ainsi ?
Comment, eux qui avaient entendu Jésus nommer l’Esprit le Paraklèt (l’Appelé à côté d’eux), ont-ils trouvé évident de surnommer Joseph fils de paraklèsis (de consolation) ? Qu’ont-ils vu en lui qui émergeait alors même que toute la communauté montrait un soutien mutuel impressionnant ? Probablement ont-ils perçu en lui une odeur particulière de l’Esprit Saint, une application d’Es 50 : pour que je sache soutenir par la parole celui qui est fatigué (voir § plus bas).
Barnabas était consacré à Dieu.
Hormis le surnom, quelle est la première chose écrite au sujet de Barnabas ? Est-ce : il est sensible au prochain, il voit les peines et les besoins ? Sans doute les voit-il, mais ce qui est d’abord relevé c’est : il possédait un champ… Barnabas était lévite, en tant que tel il était consacré à Dieu, et le texte signale qu’il était consacré non en tradition ou en statut seulement, mais en vrai : …il le vendit, apporta l’argent, et le déposa aux pieds des apôtres (Act 4 v 37). Beaucoup le faisaient (v 34), cependant l’Esprit Saint fait préciser que Barnabas l’a fait. Sa consécration était une odeur agréable à Dieu qui, manifestement, s’est plu à lui donner du crédit auprès de ses frères et sœurs.
Barnabas a les yeux sur ce que Dieu fait.
Quelle est la deuxième chose écrite au sujet de Barnabas ? Après sa conversion, Saul – récent persécuteur – arriva à Jérusalem mais tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût un disciple (Act 9 v 26). Alors Barnabas le prit avec lui, le conduisit vers les apôtres, et leur raconta comment sur le chemin Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé ; et comment il s’était exprimé ouvertement au nom de Jésus (v 27).
Pourquoi Barnabas croit-il Saul ? Pourquoi a-t-il compassion d’un frère isolé, et se déplace-t-il pour le relier au corps ? Il l’indique dans la façon dont il s’exprime : « le Seigneur s’est fait voir à Saul et lui a parlé ». Avant tout, Barnabas a le regard sur ce que Dieu fait ! Ensuite seulement, il rapporte que Saul a confessé Jésus ; et en cela il honore ce nouveau frère.
Il vit la grâce de Dieu.
Le livre des Actes insiste encore sur le regard de Barnabas. Des disciples dispersés allèrent jusqu’à Antioche (en Syrie) n’annonçant la parole à personne d’autre qu’aux Juifs ; il y eut cependant parmi eux quelques hommes … qui parlèrent aussi aux Grecs et leur annoncèrent la bonne nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur était avec eux et grand fut le nombre de ceux qui crurent et se convertirent au Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles de l’église de Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabas jusqu’à Antioche (11 v 19 à 22).
Pourquoi lui ? Le v 23 éclaire pourquoi : lorsqu’il fut arrivé et qu’il vit la grâce de Dieu, il s’en réjouit. À nouveau, l’Esprit Saint fait écrire à Luc qu’avant tout Barnabas voit ce que Dieu fait. Il n’est pas écrit qu’il voit d’abord l’initiative des proclamateurs, ou l’ouverture de cœur des gens d’Antioche, ou le fait qu’ils n’étaient pas juifs, ou le nombre de convertis… Certes, ces choses sont mentionnées, mais de Barnabas le texte dit qu’il vit la grâce de Dieu.
Cœur consacré + regard sur Dieu = exhortation efficace.
v 23b : et il les exhorta tous à rester attachés au Seigneur d’un cœur résolu. Voilà sur quoi Barnabas focalise. À sa place, sur quoi aurait-on insisté ? Enthousiasmé par leur courage ou leur ouverture, ne fallait-il pas les louer, et aussi penser à l’organisation ? Ailleurs la Bible recommande le zèle et l’ordre. Mais ici, le texte dit que la priorité de Barnabas est leur attachement à Dieu, et explique pourquoi : car c’était un homme bon, plein d’Esprit Saint et de foi (v 24). Et sa bonté due à l’Esprit Saint a favorisé le prolongement de ce que Dieu avait commencé : une foule assez nombreuse se joignit au Seigneur.
Pour autant, Barnabas reste concret et se donne de la peine pour leur fournir les moyens de rester attachés à Dieu : il partit ensuite pour Tarse afin de chercher Saul, et après l’avoir trouvé il le conduisit à Antioche. Pendant une année entière ils participèrent aux réunions de l’église et enseignèrent une foule assez nombreuse (v 25-26). Plus tard, le livre des Actes redira que Paul et Barnabas, parlant à des gens touchés ayant cru l’Évangile, les persuadaient de rester attachés à la grâce de Dieu (13 v 43).
Auprès de celui qui a eu une défaillance, Barnabas reste un soutien.
Pour visiter les églises résultant du premier voyage missionnaire, Barnabas se proposait de prendre aussi avec eux Jean, appelé Marc, mais Paul estima ne pas devoir prendre celui qui s’était détourné d’eux précédemment. Le dissentiment fut si aigre que finalement ils se séparèrent (Act 15 v 36 à 39). Peut-être que, pour l’efficacité à court terme, Paul avait raison. Mais Barnabas se refuse à enfermer une personne dans ce qu’elle a été une fois, il compte sur la grâce efficace de Dieu. Le long terme semble lui donner raison : Paul – qui devait tant à la compassion de Barnabas – écrira plus tard à Timothée : prend Marc et amène-le avec toi, car il m’est fort utile pour le service (2 Tim 4 v 11).
Qui soutient autrui efficacement ? Celui qui écoute Dieu.
Bien sûr, une disposition à soutenir et encourager autrui existe chez les non chrétiens ; elle est belle, et remonte le moral par un effet humain, qui est nécessaire. Mais une disposition nourrie d’un regard sur Dieu produit un effet divin, qui attire à lui.
Dans la Bible, exhorter c’est plus que « encourager » en français (plus que gratifier l’autre de formules comme : ça va passer, moi aussi j’ai vécu ça, ne lâche pas le morceau, etc). Exhorter contient plusieurs sens : soutenir, consoler, encourager, mais par l’Esprit de Dieu. Il faut garder l’ensemble des sens. Si les exhortations de Barnabas aident à s’attacher à Dieu, c’est parce qu’il écoute Dieu ; sans doute écoute-t-il aussi l’autre mais surtout il écoute Dieu (en hébreu Barnabas signifie ‘fils de prophète’ : celui à qui Dieu parle et qui écoute Dieu). L’Éternel m’a donné le langage des disciples, pour que je sache soutenir par la parole celui qui est fatigué ; il éveille, chaque matin il éveille mon oreille pour que j’écoute à la manière des disciples ; le Seigneur, l’Éternel m’a ouvert l’oreille (Es 50 v 4). À celui qui doit parler de sa part, Dieu touche l’oreille !
L’exhortation puise sa vertu en Dieu, pas en la personne qu’on exhorte.
Ce qui est spirituellement bénéfique c’est ce qui vient de Dieu, et de sa primauté. Pas de ce que la personne à encourager fait ou est, même si bien sûr elle doit être considérée. Si on l’exhorte à partir de ce qu’on voit d’elle, on stimule son élan, on lui est agréable, on l’émeut ; c’est autre chose que de nourrir son lien à Dieu. Si on voit dans une personne ce que Dieu est en train de faire en elle, l’encouragement parlera aussi d’elle, toutefois il ne la flattera pas mais la centrera sur Dieu.
Il faut l’avouer, nous chrétiens français avons une culture de la critique plus que de l’encouragement. D’autres chrétiens ont plus l’habitude d’encourager ; si nous voulons apprendre il faut que ce soit par la vérité biblique, et non à la manière humaine : « t’es le meilleur, t’es un gagnant, la vie est belle… ». Cette manière dope un peu les capacités de l’homme extérieur. Mais le don d’exhorter ne résulte pas d’un tempérament optimiste, c’est un don de l’Esprit Saint (Rm 12 v 8a) et il édifie l’homme intérieur.
Est efficace ce qui est éternel.
Ps 117 : sa grâce envers nous est efficace, et la vérité de l’Éternel est à toujours. En tant que disciples (apprentis) du Dieu bon, nous apprenons le lien entre grâce et vérité. L’exhortation apportée par bonté, par l’Esprit Saint et la foi, oriente l’autre vers ce qui est éternel car elle l’attache au Dieu vivant et vrai, seul durable. Il nous inspire, non des paroles positives, mais des paroles vraies. C’est la vérité éternelle qui console.
L’efficacité de l’exhortation c’est qu’elle éclaire sur Dieu, ce n’est pas qu’elle tait le mal. Jésus dénonce largement le mal… dans le cadre d’un éclairage sur Dieu. Notre bienveillance, tout en se donnant pleinement aux autres, est au service de la vérité. C’est ce qui leur sera le plus utile, et nous évitera ce travers grave : ils soignent à la légère la blessure de mon peuple (Jér 6 v 14).
Nous portons l’odeur de Christ.
Dieu, par nous, répand en tout lieu l’odeur de sa connaissance. Nous sommes en effet pour Dieu le parfum de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent : aux uns une odeur de mort qui mène à la mort, au autres une odeur de vie qui mène à la vie. Et qui est suffisant pour ces choses ? (2 Co 2 v 14 à 17). En définition physique, il y a odeur quand une matière disperse certaines de ses molécules, naturellement (fleur) ou sous l’effet de la chaleur (pain au four).
Nous sommes le parfum de Christ pour Dieu, mais aussi en tout lieu : nous sommes les molécules ambassadrices de sa grâce efficace. Pourquoi odeur, soit de mort soit de vie ? Parce que, identifiant qu’il s’agit de Christ seul chemin, les uns l’exècreront alors que les autres l’accueilleront.
Conclusion.
Si le réconfort que nous donnons résulte de notre consécration à Dieu et de notre regard sur lui, il sera bénissant. Même si nous n’avons pas un don avéré, chacun de nous peut être exhortant, selon que Dieu lui donne. Bienheureux quand nous le faisons, en famille, en église locale, en voisinage, en aumônerie, sur le lieu de travail, de loisir, etc.
Notre appel concernant un non croyant est de le conduire à Dieu, et concernant un croyant d’aider sa communion à Dieu.
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