Sans surprise, il en parle de manière à éclairer le but que poursuivait Dieu en parlant d’onction dans l’AT. Et puisque ce but c’est Christ, le NT concentre tout sur lui qui est l’Oint. Ensuite, le NT nous surprend en ne donnant jamais au mot onction le sens qu’il a pris dans certains milieux.
première partie
COMMENT DIEU PARLE-T-IL D’ONCTION DANS L’AT ?
Avant tout, Dieu relie onction et sacerdoce.
Concrètement, l’onction c’est le fait d’avoir été couvert d’une huile (onction est de la famille de onguent). Spirituellement, l’onction c’est le fait d’être investi par Dieu dans une position qui sert le déroulement de son alliance avec Israël. L’AT emploie les mots onction – oindre – oint environ 115 fois (dont seulement 7 en lien avec le soin corporel ou une investiture humaine). Quand Dieu mentionne l’onction, c’est très majoritairement lié au sacerdoce (sacrificature) c’est à dire la charge que l’Éternel attribue à certains d’offrir les sacrifices, de le faire connaître aux Israélites, et de les représenter devant lui. C’est une fonction de gloire (Exd 28 v 2, litt.).
L’Éternel dit à Moïse : ton frère Aaron et ses fils avec lui, tu les oindras, tu les investiras, tu les sanctifieras, et ils exerceront pour moi le sacerdoce (28 v 41). Tu prendras l’huile d’onction, tu en répandras sur sa tête, et tu l’oindras (29 v 7). C’est une onction opérée une fois, qui indique le choix de l’Éternel : cette onction leur assurera à perpétuité le sacerdoce parmi leurs descendants (40 v 15). Pour sanctifier l’action des sacrificateurs, Dieu fait aussi oindre les instruments du sacerdoce. Il dit à Moïse : tu prendras l’huile d’onction, tu en oindras le tabernacle et tout ce qu’il renferme (40 v 9).
En Israël Dieu fait oindre le sacrificateur, le roi, un prophète.
Onction sur les souverains sacrificateurs. Concernant leur investiture, l’Éternel précise ceci : tu prendras du sang qui sera sur l’autel, et de l’huile d’onction ; et tu en feras l’aspersion sur Aaron et sur ses vêtements (Exd 29 v 21). Dieu explicite le sens de l’onction : en ce jour on fera l’expiation pour vous, afin de vous purifier : vous serez purifiés de tous vos péchés devant l’Éternel (Lév 16 v 30) ; l’expiation sera faite par le sacrificateur qui a reçu l’onction et qui a été investi (v 32). Conférée au souverain sacrificateur, sans qui le peuple ne peut être agréé par l’Éternel, cette onction en préfigure une qui la précédait (1 Pi 1 v 20). Celle de l’Oint unique, sacrificateur pour l’éternité selon un ordre antérieur à celui d’Aaron (Héb 7 v 17) : cet Oint c’est le Messie, qui se traduit Christ. C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (Mt 1 v 21).
Onction sur les rois. Bien plus tard Dieu parle d’onction, non pour un sacerdoce qui sert le pardon des péchés et l’accès à Dieu, mais pour délivrer son peuple et le conduire. Il dit à Samuel d’oindre un premier roi, Saül : tu l’oindras pour chef de mon peuple d’Israël, il sauvera mon peuple de la main des Philistins (1 Sam 9 v 16). Surtout, Dieu parle d’un roi selon son cœur, David : l’Éternel dit à Samuel : lève-toi, oins-le, car c’est lui (16 v 12). Il n’est pas sacrificateur, mais son onction royale en préfigure une qui la précédait dans les cieux. Celle de l’Oint unique, roi d’éternité : c’est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte (Ps 2 v 6). Associé à l’Éternel qui siège dans les cieux, l’Oint est le Fils dont le sceptre dominera tout (voir Ps 2 entier).
Onction sur un prophète. Une seule fois, semble-t-il, l’Éternel parle d’oindre un prophète. Il dit à Élie : tu oindras Élisée fils de Shaphath, d’Abel Mehola, pour prophète à ta place (1 Rois 19 v 16). Pourquoi Dieu a-t-il fait oindre ce prophète-là ? Peut-être parce qu’Élisée allait recevoir une double part de l’esprit d’Élie (2 Rois 2 v 9) c’est à dire la part d’un fils ainé. En succédant ainsi à Élie, sans doute représente-t-il « le premier-né », le Fils par lequel Dieu nous parle après avoir parlé aux pères par les prophètes (Héb 1 v 1).
L’investiture n’est pas elle-même l’Esprit Saint.
Quand il dit d’oindre un sacrificateur, un roi, un prophète, Dieu agit évidemment par son Esprit. Toutefois l’onction n’est pas l’Esprit : l’Éternel fait oindre Aaron, il ne dit pas qu’il le remplit de son Esprit ; l’Éternel remplit Betsaléel de l’Esprit de Dieu (Exd 31 v 3), il ne pas dit de l’oindre. Mais avec David on voit ceci : à partir du jour où Dieu l’a fait oindre, l’Esprit de l’Éternel s’empare de lui (1 Sam 16 v 13). De même avec le Messie : l’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint (Es 61 v 1, Lc 4 v 18). Parce qu’il a oint le Messie en position de rédempteur, Dieu met l’Esprit Saint sur lui pour sa mission de sauveur.
deuxième partie
QUEL SENS LE NT DONNE-T-IL À TOUT CELA ?
Tout ce que l’AT dit de l’onction se concentre sur Christ.
Le Messie était annoncé comme le vrai souverain sacrificateur. L’ange Gabriel parle à Daniel d’un temps fixé pour oindre le Saint des saints et, par lui pour expier l’iniquité et amener la justice éternelle (Dn 9 v 24). Jésus donc, avec ses mots à lui, affirme qu’il remplit cet office : mon sang, répandu pour le pardon des péchés, et : nul ne vient au Père que par moi. Le Messie était annoncé comme le céleste roi : on lui donnera la domination, l’honneur et la royauté ; une domination éternelle qui ne passera pas, et sa royauté ne sera jamais détruite (Dn 7 v 14). Jésus donc, affirme à Pilate : tu le dis, je suis roi … quiconque est de la vérité écoute ma voix. Le Messie était annoncé comme l’absolu prophète. L’Éternel avait dit à Moïse : je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi … si quelqu’un n’écoute pas les paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderai compte (Dt 18 v 15 et 18-19). Jésus donc, parlant de lui-même crucifié, affirme qu’il est prophète : il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem (Lc 13 v 33).
C’est à Jésus que Dieu a donné l’onction (Act 4 v 27) !
Le NT parle peu d’onction… mais en parle énormément.
En fait, le NT grec n’emploie le verbe oindre ou le mot onction (crisma) que 10 fois… mais répète plus de 500 fois le nom Christ c’est à dire le mot Oint. Et tout le message est là ! En entendant ou en lisant le mot onction il faut penser : Christ. Ensuite, et par extension seulement, il faut penser à notre onction mais comme le NT en parle.
Une énorme erreur serait de transposer directement à nos conducteurs d’églises ce que l’AT dit d’Aaron, David, Élisée, car leur onction avait un caractère exclusif qui préfigurait Christ et non pas les ministères de l’Église. En effet – ni pour le monde ni pour ses frères – aucun conducteurs chrétien ne fait l’expiation, ni ne les représente devant Dieu ; aucun chrétien ne règne sur ses frères ; aucun chrétien n’est la voix de Dieu surpassant les prophètes de l’Écriture.
Ayant compris que ces onctions exclusives de l’AT figuraient Christ, évitons aussi de nous transposer à nous-mêmes individuellement et sans nuance tout ce que la Bible dit de Christ souverain sacrificateur, roi, prophète. En effet, c’est son Église collectivement qui est au bénéfice de l’onction du Christ (cp. Ps 105 v 15). C’est ensemble que nous avons été faits un royaume (litt.) de sacrificateurs (Ap 1 v 6), non comme intermédiaires entre Dieu et les hommes, mais pour offrir à Dieu un sacrifice de louange (Héb 13 v 15). C’est réunis ensemble, que tous peuvent prophétiser (1 Co 14 v 31), non comme étant chacun le logos (Jn 1 v 1), mais comme membres d’un seul corps.
L’onction garantit d’appartenir à Christ, de le connaître, dans la vérité.
Pour l’AT et le NT, le mot onction désigne toujours une chose permanente et non pas fluctuante. Pour les rachetés du NT, être oint c’est avoir reçu de Dieu une position ferme, fidèle à Christ. Le NT a 3 versets disant que Dieu a oint ceux qui sont convertis au Christ.
Premier verset : celui qui nous lie fermement avec vous à Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu qui aussi nous a scellés de son sceau, et a mis dans nos cœurs les arrhes de son Esprit (2 Co 1 v 21-22). Dieu a mis une même onction sur tous, apôtres ou pas ; et que signifie-t-elle ? Comme un sceau, elle garantit leur appartenance à Christ ! Et parce que vous êtes fils, Dieu a mis dans nos cœurs l’Esprit de son Fils (Gal 4 v 6), cela en acompte du lien éternel avec Dieu.
Deuxième verset : vous, vous avez l’onction de la part du Saint, et tous vous connaissez (litt.) (1 Jn 2 v 20). Une fois encore, l’onction est présentée comme collective à tous ; ce n’est pas une onction différente pour chacun. En opposition aux antichrists (v 18) qui n’étaient pas des nôtres (v 19), cette onction garantit aux rachetés de connaître le Christ, et de l’aimer comme l’Élu de Dieu ! Cette onction, tous les rachetés l’ont ; elle leur vient du Saint.
Troisième verset : pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne ; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu’elle est vraie et n’est pas mensonge, demeurez en lui comme elle vous l’a enseigné (1 Jn 2 v 27). D’abord, cette onction demeure ! Elle est autre chose que le fait d’être plus rempli de l’Esprit à certains moments qu’à d’autres. Ensuite, cette onction nous maintient dans la vérité ! Étant par essence étrangère au mensonge, cette onction nous enseigne à demeurer dans le Fils et dans le Père (v 22). Et cela, mieux que ne le ferait une influence ou une pédagogie humaine (c’est le sens de : vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne). Cette onction demeure en tous, pas spécialement sur les enseignants et autres dons que le NT mentionne clairement, dons au service du corps collectivement oint comme appartenant à Dieu.
Le NT n’emploie donc pas le mot ‘onction’ pour parler des ministères.
Cela parce que, aussi exceptionnels soient-ils, ce ne sont pas nos dons – revêtements – équipements, qui rendent solide notre appartenance à Christ. Le NT évoque diverses intensités de plénitude parmi les fidèles : choisissez parmi vous sept hommes remplis de l’Esprit (Act 6 v 3), et selon les moments : Étienne, plein de grâce et de puissance opérait de grand prodiges (v 8). Or le mot onction désigne non ces différences, mais ce qui est commun à tous les rachetés.
Bien que les apôtres de l’Agneau soient fondements de l’Église universelle (Eph 2 v 20), ils n’ont pas usurpé la position de souverain sacrificateur qui est à Christ seul. Ni pour eux ni pour nous aujourd’hui, le NT ne mentionne une ‘onction’ qui placerait un conducteur en médiation de la faveur divine sur l’église. Si, peu à peu, nous avons donné ce sens au mot ‘onction’, il n’y plus qu’à revenir humblement au texte du NT.
En résumé.
Christ nous a donné le droit de devenir enfants de Dieu (Jn 1 v 12), ce statut nous est garanti par la position que Dieu a donnée au Christ : celui-ci est mon Fils élu ! Ainsi, son onction sur nous tous est sceau d’appartenance, sceau de connaissance, sceau de vérité.
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