Le Seigneur Jésus donne une grande importance au fait que ceux qu’il appelle soient ses disciples. Être son disciple est une chose fondamentale, et un noble privilège, et ça n’a pas fini de nous remettre en question.
Jésus se dit Maître.
Pour préparer sa dernière Pâque, Jésus envoie Pierre et Jean : un homme portant une cruche d’eau vous rencontrera, suivez-le dans la maison où il entrera, et vous direz au maître de maison : le Maître te dit : où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? (Lc 22 v 11). Jésus implique une différence entre un maître et le Maître, entre un propriétaire terrien et l’Enseignant divin, entre une autorité humaine et le Seigneur. Il y a une immense disproportion entre un maître humain et le Maître ! C’est dans cette disproportion que s’enracine la crainte de l’Éternel.
Pour comprendre ce qu’est un disciple du Christ, le mieux est d’entendre ce que Lui a prononcé sur le sujet. La bonne question n’est pas d’abord : « suis-je son disciple ? » mais : « jusqu’à quel point est-il Maitre » ? L’est-il seulement dans la Bible, ou aussi dans ma volonté, mes conceptions, etc. Plus Jésus est Maître, plus je suis disciple. À l’inverse, si je suis ‘peu’ disciple, c’est quand il est ‘peu’ Maître. C’est à dire, par exemple, quand je trouve exaltant de le chanter et d’avoir mes projets, mais lassant d’apprendre ce qu’il enseigne et d’appliquer ce qu’il commande.
Être disciple de Christ n’est pas moins noble qu’être enfant de Dieu.
Le NT enseigne les deux. Et insiste massivement sur le fait d’être disciple, il le répète 250 fois. Si le fait de comprendre que nous sommes enfants adoptifs de Dieu, nous mène à déprécier notre qualité de disciples, c’est que nous avons donné à cette notion d’enfant de Dieu une signification différente de celle que Jésus lui donne. Si le fait qu’il nous appelle amis, nous mène à dédaigner le mot disciples, c’est que nous avons donné à cette notion d’amis le sens non biblique de relation égalitaire et sans contrainte. Or Jésus précise : vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande (Jn 15 v 14). Avec Jésus, c’est un supérieur qui ouvre son amitié à des inférieurs ; c’est pourquoi personne dans la Bible n’appelle Dieu ni Jésus ‘ami’. Par contre Jésus (ou Dieu) est appelé plus de 80 fois Maître, dans le NT.
Ce mot Maître a quasiment disparu de notre vocabulaire chrétien, et particulièrement de nos prières, sous prétexte que nous sommes remplis du Saint Esprit et affranchis de la peur. Alors que, peu après Pentecôte, les saints priaient ainsi : Maître, toi qui as fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, c’est toi qui as dit… (Act 4 v 24). Et Paul écrivait : la nécessité d’évangéliser m’est imposée (1 Co 9 v 16).
Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples.
Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui ; il ouvrit la bouche et se mit à les enseigner : bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux (Mt 5 v 1-3). C’est le Maître qui est déclencheur. D’abord il monte, s’assied ; ensuite ses disciples s’approchent. Quand le Maître ouvre la bouche, ce qui suit aura du poids ! S’approcher de lui ou pas, l’écouter ou pas, voilà ce qui peut faire la distinction entre la foule (tout Israélites) et les disciples.
C’est la bouche de Jésus qui définit ce qu’est un disciple. Un jour, il dit à ceux qui avaient cru en lui : si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples (Jn 8 v 31). Ce n’est qu’en demeurant dans sa parole qu’ils sauront croire juste, et connaître la vérité, et être affranchis par elle (v 32). Pour le moment, ils croient orgueilleusement n’avoir jamais été esclaves de personne (v 33), et prouvent par là combien ils ont besoin d’apprendre de Christ.
Un disciple de Christ c’est celui pour qui le Maître est l’Agneau de Dieu.
Qui furent ses premiers disciples ? André et un autre (Jn 1 v 40). Comment le sont-ils devenus ? Jean-Baptiste, voyant Jésus passer, avait redit : voici l’agneau de Dieu (v 36, v 29). Les deux disciples (de Jean) entendirent ces paroles et suivirent Jésus (v 37). Maintenant ils s’attachent à lui, avec une conviction donnée d’en haut : nous avons trouvé le Messie (v 41). À cette conviction se joindront Simon, Philippe, Nathanaël, puis tant d’autres.
Rappelons-nous ce que Jésus a voulu juste avant sa crucifixion : où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? C’est là qu’il a affirmé : ceci est mon corps, ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance. Car il est l’Agneau de Dieu dont le sang ôte le péché du monde, comme le sang de l’agneau de Pâque avait fait échapper à la mort et sortir d’Égypte. Qu’est-ce qui nous fait disciples de Jésus Christ ? C’est qu’il n’est pas uniquement un Enseignant venu de Dieu (Jn 3 v 2) mais il est l’Agneau de Dieu ; c’est ça qui nous fait disciples. Nos formations et notre discipline ne viennent qu’en second. Le jour de Pentecôte, quand par l’Esprit Saint les apôtres prêchent Christ crucifié (Act 2 v 36), c’est ça qui fait que les auditeurs eurent le cœur transpercé (litt.) (v 37) ; c’est ça qui en fait des disciples. Et toute leur vie durant, le propre des disciples de Jésus c’est qu’ils sont marqués par sa croix.
Quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut pas être mon disciple.
(Lc 14 v 27) La parole de la croix, transperçant les cœurs, fait des disciples. À l’inverse, l’idée que la croix serait « à dépasser » est un non-sens qui ‘défait’ les disciples ! Jésus l’affirme : nous ne pouvons pas être son disciple sans porter notre croix… et nous n’avons pas d’autre croix que la sienne. Notre socle est donc : Christ m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi (Gal 2 v 20), ce qui nous constitue disciple. Et : je suis crucifié avec Christ (id), ce qui nous maintient disciple : ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi (id). Seule cette vive foi en l’Agneau de Dieu, nous fait comprendre correctement : quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple (Lc 14 v 33). C’est là une parole de bonté ! Si Dieu pousse des gens à être disciples du Crucifié, c’est afin qu’ils trouvent la vie ! Celui qui aura gardé sa vie la perdra, et celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera (Mt 10 v 39).
Quand Jésus me parle de perdre ma vie pour lui, c’est perdre quoi ? Mon identité naturelle (familiale), ma réussite, ma volonté de ne pas souffrir, mes affaires et mes biens, mon appartenance au monde… En un mot : ce n’est plus moi qui vis. Un tel renoncement s’explique par une chose : nous portons toujours avec nous dans notre corps la mise à mort (litt.) de Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste aussi dans notre corps (2 Co 4 v 10). Le fait que Jésus ait été crucifié pour nous, ce fait là, agit en nous (v 12). Et la vie qui en résulte est la vie pour l’Évangile, vie éternelle et non plus vie naturelle. Bien sûr, Dieu pourvoit à notre existence ici-bas mais, pour faire cela, il n’a pas besoin de livrer son Fils à la mort ! S’il l’a livré, ce n’est pas pour que je me réalise, découvre ma créativité, poursuive mes rêves, mais pour expier mes péchés et m’arracher au présent siècle mauvais.
Être disciple du Seigneur Jésus, pas d’un homme ou d’une femme.
Chrétien signifie de Christ. Hormis quelques exceptions (disciple de Jean-Baptiste, des pharisiens, de Moïse), dans le NT on est disciple de Christ. Personne n’y est disciple de Pierre, de Paul, etc. C’est même dénoncé : est-ce que Paul a été crucifié pour vous ? (1 Co 1 v 13). Jésus avait dit : ne soyez pas appelés Rabbi car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères (Mt 23 v 8). C’est une illusion de se croire disciple parce qu’on a tel ou tel ministère pour coach. Certes, il y a beaucoup à apprendre de divers ministères (fidèles à l’Écriture), mais ils sont modèles (1 Pi 5 v 3) en ce qu’ils sont soumis au souverain pasteur (v 4). Quand Paul écrit à Timothée : tu as suivi de près mon enseignement (2 Tim 3 v 10), c’est une belle réalité ; mais elle n’est pas du tout au même niveau que Christ disant : toi, suis-moi (Jn 21 v 19).
Allez, faites de toutes les nations des disciples (Mt 28 v 19). Dans le contexte, des disciples de qui ? De qui sont les prescriptions qu’ils devront observer ? (v 20). De Pierre, de Jean ? Non, de Christ. C’est à lui que tout pouvoir a été donné au ciel et sur terre (v 18). Si on prêche aux non croyants autre chose que Christ, on ne fait pas d’eux des disciples. Ce n’est pas servir Dieu que de diffuser nos trouvailles et expériences pour attirer des disciples après nous (Act 20 v 30).
C’est Jésus le Maître qui nous fait disciples.
Suivez-moi et je vous ferai pécheurs d’hommes (Mt 4 v 19). Tout scribe qui a été fait disciple du royaume des cieux… (Mt 13 v 52). Un scribe sait et enseigne beaucoup de choses, mais s’il est fait disciple, c’est par qui ? Par Dieu. Il éveille, chaque matin il éveille mon oreille, pour que j’écoute à la manière des disciples (Es 50 v 4). Ainsi l’Éternel m’a donné le langage des disciples pour que je sache soutenir par la parole celui qui est fatigué (id). Chose admirable, au sens premier ce verset d’Ésaïe parle du Messie à venir ! Lui écoutera le Père et dira ce qu’il aura entendu du Père, en cela il sera doux et humble, et son joug sera léger pour les fatigués et les cœurs brisés.
Dans un sens second, le verset nous éclaire : quand l’Éternel appelle et rend attentif, nous sommes saisis par le Christ Jésus (Phil 3 v 12) pour écouter comme des apprentis (c’est le sens du mot disciple). Alors nous pouvons soutenir des perdus et captifs. Comment ? En les référant à la voix du souverain pasteur ! Mais si nous nous prêchons nous-mêmes (2 Co 4 v 5), nous ne sommes guère disciples de Christ. En effet, le service est pour Christ uniquement quand le serviteur a intégré : Seigneur, à qui irions-nous ? tu as les paroles de la vie éternelle (Jn 6 v 68).
Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis (Jn 13 v 13).
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