L’élection et l’alliance de Dieu montrent une exclusive : l’Éternel choisit Abram et pas un autre, Isaac et pas Ismaël (Gn 17 v 20-21), Jacob et pas Ésaü (Gn 25 v 23). Certes Dieu reste généreux envers les non élus et toute sa création, mais pour son dessein éternel il fait des choix. Ceux-ci sont exclusifs parce que son dessein a pour centre son Fils éternel et nul autre (Ps 2 v 12). Par son envoi à Israël, il apparaîtra que tout avait été créé pour le Fils (Col 1 v 16) ; et que la place des hommes dans le dessein de Dieu, c’est d’être liés à son Fils.

(lire aussi :  L’ÉLECTION ET LES ALLIANCES DE DIEU)

 

première partie

LES RELATIONS DE DIEU AVEC ISRAËL

 

Fidèle à l’alliance, c’est dans l’histoire d’Israël que Dieu a choisi de se faire connaître.

Israël c’est Jacob renommé par Dieu (Gn 32 v 29), puis c’est le peuple issu de ses douze fils, peuple né dans le cadre de l’alliance avec Abraham. En dehors d’Abram, Dieu a approuvé certains, par exemple Hénoc qu’il a pris (sans décès), ou Job dont il a dit qu’il craignait Dieu comme nul sur terre (Jb 1 v 8). Mais l’existence d’Israël résulte de la manière souveraine dont Dieu accomplit sa promesse. Ce n’est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous les peuples ; mais c’est parce que l’Éternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment qu’il avait fait à vos pères (Dt 7 v 7-8). La promesse à Abram avait donné lieu à l’alliance : Dieu s’était lié à lui, il lui avait offert de le connaître. C’est cela qu’il prolonge avec Israël : le connaître et lui appartenir, distingué entre tous les peuples. Cela face aux enjeux du mal et du salut : l’Éternel vous a fait sortir à main forte, vous a libérés de la maison de servitude, de la main du Pharaon (v 8). Je suis l’Éternel votre Saint, le créateur d’Israël, votre roi (Es 43 v 15). Créé en prémices d’un peuple céleste, Israël est la sphère où l’Éternel met son Esprit.

 

Dans la Bible, Dieu rapporte ce qu’ont été ses relations avec Israël.

Pour les Israélites, il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob. Maintenant c’est à eux que l’Éternel se fait connaître. Au sortir d’Égypte, il leur dit la nature de l’alliance : se les attacher comme peuple qu’il distingue. L’Éternel se lie à eux par le livre de l’alliance et le sang de l’alliance (Exd 24 v 7-8) : dans cette Loi, il se fait connaître. Premièrement Dieu s’y révèle Tout-Puissant, créateur, dont la grâce surplombe la rupture causée par Adam. Deuxièmement Dieu s’y révèle saint et réclame la sainteté ; il enseigne ce qu’il aime et ce qu’il déteste, écouter l’Éternel vaudra bénédiction (Dt 28 v 2), le mépriser vaudra malédiction (v 15). Troisièmement – grâce vitale – Dieu y entame la restauration d’un accès vers lui en prescrivant des règles de pureté, et surtout des sacrifices d’expiation.

La Loi, livre et sang, vise le lien à Dieu autour du Tabernacle où il se rend présent : écoute Israël, l’Éternel notre Dieu, l’Éternel est un ; tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur (Dt 6 v 5-6). Même si la loi dévoile le péché et donc condamne, elle est éducative : afin que vous puissiez distinguer ce qui est saint de ce qui est profane, ce qui est impur de ce qui est pur (Lév 10 v 10). En fait, l’ensemble de ce qu’elle enseigne vise à conduire Israël vers le Messie promis, qui est le but de l’alliance. Lui est la réalité dont le culte Israélite est l’ombre (Col 2 v 17). Si je marche avec le soleil levant dans le dos, et vois sur le sol une ombre qui me rejoint, je sais que quelqu’un vient derrière moi. C’est ce qui est arrivé à Israël : par une ombre, Dieu lui a progressivement fait savoir que quelqu’un venait.

 

Dans l’histoire d’Israël, Dieu révèle et sa colère et sa tendresse.

Les deux mots sont dans la prière de Moïse (Ps 90), et résument la relation de l’Éternel avec Israël. Dans la Bible cette relation occupe un volume énorme. Génération après génération, situation après situation, la fidèle bonté de l’Éternel rencontre la foi et la désespérante faiblesse des Israélites. Ce focus d’amour de Dieu a été profondément accueilli, en Israël. Prière emblématique de cet accueil : je demande à l’Éternel une chose, que je désire ardemment : habiter toute ma vie dans la maison de l’Éternel, pour contempler la magnificence de l’Éternel et admirer son temple (Ps 27 v 4). Tout au long de l’histoire d’Israël, Dieu a suscité et béni de tels cœurs, et leur repentance (Ps 32), et leur louange en tant qu’élus (Ps 135), et leur louange en tant que prémices des nations : familles des peuples, rendez à l’Éternel gloire et puissance (Ps 9). Bien des Israélites ont adoré Dieu, qui parle d’alliance perpétuelle (Gn 17 v 7), éternelle (Ps 105 v 9-10), de décision immuable (Héb 6 v 17), d’alliance éternelle (13 v 20).

Le focus d’amour de Dieu (Mal 1 v 2-3) a aussi été largement bafoué, en Israël. Demande emblématique de ce rejet : établis sur nous un roi comme en ont toutes les nations (1 Sam 8 v 5), demande que l’Éternel rattache à : ils m’ont abandonné pour rendre un culte à d’autres dieux (v 8). Mais il précisera : je ne t’exterminerai pas, je te punirai selon le droit, je ne puis pas t’innocenter (Jér 30 v 11). Et expliquera : je t’aime d’un amour éternel, c’est pourquoi je te conserve ma bienveillance (31 v 3). Et promettra son alliance nouvelle à la maison d’Israël et la maison de Juda (31 v 31), c’est à dire au peuple pécheur qu’il avait sanctionné du schisme (1 Rois 11 v 31-32 et 12 v 15). L’expiation future des fautes par le Fils préservera de la colère (Jn 3 v 36).

 

La bonté de l’Éternel est juste, son amour est lucide.

Moïse avait annoncé aux Israélites : je sais que vous vous corromprez honteusement (Dt 31 v 29). Dès l’épisode du veau d’or (Exd 32 v 1, 4) l’Éternel dit qu’il pourrait les exterminer (33 v 5) mais il atteste : je fais grâce à qui je fais grâce (33 v 19), Éternel lent à la colère (34 v 5). Tout au long de l’histoire d’Israël, il insiste : les faux dieux, l’Éternel ton Dieu en a horreur (Dt 7 v 25). Il tonne contre incrédulité, pratique idolâtre, fraude, injustice. Contre les faux prophètes (Jér 5 v 31), et les méchants (v 25-26) qui transgressent : vous n’apprendrez point à imiter les abominations de ces nations-là (Dt 18 v 9), afin que vous ne péchiez point contre l’Éternel (20 v 18).

Alors, comme annoncé par Moïse, l’Éternel livre son peuple à la famine (Dt 28 v 38), aux mains d’ennemis (v 48), il frappe de maladies (v 59) ; mais aussi il délivre et guérit. Comme annoncé, il exile son peuple (v 64) ; mais aussi : l’Éternel ramènera tes captifs et aura compassion de toi (30 v 3), et circoncira ton cœur (30 v 6), ce qui pointe vers la nouvelle alliance : je mettrai mon Esprit en vous (Ez 36 v 27).

Pourquoi la Bible relate-t-elle le mal ? D’abord, la Loi démontre à Israël qu’il est esclave du péché plus qu’il ne l’était du Pharaon, et qu’il a besoin de la miséricorde d’un Sauveur ! Ensuite, par cet exemple, Dieu montre aux coupables des nations que c’est bien des gens dignes de mort qu’il appelle à la repentance.

 

 

deuxième partie

L’ASSEMBLÉE DE L’ÉTERNEL

 

L’alliance requiert la foi.

Dans l’histoire d’Israël se vérifient et la bonté et la sévérité de Dieu : je punis la faute jusqu’à trois et quatre générations de ceux qui me haïssent (Exd 20 v 5), et use de bienveillance jusqu’à mille générations de ceux qui m’aiment (v 6). Ainsi, l’Éternel châtie des Israélites et il maintient Israël, comme promis. Dès le début, ceux qui rompent son alliance, en n’étant pas circoncis, sont retranchés de son peuple (Gn 17 v 14), de même plus tard celui qui s’abstient de célébrer la Pâque (Nbr 9 v 13), et plus largement celui qui de manière délibérée méprise et viole la parole de l’Éternel (Nbr 15 v 31). En fait, le mot retranché est assez fréquent dans le Pentateuque.

L’assemblée de l’Éternel (Nbr 27 v 17, 1 Chr 28 v 8) c’était donc pour lui la communauté d’Israël, dont il retranchait les méchants et auxquels il incorporait certains non Israélites : dès le début les étrangers vivant avec Abraham et circoncis par lui, plus tard les immigrants qui célébraient la Pâque, plus largement les craignant Dieu qui avaient foi au Dieu d’Israël. Quant à ceux qui étaient retranchés, c’est à cause de leur incrédulité (Héb 4 v 6), par laquelle pendant quarante ans ils moururent dans le désert (Nbr 14). D’où le cri d’Esaïe : quand ton peuple, ô Israël, serait comme le sable de la mer, un reste seulement sera sauvé (Rm 9 v 27). Puisque l’alliance requiert la foi, c’est pour motif de non-foi qu’on est retranché (Rm 11 v 20) ; ultimement pour non-foi au Messie.

 

Exclusive et ouverture ont le même but : un grand peuple de rachetés.

À l’Éternel sont cieux et terre, et c’est à tes pères seulement que l’Éternel s’est attaché pour les aimer ; après eux c’est leur descendance, vous, qu’il a choisi d’entre tous les peuples (Dt 10 v 14-15). Puis : il aime l’immigrant et lui donne nourriture et vêtement (v 18). L’élection d’Israël est sans conteste une exclusive, miroir de celle assumée par Jésus : nul ne vient au Père que par moi (Jn 14 v 6). Ou : il n’y a sous le ciel aucun autre nom pour être sauvé (Act 4 v 12). L’élection d’Israël est également une ouverture, indiquée dès le début (toutes les familles de la terre), confirmée au Messie : je t’établis pour être la lumière des nations, pour que mon salut soit manifesté jusqu’aux extrémités de la terre (Es 49 v 6), et qui aboutira : tu as racheté pour Dieu, par ton sang, des hommes de toute tribu, langue, peuple (Ap 5 v 9). Comme promis à Abraham, ce que Dieu fait connaître de lui à Israël sera aussi pour tout humain qu’il appellera.

 

Je suis le Dieu d’Israël et il n’y en a point d’autre, un Dieu juste et qui sauve.

(en Es 45, il le dit sept fois)  À Israël choisi, aimé, châtié, l’Éternel dit : un court instant je t’avais abandonné, mais avec une grande compassion je te recueillerai (Es 54 v 7). Si Dieu n’était pas le Dieu d’Israël, s’il ne s’était pas fait connaître comme celui qui a fait la promesse à Abraham, quel éclairage auraient aujourd’hui toutes les familles de la terre ? Si Dieu n’était pas le Dieu d’Israël, s’il ne s’était pas attaché à lui pour l’aimer et lui conserver sa bienveillance, quelle notion de la grâce auraient aujourd’hui les étrangers sans Dieu dans le monde ? Si Dieu n’était pas le Dieu d’Israël, s’il ne l’avait pas jugé pour ses incrédulités et idolâtries, quelle conscience du péché auraient aujourd’hui les païens qu’il appelle hors du siècle pervers et corrompu ? Si Dieu n’était pas le Dieu d’Israël, s’il n’avait pas envoyé aux Israélites son Fils dont la croix écrase la tête du serpent, quel salut auraient aujourd’hui ceux qui meurent en Adam ? Si Dieu n’était pas le Dieu d’Israël, s’il ne lui avait pas parlé, suscité ses louanges, accepté ses repentances, comment persévéreraient aujourd’hui les disciples dans les nations ? Si Dieu n’était pas le Dieu d’Israël, s’il n’avait pas prédit aux Israélites qu’ils regarderont vers celui qu’ils ont percé, quelle espérance auraient aujourd’hui les Juifs ignorant leur Messie ou séduits par la grande Babylone ?

Jésus garantit : la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent toi le seul vrai Dieu (Jn 17 v 3).