Après trois articles consacrés à ce que le Seigneur Jésus puis le reste du NT ont dit concernant l’Esprit Saint (voir Thèmes : Esprit Saint), ce nouvel article est une réflexion. Et par endroit un cri d’alarme.  Il ne faut pas négliger le rôle du Saint Esprit, mais au contraire être saisi de son importance vitale !  Cela doit se vivre d’après les données bibliques (correctement interprétées), non d’après des modèles qui les outrepassent.

 

première partie

QUE MONTRE LE NT ?

 

L’Écriture et le dogme trinitaire.

Parce qu’elle résulte de la bouche de Dieu, la Parole écrite est notre nourriture. Le dogme trinitaire n’est pas une « nourriture », mais plutôt un « antibiotique » : il a été élaboré assez tardivement pour écarter en une fois toutes les hérésies concernant la nature divine. C’est pourquoi il faut le maintenir.  Mais le dogme doit être compris selon l’Écriture, pas l’inverse. C’est à dire qu’il faut recevoir la Bible telle qu’elle est, sans vouloir ‘trinitariser’ tout verset, sans inventer des relations inter trinitaires à l’image de la créature (masculin, féminin, passion, etc).

Les mots du texte biblique ne définissent pas, ils affirment : Dieu est Je suis, il a engendré le Fils, et des deux procède l’Esprit. Il y a une différence : l’Esprit n’est pas engendré, le Fils ne procède pas.  L’Écriture enseigne une subordination éternelle du Fils envers le Père (1 Co 15 v 28) et de l’Esprit envers Dieu et Jésus (Jn 16 v 13), tout en impliquant que les trois – et eux seuls – sont de nature divine (cp. Act 5 v 3-4).

 

Quelques données bibliques peu prises en compte.

On abuse du dogme trinitaire (qui suggère en Dieu trois hypostases égales, c’est à dire également divines) si on attribue à l’Esprit tout ce qui est à Dieu ou à Christ. Car le NT parle autrement.  Quand Jésus dit « nous » il désigne non les trois mais le Père et lui (Jn 14 v 21-23) venant par l’Esprit qui leur est commun.  Quand Jésus dit que la vie éternelle consiste à connaître le Père et le Fils (Jn 17 v 3), il n’ajoute pas : et l’Esprit. Jésus n’implique pas que l’Esprit Saint serait à connaître en lui-même car il est donné pour connaître Dieu et Jésus.  Quand l’Esprit Saint parle du trône, il fait écrire que c’est celui de Dieu et de l’Agneau (Ap 22), et que la louange va à eux (Ap 5). Il ne fait pas écrire qu’elle va à lui l’Esprit, ni qu’il est sur le trône.

Quand Dieu parle de l’Esprit, il fait écrire que ce dernier est devant le trône (Ap 4), et dans nos cœurs (Gal 4), et envoyé par toute la terre (Ap 5).  Quand l’Esprit parle du royaume, il ne fait pas écrire que c’est le sien, mais : le royaume du Christ et de Dieu (Eph 5 v 5). En un mot, l’Esprit Saint n’inverse pas à son profit les mots de Jésus : lui me glorifiera.  C’est pourquoi, écrivant : notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jn 1 v 3), Jean n’ajoute pas : et avec l’Esprit. Les mots « la communion du Saint Esprit » (2 Co 13 v 13) désignent non notre communion avec lui, mais celle qu’il nous donne avec Dieu et Jésus, et avec les frères.  En effet, il est écrit que Jésus nous aime, que le Père nous aime, mais pas que l’Esprit nous aime ni que nous l’aimons. Dans l’Écriture Dieu montre plusieurs visions de lui-même (Es 6 v 1) ou de Jésus en tant que personne céleste (Dn 7 v 13-14), mais aucune du Saint Esprit. Ça invalide l’idée d’une ‘relation’ avec le Saint Esprit. Il est l’Esprit de Dieu et de Jésus qui nous aiment.

Autre fait biblique, mystérieux : la Bible ne rapporte pas de paroles échangées entre Dieu et l’Esprit. En inspirant le texte, l’Esprit Saint a fait rapporter des paroles échangées entre le Père et le Fils (Ps 110, Jn 12 v 28 ou 49, Héb 10) mais pas entre Dieu et l’Esprit, ni entre Jésus et l’Esprit (sauf le mot « viens », Ap 22 v 17).  C’est à nous que l’Écriture s’adresse, c’est nous que ce silence mystérieux veut préserver d’un excès d’imagination.

 

Dans Jn 14 – 15 – 16, « l’Esprit vous enseignera » n’est pas autre chose que « demeurez en moi ».

Le Saint Esprit n’est pas un autre Seigneur mais il est Dieu « venant » en nous. Le NT affirme que l’Esprit Saint est celui de Dieu et de Jésus.  Selon Jésus, l’envoi du Paraclet a pour sens : je viens vers vous (Jn 14 v 18). La phrase : « il vous est avantageux que je parte » n’annonce pas une « ère de l’Esprit » menant l’Église plus haut que « l’ère de Jésus ». Cette idée récente trahit gravement Jn 14 – 15 – 16 où le Seigneur Jésus annonce non une œuvre inédite qui serait propre au Saint Esprit, mais une œuvre qui sert Jésus. Ainsi, le fruit et les dons de l’Esprit expriment en nous le caractère et l’efficacité de Jésus Christ.

Dans les Évangiles, Jésus explique le plus souvent son œuvre par : « ce que le Père me dit » et par : « ce qui est écrit ». À ces deux points correspond « l’Esprit du Seigneur est sur moi » (Lc 4 v 18 citant Es 61, Mt 12 v 18 et 28). Ces derniers versets (et aussi Mt 3 v 16) présentent le Christ homme, identifié à nous. Ils n’enseignent pas du tout que Jésus serait par nature subordonné à l’Esprit.

 

L’Esprit Saint n’est pas une voix divine autonome.

Le NT ne présente pas l’Esprit comme un ‘interlocuteur’ séparé de Christ, ni appelant à une ‘relation’ distincte, ni donnant ses propres paroles. Jésus explique la phrase : « l’Esprit de vérité vous conduira dans toute la vérité », par : « ses paroles ne viendront pas de lui-même ». Jésus ne dit pas : il vous conduira plus loin que je ne l’ai fait.  Focaliser sur l’Esprit d’une manière qui outrepasse les données bibliques, finit par ouvrir un espace à des intuitions inédites et non bibliques. Pour Jésus : « je fais ce que le Père me montre », n’a jamais rétréci l’impératif : « afin que l’Écriture soit accomplie ».

En promettant : il vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit, Christ a donné l’axe que maintenant l’Esprit suit. Exemple, puisque Jésus a dit : je vous envoie, plus tard l’Esprit dit : mettez-moi à part Barnabas et Saul.  L’Esprit Saint est donné pour nous appliquer ce que Christ a fait et dit, aucun texte ne dit que c’est pour le compléter. Nous devons donc reconnaître comme venant de l’Esprit, non des innovations qui impressionnent mais des pensées qui répercutent la parole de Christ.

 

 

deuxième partie

LA DIFFICULTÉ DE S’EN TENIR AUX DONNÉES DU NT

 

Dans tout le NT personne ne parle au Saint Esprit.

(dans l’AT Ez 37 v 9 est la seule exception, en un cadre unique, v 1)  Dans le NT l’Esprit Saint parle aux fidèles, mais il n’a fait écrire aucun exemple où ils lui parlent ou le prient. C’est pourquoi, quand Paul écrit que son but est de connaître Christ (Phil 3), il n’ajoute pas : et son Esprit.  Certes, invoquer l’Esprit existe dans quelques cantiques anciens, mais pas dans la Bible. Jusqu’à récemment, le christianisme n’a pas prêché l’invocation directe du Saint Esprit comme étant la clé d’un progrès spirituel.

Puisque l’Esprit a précisément pour but notre relation avec Dieu par Jésus, la Bible n’enseigne pas une relation avec l’Esprit Saint, autre que celle avec Dieu par Jésus. L’idée d’une trinité dont chaque membre devrait être connu séparément, falsifie la Bible.  Il est faux de dire : « si tu connais Dieu et Christ ça ne suffit pas, tu dois avoir avec l’Esprit une relation qui n’est pas celle que tu as avec Jésus, l’Esprit est quelqu’un d’autre, invite-le, etc. » Cela tord Jn 16 v 7.  Souvent, cette idée fleurit là où on aspire – avec raison – à davantage vivre selon Dieu. Mais cette doctrine de « l’Esprit connu pour lui-même » ne vient pas de Dieu (par exemple, l’expression « le Saint Esprit mon ami » outrepasse le texte du NT).

Certains demanderont : n’est-il pas permis de parler à l’Esprit ?  La bonne question est plutôt : qui présente le fait de lui parler comme un plus, puisque Dieu ne l’enseigne pas ?  La question est : par quelle vertu une chose que le NT n’enseigne jamais devient-elle une clé pour vivre proche de Dieu ?  Quand certains expliquent leurs miracles par le fait qu’ils ont une relation directe avec l’Esprit, pourquoi recevoir cette explication au lieu d’en rester à celle du NT : Dieu donne son Esprit, dont la puissance sert l’Évangile.  Question encore : notre frustration d’être en deçà de ce que montre le livre des Actes, doit-elle nous faire gober ce qui va au-delà des données bibliques ?

 

L’idée d’une relation directe avec l’Esprit, mène à séparer Esprit et Écriture.

À court terme l’idée a des effets euphorisants mais, comme elle résulte d’une distorsion de la Bible, elle a pour effet ultérieur d’en saper l’autorité. Elle fait manquer ce que Jésus a dit que l’Esprit fera : il vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit.  Béni soit Dieu, son Esprit agit et nous conduit !  Mais l’idée d’une relation directe avec l’Esprit autre que celle avec Dieu par Jésus, produit des trouvailles qui vont au-delà de ce qui est écrit. Or se situer au-delà tout en ayant une joyeuse assurance, indique qu’on se séduit soi-même. Aller plus loin n’est pas un thème du NT (2 Jn 9) ; quand l’Esprit Saint illumine les cœurs ce n’est jamais en dépassant ce qu’il a fait écrire.  Il est faux de dire que les apôtres avaient l’Esprit et non le Livre : de même que Jésus s’expliquait par il est écrit (Lc 24), eux prêchaient Christ par les écrits (Act 2, 13, etc).

Voici quelques indices alarmants :  – l’insistance à dire que sans l’Esprit la Parole de Dieu est lettre morte (ce qui tord 2 Co 3 v 6),  – l’incapacité à désavouer les enseignements non bibliques,  – l’idée que le NT relate ce que l’Esprit a inspiré au début, mais qu’aujourd’hui il va nous faire dépasser (ce qui tord Jn 14 v 12),  – et même, ambitionnant une piété sans clichés, l’encouragement à ne pas accepter de versets quand on se concentre pour écouter Dieu.

 

L’idée d’une relation directe avec l’Esprit, exacerbe une piété subjective.

Parler à l’Esprit comme étant distinct de Dieu ou Jésus, penser que recevoir plus d’Esprit requiert l’abandon de notre intelligence (sic), sont des choses qui nous piègent dans le subjectif. Persuadé d’être intime avec l’Esprit, on tend à considérer comme venant de lui toute pensée qui monte au cœur (cp. Ez 13 v 2).  Résultat : une doctrine de « l’onction » qui s’éloigne de ce que le NT dit par ce mot. Fausse « onction » mystique qui se transmet et se recherche auprès de certains ministères (parfois décédés !) ; « onction » que l’on capterait mieux en évitant de dénoncer si quelque chose est faux dans l’enseignement de ces ministères (on dissocie onction et vérité).

Poursuivre un rapport au Saint Esprit qui n’est pas celui du NT, dénature les précieuses effusions charismatiques de l’Esprit Saint.  Alors on prétend se ‘donner’ l’Esprit les uns aux autres. Et on attribue à l’Esprit tout phénomènes, même psychiques, surtout quand le critère prioritaire est l’excitation ou l’ivresse (ce qui tord Act 2 v 13).  Il y a là une séduction sous laquelle on prend de plus en plus de liberté avec l’Écriture, que ce soit pour prêcher, pour prier, pour entendre la voix de Dieu, pour le contenu des prophéties, pour les paroles des chants, pour évangéliser, pour encourager.

 

Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même de Christ.

(1 Co 11 v 1).  Imiter la façon dont Paul a obéi à l’Esprit Saint, nous rapprochera de Dieu ensemble. Imiter la relation avec l’Esprit promue aujourd’hui par certains, finira par nous éloigner de Dieu ensemble.

 

– – –