Notre Seigneur a dit : croyez en Dieu, croyez aussi en moi (Jn 14 v 1). Pour le salut, il a prêché : repentez-vous et croyez que le règne de Dieu s’est approché (Mc 1 v 15). À deux aveugles demandant leur guérison, il a dit : croyez-vous que je puisse faire cela ? (Mt 9 v 28).  Est-ce la même foi ? Oui. Elle est foi ‘fondamentale’ en Dieu, et foi ‘appliquée à’ telle situation.

 

première partie

APPRENDRE DU SEIGNEUR JÉSUS

 

‘Fondamentale’ ou ‘appliquée’, la foi est départie par Dieu et peut aussi grandir sous l’action de son Esprit Saint. Lire comment Jésus parle de foi aux disciples, c’est exposer notre cœur à celui qui est l’auteur de la foi !

 

Chronologie de quelques paroles du Seigneur sur la foi.

Cinq des plus radicales sont présentées par les Évangiles dans un certain ordre. Le but est de nous acheminer, nous aussi, vers une plus grande foi.

D’abord vient la parole de Jésus au sujet d’un centenier : même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi (Lc 7 v 9).

Ensuite vient le temps où Jésus donne aux douze l’autorité de chasser les démons et de guérir, puis les envoie (Lc 9 v 1 et Mc 6 v 7) ; ce qu’il fait en leur parlant.

Puis, lors d’un échec, vient la question : pourquoi n’avons-nous pas pu chasser ce démon ? (Mt 17 v 19, après la transfiguration). Et la réponse : c’est à cause de votre petite foi ; en vérité je vous le dis, si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à cette colline : transporte-toi d’ici là, et elle se transportera, rien ne vous serait impossible (v 20).

Plus tard vient une demande : Seigneur, augmente-nous la foi, et la réponse : si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à ce mûrier : déracine-toi et plante-toi dans la mer ; et il vous obéirait (Lc 17 v 5-6).

Enfin, vient l’épisode du figuier séché, au sujet duquel Jésus leur dit : ayez foi en Dieu ; si quelqu’un dit à cette colline… (Mc 11 v 22, 23, 24).  (voir l’article précédent)

 

Jésus parle de grande foi et de petite foi.

Un jour, sur la demande d’un centenier, Jésus se met en route pour guérir son serviteur (Lc 7 v 2-3). Finalement le centenier lui envoie dire : ne prends pas tant de peine (v 6), dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri (v 7).  C’est au sujet de cet homme-là que Jésus déclare à la foule : je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi (v 9). Une foi pour laquelle un mot de Jésus suffit, est selon lui une grande foi.  D’où venait-elle ? De Dieu. Luc précise que le centenier aimait Israël et avait bâti la synagogue (v 5). Cela implique que la parole et les voies de l’Éternel ont donné foi à cet homme.

En admirant le centenier, Jésus n’interpelle pas encore ses disciples au sujet de leur foi. Pour le moment, ils le suivent et le voient faire ce que le Père voulait qu’il fasse.  Mais il y a leçon de foi ! C’est que le moindre mot de Jésus s’accomplit.  Bientôt, ayant calmé une tempête, Jésus leur dit : où est votre foi ? (Lc 8 v 25).

Ensuite vient le temps où il donne aux douze l’autorité de chasser les démons et de guérir (Lc 9 v 1) puis les envoie. Sans mentionner explicitement leur foi, Jésus les met en situation de l’exercer. C’est à dire, ici, croire sa parole qui leur donne autorité et les envoie. Pendant qu’ils obéissent à Jésus, et se voient faire comme lui, sans doute se rendent-ils compte qu’ils ont foi.  La leçon semble être : exercer la foi prime sur parler de foi.

Les disciples appliquent donc leur foi face à divers besoins du peuple. Ils sont en apprentissage.  Ainsi, après la transfiguration Jésus mentionne leur petite foi (Mt 17 v 19). Et conclut : cette sorte de démon ne sort que par la prière et le jeûne (v 21), ce qui semble impliquer que la foi grandit quand on se consacre à prier et jeûner !  Plus tard, les disciples demanderont que leur foi augmente.

 

Ajoute nous de la foi.

Les apôtres dirent au Seigneur : ajoute nous de la foi. Et le Seigneur dit : si vous aviez de la foi comme un grain de moutarde, vous diriez à ce mûrier : sois déraciné et planté dans la mer ; et il vous obéirait (Lc 17 v 5-6 litt.).

Remarque.  En lisant « si vous aviez… » on pourrait réagir ainsi : « cette réponse n’aide pas, car justement je n’ai pas une telle foi ! ». Précisément, la réponse de Jésus tient compte de leur insuffisance, mais pour les mener à attendre davantage du Tout-Puissant (voir § suivant). La réponse de Jésus aide en reliant la demande « ajoute-nous de la foi » à une absolue dépendance envers Dieu (voir aussi v 7 à 10 : des serviteurs inutiles).

 

Une demande à imiter.

Ajoute nous de la foi !  Humble demande d’apôtres qui ont déjà fait des miracles au nom de Jésus. Demande modèle, car elle confesse Christ comme auteur de la foi.

Le début de sa réponse (la foi comme un grain de moutarde) les oriente, semble-t-il, vers la nature de la foi. Même petite elle agit. Jésus avait déjà enseigné que le royaume de Dieu est comme un grain de moutarde qu’un homme a pris et planté dans son champ (Mt 13 v 31). Comme une – petite – semence lève par sa nature (elle est créée par Dieu), le – discret – royaume de Dieu est actif par sa nature (il est de Dieu). De même, leur – petite – foi sera active par sa nature (elle vient par Christ).

Puis la réponse de Jésus continue (vous diriez à ce mûrier), et oriente ses apôtres vers leur responsabilité. Leur foi doit être plantée c’est à dire ‘appliquée’ aux réalités concrètes.  C’est la réponse directe à leur demande : pendant qu’ils exerceront leur foi, Jésus y ajoutera !

Ainsi, notre Seigneur pointe la nature de la foi, mais pointe aussi qu’elle va grandir. Elle grandira par don de Dieu. Et par notre exercice.

 

 

deuxième partie

PRENDRE EN COMPTE CE QUE DIEU A DONNÉ OU PAS

 

Le NT dit qu’il y a différentes mesures de foi.

D’une part, les paroles de Jésus montrent que la foi peut et doit grandir. Paul écrit : nous rendons continuellement grâces à Dieu, et ce n’est que juste, puisque votre foi augmente (2 Thess 1 v 3). Il parle autant de la foi fondamentale que de la foi appliquée.

D’autre part, Paul écrit de servir selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun (Rom 12 v 3). Il ne s’agit pas ici du « sentiment grisant d’avoir foi », ni de la nature de la foi, mais bien de sa taille (metron). Dieu fixe souverainement une mesure plus grande à certains qu’à d’autres. Cela dès qu’il les appelle à lui, mais aussi à telle ou telle étape de leur vie.  Selon Paul, ne pas prendre cela en compte génère des prétentions excessives et déraisonnables (id). Prétendre avoir ce que Dieu n’a pas donné, prêcher le « sans limites », mène à du faux !

Jésus encourage la foi, entre autre pour le miraculeux. C’est un domaine où la foi de l’Église est réelle, parfois exemplaire, parfois chancelante. C’est aussi un domaine où l’Église s’égare, soit en niant le miraculeux, soit en le voulant systématique.

 

À qui Jésus a-t-il dit : guérissez les malades ?

On le sait, il l’a dit à ses douze apôtres auxquels il a préalablement donné autorité pour le faire souvent (Lc 9 v 1).  Aujourd’hui, la question est : chaque individu chrétien fera-t-il ce qu’ont fait les douze ? Ou est-ce l’Église qui le fera en tant que collectif ? (collectif peut-être figuré par les 70 de Lc 10 v 1).  La réponse vient dans la suite du NT. D’abord : beaucoup de signes et prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres (Act 5 v 12), et : Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul (19 v 11). Ensuite : Étienne opérait de grands prodiges (6 v 8), ou : un disciple, Ananias, imposa les mains à Saul qui recouvra la vue (9 v 17).

Le don de miracle confié aux douze était bien un acompte des dons que Dieu distribuera dans son Église remplie de l’Esprit Saint ; à tel membre de nombreux miracles, à tel autre un seul. En enseignant que l’Esprit donne de faire des miracles (1 Co 12 v 10), Paul précise que tous n’en font pas (v 29). Mais qu’à chacun Dieu donne souverainement : à l’un est donnée une parole de sagesse ; à un autre la foi par le même Esprit ; à un autre d’opérer des miracles ; à un autre la prophétie ; l’Esprit opère, et distribue à chacun en particulier comme il veut (le charisme appelé ici la foi est une foi qui, sûre qu’un exaucement ponctuel est déjà accordé, peut dire par exemple au mûrier : soit déraciné…). Ainsi, 1 Co 12 dit la façon dont Paul comprend : voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru (Mc 16 v 17-18).

Est-ce que la déclaration « tous font-ils des miracles ? » va réduire la foi de l’Église ? Non ! Parce qu’il y a vraie foi seulement là où Dieu donne. Si donc on incite les membres à réussir ce que Jésus ne leur a pas donné, on ne fait pas grandir leur foi mais on la décourage.

 

Grande foi ne rime pas avec maîtrise humaine.

Les membres qui ont reçu en don d’opérer des miracles, le font-ils quand et comme ils veulent, ou en soumission à Dieu ?  Dès les débuts, la Bible répond. L’Éternel accorde à Moïse d’opérer de grands signes avec son bâton (Exd 4 v 17). Quand il lui dit : tu frapperas le rocher et il en sortira de l’eau (Exd 17 v 5-6), c’est : tu frapperas. Et l’eau coule.  Quand à une autre occasion Dieu lui dit : tu parleras au rocher (Nbr 20 v 8) et que Moïse le frappe par défi (v 10-11), c’est une désobéissance. Même si – grâce envers le peuple – l’eau coule en cette occasion aussi, l’Éternel sanctionne Moïse et Aaron pour ne pas l’avoir sanctifié.  Et la sanction nous instruit : ils ne seront pas ceux par qui Dieu fera entrer son assemblée dans le pays promis (v 12).

Réflexion : il y a quelque chose de perverti dans la formule « ce n’est pas Dieu qui fait le miracle, c’est vous ». Elle déplace le point d’appui de la foi, et le centre de l’autorité. Et elle estompe : ce que vous demandez en priant (Mc 11 v 24).

Il nous faut, chacun, grandir en foi. Grandir selon l’enseignement des Écritures, et parce que nous voulons servir l’Évangile. Pas parce que nous imaginons que ceux qui ont reçu la foi pour des miracles fréquents, peuvent à volonté bannir de leur propre vie toute souffrance ou obstacle.

 

Résumé.

La foi est en même temps foi fondamentale et foi appliquée. Nous devons exercer les deux : croire l’Évangile et croire que Dieu exauce telle prière.  Pour les deux, Dieu nous impartit la mesure de foi qu’il veut ; et, dans le cadre de cette mesure, des occasions pour que notre foi grandisse.  Elle grandit quand nous l’exerçons, et quand nous écoutons Dieu. Voir notre foi devenir plus grande, est un enjeu ; particulièrement pour la foi ‘appliquée’.

 

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