Ce célèbre chapitre aboutit à la suite de mots tout aussi célèbre : foi, espérance, amour. Maintenant donc ces trois-là demeurent, la foi, l’espérance, l’amour ; de ceux-là l’amour est le plus grand (1 Co 13 v 13).  Voici quelques réflexions, partielles (!), sur ce chapitre.

 

De quel amour parle Paul ?

1 Co 13 ne magnifie l’amour de Dieu qu’indirectement. En disant trois fois : si je n’ai pas l’amour (v 1, 2, 3), Paul parle de l’amour des chrétiens. Amour entre eux premièrement, comme précisera le chapitre 14 : les dons spirituels doivent s’exercer par amour, pour édifier, exhorter, consoler (1 Co 14 v 3) l’église (v 4).  Rappel, dans la Bible l’amour est volonté de bien avant d’être sentiment.

Bien sûr les corinthiens reçoivent leur amour de Dieu même (1 Co 1 v 9), bien sûr ils le manifestent aussi aux non croyants (14 v 24). Mais l’épître relève un déficit concret d’amour en église : discorde (1 v 11), jalousie (3 v 3), orgueil (4 v 18), tolérance du mal interne (5 v 13), procès entre frères (6 v 6), péché sexuel (6 v 13), mépris du frère pauvre (11 v 22). À cela s’ajoute que certains nient la résurrection (15 v 12), ce qui n’est pas étranger au déficit d’amour vrai.

Les non croyants voient 1 Co 13 comme un admirable poème à l’amour. Les apprentis de Christ, à Corinthe ou aujourd’hui, y trouvent une aide divine à leur fraternité.  Voici ce qui aide :

 

L’amour fraternel ne progresse pas si on tait le mal.

Aux v 1 à 3 Paul écrit-il, en positivant : « par les langues, la prophétie, la connaissance, la foi, le total don de moi, je suis quelqu’un ; et si j’ai l’amour, c’est un plus » ?  Non, il écrit : si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Ce mot ‘pas’ suggère utilement une défaillance.  Aux v 4 à 7, décrivant l’amour voulu de Dieu, ça commence par deux points formulés positivement : l’amour est patient, l’amour est serviable.  Ça continue par huit points formulés négativement : l’amour n’est pas envieux, ne se vante pas, ne s’enfle pas d’orgueil, ne fait rien de malhonnête, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne médite pas le mal, ne se réjouit pas de l’injustice.  Ça se conclut par cinq points formulés positivement : il se réjouit de la vérité, pardonne tout, croit tout, espère tout, supporte tout.

Par l’Esprit Saint Paul écrit le bien que l’amour fait (patient, etc.), et aussi le mal que l’amour ne fait pas (se vanter, etc.) mais que les corinthiens font.  Il ne faut pas se croire plus sage que l’Écriture, en excluant de formuler du négatif quand on exhorte, prêche, prophétise. Par exemple : « si l’Esprit pointe l’orgueil chez une personne, ne lui mentionnez pas l’orgueil mais prophétisez sur elle l’inverse, l’humilité ». C’est là une fausse sagesse (cp. 1 Co 4 v 18), c’est aimer mal.

 

L’amour fraternel progresse par la perspective de ‘ce qui est parfait’.

Pour que maintenant l’amour fraternel croisse, les v 8 à 12 rappellent la distinction entre ce qui ne périt jamais (l’amour) et ce qui cessera (prophéties, langues, connaissances). Quand le croyant tient sa vie actuelle pour définitive, il peut rester centré sur soi, son intérêt, ses envies.  Les v 8 à 12 rappellent aussi la distinction entre aujourd’hui : nous ne connaissons que partiellement, et la fin : quand ce qui est parfait sera venu. Si le chrétien néglige cette espérance et s’imagine connaître déjà pleinement, il peut rester orgueilleux et diviseur. Il peut mal aimer.

Ce double rappel, de ce qui cessera et de ce qui viendra, vise le progrès des corinthiens. Progrès vers l’amour serviable, non envieux, etc. Amour qui se réjouit de la vérité, pardonne tout, croit tout, espère tout, supporte tout.  Sans surprise, la description de l’amour vrai aboutit à croire et espérer. Cela au sens biblique, au sens de croire pleinement ce que Dieu donne à espérer. Et non au sens d’accepter tout ce qu’un chrétien dit (exemple : je suis de Paul, moi d’Apollos (3 v 4), nous régnons déjà (4 v 8), il n’y a pas de résurrection, etc).

 

L’amour fraternel progresse par l’effet de Dieu !

Il y a une chose étonnante en 1 Co 13, c’est que Dieu n’est pas nommé (dans l’original). Toutefois de nombreux mots-clés l’évoquent : anges, prophétie, mystère, vérité, pardon. Et : parfait, face à face, j’ai été connu. Et : foi, espérance, amour.  Qui donne la foi ? Qui dit quoi espérer ? Qui est amour ? C’est Dieu ! Premièrement il aime Christ puis ceux qu’il appelle, deuxièmement il leur dit quoi espérer (la vie éternelle avec Christ), troisièmement il leur donne la foi.  L’amour est le plus grand, parce que sans lui nous ne sommes rien et parce qu’il ne périt jamais, alors que foi et espérance cesseront un jour d’être nécessaires (Rm 8 v 24). L’amour est le plus grand, surtout parce qu’en aimant nous faisons ce qui est en Dieu. Le NT enseigne que lui aime le premier, mais pas qu’il croit ou espère.

Son efficace vertu est aussi au cœur du point suivant :

 

L’amour fraternel progresse par la vérité.

Un critère de l’amour en 1 Co 13, c’est qu’il se réjouit de la vérité. Le mot nous oriente vers Dieu la source des relations fraternelles vraies et non pas injustes. Car elles peuvent être vraies uniquement par la vérité éternelle de Dieu, par son Fils la vérité, sa parole la vérité.  Pierre explique : ayant purifié vos âmes dans l’obéissance à la vérité, en vue d’un amour fraternel sincère, aimez-vous les uns les autres ardemment et de tout cœur (1 Pi 1 v 22). Il y a dans la vérité de Dieu une vertu par laquelle notre amour sera vrai et ardent.  Mais si on sépare amour et vérité, si on prétend choisir l’un plus que l’autre, si on les oppose, on va anémier l’Église.

 

Conclusion du chapitre.

Elle affirme l’espérance : nous verrons face à face, je connaîtrai comme j’ai été connu (1 Co 13 v 12). Et, en attendant, elle exhorte à vivre de ce que Dieu continue à nous donner : maintenant demeurent la foi, l’espérance, l’amour.

 

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