Pourquoi admet-on du bout des lèvres que selon la Bible il y aura un jugement, mais évite-t-on les textes qui en parlent ? Parce que, sous l’influence du siècle, on oppose l’idée d’amour à celle de jugement. Mieux vaut écouter Jésus dire en même temps que Dieu aime et que Dieu juge, sans contradiction. Puisque c’est en Christ que s’accomplit la justice de Dieu, Paul écrit que selon l’Évangile, Dieu jugera par le Christ Jésus les actions secrètes des hommes (Rm 2 v 16).
Avec plusieurs mots apparentés, l’AT et le NT disent que Dieu juge. Le sens est qu’il discerne, sépare, décide ; car en lui seul est le droit. De là, selon le contexte des versets, ‘Dieu juge’ signifie soit qu’il demande des comptes, soit qu’il châtie sans condamner définitivement, soit qu’il condamne.
Pour réfléchir au jugement, il faut commencer par ce que Jésus en dit.
Spécialement ce qu’il en dit autour de Jean 3 v 16. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Le contexte global du verset est : naître de nouveau (v 3 et 7), et : le Fils de l’homme descendu du ciel (v 13), et le jugement (v 17 à 19). Le v 16, Jésus le prononce en lien direct avec un épisode où beaucoup d’Israélites meurent par des serpents que l’Éternel envoie contre le peuple ayant méprisé son libérateur. Puis, au peuple ayant confessé son péché, l’Éternel dit que quiconque est mordu mais regarde le serpent de bronze placé par Moïse sur une perche, conservera la vie (lire Nbr 21 v 5 à 9).
Que l’Éternel juge, les auditeurs de Jésus le savent. Mais il le confirme en évoquant ce châtiment où beaucoup ont péri. Il leur remémore surtout quel était le recours pour ne pas périr. En disant : ne périsse pas (Jn 3 v 16), Jésus rappelle que l’homme périt par le jugement de Dieu, mais peut aussi ne pas périr.
Pourquoi est-ce un serpent que les Israélites devaient regarder ?
Ils devaient regarder non aux serpents brûlants, châtiment mérité par leur faute, mais au serpent élevé et de bronze. Afin de voir le châtiment ailleurs, en une seule image. Pourquoi Jésus dit-il que ce serpent de bronze sur une perche le préfigurait lui ? Parce qu’il va porter nos péchés en son corps sur le bois (1 Pi 2 v 24) et le châtiment qui nous donne la paix va tomber sur lui (Es 53 v 5). Il annonce que sa mort, alors qu’il sera élevé sur une croix, est le don de Dieu afin que des coupables ne périssent pas mais vivent. Jésus l’annonce pour aider la foi en lui : comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle (Jn 3 v 14-15). Puis, en disant : Dieu a donné son Fils unique (v 16), Jésus nous réfère à sa crucifixion plus qu’à son incarnation. Selon lui, ce don du Fils crie que Dieu a tant aimé ! (v 16), mieux que l’élévation du serpent de bronze n’a montré que Dieu aime Israël. Dans les formulations du NT, bien des choses sont signes de l’amour de Dieu mais seule la croix en est preuve (Rm 5 v 8).
Ensuite, Jésus parle explicitement du jugement.
D’abord pour dire : Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui (Jn 3 v 17). Ensuite pour dire combien Dieu fait de son Fils le critère de non condamnation ou de condamnation : celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu (v 18). Enfin pour dire que le jugement sanctionne ceux qui aiment les ténèbres plus que la lumière (de Christ) parce que leurs actions sont mauvaises (v 19).
De même que le serpent de bronze n’a pas été élevé pour davantage châtier le peuple, de même Jésus dit ne pas être envoyé pour juger. On tord souvent ce v 17 pour prétendre que, depuis Jésus, Dieu ne jugerait plus. Mais au v 18 Jésus affirme que le rejeter c’est être déjà jugé, de même que l’Israélite refusant de regarder au serpent de bronze était déjà en train de mourir. Annonçant la vie éternelle, Jésus rappellera donc que celui qui le reçoit ne vient pas en jugement (Jn 5 v 24), et attestera que le Père a remis tout jugement au Fils (v 22), et qu’il y aura une résurrection de vie et une résurrection de jugement (v 29). ). Dans les Évangiles, le Seigneur Jésus parle 54 fois du jour du jugement, sans compter Ap 2 et 3 puis 22.
Seul le juge peut sauver un coupable.
L’Éternel est notre juge, l’Éternel est notre législateur, l’Éternel est notre roi : c’est lui qui nous sauve (Es 33 v 22). ). La Bible dit une trentaine de fois que Dieu est juge, par exemple Hb 12 v 23. Partout, elle fait le lien entre trône et jugement. Si Dieu ne jugeait absolument pas, il n’y aurait pas de salut car le mal ne serait pas ôté. Comment Dieu a-t-il ôté nos péchés ? Comment nous a-t-il rachetés de la condamnation ? Comment nous a-t-il fait passer de ‘périr’ à ‘vivre éternellement’ ?
Par un châtiment ! C’est le juge qui nous a sauvés. C’est son châtiment, tombé sur son Fils, qui nous a donné la paix avec Dieu. Cette condamnation dispense les croyants d’être condamnés. Elle indique aussi combien le péché est grave, puisqu’il faut rien moins que le châtiment du Fils de Dieu en tant que substitut des coupables. Jésus a bien dit : il faut (Jn 3 v 14).
Conclusion.
C’est le juge qui sauve (ensuite seulement il se montre le Père qui nous adopte). Rejeter Jésus et la dispense de condamnation qu’il offre, mène à la perdition. Mais, dans toute la Bible, la louange des graciés reconnaît en une même joie le salut de Dieu et son jugement.
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voir aussi : DIEU JUGE : C’EST UN SUJET DE LOUANGE, et : DIEU JUGE : QUI ? QUOI ? QUAND ?