Quel dommage si le mot « commandement » n’évoque pour moi que l’AT, compris comme une époque révolue d’obligations pénibles. Quelle erreur si j’ai fait de ce mot une sorte de contraire de la grâce ou de l’amour. Quand le NT dit que nul ne sera justifié par des œuvres de loi (Rm 3, Gal 2, Eph 2), il dit que ce n’est pas mon obéissance aux lois mosaïques qui fait mon salut éternel. En aucun cas il ne dit que le commandement est vain en lui-même, et encore moins que Dieu ne commande plus ! Au contraire, le NT emploie le mot plus de 40 fois, le plus souvent en parlant de Dieu (sans compter les mots dire, prescrire, ordonner, etc).
Si Dieu a commandé à Jésus, n’est-ce pas de l’amour ?
Quand Jésus rapporte des choses qui sont entre Dieu et lui, c’est toujours suprêmement précieux, et éclairant. Il a donc dit que Dieu lui avait commandé de donner sa vie (Jn 10 v 18), ce qu’il devait dire (12 v 49), ce qu’il devait faire (14 v 31), et garder (15 v 10). À son Fils unique qu’il aime plus que tout, Dieu a commandé des choses ! Comment puis-je penser une seconde que s’il me commande quelque chose ce n’est pas une bénédiction ?
Voici quelques comparaisons : est-ce qu’on habille un petit enfant (pour son bien immédiat mais aussi pour qu’il apprenne à s’habiller) sans lui dire : « tiens ta manche » ? Est-ce qu’on soigne sa gorge sans lui dire : « ouvre la bouche » ? Est-ce qu’on entraîne un sportif sans lui dire : « cours dix tours de stade », ou « voici les consignes quant à la nourriture et au sommeil » ? De même, comment nous serions-nous construit si Dieu n’avait pas commandé : honore ton père et ta mère, ou : tu n’auras pas d’autre dieux (Exd 20) ? Surtout, quelle direction aurait pris notre vie si Dieu ne nous avait pas commandé, concernant son Fils : écoutez-le ? (Lc 9).
Dans les Évangiles Jésus commande beaucoup.
Et il dit pourquoi : je parle de la part du Père parce que je sais que son commandement est la vie éternelle (Jn 12 v 50). Où en serions-nous si Jésus n’avait pas dit : repentez-vous et croyez ? Puis : suivez moi ? Et : pardonne à ton frère de tout ton cœur ? Ou : veillez et priez ? Et : allez dans le monde entier ? Dans les Évangiles il commande donc. Par exemple de nous aimer l’un l’autre (Jn 13 et 15), de garder sa parole (Jn 14), ou même de venir à lui sur l’eau (Mt 14), de détacher l’ânon (Mc 11).
Nous devons intégrer, non seulement que Jésus donne beaucoup de directives, mais aussi qu’il insiste : pourquoi m’appelez-vous : Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis (Lc 6) ? C’est significatif, le mot hébreu thora a pour premier sens : direction à prendre. Si Jésus nous commande quelque chose c’est qu’il nous aime au point de prendre en charge notre direction. Comment s’accomplirait pour nous la promesse : je t’instruirai et je te montrerai la voie que tu dois suivre, je te conseillerai, j’aurai le regard sur toi (Ps 32 v 8), si Dieu ne donnait ni indications, ni consignes, ni directives, en un mot aucun commandement ? Ni aucun rappel des commandements que nous transgressons (v 3) ? C’est pourquoi les Épîtres aussi ont énormément de consignes qui nous réfèrent aux lois de Dieu : ne mentez pas les uns aux autres (Col 3), ou : que le lit conjugal soit exempt de souillure (Hb 13), etc. Ce n’est pas un sombre légaliste qui a écrit : l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements (1 Jn 5 v 3), c’est l’apôtre de l’amour.
Ce n’est pas à l’homme quand il marche, à diriger ses pas.
(Jér 10 v 23b) Dieu apprend cela aux siens. Ce verset cite un Israélite qui en a finalement pris conscience grâce aux corrections de Dieu : je reconnais Éternel, qu’à l’être humain n’appartient pas sa conduite (v 23a). On objectera : c’était l’AT, dans la nouvelle alliance nous pouvons nous diriger nous-mêmes, nous avons l’Esprit Saint en nous, nous avons la pensée de Christ. Pourtant, en expliquant : « ce ne sont plus des règles extérieures qui nous dirigent, c’est une loi intérieure à notre cœur », nous dépassons les mots du NT. Certes, ce que Dieu a prescrit (foi, amour, sainteté, etc) est maintenant devenu notre désir profond par l’Esprit Saint. Mais la loi que l’Esprit va accomplir en nous (Rm 8 v 2 à 4) n’est pas la nôtre, c’est celle de Dieu rapportée dans l’Écriture.
Voilà pourquoi le v 4 finit par une condition concrète : ne pas marcher selon la chair c’est à dire nos propres penchants. Jésus dit que notre cœur peut contenir des sources d’eau vive bues à sa main (Jn 4 v 14) mais aussi l’adultère (Mt 5 v 28), de la dureté (Mc 16 v 14), une lenteur à croire (Lc 24 v 25). Les apôtres mentionnent un projet qui vient de Satan (Act 5 v 3-4), un zèle amer (Jcq 3 v 14), du mauvais (Hb 3 v 12). Oui, dans tout le NT, Jésus et ses apôtres montrent combien les saints ne peuvent se fier à leur cœur seulement, mais ont besoin d’entendre la parole de Dieu qui leur enseigne – et rappelle – ses volontés. C’est la loi de Christ (1 Co 9 v 21), elle est celle de Dieu. Rappel : quand Paul écrit (v 20) qu’il n’est pas sous la loi (pas sous la condamnation ni les règles provisoires d’accès à Dieu), il précise bien qu’il n’est pas sans loi (pas sans commandements de Dieu et de Christ). Pour en être mieux convaincu, référons-nous au rapport que Jésus avait avec l’Écriture.
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