En Dieu, bonté et justice ne sont pas dissociables. Que Dieu soit bon, nous le comprenons assez bien quand pour nous cela signifie qu’il est bon en lui-même, et non par rapport à nos propres critères de bonté. Que Dieu soit juste, comment faut-il le comprendre ? Y a-t-il des critères ?
L’Éternel est plein de grâce et juste, notre Dieu est miséricordieux.
(Ps 116 v 5) Pour parler de justice aux humains, Dieu a commencé par celle qu’ils pouvaient observer : Noé était un homme juste et intègre parmi ses contemporains, Noé marchait avec Dieu (Gn 6 v 9). L’Éternel dit à Noé : entre dans l’arche toi et toute ta maison car je t’ai vu juste, devant moi en cette génération (7 v 1). Tout en appréciant la justice de Noé, Dieu se révèle en être lui-même le critère : un humain n’est juste que par rapport à Dieu, avec lui et devant lui.
Ensuite, Dieu a révélé plus explicitement que s’il est juste, c’est en lui-même : toutes ses voies sont justice, c’est un Dieu fidèle et il n’y a pas d’iniquité en lui, il est juste et droit (Dt 32 v 4), il n’y a pas en lui de ténèbres (1 Jn 1 v 5). C’est le cantique de Moïse et de l’Agneau (Ap 15 v 3). L’accent est mis sur la nature de l’Éternel, ce qu’il est, ce qu’il y a en lui ou pas. L’accent suprême est mis par l’Agneau : Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont connu que toi tu m’as envoyé (Jn 17 v 25). Jésus insiste, c’est dans la personne même de Dieu – connue avec foi – qu’on touche ce qui est juste. Selon la Bible « Dieu est juste » signifie qu’il est droit par nature et fidèle à son alliance (Néh 9 v 8), à la bonté qu’il a promise.
L’Éternel est juste dans toutes ses voies et bon dans toutes ses œuvres.
(Ps 145 v 17) Quand on dit : « Dieu est amour mais il est juste », il y a un mot qui pose problème : c’est « mais ». L’usage systématique du mot montre une conception faussée : la justice serait autre chose que l’amour, elle en serait un contrepoids empêchant qu’il devienne laxiste et qu’on en abuse. Et l’amour serait un contrepoids à la justice, empêchant qu’elle devienne abusive. Cette conception est gravement erronée, car elle implique qu’il y aurait en Dieu une division interne, comme il en existe en l’homme.
Le cœur humain, très handicapé par le péché, doit souvent tempérer son amour par de la justice et inversement. La Bible ne dit jamais cela de Dieu ! De très nombreux versets expriment sa bonté et sa justice comme étant un tout, et non comme s’équilibrant ou alternant selon les situations. Lui, qui est Dieu, ne dissocie pas aimer et être juste. Peu importe si en philosophie l’amour et la justice sont distincts, en Dieu ils ne le sont pas.
Que tout ensemble le salut se produise et la justice germe !
(Es 45 v 8) Il ne faut pas opposer la justice de Dieu à son amour. C’est la moindre des choses, mais la Bible fait plus : elle magnifie tout ensemble la justice de Dieu et son salut ! Hors moi il n’y a pas de Dieu, de Dieu juste et sauveur, il n’y en a pas si ce n’est moi (v 21). Aimer et être juste, c’est un tout pour Dieu. Au point qu’il affirme prouver son amour par la mort de Christ (Rm 5 v 8), lui Juste, pour des injustes (1 Pi 3 v 18).
Que Dieu soit tout ensemble amour et justice, peut se comparer à la lumière : elle est à la fois ondes et corpuscules, caractéristiques inséparables (et non se comparer à l’eau : elle est de l’hydrogène lié à de l’oxygène, les deux sont séparables et l’hydrogène seul ne constitue pas de l’eau).
Tu as aimé la justice et tu as haï l’iniquité.
C’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint… (Hb 1 v 9) : en Christ, comme en Dieu, brille l’unité entre amour et haine du mal. Si Dieu laissait un avenir éternel au péché aimé par tant d’hommes, son paradis ne serait plus paradis. Si Dieu n’ôtait pas le mal qu’ont commis ceux qu’il sauve, ils ne seraient pas sauvés. C’est par un châtiment que Dieu a montré sa justice de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus (Rm 3 v 26) : le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui (Es 53 v 5). S’il y a une paix éternelle, c’est parce que Dieu ne renie pas sa nature, refuse d’appeler le mal bien (Es 5 v 20) et, soit condamne le pécheur soit ôte le péché. Celui qui répète le plus cela, c’est Jésus (par exemple : ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle, Mt 25 v 46). Si Dieu appelait le mal bien, il n’y aurait pour personne ni salut ni place dans l’amour du Père.
Gare à l’illusion de servir la justice de Dieu en tempérant son amour. Gare aussi à l’illusion de magnifier son amour en taisant sa justice, car sa justice fait partie de son amour ! Pour nous, l’expression « Dieu est bon » doit systématiquement inclure « Dieu est juste », et vice-versa.
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(des articles suivront sur la justice, d’autres sur le jugement)