Heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit (1 v 3). Cette promesse est la raison d’être du présent article. Article à mi-chemin entre résumé et tentative d’explication. Les interprétations retenues, humblement, sont celles qui semblent les plus sûres d’après le reste de la Bible. En annexe, figurent quelques réflexions.

(en introduction à cet article, voir celui du blog jaune « APOCALYPSE : RAPIDE COUP D’ŒIL »)

 

Le lecteur de l’Apocalypse voit le Dieu de toute la Bible, et voit l’Évangile.

L’Apocalypse crie « l’instant de vérité » : il récapitule ce que toute la Bible dit : la sainteté de l’Éternel fait soit le salut soit la perdition des hommes (22 v 11). L’Apocalypse manifeste dramatiquement combien la rédemption est belle, et combien le péché est haïssable. Le livre multiplie les louanges à la majesté de Dieu ou au sang de Jésus crucifié en victime expiatoire. En répétant partout le nom Agneau, le texte met en symétrie deux châtiments : un premier – tombé sur Jésus – sauve des pécheurs de tout peuple, un second frappe des pécheurs qui auront méprisé le premier.

Tous les traits de l’Apocalypse – resplendissants ou terrifiants – avaient été annoncés, certains dans le Pentateuque, les Rois, les Psaumes, d’autres dans Esaïe, Jérémie, Joël, Zacharie… beaucoup dans Ézéchiel et Daniel. Ils ont surtout été dits par Jésus (notamment Mt 24, Mc 13, Lc 21). Et l’Apocalypse en récapitule l’accomplissement. Les images (chandelier, sauterelle, coupe, or, etc) ou les nombres (7, 4, 12, 1000, etc) renvoient à l’usage qu’en fait le reste de la Bible.

 

Sept tableaux éclairent une même réalité : ce qu’est et sera le règne de Dieu.

Si le livre comporte tant d’images mystérieuses (étoiles, or, bête, mer, ville, etc) c’est que Jean doit décrire en mots humains des visions célestes (monte ici et je te ferai voir) qu’il a vécues (5 v 4). Il en parle avec le vocabulaire disponible, qui fut celui des visions d’autres auteurs bibliques. C’est pourquoi, ni les images ni le vocabulaire de l’Apocalypse ne doivent s’interpréter d’après un symbolisme extra biblique (cf. 11 v 8b).

Globalement le livre n’est pas une chronologie, mais plutôt une suite de tableaux avec une certaine progression. Certains sont un zoom sur les révélations du tableau précédent. Si le livre laisse un sentiment de répétition, c’est parce que chaque tableau évoque ou montre la fin. Mais il n’y en a qu’une.

 

Vision sur Jésus en majesté divine, et paroles de Jésus à ses églises. (ch 1 à 3)

Ce premier tableau donne le ton : Dieu, qui a tout remis à Christ, le révèle aux siens tel qu’ils doivent le voir. Lui les a rachetés, lui a pouvoir sur la mort, lui leur parle. C’est la première chose qui doit arriver : Jésus doit être vu, ses églises doivent entendre ce que son Esprit dit à leur sujet.

 

ch 1Révélation de Jésus-Christ, qu’il a reçue de Dieu, pour la montrer par son ange à Jean, devenu témoin du témoignage de Jésus-Christ : le livre dit ce que Jésus atteste, ce qui doit arriver. Aux églises de tous temps et tous lieux (les 7 églises), grâce et paix de la part de Dieu (qui est), Dieu de l’Écriture (qui était), Dieu de la fin (qui vient). De la part de son Esprit agissant en plénitude (les 7 Esprits de Dieu). De la part de Christ témoin fidèle, ressuscité, roi souverain. Il les a aimés. Pour Dieu, il les a déliés de leurs péchés par son sang. À lui la gloire et le pouvoir aux siècles des siècles.

Espérance ! Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra. Pour s’adresser aux 7 églises, Dieu saisit Jean par une première vision : Jésus au milieu des 7 ; il a leurs anges dans sa main droite. Il est semblable à un homme mais sa tenue, sa tête, ses yeux, ses pieds, sa voix, sa bouche… sont décrits tels que l’Écriture évoque Dieu. Son visage est comme le soleil, il tient les clés de la mort et du séjour des morts.

Jésus avait dit : le Christ, le Fils du Béni ? je le suis (Mc 14).

ch 2 et 3.  À chaque église Jésus se présente sous l’un des traits que décrit la vision du ch 1. Ses yeux sont comme une flamme de feu nourrissant leur fidélité et perçant leur péché. Selon les lieux et les sujets, il félicite ou il gronde.

Son jugement sur eux loue le fait qu’ils ont aimé, travaillé, persévéré, souffert pour son nom, sans le renier, été martyr, gardé sa parole, refusé la souillure, discerné de faux apôtres et fausses doctrines. Jésus encourage, admet le peu de puissance, ne met pas d’autre fardeau. Il prédit une souffrance, promet une protection, et la récompense après l’épreuve. Leur victoire sera que de faux croyants reconnaissent qu’il les a aimés.

Il reproche un abandon de l’amour initial, il condamne l’indulgence face à une fausse prophétesse, à la débauche, à l’idolâtrie. Il blâme une vie de façade et la souillure, une tiédeur orgueilleuse et aveugle. Il dit qu’il corrige ceux qu’il aime, menace d’ôter une église locale, d’en vomir une de sa bouche. Il avertit qu’il fera mourir des idolâtres. Cinq fois sur sept il demande le repentir, et un retour aux premières œuvres, à la Parole originelle.

Il dit : je viens rapidement. Sept fois il qualifie de vainqueur celui qui l’écoute et fait ce qu’il dit, c’est à dire : se repent, écarte l’impureté, reste fidèle, tient ferme ce qu’il a, etc. Et sept fois, la récompense promise éclaire un aspect du salut éternel c’est à dire du lien à Christ, dans le paradis de Dieu.

Il était écrit : c’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu et, si le juste est sauvé difficilement, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de Dieu ? (1 Pi 4).

 

 

Vue d’ensemble du dessein de Dieu. (ch 4 à 7, et début 8)

Ce tableau est une vue assez complète. Assis sur le trône, Dieu est adoré. Son dessein éternel a une clé : l’Agneau, seul associé à lui comme objet de louange. Le tableau ne mentionne pas le diable, ni ne précise les fautes des hommes. Mais, à l’ouverture de sept sceaux, il montre que Dieu sanctionne le mal d’abord par les effets habituels du péché, puis par la colère finale. Ensuite le tableau montre Dieu faisant approcher la fin, et scellant les siens.

 

ch 4Je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite : voici, il y avait un trône dans le ciel. En désignant souvent Dieu comme celui qui est assis sur le trône, l’Apocalypse nous réfère à son entière souveraineté, à sa magnificence indicible, comme multicolore. De là sortent éclairs, voix, tonnerres. Il est Dieu de 24 anciens, couronnés (fidèles éminents des deux alliances, Mt 17 v 3 et 19 v 28). Devant le trône brillent ses 7 Esprits de Dieu, et une infinie pureté. Autour du trône sont 4 êtres vivants ailés (Es 6 : séraphins, Ez 1 et 10 : chérubins) qui existent pour célébrer Dieu et voir comme personne (remplis d’yeux) combien il est saint, saint, saint. Ainsi leur adoration déclenche celle des 24 anciens qui se prosterneront et jetteront leurs couronnes devant Dieu : tu es digne de gloire, honneur, puissance, car tu as créé toutes choses…

ch 5Dans sa main droite se trouve un livre scellé de sept sceaux c’est à dire le mystère de son dessein : réunir sous Christ les anges et des perdus qui croient en son sang. Un ange souligne combien il importe que le livre soit ouvert c’est à dire que la volonté de Dieu arrive : nul ne fut trouvé digne de l’ouvrir sauf, au milieu du trône l’Agneau debout, comme immolé. En désignant beaucoup Christ comme l’Agneau, l’Apocalypse nous réfère à sa croix. Vers lui jaillit un cantique des 24 et des 4, lié aux prières des saints : tu es digne de recevoir le livre et d’en ouvrir les sceaux car tu as été immolé et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes… Le cri s’amplifie chez les anges : l’Agneau qui a été immolé est digne puis chez toute créature : à celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire, pouvoir…

Note : Christ est le but et le centre du dessein de Dieu (Eph 1 v 10), l’homme n’en est qu’un bénéficiaire. C’est pourquoi dans l’Apocalypse Dieu n’est dit père que de Jésus Christ (1 v 6), car c’est seulement en lui qu’il devient notre Père.

Jean-Baptiste avait dit : le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main (Jn 3).

ch 6.  L’ouverture de 4 sceaux et l’appel des 4 êtres vivants, fait venir 4 cavaliers : le 1er indique que le tableau entier sera victoire de Dieu. Les 3 suivants font arriver guerres, famines, mortalité : les humains sans distinction souffrent du péché d’humains, et des conséquences globales du mal sur terre. C’est usuel dans la Bible et dans l’Histoire, mais ici cela s’amplifie jusqu’à la mort d’un quart des hommes. C’est bien l’Agneau qui ouvre les sceaux : la volonté divine implique le salaire du péché.

Note : tout au long de la Bible, Dieu a châtié les hommes par leurs propres péchés (Jér 2 v 19), par la violence d’autres peuples (Es 10 v 5-6), par l’absinthe (Jér 23 v 15), par la peste ou des bouleversements (Hab 3 v 4-6), par la ruine d’une civilisation (Nah 3).

Au 5e sceau, les témoins tués pour leur fidélité à la parole de Dieu réclament justice ; il les revêt de blanc, et les fait patienter car d’autres encore seront martyrs. Au 6e sceau, ce n’est plus du tout l’Histoire connue, c’est la fin qui pointe : le soleil devient noir, ciel et montagnes se retirent, en quoi tout humain discerne le jour de la colère de celui qui est assis sur le trône et de l’Agneau, au point de dire aux montagnes : tombez sur nous et cachez-nous.

Jésus avait dit : ce ne sera pas tout de suite la fin. Et : les hommes rendront l’âme de terreur dans l’attente de ce qui doit arriver pour la terre, car les puissances des cieux seront ébranlées (Lc 21).

ch 7.  Avant l’exécution de cette colère par 4 anges, un ange vient avec le sceau de Dieu : il scelle au front le nombre complet de son Israël (144 000, chiffre figuré) qui ensuite apparaît innombrable. Ils sont de toutes ethnies, ils clament : le salut est à notre Dieu et à l’Agneau. Lavés par son sang, passés par la tribulation finale, ils sont à demeure devant le trône où Dieu essuie toute larme de leurs yeux.

ch 8 v 1 à 6. L’ouverture du 7e sceau introduit un autre tableau, celui de 7 anges recevant 7 trompettes. Première chose soulignée : la prière des saints est un parfum devant Dieu. Deuxième chose : c’est le feu de l’autel qui déclenche les sanctions.

Jésus avait dit des siens : cela doit arriver (Mt 24), et : nul ne les ravira de ma main (Jn 10).

 

Zoom : ce que Dieu châtiera c’est l’idolâtrie et ce qui va avec. (ch 8 à 11)

Gros plan sur la colère : au son de sept trompettes données à sept anges, Dieu châtiera idolâtrie, meurtre, souillures spirituelles et sexuelles, vol… par de terribles fléaux planétaires et cosmiques, puis des fléaux de démons. Mais Dieu pourvoit à un témoignage, aux yeux des rebelles. Puis vient la fin où il établit son règne, ce sera le temps pour juger et pour récompenser.

 

ch 8.  Le son de trompette des 4 premiers anges donne lieu à 4 fléaux, consumant le tiers des végétaux, frappant le tiers de la mer et ce qui y vit ou navigue, empoisonnant amèrement le tiers des cours d’eau et beaucoup d’hommes, et supprimant le tiers de la lumière des astres. Et une voix d’aigle avertit de grands malheurs qui suivent.

ch 9.  À la trompette du 5e ange, Dieu autorise le destructeur, le diable (étoile tombée du ciel c’est à dire déchue) à faire que, sortis de leur monde (l’abîme), des démons tels des bêtes venimeuses tourmentent les hommes qui n’ont pas été scellés pour Dieu. À la trompette du 6e ange, Dieu fait délier quatre anges déchus qu’il avait réservés pour tuer le tiers des hommes par une gigantesque cavalerie de démons monstrueux. Ce tiers est tué par ce qu’il y a derrière toute idole, ses démons ; mais les survivants continuent d’adorer les démons sans se repentir de l’idolâtrie ni de ses corollaires : meurtres, sortilèges, coucheries, vols. Dieu, qui a châtié par des plaies matérielles, le fait ici par des ennemis spirituels (1 Sam 16 v 14 éclaire un peu cela).

ch 10.  Un ange étonnamment glorieux descend du ciel, un petit livre à la main. À son cri, Jean entend la voix de 7 tonnerres : une révélation qu’il ne doit pas écrire. Aux multitudes de la planète, l’ange jure par Dieu qu’aux jours où le 7e ange sonnera de la trompette ce sera l’accomplissement final. Puis Jean doit avaler le livre, doux comme du miel en sa bouche, amer en ses entrailles : il devra continuer à prophétiser sur les peuples.

ch 11.  Jean doit mesurer le temple de Dieu et ses adorateurs, mais pas ce qui est paganisé. Il entend que Christ donnera les deux témoins référés à Za 4 et décrits comme Élie ou Moïse. Ils suivront leur Seigneur qui a été crucifié, et sur 1260 jours ils prophétiseront – comme en deuil – son message haï de beaucoup. Un feu dans leur bouche peut dévorer leurs ennemis. Puis l’antichrist (la bête) les fera tuer à la grande joie de tous… Dieu les ressuscite et les fait monter au ciel à la vue de tous. La terre tremble, les hommes effrayés glorifient le Dieu du ciel (à partir du tableau suivant, ils ne le feront plus !). À la trompette du 7e ange, le ciel acclame le Seigneur et son Christ. Les 24 anciens se prosternent : nous te rendons grâce Seigneur Dieu … d’avoir établit ton règne ; les nations s’étaient irritées, ta colère est venue et le temps de juger les morts et récompenser tes serviteurs. Alors s’ouvre dans le ciel le temple du Dieu de l’alliance.

Note : la durée de 1260 jours (env. 3 ans ½) est indiquée ailleurs par : 42 mois, et : un temps, des temps, la moitié d’un temps (Dn 7 et 12). Elle semble situer les deux témoins à la fois dans le temps des nations (Lc 21 v 24) où un témoignage souvent dramatique est rendu à Jésus Christ crucifié, et dans le temps du dernier antichrist.

L’Évangile avait dit : celui qui croit au Fils a la vie éternelle, celui qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui (Jn 3).

 

 

Vue globale sur l’histoire du salut et les manœuvres du diable. (ch 12 à 14)

Ce tableau montre un grand signe dans le ciel, et des visions connexes. Il dit la souveraineté de Dieu, et réfère au ciel ce qui arrive sur terre : passé, présent, et fin. D’abord le salut par le Messie d’Israël ; puis ce que les siens subiront à cause de la séduction du monde par Satan, l’antichrist, le faux prophète ; ensuite un appel ultime à craindre Dieu, enfin le châtiment final de la terre.

 

ch 12.  Le signe c’est Israël (femme aux 12 étoiles) et l’histoire du salut (soleil). Si son élection est céleste, c’est pour enfanter le Messie, aussitôt combattu par Satan (le dragon) qui prétend à la toute puissance (sept têts et dix cormes). Mais il est défait par Michaël et ses anges. Maintenant est arrivé le salut, le règne de Dieu et l’autorité de son Christ. Si l’accusateur est vaincu aussi par nos frères c’est dû au sang de l’Agneau, et par leur consécration à lui plus qu’à leur propre vie. Si le dragon reporte sa haine sur le reste (Israël présenté comme fidèle au témoignage de Jésus), s’il y a joie au ciel mais malheur sur terre, c’est que le diable y est précipité. Mais Dieu secourt Israël le temps où elle est au désert (1260 jours ou un temps des temps la moitié d’un temps).

ch 13.  Sont mentionnés le diable (le dragon), l’antichrist (la bête qui monte de la mer), et le faux prophète (la bête qui monte de la terre), les trois (16 v 13) sont actifs dans l’Histoire (1 Jn 2 v 18) mais ici le texte concerne surtout la fin. L’antichrist a les mêmes prétentions que le diable, il séduit et opprime la terre entière par religion, politique, économie. Si tous se prosternent devant lui, sauf ceux du livre de vie de l’Agneau, c’est qu’il contrefait le ressuscité (il guérit d’une blessure mortelle) et que Satan lui donne son pouvoir. S’il peut blasphémer fort, et même vaincre les saints, c’est que cela lui fut donné ; c’est à dire tout est subordonné à Dieu ! Si un faux prophète (cornes d’agneau mais voix de dragon) opère de grands miracles, anime une image de l’antichrist, fait tuer ceux qui ne l’adorent pas, et conditionne achat et vente à la marque de la bête sur la main ou le front, c’est dans l’illusion de contrer la puissance et le sceau de Dieu sur les siens.

Note : le mot antichrist (= à la place de Christ) vient de l’avertissement : il se lèvera de faux christs qui diront : c’est moi (Mt 24). Avoir sa marque sur le front ou la main mène à l’étang de feu (ch 14), parce qu’elle implique une allégeance en pensée et œuvre. Son chiffre, 666, parodie l’opulence de Salomon (1 R 10) qui en est arrivé à légitimer l’idolâtrie (1 R 11).

Jésus avait dit : il y aura de faux christs, ils opèreront des signes (Mc 13).

ch 14.  Si un chant nouveau s’élève, tonitruant et mélodieux, que seuls les rachetés (les 144 000) peuvent apprendre avec au front le nom de l’Agneau et de son Père, c’est que l’Agneau apparaît, debout sur le mont Sion. Si, encore, l’humanité est appelée par un ange à craindre et glorifier le Créateur dont le jugement pointe, c’est une bonne nouvelle. De même que la proclamation par un 2e ange de la chute de Babylone. Et l’avertissement par un 3e ange que se prosterner devant la bête mène à l’étang de feu. Les ch 13 et 14 soulignent la persévérance des saints à suivre Dieu malgré la persécution. Heureux ceux qui meurent dans le Seigneur, dit l’Esprit. Si l’heure est venue de moissonner la terre pour Dieu, puis de la vendanger pour sa fureur, c’est que le Fils de l’homme est assis sur la nuée.

Jésus avait annoncé : le Fils de l’homme dira aux moissonneurs : arrachez l’ivraie pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier (Mt 13).

 

Zoom sur deux aspects : la louange au Tout-Puissant, et les dernières plaies. (ch 15 et 16)

Ce tableau rapporte le chant de ceux qui n’auront pas cédé à l’antichrist. Et, signe grand et admirable, il annonce que du sanctuaire de Dieu sortiront sept anges ayant les sept coupes de sa fureur : de là les sept dernières plaies, extrêmes. En dépit d’elles, se lèvera contre Dieu la dernière rébellion du diable, des rois, des villes. Mais ils tomberont, et la terre commencera à passer.

 

ch 15.  À l’annonce de ces plaies, les dernières, ceux qui n’ont pas cédé à l’antichrist (la bête) chantent le cantique de Moïse et de l’Agneau : tes œuvres sont admirables, tu es Dieu, Tout-Puissant, juste, Roi, craint, seul saint… Tout genou fléchira devant toi car ta justice a été manifestée. Elle se manifeste ici par les 7 coupes d’or pleines de la fureur de Dieu, ce qui signale à quel point les humains sous-estiment sa justice. C’est du sanctuaire, ici rempli de la puissance divine redoutable, que sortent les 7 anges. Leur lin pur et leur ceinture d’or en témoignent.

Jésus avait dit : mon Père est plus grand que tous (Jn 10). Jésus est celui qui nous délivre de la colère à venir (1 Thess 1).

ch 16.  L’un après l’autre, ils versent leur coupe.  Le 1er sur le sol : ulcère malin pour ceux qui ont la marque de la bête.  Le 2e sur la mer : elle devient du sang avarié et tout être vivant y meurt.  Le 3e sur les cours d’eau : ils deviennent du sang, et l’ange loue Dieu d’avoir donné du sang à boire à ceux qui ont versé le sang des saints.  Le 4e sur le soleil : brûlés d’une chaleur terrible, les hommes y reconnaissent l’autorité de Dieu mais blasphèment sans se repentir.  Le 5e sur le trône de la bête : il s’obscurcit fort, et les hommes se mordent la langue de douleur, blasphèment, ne se repentent pas.  Le 6e sur l’Euphrate qui tarit et ouvre la voie aux rois de la terre – rassemblés par Satan, l’antichrist, et le faux prophète – pour l’ultime combat contre Dieu (Harmaguédon) ; voici je viens comme un voleur, heureux celui qui veille.  Le 7e sur l’air : une voix du sanctuaire crie que c’en est fait, tremblement de terre sans égal, chute du système (villes et Babylone), disparition des îles et montagnes, grêle sans précédent. Et blasphème des hommes, montrant combien ils sont endurcis contre Dieu.

Note : sans jamais l’opposer à ‘Dieu est bon’ le NT dit 170 fois qu’il juge et condamne, c’est à dire conserve sa nature juste.

Jésus avait dit : si vous ne vous repentez pas vous périrez tous de même (Lc 13).

 

Zoom : chute de Babylone, louanges, et venue de Christ. (ch 17 à 19)

Ce tableau revient sur la 7e coupe : ce qui s’écroule, c’est le système anti-Dieu (idolâtrie, cupidité, impureté spirituelle et sexuelle, asservissement économique, meurtre). À ce jugement le ciel résonne d’alléluias, les noces de l’Agneau sont annoncées. Et Christ vient ! L’antichrist est jeté dans l’étang de feu.

 

ch 17.  Un des anges montre à Jean l’empire d’impureté, abomination et blasphème, ivre du sang des saints (la femme prostituée, au sens spirituel d’idolâtre et au sens de dépravée). C’est Babylone la grande, brillante mainmise mondiale, fondée sur l’antichrist (la bête) et sur ses moyens d’entrainer les foules vers les idoles (sept montagnes), moyens qui sont aussi des gouvernants (sept têtes). Cet antichrist, déjà actif dans l’Histoire (l’un des sept rois), sera aussi un individu final (un huitième roi). Ce système inique domine les nations (la mer) et leurs rois éphémères (dix cornes) qui servent la bête et combattent l’Agneau. Mais lui qui est Seigneur les vaincra, associant ses élus. Et c’est en jugement de Dieu que la cohésion ‘bête, femme, cornes’ se déchirera.

ch 18.  Un autre ange clame : elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande. Structure (ville) de débauche et de cupidité, repaire de démons, société d’injustice et de convoitise ; mon peuple, ne participe pas à ses péchés ! Gouvernants et grands marchands se lamentent à hauts cris sur la fin du luxueux profit qu’ils retiraient de tout : idolâtries, marchandises, ressources alimentaires, corps et âmes d’hommes. Alors retentit : réjouis-toi sur elle, ciel, et vous aussi les saints… car Dieu vous a fait justice en la jugeant. En une heure, Dieu a fait disparaître son art de vivre et ses sortilèges, qui ont causé la mort des saints et – en fait – de tous les humains tués sur terre.

Jésus avait dit : vous ne pouvez servir Dieu et Mammon (Mt 6).

ch 19.  Voix nombreuses dans le ciel : alléluia ! le salut, la gloire et la puissance sont à notre Dieu parce que ses jugements sont véritables et justes… alléluia ! Les 24 anciens et les 4 êtres vivants se prosternent : amen, alléluia ! Des voix tonnent : alléluia ! le Seigneur Dieu a établi son règne… les noces de l’Agneau sont venues, et son épouse s’est préparée. Ces noces de l’Agneau (cp 21 v 9-10) sont préparées : heureux ceux qui y sont appelés.

Puis, sur un cheval blanc Christ apparaît ! Il est suivi de ses armées, il est Fidèle et Véritable, justice aux yeux de feu, il est Parole de Dieu, une épée dans la bouche, Seigneur des seigneurs. Son manteau est trempé de sang car il exerce la fureur de la colère du Tout-Puissant. Or l’antichrist (la bête) et les rois le combattent. Mais la bête et le faux prophète sont pris et jetés dans l’étang de feu brûlant de soufre. Et l’épée (la Parole, cp. Jn 12 v 48) tue tout humain qui avait la marque de l’antichrist.

Jésus avait dit : je reviendrai (Jn 14).

 

 

Vue finale : Dieu est le Tout-Puissant, jugement dernier, nouveaux cieux et terre. (ch 20, 21, et début 22)

Un ange lie, et plus tard jette le diable dans l’étang de feu. Le ciel et la terre disparaissent. Devant le trône de Dieu, c’est le jugement final : vie éternelle ou perdition. Dieu crée de nouveaux cieux et une nouvelle terre, il révèle l’épouse qui est la nouvelle Jérusalem. Là sera le trône de Dieu et de l’Agneau.

 

ch 20.  Un ange a la clé de l’abîme, il y enferme Satan après l’avoir enchaîné pour mille ans, ainsi il ne séduit plus. Reviennent à la vie les martyrs pour Jésus et ceux qui n’ont pas adoré la bête, et ils règnent mille ans avec Christ (soit littéralement en un temps futur, soit spirituellement en tant que déjà ressuscités en lui), un règne que le texte ne situe pas sur la terre. C’est la première résurrection, ils sont sacrificateurs de Dieu et du Christ. Puis Satan est relâché pour peu de temps et il séduit les nations de la planète. Dernière mention de l’humanité rebelle : nombreux comme les grains de sable, tous en guerre contre Dieu et ses bien-aimés. Un feu descend du ciel et les dévore ; tout humain impie meurt. Et le diable est jeté dans l’étang de feu et de soufre pour toujours.

Jésus avait dit : le jour où Loth sortit de Sodome, une pluie de feu et de souffre tomba du ciel et les fit tous périr ; il en sera de même le jour où le Fils de l’homme se révèlera (Lc 17).

Puis Jean voit un grand trône blanc, et celui qui y était assis. Terre et ciel disparaissent entièrement. Reste sa face ! Devant lui comparaissent en jugement final tous les morts, croyants ou pas. Ils sont jugés selon leurs œuvres (des livres). Et aussi selon que leur nom est inscrit ou pas dans un autre livre (le livre de vie), sans quoi ils sont jetés dans l’étang de feu.

Jésus avait dit : il rendra à chacun selon sa manière d’agir (Mt 16). Et : ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle (Mt 25).

ch 21 et début 22.  Jean voit un nouveau ciel et une nouvelle terre, il voit descendre du ciel la ville sainte : nouvelle Jérusalem, épouse. Il voit s’accomplir la promesse : Dieu habitera avec eux, ils seront son peuple… Les premières choses ont disparu, celui qui est assis sur le trône dit à Jean d’écrire : c’est fait… je suis l’Alpha et l’Oméga… Et, pour nous aujourd’hui, d’écrire un appel : à celui qui a soif je donnerai de la source de l’eau de la vie. Et une promesse : l’héritage du vainqueur c’est que je serai son Dieu et il sera mon fils. Et un avertissement : la part des pécheurs sera dans l’étang de feu.

Puis un des 7 anges aux 7 coupes montre à Jean l’épouse : la ville sainte c’est à dire le peuple aimant Christ et bâti par lui. Elle a pour longueur, largeur, hauteur, la plénitude de l’amour du Christ pour son peuple (12 000 stades), référé aux 12 tribus d’Israël et aux 12 apôtres de l’Agneau. En cela elle est l’épouse, elle est éclatante de Dieu, faite d’or, de perle, de toute pierre précieuse.  Nul souillé n’y entre, seuls les saints issus de toute nation auront leur gloire en elle. Elle n’a besoin ni de temple ni de soleil car le Seigneur est son temple et sa lumière. Il n’y a plus de nuit.

Du trône de Dieu et de l’Agneau, sort le fleuve de vie. Là est l’arbre de vie, consolation et guérison éternelle des rachetés d’entre les nations. Il n’y a plus d’anathème. Ses serviteurs rendent un culte à Dieu et voient sa face. Marqués de son nom, ils ont part à son règne éternel.

Note : L’arbre de vie est mentionné comme étant sur les bords du fleuve et guérissant les ethnies : l’image reprend celle d’Ez 47 pour dire la plénitude de guérison qu’est le salut (et non, vu le reste de la Bible, pour dire que la maladie perdure dans l’éternité).

Jésus avait dit aux siens : afin que là où je suis, vous y soyez aussi (Jn 14).

 

Jésus conclut l’Apocalypse par de vitales recommandations. (ch 22 à partir du v 6)

Après la série de visions, il en fait redire le but : montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. Je viens rapidement avec ma rétribution, heureux celui qui garde les paroles de ce livre. Jean, qui a vu et entendu, fond. Et l’ange lui parle, il exhorte les saints et tout homme : le livre n’est pas scellé, face à son appel c’est à chacun de poursuivre soit la souillure soit la sanctification. Et de ne rien ajouter ni retrancher au livre.

Heureux ceux qui lavent leur robe afin d’avoir droit à l’arbre de vie et à entrer dans la ville. Dehors les débauchés, les idolâtres, et – répété trois fois dans ce tableau – ceux qui aiment le mensonge.

L’Esprit et l’épouse disent : viens, que celui qui entend dise : viens. Celui qui atteste ces choses dit : oui, je viens bientôt. Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous !

 

Quelques réflexions annexes.

  • Les louanges de l’Apocalypse sont modèles par leur orientation : celui qui est sur le trône et l’Agneau. Et par leurs motifs : à celui qui nous aime (ch 1), tu as créé toutes choses (ch 4), tu as été immolé et as racheté (ch 5), le salut est à notre Dieu (ch 7), tu as établi ton règne (ch 11), les œuvres justes du Roi saint (ch 15), tu as exercé tes jugements (ch 16). Louez notre Dieu vous qui le craignez (ch 19).
  • Plusieurs fois, le livre redit l’appel de Dieu aux perdus. Mais il n’use du verbe aimer qu’envers les saints, il fait une grande différence entre eux et les impies. Cependant Dieu juge, et sa maison et Babylone : d’un côté pour dévoiler un péché et ne pas avoir à condamner (2 v 16), de l’autre pour condamner le pécheur obstiné. (cp. 2 Thess 1)
  • L’Apocalypse répète que Dieu garde les siens avec sollicitude, qu’il se plaira à les récompenser, qu’il fait grand cas de leurs souffrances pour lui, et leur refus de se prosterner devant la bête quitte à perdre leurs biens, leur sécurité, leur vie.
  • Le texte relie directement à la volonté de Dieu toutes les plaies du livre : si on le nie, si on ne parle que de causes naturelles, quand viendra le Jour du Seigneur beaucoup diront par notre faute : ce n’est pas le Dieu qu’on m’avait prêché.
  • Ce que le livre dit sur les méfaits du diable, évoque une spiritualité séductrice (le faux prophète) probablement syncrétiste, une dictature mondiale (l’antichrist final), une oppression économique et une corruption morale (la grande Babylone). Il est hasardeux d’assimiler cela à une seule religion, idéologie, ou empire connus. Mais il faut discerner qu’en divers domaines un esprit antichrist agit déjà (1 Jn 4 v 3).
  • Le règne de 1000 ans a été compris, dès les Pères de l’Église, soit au sens littéral d’un règne futur (cp. Es 11) situé entre la venue de Christ et les nouveaux cieux et terre, soit au sens spirituel (Mt 12 v 29) d’une participation (Rm 5 v 17) au règne actuel de Christ. Ap 20 a peut-être les deux sens, car la Bible parle du royaume à la fois au futur et au présent. (l’idée d’un millénium symbolique, l’évangélisation du monde amenant un âge d’or, n’est pas dans le NT)
  • Dans l’Apocalypse, la venue de Christ est affirmée mais pas détaillée, l’enlèvement des siens vers lui (Mt 24 v 31, 1 Thess 4) n’est pas mentionnée. Le livre a été écrit, non pour qu’on dise quand il viendra, mais pour nourrir l’attente. Et pour la consolation des persécutés de toute époque, pour nourrir la persévérance des saints, leur crainte de Dieu, leur louange fidèle à ce qu’il est.
  • Le dernier livre de la Bible rend évident que Christ n’a pas été crucifié pour réparer le monde actuel, mais pour appeler à une vie nouvelle. En montrant Dieu sauveur et aussi juge, le livre corrige le portrait humanisé qu’on se fait de Dieu si dans la Bible on trie entre ce qu’on trouve acceptable et ce qu’on écarte.