L’expression « créés en image de Dieu » pointe quelque chose. Elle a d’abord un sens réduit, ensuite une perspective glorieuse.  Les trois premières parties de cet article ne feront que préciser le sens, le vérifier, et dire en quoi il est d’abord réduit. La quatrième partie, la plus importante, dira quelle est la perspective ultime.

Pendant qu’il crée toutes choses, Dieu n’emploie le mot « image » qu’au sujet de l’homme. Pas au sujet de la lumière, des mers, des végétaux, des animaux. AT et NT redisent après la rupture que les hommes sont « images de Dieu ». Ils le sont comme descendants d’Adam (Genèse 5:1), ils ne doivent pas être tués (Genèse 9:6-7), ni maudits (Jacques 3:9).

 

première partie

« CRÉÉS IMAGES DE DIEU » : PRÉCISONS LE SENS

 

Dieu dit : faisons l’homme en notre image, comme notre ressemblance.

(Genèse 1:26)  On peut délimiter le sens en comparant deux versets qui emploient cette expression. Il est écrit : Adam engendra Seth à sa ressemblance, à son image (Genèse 5:3). Sans conteste, cela dit qu’Adam s’est reproduit et que Seth avait la même nature humaine que lui.  Juste avant, il est ré-écrit : Dieu créa Adam, il le fit à la ressemblance de Dieu (Genèse 5:1). Sans conteste, cela ne dit pas que Dieu s’est reproduit ni qu’Adam avait la même nature que son Créateur (Genèse 2:17).  La différence enseigne qu’en Gn 1 le mot ‘ressemblance’ ne doit pas être pris au sens absolu.

Une image figure une réalité sans être cette réalité.  Toute image de quelqu’un offre une certaine ressemblance, mais est d’une autre nature que lui. L’image des chérubins dans le lieu très saint est faite d’or (Exode 25:18), sur le voile elle est faite de lin (Exode 26:31), mais les chérubins célestes ne sont ni or ni lin.  Dans la double expression de Gn 1, ‘image’ et ‘ressemblance’ sont avant tout synonymes. Tous deux désignent les hommes comme des créatures liées à Dieu, et non comme ses reproductions.

 

Le sens n’est pas qu’Adam serait fait ‘sur le modèle’ de Dieu.

On se méprend sur Genèse 1:26 à cause du mot ‘selon’ (à notre image, selon notre ressemblance). Plus précis est : en notre image, comme notre ressemblance (ou : faisons les hommes pour qu’ils soient notre image, ceux qui nous ressemblent). C’est le sens que donne le NT en employant le verbe ‘être’ : l’homme est l’image de Dieu (1 Corinthiens 11:7). Dieu l’a créé, non à partir de Lui-même, mais pour être celui qui le représente.

En citant : nous sommes de sa race (Act 17:28 – mot d’un poète grec), Paul signifie que nous sommes issus de Dieu et non que nous serions d’essence divine (cp. Psaumes 82:6-7). Quand Pierre parle de participer à la nature divine (2 Pierre 1:4), il signifie avoir part à la communion avec Dieu (1 Jean 1:3).  C’est cette perspective que le serpent a très tôt falsifiée : vous serez comme des dieux (Genèse 3:5). Du diable, qui prétend dépasser son statut de créature, vient tout ce qui tend à abolir la distinction entre le Créateur et la créature.

 

Les hommes sont ‘images de Dieu’ non par leur constitution mais par leur vocation.

Quand Dieu crée Adam, il ne fait pas ce que feront les humains quand, pour des motifs religieux, affectifs, etc. ils confectionneront des effigies, poupées, etc. comme des ‘modèles réduits’ d’eux-mêmes. En Gn 1 l’expression « faits en image de Dieu » ne signifie pas : constitués sur le même schéma que Dieu. Ni : de même essence que Dieu.

L’idée de « comment YHWH est constitué » ne convient pas du tout !  Dieu ne se définit pas, spéculer sur sa ‘nature’ avec notre logique ne mène nulle part. Dieu se révèle « Je suis ».  On tord donc l’expression « faits en images de Dieu » si on prend des caractéristiques humaines pour en déduire que Dieu serait à cette image-là. Il faut renoncer à toute cogitation qui suggère un ‘Dieu’ calqué sur l’homme. Mais il faut s’engager dans toute vocation que Dieu donne à l’homme.

 

Les humains sont-ils ‘images de Dieu’ en ce qu’ils dominent ?

Faisons l’homme en notre image … pour qu’il domine sur les poissons et oiseaux… (Genèse 1:26).  Cette domination toute partielle (Dieu ne dit pas de dominer d’autres hommes) est-elle ce qui fait de nous des images de Dieu ? Au sens absolu où Dieu domine, non.  Mais en un sens limité, oui. Ainsi, Dieu fait les deux grands luminaires pour dominer (Genèse 1:16). Deux signes qui séparent et éclairent sa création (Genèse 1:14-15).  Ensuite, Dieu fait les hommes pour qu’ils dominent ; remplissent la terre et la soumettent (Genèse 1:28) ; la cultivent et la gardent (Genèse 2:15). Ils sont ses ‘images’ quand ils valorisent, avec un remarquable discernement, ce que sa création est déjà : Dieu fit venir les animaux vers l’homme … afin que toute âme vivante porte le nom que l’homme lui aurait donné (Genèse 2:19).

Mais on trahit le contexte de Gn 1 et 2 quand on donne au verbe ‘dominer’ un sens guerrier. Et qu’on le détourne pour travestir l’Évangile en mandat de domination sur l’humanité. Car jamais le NT ne réfère à Gn 1 la mission de faire des disciples.  De même, l’idée que l’homme est un couronnement de la création, ne doit pas être détournée pour prétendre à un règne actuel de l’Église sur la planète. Si le NT parle de régner avec Christ, c’est toujours au futur, après son avènement (2 Timothée 2:12 Apocalypse 3:21). Le seul verset au présent, 1 Corinthiens 4:8, est un ironique reproche.

 

Les humains sont-ils ‘images de Dieu’ en ce qu’ils sont âme-esprit ?

Ça demande précision.  D’abord, Dieu dit : que les eaux se mettent à grouiller d’âmes vivantes (Genèse 1:20). Puis, Dieu dit : que la terre produise des âmes vivantes, selon leur espèce (Genèse 1:24). Enfin, l’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière du sol ; il insuffla dans ses narines un souffle vital, et l’homme devint une âme vivante (Genèse 2:7 le verset n’a pas le mot ruah). Le texte dit ‘âme vivante’ (litt.) pour les animaux (qui ont intelligence, volonté, émotion) et pour l’homme. Mais avec ce dernier Dieu fait autrement.

Si Adam est ‘image de Dieu’ ce n’est donc pas simplement parce qu’il est ‘âme vivante’ (encore moins parce que l’âme humaine serait étincelle divine, ou immortelle, Ézéchiel 18:4). Mais plutôt parce qu’il a reçu de Dieu sa vie humaine (son âme) d’une manière spécifique.

Adam est-il ‘image de Dieu’ parce qu’il est ‘esprit’ ? Les anges aussi sont des esprits (Hébreux 1:14), et Dieu ne les dit pas ‘images’.  En fait, Gn 1 ne mentionne pas l’esprit de l’homme (Nombres 16:22  Zacharie 12:1) explicitement, mais à travers le mot âme (âme et esprit de l’homme sont synonymes quasiment partout dans la Bible).

Alors, en quoi l’homme est-il ‘image de Dieu’ ? En ce que cette créature-là, Dieu l’appellera à un lien avec Lui. C’est la précision indispensable : les hommes sont ‘images de Dieu’ non par leur constitution mais par leur vocation !

 

 

deuxième partie

« CRÉÉS IMAGES DE DIEU » : VÉRIFIONS QUELQUES PISTES

L’idée que les humains sont ‘images de Dieu’ par leurs caractéristiques, est l’erreur centrale qui ouvre diverses fausses pistes. On s’y engouffre en sacrifiant l’exégèse à l’intuition.  Imprécision, méprise, énormité, une piste est d’autant plus fausse qu’elle présuppose une symétrie de constitution entre l’homme et Dieu.

 

Les humains sont-ils ‘images de Dieu’ en ce qu’ils seraient eux aussi ‘trinitaires’ ?

Dieu dit : … notre image (Genèse 1:26).  Faut-il voir dans le pluriel ‘notre’ une allusion à la Trinité ? Non. Ce serait poser un préalable que les thèmes de Gn 1 ne posent pas (noter que le Fils n’est pas mentionné). Dans le contexte, le pluriel ‘notre’ (plutôt que d’exprimer un « nous de majesté ») peut se référer à l’Esprit de Dieu mentionné en Genèse 1:2 (mais pas en Genèse 2:7), ou bien aux anges qui servent Dieu (cp. Genèse 3:22).

Néanmoins, même si Gn 1 évoquait la Trinité, l’ensemble de la Bible ne permet pas l’idée que les humains sont images de Dieu en tant que créatures ‘trinitaires’ (c’est placer la vertu dans le chiffre trois).  Les humains, âme-esprit et corps, ne sont pas trois personnes distinctes en une. Leur esprit n’a pas engendré leur âme, et leur corps ne procède pas des deux. Leur esprit n’envoie pas leur âme sauver ceux à qui ils enverront ensuite un corps. L’aberration d’une symétrie avec Dieu est évidente.

 

Les humains sont-ils ‘images de Dieu’ en ce qu’ils sont masculins et féminins ?

Il le créa en image de Dieu, homme et femme il les créa (Genèse 1:27).  Est-ce le fait d’être masculin et féminin qui fait d’Adam et Ève les images de Dieu ? Non. Certains végétaux et les animaux aussi ont reçu de Dieu des caractéristiques mâles et femelles (soyez féconds, Genèse 1:22), sans que Dieu ne les dise ‘images’.  Parlant des humains, la Bible ne lie jamais l’état masculin et féminin à un type de communion avec Dieu (cf. Gal 3:28), mais seulement à la fécondité bénie sur terre. Selon Jésus, masculin et féminin sont un état provisoire (Matthieu 22:30).

Quand la Bible dit au sujet de Dieu : sa bouche, sa main, comme un père, une mère… c’est un langage figuré, qui n’enseigne pas que « masculin et féminin » serait la substance de Dieu.  Une telle intuition provient de la même source que l’idolâtrie grossière, celle qui prête au divin l’apparence de ses créatures, humaines ou animales (Romains 1:22-23). Comme si, observant que la toile d’un peintre est harmonie de bleu et de vert, on en concluait : c’est parce que le peintre lui-même est bleu et vert.  Et dire : l’Esprit est le côté féminin de Dieu, revient à dire : le Père est dépourvu d’une qualité que l’Esprit aurait. C’est comparable à l’idée que Jésus serait dépourvu d’une douceur que ‘la Madone’ a. Les deux idées ont la même source.

 

Est-ce par le fait d’être bénis et féconds que les hommes sont ‘images de Dieu’ ?

Dieu les bénit et Dieu leur dit : soyez féconds, multipliez-vous… (Genèse 1:28).  Est-ce cela qui nous fait ‘images de Dieu’ ? Pas exactement. Car il est écrit concernant des animaux : Dieu les bénit en disant : soyez féconds, multipliez-vous, remplissez les eaux… (Genèse 1:22).  Toutefois, il existe une différence notable : Dieu parle concernant les animaux, mais il parle à Adam et Ève. De là leur vocation qui les fait ‘images de Dieu’.

 

Les humains sont-ils ‘images de Dieu’ en ce qu’ils sont capables de relations et d’amour ?

Non, si on pense aux capacités. Oui, si on pense à la vocation.  Il est insuffisant de dire que les humains sont ‘images de Dieu’ par leurs relations entre eux. Car les animaux aussi sont relationnels, et certains semblent aimer. Par ailleurs, des relations sont évoquées concernant le monde des anges (Ésaïe 6:3). Et ni animaux ni anges ne sont dits ‘images de Dieu’.

Par contre, être ‘images de Dieu’ implique que les hommes sont appelés à communiquer avec Dieu. Cette relation suppose d’avoir une conscience de soi, puis de Dieu. Avoir conscience de soi ne nous fait pas ‘images de Dieu’ (les animaux aussi l’ont, un peu).  Mais avoir conscience de Dieu rejoint le fait d’être ‘images de Dieu’.

 

Les humains sont-ils ‘images de Dieu’ en ce qu’ils peuvent, comme lui, parler ?

Non, si on pense à leur constitution. Oui, si on pense à leur vocation.  Sans être ‘images de Dieu’ certains animaux sont constitués avec quelque forme de langage. Et les anges ont clairement un langage.  Mais, puisque les humains sont ‘images de Dieu’ par leur vocation à le représenter, parler à Dieu ou devant lui (Genèse 2:19) est en rapport avec être ‘ses images’. Et surtout avec le fait que Dieu leur parle (Genèse 1:28).

Toutefois la Bible ne relie pas explicitement les mots ‘image’ et ‘parole’. Ça invalide le sentiment que notre capacité à parler nous place en position de Dieu.  Un excès en vogue est de prétendre que nos paroles seraient créatrices. La Bible ne le dit jamais. Elle dit beaucoup au sujet de nos paroles, de leur effet (Proverbes 18:21 Matthieu 12:37), mais elle réserve absolument le rôle créateur à la Parole de Dieu.  Poussant l’excès, certains proposent de faire à tout sujet des ‘proclamations’ : ce que vous voulez voir arriver, déclarez-le. Illusion de toute-puissance.  (note : prophétiser ne signifie pas que nos paroles donnent corps aux œuvres de Dieu)

 

L’expression « en images de Dieu » renvoie-t-elle aux attributs divins ?

Non.  Notre intelligence ne reflète pas son omniscience. Notre efficacité n’est pas semblable à son omnipotence. Notre flexibilité ne représente pas son omniprésence. Étant créés avec des besoins, nous ne sommes pas images de son aséité. Le mot (du latin a sé : à soi) rappelle que Dieu se suffit à soi-même : il aime mais non par besoin, il crée mais non par besoin (Psaumes 50:12-13 Actes 17:25). Être « son image » ne nous rend pas immortels (Genèse 9:6-7).  En fait, nos désirs de toute-puissance expriment le péché, non la foi.

Par contre, le fait que les hommes aient belle intelligence et capacité, indique combien leur créateur est grand. Et la pensée de l’éternité qu’il a mise en eux, indique une grande espérance.  Attention donc, selon le sens que l’homme donnera aux mots ‘image’ et ‘ressemblance’, ça le mènera soit à l’auto-idolâtrie soit à la connaissance de Christ.

 

 

troisième partie

« CRÉÉS IMAGES DE DIEU » : EN QUOI LE SENS EST-IL LIMITÉ ?

 

Qui le limite ? C’est Dieu.  Aux hommes qu’il a lui-même faits ‘en son image’, il dit très tôt que par leur désobéissance ils peuvent mourir (Genèse 2:17). Jésus précisera plus tard qu’ils iront les uns au châtiment éternel, les autres à la vie éternelle (Matthieu 25:46).

 

L’homme est ‘images de Dieu’ par sa vocation à le représenter.

Illustration. Si quelqu’un est fait « officier royal » il est légitime pour représenter son roi, bien qu’il ne soit pas lui-même de sang royal.  Ainsi, l’existence même de l’homme dit quelque chose de Dieu, exprime et présente sa volonté. Point capital, en Gn 1 c’est dans le monde physique créé que l’homme est ‘image de Dieu’, figure et signe de Sa grandeur.  L’homme lui rend gloire… moins fidèlement que les anges, mais eux le font dans le ciel ; l’homme le fait dans ce monde.

Certes, toute la création raconte la gloire de Dieu (Psaumes 19:1) et, par leur simple existence, des animaux le louent (Ps 148:7-10) en échos partiels.  Mais les hommes sont des signes plus nets de sa gloire. Sa vertu de créateur leur donne la vie, le mouvement et l’être (Actes 17:28). Paul écrit, sans préciser de condition, qu’ils sont l’image et la gloire de Dieu (1 Corinthiens 11:7).

Le récit de la création mentionne plusieurs fois : Dieu dit.  Mais un fait montre que les hommes représentent Dieu, c’est : Dieu leur dit… Ça inaugure leur vocation particulière : l’écouter, le connaître, l’invoquer, publier son Nom.

 

Les hommes sont ‘images’ limitées, ils retournent à la poussière.

(Genèse 3:19)  Ne sont-ils limités qu’après la rupture, quand ils représentent Dieu tout en étant morts par leurs péchés (Éphésiens 2:1) ?  Non. Avant la rupture, ils le représentaient dans une création bonne mais pas parfaite (cf. Genèse 2:9) ni éternelle (cf. 1 Pierre 1:4). Dès le début les hommes étaient ‘images de Dieu’ mais en un sens restreint. Être ‘son image’ ne les faisait pas encore fils adoptifs de Dieu, au sens d’Éphésiens 1:5.

En attendant l’adoption, ceux qui ont glorifié et servi l’Éternel avec crainte ont accompli leur vocation d’images de Dieu. Au milieu d’autres hommes créés en sa ressemblance (Jcq 3:9), ils ont glorifié Dieu au lieu de s’enticher des idoles.  Ces dernières sont des ‘contre images’, au point que le texte biblique utilise le mot ‘image’ en majorité au sujet des images taillées, des idoles devant lesquelles on se prosterne, ou pas (Exode 20:4-5 ou Rm 1 v 23 puis Ap 13 v 14-15).

 

Dans la Bible le thème de l’homme ‘image de Dieu sur terre’ est assez discret.

Le thème ne devient pas pour autant mineur. Il occupe peu de place parce qu’il n’est quasiment pas couplé aux grands thèmes à visée éternelle : élection, foi, alliance, salut, loi, grâce…  Pourquoi ne leur est-il pas couplé ? Parce que les hommes ne sont ‘images de Dieu’ (au sens terrestre de Gn 1) que pour un temps. C’est à dire parce que la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de Dieu (1 Corinthiens 15:50).

Mais, parmi les hommes ‘images provisoires’ ceux qui contempleront la grâce et la gloire venues par Jésus Christ (Jean 1:17), seront transformés de gloire en gloire (2 Corinthiens 3:18). À leur sujet le NT reliera sans réserve le thème ‘image de Dieu’ et le thème ‘gloire’.

 

 

quatrième partie

EMPLOI CLÉ DU MOT ‘IMAGE’ : « CHRIST L’IMAGE DE DIEU »

 

Il est l’image du Dieu invisible.

(Colossiens 1:15)  C’est le même mot ‘image’ mais, ici, avec un sens unique !  Christ n’est pas une image ayant une essence différente de la réalité qu’elle montre. Il a la même essence. Il est Dieu comme le Père (Colossiens 2:9). Il est l’empreinte de la substance de Dieu (Hébreux 1:3). Lui seul l’est ; le mot substance (hypostase) s’applique à Dieu, pas aux humains.

L’emploi du mot ‘image’ pour désigner le Fils unique est donc un paradoxe… qui exprime le mystère de l’incarnation. Le mystère du Fils à la fois Dieu et homme.  Tel que décrit dans l’Évangile, Christ est l’image de Dieu (2 Corinthiens 4:4). Il ne l’est pas uniquement pour la durée de son incarnation mais, vu Col 1, il l’est éternellement, Sagesse et Parole.

Christ seul est l’image parfaite de Dieu indépendamment de ce que les hommes en saisissent : moi et le Père nous sommes un (Jean 10:30).  Il l’est aussi en se rendant accessible à eux : celui qui m’a vu a vu le Père (Jean 14:9, ce qui n’est écrit d’aucun autre humain).

 

Il est le premier-né de toute la création.

(Colossiens 1:15)  Le sens n’est pas qu’il aurait été créé. Ni que, ensuite, il aurait été promu (deux pensées contraires à l’analogie de la foi).  Le sens est donné au verset suivant : tout a été créé par lui et pour lui ; il est avant toutes choses et tout subsiste en lui (Colossiens 1:16-17). Christ n’est pas le couronnement de la création, il en est l’origine. Il est image parfaite de Dieu déjà avant la création d’Adam et Ève.

Gn 1 montre une création foisonnante, que Dieu dit bonne, très bonne ; mais ne montre pas la perfection éternelle.  Parce que Dieu n’y révèle pas encore celui en qui il se complait (Ésaïe 42:1), dont il dira : celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, en qui j’ai tout mon plaisir (Matthieu 3:17). Celui qui était avec Dieu, et qui était Dieu (Jean 1:1).  En Gn 1 et 2, le Fils éternel est comme absent, à peine évoqué par l’arbre de vie, et indirectement par le mot ‘image’.

 

Il est l’Agneau désigné avant la fondation du monde.

(1 Pierre 1:19-20).  Deux versets éclairent. Concernant une vision de la gloire de l’Éternel, gloire réelle en amont de la création, Ézéchiel écrit : par dessus cette sorte de trône apparaissait une forme humaine (Ézéchiel 1:26). Et Daniel écrit : sur les nuées du ciel arriva comme un fils d’homme (Daniel 7:13).  Volontairement flous, les termes signalent le mystère d’une union entre Christ – existant en forme de Dieu (Philippiens 2:6) – et des humains que Dieu créera.

La raison de leur création est à chercher dans ce que Christ est éternellement. Pas l’inverse.  « Faisons l’homme en notre image » n’est pas premier. Illustration : si les séraphins célestes volent (Ésaïe 6:6), ce n’est pas parce que Dieu créera plus tard des oiseaux qui volent (Genèse 1:20), mais c’est l’inverse.  Plus encore, parce que le Fils était déjà « l’image parfaite de Dieu », il créera ensuite des « images relatives ». Pas l’inverse.

En louant son Père, Jésus dit le pourquoi de leur création : ils étaient à toi et tu me les as donnés (Jean 17:6). Ils n’ont pas de vie pérenne hors du Fils, seul centre du dessein éternel de Dieu (Éphésiens 1:10).  Des ‘images de Dieu’ peuvent-elles finir en perdition ? Oui si elles s’attachent aux idoles et non au Fils, si leur nom n’est pas inscrit sur le livre de vie de l’Agneau immolé dès la fondation du monde (Apocalypse 13:8).

 

Être créés ‘images de Dieu’ a pour perspective d’être « communiables » à son Fils.

Paul le formule bien mieux : il vous a appelés à la communion de son Fils, Jésus Christ (1 Corinthiens 1:9).  Dans la foi en lui, et seulement là, quand Dieu envoie dans leurs cœurs l’Esprit de son Fils (Galates 4:6), des humains seront « images » en un sens qui dépasse celui de Gn 1.  Ceux qui sont appelés selon le dessein de Dieu, ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils (Romains 8:28-29).

À l’inverse de Gn 1, cette ressemblance n’est pas accordée par l’acte de création, mais par l’adoption qui ouvre la communion avec le Père et le Fils (1 Jean 1:3).  Accordée à l’homme né de nouveau, cette adoption le fait image de Christ (Colossiens 3:10). Déjà et progressivement : nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire (2 Corinthiens 3:18).  Illustration : l’ « officier royal » est maintenant « adopté » comme frère de l’héritier de la couronne (Romains 8:17).

Mais la promesse : nous porterons l’image du céleste (Christ), est au futur ! (1 Corinthiens 15:49). Elle n’est pas faite à la chair tirée du sol mais aux corps spirituels (1 Corinthiens 15:44) que Christ nous donnera à la résurrection.  Note : ça ne consistera pas à devenir des christs ; selon le NT les seuls christs autres que Jésus sont les faux christs (Matthieu 24:24).

 

Conclusion.

Quand, à des élus, Dieu révèle Christ « son image parfaite », il les oriente au-delà de « l’image limitée » qu’ils étaient, en les rendant peu à peu « semblables à l’image de son Fils ».  Dès ici-bas, il opère cela par la communion avec lui. Au dernier jour, il l’achèvera par son avènement et leur résurrection.

 

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