Premièrement quand je lis, deuxièmement quand je prêche, les phrases ou les mots de la Bible doivent avoir pour moi le sens qu’ils avaient pour l’auteur. Or, ce n’est pas toujours le cas. Pourquoi ? À cause des erreurs suivantes :

– J’ai déjà mon idée de ce que les mots signifient, par mon instruction familiale ou scolaire.

– Je cherche les nuances d’un mot dans le dictionnaire français, au lieu du dictionnaire biblique.

– Je néglige le contexte immédiat, et les autres emplois du mot chez le même auteur.

– J’oublie de vérifier si l’ensemble de la Bible valide le sens que je perçois.

(éviter ces pièges est plus important que recourir à l’hébreu ou au grec, dont un non érudit tire vite des raccourcis erronés)

 

Deux exemples.

Abondez en espérance (Rm 15 v 13). Si j’ai déjà mon idée : espérer c’est s’attendre aux choses qu’on désire, je prêcherai : soyez positifs. Or, dans la Bible, on ne peut « espérer » que ce que Dieu a promis : par l’Écriture … nous possédons l’espérance (v 4). Voir Act 26 v 6. Je prêcherai donc que la vertu est dans les promesses de Dieu et non dans nos rêves.

Soyez réconciliés avec Dieu (2 Co 5 v 20). Si je me fie au dictionnaire français, je prêcherai que Dieu et le pécheur s’accordent pour mettre fin à leur brouille, et j’insisterai sur : chacun sa part. Si, dans la Bible et un dictionnaire biblique, je cherche le sens du mot réconcilier quand il s’agit de Dieu, je prêcherai que Dieu – offensé par le péché – a unilatéralement pourvu à l’expiation qui le rend propice au pécheur. Et, contexte oblige, j’insisterai sur la croix : il nous a réconcilié avec Lui par Christ (v 18). Soyez réconciliés signifiera donc : ayez foi en son sacrifice.

 

Exemple plus complexe. 

Je vous ai appelés amis (Jn 15 v 15). Puis-je prêcher : pour moi un ami c’est quelqu’un sur qui on peut compter ? Pas ici. L’église doit entendre, non ma conception de l’amitié, mais ce que Jésus dit : amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père (et pas : car je compte sur vous). Le dictionnaire français oriente vers « affection réciproque ». Puis-je prêcher qu’entre Jésus et moi, tout est réciproque ? Non. Certaines choses le sont, mais ici c’est le Seigneur qui ouvre son amitié au subordonné (idem avec Abraham ou Moïse) : la Bible entière ne montre aucun humain appelant Jésus (ni Dieu ni l’Esprit) ami. Puis-je prêcher une complicité amicale ? Pas selon Jn 15. Jésus avertit : vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande (v 14). Ignorer le sens que les mots avaient pour lui me fera nier la crainte de Christ (Eph 5 v 21 et Ap 1 v 17), alors que je n’avais pas l’intention de falsifier sa parole (2 Co 2 v 17).

voir aussi  Jésus : quelle relation avait-il avec les Écritures ?