Je n’ai pas honte de l’Évangile, car il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit (Rm 1 v 16).  Quand Paul écrit cela, il a déjà enseigné ailleurs de quelle puissance il s’agit : la parole de la croix est folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés elle est puissance de Dieu (1 Co 1 v 18). Cet enseignement précisait une chose :

 

Christ m’a envoyé annoncer l’Évangile, et cela sans la sagesse du langage, afin que la croix de Christ ne soit pas rendue vaine.

(v 17)  Qu’est-ce qui pourrait rendre vaine l’annonce de Jésus crucifié, et vider l’Évangile de son sens ?  C’est un discours qui se voudrait en adéquation avec la sagesse de ce monde. C’est une stratégie dans laquelle l’Évangile serait mieux reçu s’il rejoignait l’espérance de notre siècle, ses valeurs, son grand savoir, ses riches débats.  Or Dieu a frappé de folie la sagesse du monde (v 20), parce qu’elle converge vers le rejet de Dieu comme créateur et comme sauveur. Puisque le monde, avec sa sagesse n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication (v 21). Quelle folie ?  Celle que Jésus crucifié est puissance de Dieu et sagesse de Dieu (v 24).

 

L’Évangile répond au besoin profond du cœur humain, mais ne sert pas les idéaux du monde.

Le besoin des cœurs c’est la vie éternelle. Elle consiste à connaitre Dieu, elle est en son Fils (1 Jn 5 v 11) envoyé comme expiation pour nos péchés (1 Jn 4 v 10).  C’est pourquoi nous ne sommes d’aucune aide à ceux qui périssent, si nous prêchons un évangile à la remorque des idéaux d’épanouissement, de succès, ou de prospérité du monde. Ou un évangile qui rejoint les concepts de liberté, de justice, de fraternité, tels que le monde les a falsifiés.  Car pour tout cela, il n’y a nul besoin d’avoir foi en un sauveur crucifié. Au contraire, la conception de l’amour, du bien, de l’argent, du sexe, et toute l’intelligence du monde reposent sur la foi en l’homme.

 

Depuis la rupture, l’homme est piégé dans sa « connaissance du bien et du mal ».

(Gn 3 v 5)  D’une part, les religions ou morales de l’homme incluent la notion de faute, mais les remèdes proposés ne permettent pas d’en être affranchi. D’autre part, son athéisme ou ses spiritualités ésotériques nient la notion de péché, de salut ou de perdition.  Au final, toutes les sagesses d’ici-bas s’entendent sur un point : prêcher Jésus Christ crucifié est soit un scandale soit une folie (1 Co 1 v 23). Scandale, car ça suggère que toutes nos vertus ne peuvent nous sauver. Folie, car la puissance salvatrice de la croix transcende notre raison.

Remarque intéressante, le seul évangile qui plaît au monde c’est celui de la théologie (très) libérale car elle vide l’Évangile de son sens en prétendant que la croix de Jésus n’est pas l’expiation de nos péchés, mais seulement l’admirable exemple d’un don de soi.

 

Je n’ai pas voulu savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus Christ crucifié.

(1 Co 2 v 2)  Paul a écrit : Jésus Christ crucifié. Et non : Jésus qui vous aime au point de ne voir aucun mal en vous. Ni : Jésus qui ne veut que la sécurité de votre monde.  Si, à l’inverse de celle du NT, notre prédication n’est ni scandale ni folie pour ce monde, il est probable qu’elle rende vaine la croix de Christ, et vide l’Évangile de son sens. Et qu’elle produise des croyants sans repentir, qui restent suiveurs du monde.

Bien sûr Paul a aussi prêché Christ ressuscité (1 Co 15 v 17), mais d’abord crucifiéJe n’ai pas honte de l’Évangile, car il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit.

 

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voir aussi :  EN QUOI L’ÉVANGILE EST-IL BON ?