La réponse est contenue dans l’histoire même du mot « évangile ».

 

Annoncez de jour en jour la bonne nouvelle de son salut, racontez parmi les nations sa gloire.

(Ps 96 v 2-3) Le salut de Dieu c’est l’ensemble de ses interventions au profit de son peuple, dans le cadre de son alliance avec lui. Ainsi, le messager de bonnes nouvelles c’est celui qui publie la paix, qui publie le salut, qui dit à Sion : ton Dieu règne (Es 52 v 7). Le père de Jean-Baptiste a prophétisé une sorte de résumé du salut : le Dieu d’Israël en avait parlé par la bouche de ses saints prophètes depuis des siècles : miséricorde, sainte alliance, serment à Abraham, et : délivrés de la main de nos ennemis, lui rendre un culte dans la sainteté et la justice, en sa présence (Lc 1 v 67-75). L’apôtre Jean a prophétisé ce qu’est le salut : à celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume de sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui soit la gloire (Ap 1 v 5-6).

L’Esprit du Seigneur est sur moi, pour porter de bonnes nouvelles à ceux qui sont humiliés (Es 61 v 1).  Dans ce verset comme dans Ps 96 ou Es 52, le verbe hébreu ‘annoncer’ inclut que l’annonce est bonne. Dans la version grecque de l’AT (2e s. AC) ce verbe a été traduit : publier la bonne nouvelle (grec euaggelizomai, qui donnera : évangéliser).  Note : hors Bible, ce verbe désignait l’annonce d’un évènement clé, victoire militaire, avènement d’un roi.

 

La chose à retenir c’est que le mot ‘évangile’ vient du mot ‘promesse’.

À partir du verbe signifiant ‘porter un message’ (aggelia), un mot grec signifie ‘promesse’ (ep-aggelia). Avec le préfixe eu (bon, bien) ça donne le mot ‘eu-aggelion’. Le mot dit une chose mémorable : ce qui était annoncé est arrivé, la promesse est devenue réalité !  (dans euaggelion, le premier g se prononce n et, le mot s’étant répandu par le traduction latine, le u est devenu un v ; de là le mot français ‘évangile’)

En quoi la ‘bonne nouvelle’ est-elle nouvelle ? En quoi est-elle bonne ?  L’expression ‘bonne nouvelle’ (évangile) référait l’auditeur à ce que Dieu avait toujours dit. C’est le sens qu’elle avait pour David, Esaïe, et surtout Jésus (Mc 1 v 14) ; c’est aussi le sens qu’elle doit avoir pour nous. Qui dit le mieux à Sion : ton Dieu règne ? C’est Christ quand il lui dit : le royaume de Dieu s’est approché (id).

 

En quoi la bonne nouvelle est-elle nouvelle ?

Voici comment Dieu en a parlé : je conclurai avec la maison d’Israël une alliance nouvelle … je mettrai ma loi sur leur cœur, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple … tous me connaitront, car je pardonnerai leur faute (Jér 31 v 31-34). Et : je vous purifierai de toutes vos souillures et idoles, je vous donnerai un cœur nouveau … je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous suiviez mes prescriptions (Ez 36 v 25-27). Ce qui est nouveau, c’est que l’alliance, la loi, l’accès à Dieu, sont par le Fils (Hb 1 v 2) et non par le sang d’animaux qui le préfiguraient (voici l’Agneau de Dieu, Jn 1 v 36) ; c’est une alliance meilleure, fondée sur de meilleures promesses (Hb 8 v 6). Ce qui est nouveau, c’est aussi que l’Esprit de l’Éternel sera donné, non à certains, mais à tous ceux qui croiront au Fils.

Selon l’Écriture, ce qui est nouveau n’est donc pas que Dieu aurait subitement décidé de sauver. Ni qu’il aurait changé sa sainteté ou ses paroles. Ni qu’une alliance ancienne serait pour Israël mais une alliance inédite serait pour tous les autres.  (pour approfondir, voir l’article :  GRÂCE ET LOI)

 

En quoi la bonne nouvelle est-elle bonne ?

Jésus le résume ainsi : la volonté de mon Père c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6 v 40). Il est bon que l’amour consiste, non en ce que nous ayons réussi à aimer Dieu, mais en ce que lui nous a aimé et a envoyé son Fils en expiation de nos péchés (1 Jn 4 v 10). Ce qui est bon, c’est que Dieu a accompli sa grande promesse, qui était d’envoyer le Messie : celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais (Mt 3 v 17). L’évangile de Dieu est bon en ce qu’il concerne son Fils (Rm 1 v 3) et que connaître Dieu par lui, c’est la vie éternelle (Jn 17 v 3). L’évangile est bon en ce que Dieu nous y révèle son dessein de nous adopter en son Fils (Eph 1 v 5) et nous placer en lui.

Selon l’Écriture la bonne nouvelle n’est pas du tout que, décuplant son amour, Dieu relativiserait la gravité du péché (cf. embrassez le Fils de peur qu’il ne s’irrite, et afin que vous ne périssiez pas, Ps 2 v 12, Jn 3 v 16). Ce n’est pas qu’il supprimerait le jugement dernier. Ni que son amour ‘caresserait dans le sens du poil’ sans appeler au repentir. La bonne nouvelle n’est pas que Dieu aurait remplacé Israël par l’ensemble des ethnies du monde ; mais qu’il leur a ouvert le salut promis à Israël premièrement (toutes les familles de la terre seront bénies en toi, Gn 12 v 3).

En un mot, si la nouvelle est bonne ce n’est pas qu’elle correspond aux désirs de ce monde, c’est qu’elle nous attire dans la volonté de Dieu (Rm 12 v 2).

 

Aujourd’hui, cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, est accomplie.

(Lc 4 v 21)  Jésus dit cela en citant Es 61, où la promesse était : avec le Messie viendra l’année de grâce du Seigneur (Lc 4 v 19). D’où : nous vous annonçons cette bonne nouvelle que la promesse faite à nos pères, Dieu l’a accomplie pour nous leurs enfants, en ressuscitant Jésus (Act 13 v 32-33). C’est pourquoi évangéliser c’est prêcher Christ.

Cet évangile, Dieu l’avait promis auparavant par ses prophètes dans les saintes Écritures, il concerne son Fils (Rm 1 v 2-3).

 

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(voir aussi :  JÉSUS : QUELLE RELATION AVAIT-IL AVEC LES ÉCRITURES ?)