Notre salut c’est connaître Dieu, pour la vie éternelle. C’est être adoptés comme ses enfants (Éphésiens 1:4-5), c’est une extension envers nous de l’amour que le Père a envers Christ (que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, Jean 17:26).  Nous faisant ‘frères’ de Jésus, cette « adoption dans l’amour du Père » est le plus haut statut que la Bible formule à notre sujet, le privilège que Dieu nous accorde déjà.

Mais le présent article s’intéresse à la suite. Car cette adoption, la Bible la formule aussi au futur : nous soupirons en attendant l’adoption.

 

première partie

DES CRÉATURES SONT ADOPTÉES

 

Nous qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps.

(Romains 8:23)  En quoi cette adoption diffère-t-elle de celle déjà opérée au bénéfice de notre cœur (vous avez reçu l’Esprit d’adoption, Romains 8:15) ? En ce que l’adoption future c’est la rédemption de notre corps. Rédemption opérée par la création de corps spirituels (1 Corinthiens 15:44) au jour de la résurrection. Des corps incorruptibles (1 Corinthiens 15:42-43).

Cette nouvelle création achèvera notre adoption présente, déjà scellée par l’envoi du Saint Esprit.  Selon les Écritures ni l’adoption présente, ni la future, ne nous feront changer de statut devant Dieu. Lui est créateur, nous pas ; lui est alpha et oméga, nous pas. En effet, la vie éternelle est inhérente à la personne de Dieu (1 Timothée 6:16) et de Christ, mais à nous elle est donnée et non inhérente (1 Jean 5:11).

 

Voyez quel amour le Père nous a donné, que nous soyons appelés enfants de Dieu ; et nous le sommes !

(1 Jean 3:1)  Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté… (1 Jean 3:2).  Jean suggère-t-il que pour nous il y aura quelque chose de plus grand qu’être adoptés dans l’amour du Père ? Non.  Enseigne-t-il que le statut « enfants adoptés de Dieu » est temporaire, et doit disparaître au profit d’un statut plus élevé ? Non.  Suggère-t-il qu’être « enfants de Dieu » sera plus manifeste et davantage vécu que maintenant ? Oui !

…mais nous savons que lorsqu’il sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est (1 Jean 3:2).  Une chose reste à manifester, c’est l’avènement de Christ ; alors nous serons semblables à lui…  Jean explique : parce que nous le verrons tel qu’il est. Autrement dit, ce qui nous rendra différents de maintenant, c’est que la grande promesse traversant les Écritures sera accomplie. C’est que Dieu nous aura fait passer de « tu ne pourras pas voir ma face car l’homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33:20) à : ses serviteurs verront sa face (Apocalypse 22:3-4).  Comment Dieu nous rendra-t-il possible de voir sa face ? En achevant notre adoption, c’est à dire en nous donnant des corps spirituels semblables au corps glorieux de Jésus ressuscité, afin que nous puissions vivre devant sa face, dans les cieux (Philippiens 3:20-21). À lui la gloire !

 

Il ne faut pas imaginer une autre explication au verset de Jean.

Il explique : parce que nous le verrons tel qu’il est.  Jean ne dit pas : ce que nous serons est inédit, jamais formulé dans la Bible. Les mots « ce que nous serons » sont à lire sans oublier que c’est l’Écriture qui explique l’Écriture.  Quand Jean écrit ensuite : tel il est, tels nous sommes dans ce monde (1 Jean 4:17), il signifie qu’au présent l’amour parfait de Dieu est parmi nous. Mais sans signifier que nous, élus humains, serions en tout point tels Christ qui est à la fois vrai Dieu et vrai homme.  Le verset ci-dessous ne le signifie pas non plus.

Afin que son Fils soit le premier-né d’un grand nombre de frères (Romains 8:29).  Ce mot ‘frères’ implique la participation à un même amour paternel, mais pas l’égalité de statut avec Christ. Il reste notre Seigneur (Romains 8:39). Le texte implique une différence entre le Fils livré pour nous, et nous les bénéficiaires (Romains 8:32).  Ailleurs aussi, le mot ‘frères’ nous lie à Jésus, mais maintient qu’il est celui qui sanctifie, et nous ceux qui sont sanctifiés (Hébreux 2:11). Jésus loue Dieu et se confie en lui, mais une distinction reste quand il dit par Ésaïe : moi et les enfants que Dieu m’a donnés (Hébreux 2:12-13).

 

 

deuxième partie

LES ADOPTÉS RESTENT CRÉATURES

Cette distinction n’est-elle que pour ici-bas, ou perdure-t-elle dans les cieux ?

Lorsque les Écritures évoquent la condition éternelle, elles n’abolissent pas la différence entre Christ et les siens. Au contraire, elles la maintiennent : quand le Maître revient, ses fidèles restent ses serviteurs, par lui établis sur beaucoup, dans sa joie (Matthieu 25:21).  C’est bien en parlant du siècle à venir que Jésus dit des rachetés : ils seront semblables aux anges (Luc 20:35-36). Lesquels anges sont et restent des créatures non fusionnées à Dieu (Apocalypse 5:11).

Jusqu’au bout la Bible maintient une nette distinction entre l’Agneau immolé (Apocalypse 5:6) et les hommes qu’il a rachetés (Apocalypse 5:9-10), même s’ils sont associés à son règne.  Même devenus un royaume de sacrificateurs, les siens restent éternellement ses créatures (Apocalypse 5:13) qui l’adorent.  Dieu qui est sur le trône et l’Agneau restent distincts de la grande foule des sauvés qui les acclament (Apocalypse 7:9-10).  Les vingt-quatre anciens se prosternent devant Dieu sur le trône, et tous les serviteurs de Dieu le craignent (Apocalypse 19:4-5).  Au final, les noces de l’Agneau (Apocalypse 19:7) impliquent que son ‘épouse’ est distincte de lui. Car Éphésiens 5:27 l’implique.

 

Notre adoption n’abolit pas la différence entre le Fils unique et nous.

En Jean 1:18 et Jean 3:16, le mot ‘unique’ traduit le grec ‘monogène’ qui signifie ‘seul engendré’ – et non créé. Engendré par Dieu, le Fils a la même substance que lui ; créés par Dieu, nous avons une essence différente. Même le fait qu’ici-bas Dieu nous ait engendrés par la parole de vérité (Jacques 1:18), n’implique pas, selon les textes bibliques ni dans l’expérience de l’Église, qu’il nous ait donné sa substance.  Partout dans la Bible, Dieu se distingue radicalement de ses créatures. Trois exemples entre mille : Dieu fit l’homme en son image (Genèse 1:28), et non : il fit un double de lui. Le Fils unique est Dieu (Jean 1:1-2), ce qui a été fait par lui n’est pas Dieu (Jean 1:3-4). La Parole a été faite chair (Jean 1:14), et non : les rachetés seront fait Parole. Etc.

Ignorer la radicale distinction entre Dieu et l’homme est propre aux paganismes.  Soit les dieux sont imbriqués aux éléments, soit ils sont locaux ; soit les hommes sont étincelles divines ; soit il y a des dieux mortels, ou des demi-dieux ; soit les hommes doivent se dissoudre dans un ‘grand tout’ ; soit les dieux ont les mêmes vices que les hommes. Etc.  Parfois le christianisme a abandonné la distinction qu’enseigne la Bible, et une double hérésie s’est infiltrée. D’abord, l’idée que Jésus homme ‘devient’ Dieu par le succès de sa mission, ou qu’il est ‘divinisé’ par Dieu. Ensuite, l’idée que notre salut consisterait en notre divinisation.  Les deux sont réfutées depuis longtemps par la saine théologie, mais aujourd’hui la deuxième connaît un regain d’intérêt.

Voyons deux versets souvent falsifiés pour soutenir l’hérésie.

 

Afin que vous deveniez participants à la nature divine.

(2 Pierre 1:4)  Le verset lui-même explique. Il dit que nous participons par les plus précieuses et grandes promesses qui nous ont été données. Les promesses explicitement écrites sont la vie éternelle, la sanctification, la communion à Dieu, voir sa face ; jamais la divinisation.  Le verset dit aussi que nous participons en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise. Pierre parle de participer ici-bas. Selon l’analogie de la foi, « participer (litt. communier) à la nature divine » signifie avoir part à son caractère saint (trad. du Semeur), devenir bénéficiaire de la communion d’en haut (trad. TOB).  Remarque : le statut humain de créature ne résulte pas de la corruption mais nous vient de Dieu en amont de la rupture.

 

J’avais dit : vous êtes des dieux.

Bien que guère limpide (et rare), ce mot ‘dieux’ n’annule pas le reste de la Bible.  En disant : Dieu juge au milieu des dieux (Paumes 82:1), le Psaume distingue entre Dieu (nom propre singulier, Ésaïe 44:8) et dieux (nom commun pluriel). Car si ‘dieux’ désigne ici les anges, il s’agit de créatures.  Le Psaume poursuit : j’avais dit : vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut ; cependant vous mourrez comme Adam, comme un prince quelconque (Paumes 82:6). Si le mot évoque la délégation de pouvoir à des autorités terrestres, il s’agit encore de créatures. Surtout, Dieu rappelle ici à des ‘dieux’ leur condition humaine, il n’annonce pas à des humains un avenir ‘divin’ (cp. Ézéchiel 28:2).

Ce Psaume, Jésus le cite : l’Écriture a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée (Jean 10:34). Il confirme la distinction entre Dieu qui parle et les créatures auxquelles il s’adresse. Surtout, Jésus souligne un appel à connaître Dieu.  Ni Psaumes 82 ni Jean 10 ne valident l’hérésie de divinisation.

 

Conclusion.

Voyez quel amour le Père nous a donné !  Nous n’avons pas de plus grand privilège que notre adoption dans son amour, déjà opérée et bientôt achevée : ses serviteurs verront sa face et le serviront (Apocalypse 22:3-4), lui et l’Agneau. Car le dessein de Dieu c’est la gloire du Fils unique (Jean 1:1) en son Père.

 

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(voir aussi :  LE PÈRE AIME LE FILS)