Il y a une donnée biblique sur laquelle nous devons cesser de fermer les yeux. La voici : « ce que la Bible nomme amour de Dieu, n’est pas ce que le monde nomme amour ».  Ça semble évident, mais ça mérite réflexion. Par exemple en nous plongeant dans le paragraphe connu de 1 Jn 4 où figure l’expression « Dieu est amour » .

Notons tout de suite que, imitant la pédagogie de la Bible entière, Jean ne commence pas l’épître en disant que Dieu est amour, mais en disant ce que l’incarnation de Christ a manifesté (1 Jn 1 v 1 à 3). Il continue en disant que Dieu est lumière. Et en parlant de péchés, d’être purifiés par le sang de Jésus, de commandement ancien et nouveau, du monde qui passe, de vérité, de vie éternelle, d’être enfants de Dieu, d’aimer les frères, etc.  Cet ensemble est précisément le cadre dans lequel il écrit que Dieu est amour.

 

Les humains aiment, cependant l’amour de Dieu est d’une nature unique.

Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres (1 Jn 4 v 7a). Jean s’adresse à ceux qui, étant disciples de Jésus, ont reçu de lui l’amour d’en haut.  Car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu (v 7b). Si nous oublions que cette déclaration a été écrite pour des disciples, nous en fausserons le sens.  Nous savons que, de manière saine, des humains aiment leur famille, la campagne, le travail, etc. Pouvons-nous dire : « ils aiment, donc même s’ils négligent le Christ des Évangiles, ils sont nés de Dieu » ? Non.

Parce que, juste avant, Jean écrit : tout esprit qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair n’est pas de Dieu (1 Jn 4 v 2-3). Et parce qu’il ajoutera : quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu (1 Jn 5 v 1).  Si les humains conservent une capacité d’aimer, c’est qu’après la rupture Dieu n’a pas retiré tout ce dont il avait pourvu l’homme en le créant à son image. Mais la Bible n’autorise pas la confusion entre ce qui leur reste des dons initiaux, et l’amour de Dieu rencontré par la foi en Jésus.  Il faut l’admettre, les mots « quiconque aime » désignent cet amour en Christ, et non n’importe quel amour. N’importe quel amour ne fait pas qu’un humain soit uni à Dieu. Et le mot ‘Dieu’ ne peut pas être employé comme synonyme de tout amour.

 

Les humains aiment d’un amour tristement perverti.

L’amour naturel des humains, même sain, ne les attache pas à Dieu. Mais il y a plus triste.  De manière malsaine, des humains aiment leurs idoles : argent, pouvoir, adultère, etc. Pouvons-nous dire : « ils aiment, donc ils connaissent Dieu » ? Non.  Parce que, un peu avant, Jean a écrit : si quelqu’un aime (agapâ) le monde, l’amour du Père n’est pas en lui (1 Jn 2 v 15). Clairement, l’amour dont Dieu aime en Jésus-Christ est autre chose que l’amour dont les humains aiment si fort. Entre celui de Dieu et le leur, ce n’est pas une différence d’intensité mais de nature. Rappelons-nous, pour que ses disciples notent qu’il y a une différence, Jésus a dit : les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment (Lc 6 v 32).  (l’article suivant sera : COMPRENDRE L’AMOUR DE DIEU)

Jean insiste : celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour (1 Jn 4 v 8). Dans le contexte global de l’épître, cette affirmation « Dieu est amour » indique de quel amour manquent ceux qui n’aiment pas. Ils manquent de l’amour manifesté à la croix de Jésus.  Selon l’analogie des Écritures, « Dieu est amour » ne signifie pas qu’il hébergerait en lui-même tous les amours possibles parmi les humains. Ni que Dieu se confondrait avec une valeur supérieure nommée ‘amour universel’. Ce n’est pas du tout le sens, parce que l’enjeu n’est pas que des humains fusionnent et vibrent, mais qu’ils soient sauvés de la perdition.

 

L’amour de Dieu pour nous se rencontre en Jésus crucifié.

Voici comment l’amour de Dieu a été manifesté envers nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui (1 Jn 4 v 9). Être créés à l’image de Dieu ne suffit pas, après la rupture, pour le connaître.  Question intéressante : pourquoi les Écritures ne disent-elle pas « Dieu a aimé Adam », à qui il a montré tant de généreuse bonté ? Parce qu’elles ont été inspirées, non pour qu’en nous-mêmes nous philosophions sur ce qu’est l’amour, mais pour nous révéler le Fils unique (voir aussi 1 Co 15 v 45). C’est en lui que Dieu donne la vie éternelle.  Le mot unique rappelle que c’est lui le centre de l’amour divin. Et l’amour de Dieu envers les élus est justement l’offre de les accueillir dans l’amour qu’il a pour Jésus.

Jean poursuit : et cet amour consiste non en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et qu’il a envoyé son Fils comme expiation pour nos péchés (1 Jn 4 v 10). C’est important à admettre, il n’y a pas égalité de nature entre l’amour que des humains peuvent avoir envers Dieu, et l’amour de Dieu manifesté en son Fils. Dieu a aimé d’avance ceux qu’il appelle. Et son amour consiste à envoyer Jésus !  Il ne consiste pas en la négation de nos péchés, mais en leur expiation. C’est pourquoi la Bible ne dit pas : Dieu prouve son amour envers nous en ce qu’il nous a créés, mais : en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous (Rm 5 v 8).

Revenons à Jean ; il répète : bien-aimés, si Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres (1 Jn 4 v 11). Notre réponse à son amour sera un amour fraternel sans feinte.

 

L’amour de Dieu doit être cru, cru en Jésus Christ.

Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru (1 Jn 4 v 16a). Le contexte implique que nous l’avons connu en la personne de Christ. Jean affirme tout net que l’amour de Dieu demande la foi en Christ !  Nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils comme sauveur du monde (v 14, voir aussi le v 15). À l’inverse, notre siècle prône un amour où toute voie converge : libertinage, spiritualité ésotérique, émotion artistique, etc. Mais notre siècle exècre la foi au sacrifice du Christ comme seule expiation des péchés.  Or Jean n’écrit pas : la fraternité humaniste entre toute croyance sauve. Il écrit : quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père (1 Jn 2 v 23).

Dieu est amour ; celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui (1 Jn 4 v 16b). Pour la deuxième fois Jean affirme que « Dieu est amour », et que par cet amour-là il nous ouvre un lien avec lui. Le verset signifie : nous tenir dans l’amour rencontré par la foi au Christ crucifié, est la garantie de notre lien à Dieu, et de son lien à nous.

Vu le texte de l’épître entière, Jean n’assimile pas Dieu à un grand idéal d’amour sans condition. Car il a d’abord écrit : celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui (1 Jn 3 v 24). Et il ajoutera : l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements (1 Jn 5 v 3). Ça nous dit que Dieu voit un rapport entre l’aimer et lui être fidèle.  En écrivant l’épître, Jean nous réfère à Jésus qui avait enseigné aux disciples un amour lié à l’obéissance envers Dieu. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour (Jn 15 v 10). La deuxième partie de ce verset est capitale. Selon le Seigneur Jésus, notre place dans l’amour de Dieu se conçoit uniquement grâce à la fidélité que Jésus incarné a eu envers Dieu !

 

En un mot.

Fermer les yeux sur ces données bibliques nous mène à gober l’idée que n’importe quel amour est l’amour de Dieu. C’est une confusion par laquelle déjà les esprits antichrist séduisent les naïfs, pour qu’ils ne croient pas Christ et ne soient pas sauvés par lui.  Mais ouvrir nos yeux sera honorer la vérité, donner au monde un plus juste témoignage, et ne plus être séduits.

 

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(voir aussi l’article : QUEL AMOUR ?)