La plus grande chose que Dieu dit concernant le péché, c’est qu’il peut le pardonner. Mais grâce à l’expiation ! Le premier mot que Dieu emploie concernant le péché est : mal (Gn 2 v 9). Suivent d’autres mots : iniquité, transgression, impiété (l’inverse d’honorer Dieu), rébellion, dérèglement. Et : se détourner de moi, me profaner. Dieu dit qu’il a contre le péché une juste haine, une condamnation indignée. Dans Romains, l’exposé méthodique du salut par la foi commence ainsi : la colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété (1 v 18).
L’un des verbes traduits par ‘pécher’ signifie ‘manquer’. Cependant l’étymologie d’un mot n’autorise pas à lui donner un sens autre que celui donné par Dieu. Jamais Dieu ne dit : « c’est pas grave, on oublie », ni : « il s’agit d’erreur, non de péché qui rend coupable ». La Bible ne dit pas que l’homme échoue à s’épanouir, elle parle de rupture avec Dieu.
première partie
COMMENT LA BIBLE DIT-ELLE LA GRAVITÉ DU PÉCHÉ ?
Une évidence de l’horreur du péché, c’est qu’il nuit à l’homme. La rupture a produit la peur (Gn 3 v 10) et l’accusation d’autrui (v 12), même la terre est altérée (v 18). Mais il y a une autre évidence, que la Bible souligne plus fort : le péché offense Dieu. Si donc nous expliquons que Dieu déteste le péché non parce que lui est Saint mais parce que le péché blesse l’homme, nous faussons la Bible.
Le mal est haïssable car il a son origine en Satan, pas en l’homme.
Dieu a jugé bon de ne pas nous dévoiler le pourquoi de cette origine. Mais sa parole nous fait comprendre qu’avant la faute des hommes, Dieu détestait déjà le mal comme contraire à sa nature sainte : tes yeux sont trop purs pour voir le mal (Hab 1 v 13). La première chose que la Bible dit pour signifier l’horreur du mal, c’est qu’il vient du serpent ancien (Gn 3), le diable (Ap 12). Jésus affirme que, contre la vérité, Satan pèche dès le commencement (1 Jn 3 v 8) comme meurtrier et père du mensonge (Jn 8).
Ainsi, après la chute, Dieu maudit le serpent et le sol, pas Adam et Eve ; ensuite il les chasse du jardin. Pour Dieu les hommes sont d’abord victimes (le dieu de ce siècle a aveuglé leurs pensées, 2 Co 4 v 4) et donc pourront être rachetés. Ensuite Dieu les dit responsables. En quoi le sont-ils ? En prenant le diable pour ‘père’ (Jn 8 v 44) ; en le croyant lui au lieu de Dieu ; en acceptant ses séductions au lieu des paroles de Dieu.
Selon la Bible, le péché humain est une impiété car il est une rupture avec Dieu.
La Bible montre comment le péché est entré dans le monde créé (cf. Rm 5 v 12 à 21). Concernant l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2 v 9 et 17), Dieu avait dit : vous n’en mangerez pas sinon vous mourrez (3 v 3). D’abord Eve cesse de croire Dieu et se met à croire le serpent qui dit : vous ne mourrez pas du tout (v 4), ensuite ils en mangèrent (v 6), enfin ils allèrent se cacher de l’Éternel (v 8). Pécher contre Dieu a d’abord été ne plus le croire, ensuite lui désobéir, et ainsi le manquer. Ne pas croire Dieu : Jésus dit que le péché du monde c’est qu’il ne croit pas en moi (Jn 16 v 9). Désobéir à Dieu : le péché c’est la violation de la loi (1 Jn 3 v 4). Manquer Dieu : celui qui me trouve a trouvé la vie, celui qui pèche contre moi (litt. celui qui me manque) nuit à son âme (Prov 8 v 35-36).
Remarque utile : le péché outrage Dieu, et non lui fait perdre quelque chose (Jb 35 v 6).
Selon la Bible, le scandale du péché c’est qu’il offense le Dieu vrai.
Le repère c’est Dieu, c’est par rapport à lui que pécher est mal. En montrant qu’Adam et Ève n’avaient aucune raison intérieure de douter de Dieu, l’Écriture crie l’absolue anomalie du péché. Et la responsabilité personnelle de tout pécheur envers Dieu. L’offense première est de ne pas le croire. Il est écrit que celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, surtout celui qui ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils (1 Jn 5 v 10). Jésus affirme : le péché du monde c’est qu’ils ne croient pas en moi. Il précise : l’Esprit de vérité les convaincra que leur péché consiste en cette non foi. Et si l’Esprit est écouté, il les convaincra que le Juste c’est Jésus incarné, crucifié et ressuscité. Il les convaincra aussi qu’il y a une condamnation de Dieu sur le monde et son prince, le diable (Jn 16 v 9). Selon la Bible, la non foi offense Dieu parce qu’elle va contre sa parole fiable, c’est à dire digne d’être crue.
Puis l’offense se démultiplie dans des actes qui transgressent la loi de Dieu.
Une « incrédule désobéissance » dédaigne la « fiable parole » de Dieu. La Bible révèle la personne de Dieu et son « absolue perfection de justice », c’est elle que méprisent toutes les formes de péché. Plus d’une fois dans l’Évangile, Jésus liste ces formes : c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, impudicités, vols, meurtres, adultères, cupidité, méchanceté, ruse, dérèglement, regard envieux, blasphème, orgueil, déraison (Mc 7 v 21 à 23). Jésus insiste encore à la fin de l’Apocalypse : dehors les chiens (les faussaires de l’Évangile), les magiciens, les débauchés, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge (22 v 15). Les épîtres abondent en avertissements comparables. En un mot, ce qui est mal, c’est ce que Dieu dit qu’il déteste. S’il nous dit : haïssez le mal (Rm 12 v 9), il s’est d’abord posé comme repère, en disant par exemple : je hais le témoignage faux (Za 8) et la répudiation (Ml 2 v 16).
Le péché est injuste : pour Dieu il est une ingratitude envers sa bienveillance.
Massivement, quand Dieu parle des péchés, c’est pour dire qu’ils offensent sa sainteté. Mais aussi, Dieu proteste à son peuple que leurs péchés outragent sa bonté. Israël a délaissé Dieu, son créateur ; il a flétri le rocher de son salut (Dt 32 v 15). Ils m’ont abandonné alors même que je les avais rassasiés (Jér 5 v 7). Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne (mon peuple) que je n’aie pas fait pour elle ? (Es 5 v 4). J’ai tendu les mains tout le jour vers un peuple rétif qui marche dans une voie mauvaise, au gré de ses pensées (Es 65 v 2). J’ai appelé et vous n’avez pas répondu (v 12b), vous avez choisi ce qui me déplait (id). Cette ingratitude a dans la Bible un exact contraire, l’abondance de louange reconnaissante !
Indication suprême de la gravité du péché : il ne peut être ôté que par la mort de Christ.
Le péché mérite à ce point un châtiment, que Dieu a fait retomber sur Jésus notre châtiment (Es 53). Le péché mène si sûrement à la mort, que pour le salut du pécheur il a fallut la mort d’un substitut (Hb 9 v 22). Le péché est si intolérable pour Dieu, qu’il ne peut être effacé que par le sang précieux de son Fils (1 Pi 1). L’horrible coût que la croix a eu pour Jésus Christ, indique combien le péché est horrible. Et prouve combien Dieu nous a aimé (Rm 5 v 8).
deuxième partie
PÉCHÉ ET CULPABILITÉ
Le salaire du péché c’est la mort.
(Rm 6 v 23) C’est Dieu qui ne tient pas le coupable pour innocent (Exd 34 v 7), chasse Adam du jardin, envoie le déluge, ou les plaies d’Égypte, punit son peuple dans le désert, etc. Dans toute la Bible, c’est Dieu qui rétribue. On ne peut dire qu’il n’y est pour rien et que c’est seulement l’homme qui se ruine. C’est Dieu qui a dit : le jour où tu en mangeras, tu mourras (Gn 2), et c’est Jésus qui a insisté : si vous ne croyez pas que moi je suis, vous mourrez dans vos péchés (Jn 8 v 21, 24). En évacuant cette menace, on méprise l’Évangile : « fini les discours culpabilisants, j’ai commis des erreurs mais Dieu est bon, on n’en parle plus ».
Dans la Bible c’est Dieu qui déclare quelqu’un coupable.
Les mots bibliques traduits par ‘coupable’ (du latin culpa : faute) signifient ‘transgresseur’ et ‘passible de jugement’. Cela, seul Dieu peut le dire ! Il identifie qu’il y a quelque chose de mal à juger et, si on écoute, à ôter. La Bible répète que le sacrifice pour le péché est un sacrifice de culpabilité ou sacrifice pour le délit : l’homme s’est réellement rendu coupable envers l’Éternel (Lv 5 v 17 à 19). Même quand on pèche contre autrui, c’est d’abord envers l’Éternel qu’on est coupable. Être coupable n’est pas un sentiment intérieur subjectif, c’est un fait objectif devant Dieu. C’est pourquoi il n’y a aucun verset où c’est Satan qui nous dit coupables. Il n’a pas autorité à le faire. Mais il se permet d’accuser les frères (Ap 12).
Quand nous sommes racheté Dieu ne nous déclare plus coupable en toute notre personne (Rm 3 v 19), mais parfois coupable d’une chose précise. Par exemple, celui qui mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur (1 Co 11 v 27). Quand Dieu nous dit coupable d’une chose, c’est une grâce de le croire, et même le ressentir. C’est sain de nous sentir en faute devant Dieu, quand il le dit. Prétendre que toute conscience d’être coupable nous viendrait du malin, contredit Dieu. Car c’est lui qui donne une vraie repentance : s’il réprimande concernant un péché, c’est afin de le pardonner et nous en délier. C’est lui qui nous a donné une conscience apte à reconnaître cela, à aimer la vérité. Évidemment le diable veut dérégler cette conscience : soit l’éteindre pour que nous appelions le mal bien et le bien mal (Es 5 v 20), soit la tourmenter pour que nous nous culpabilisions sans croire au pardon de Dieu.
(un article suivra sur la différence entre réprimande de Dieu et accusation du malin)
Après la croix, le péché est-il devenu moins grave ?
À ceux qui n’avaient jusque-là rien entendu de lui, Dieu dit que, sans tenir compte des temps d’ignorance, il ordonne maintenant à tous les hommes en tous lieux, de se repentir ; parce qu’il va juger le monde par Jésus ressuscité (Act 17). À ceux qui se sont repentis, Dieu dit qu’il n’y a maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Christ (Rm 8). La croix de Jésus fait qu’il est possible d’être pardonné du péché, elle ne fait pas qu’en soi le péché ne serait plus condamnable ! Concrètement, seul le péché confessé et ôté par Dieu n’est plus un problème. Pour le reste, d’une part Dieu dit à ses enfants qu’il les châtie au présent pour les péchés qu’ils maintiennent (Hb 12), et d’autre part Dieu dit aux hommes rebelles qu’il les condamnera pour leurs péchés, surtout celui d’avoir rejeté Christ (Jn 3).
Quand on reste conscient de la gravité du péché, que gagne-t-on ? Sinon, que perd-on ?
On gagne qu’on ressemble à Dieu : de plusieurs manières la Bible dit qu’il a le mal en horreur. On marche dans la lumière, où les transgressions ne sont pas cachées. On se facilite la repentance. Ce qu’on gagne aussi, en s’éloignant du mal, c’est de rendre à l’Évangile un témoignage crédible. Ainsi, ceux qui sont touchés seront prêts à distinguer entre discours agréable et saine doctrine.
À l’inverse, que perd-on à minimiser la gravité du péché ? On perd l’effet sanctifiant de la vérité, on s’expose à être séduit par diverses souillures de la chair et de l’esprit. On sert les buts du malin qui, pour empêcher les hommes de se repentir, présente la culpabilité comme le problème. Si donc on minimise le péché, on sera apprécié comme positif ; mais on fait le jeu des ténèbres.
voir aussi : Dieu donnera la repentance.
Pour résumer.
En aucun cas, la crainte due à Dieu ne sert à amoindrir la foi en notre pardon. Et en aucun cas, le refus d’écouter l’accusateur ne sert à amoindrir notre conscience de l’horreur du péché.
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