Pour bien comprendre ce qu’est la repentance, la clé n’est pas dans le mot lui-même mais dans une parole que Dieu répète à travers toute la Bible : revenez à moi. C’est pourquoi l’idée de repentance est proche de celle de conversion.  Dans l’AT comme le NT, se repentir c’est se détourner du mal en se tournant vers Dieu. L’enjeu est plus celui d’une transplantation cardiaque (Ez 36 v 26) que d’une simple toilette. La première chose que Jésus a prêchée est : repentez vous, car le royaume des cieux est proche. La repentance doit être comprise d’après Dieu.

 

première partie

QUE DIT LA BIBLE AU SUJET DU REPENTIR ?

 

Le propre du repentir c’est qu’il est donné par Dieu, sur sa parole, par sa bonté.

Ce n’est pas le repentir qui sauve, c’est Jésus. Cependant, Dieu ordonne le repentir (Act 17 v 30). En effet, Christ étant venu sauver des pécheurs, le salut est pour ceux qui se jugent pécheurs et à cause de la croix acceptent la conviction de péché que donne le Saint Esprit (voir 2e partie).  Se repentir est par rapport à Dieu, ce n’est pas changer de pensée ou de comportement par soi-même.

Dieu a glorifié Jésus pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés (Act 5 v 31). Le repentir ne vient pas d’une influence humaine mais d’une Parole de Dieu. Par définition, le repentir concerne, non les choses que notre conscience condamne, mais celles que Dieu désigne comme péchés. C’est uniquement sur une parole de Dieu – par l’Écriture et l’Esprit – que vient une vraie repentance. Elle est plus que du regret ; le regret devient repentir quand le motif vient de Dieu. Par exemple, Esaü regrette d’avoir vendu son droit d’aînesse quand il perd les avantages qui vont avec (Gn 27 v 38), mais Pierre se repent de son reniement quand il se souvient d’une parole de Jésus (Mt 26 v 75). Le repentir est amour de la vérité.

Reconnais que la bonté de Dieu te pousse à la repentance (Rom 2 v 4). Dans le contexte, il s’agit de la bonté manifestée par le Dieu qui nous jugera tous. Voici la bonté : Jésus dit de se repentir parce que le royaume s’est approché, et non pour qu’il s’approche (Mt 4 v 17). Déjà Dieu a fait approcher son œuvre royale, en son Fils. Par lui la grâce est venue, toute proche, et c’est précisément elle qui change notre conscience de ce qui est bien ou mal aux yeux de Dieu. Lui – le juste – annonce un jugement à celui qui l’ignore (Act 17 v 30-31). Lui – seul bon – annonce un jugement à celui qui le cherche, pour qu’il ne soit pas condamné. Et voici la bonté : Dieu qui est lumière prouve son amour par la croix de Christ (Rm 5 v 8). Dieu donne la repentance (2 Tim 2 v 25), et il y pousse !

 

Le repentir inclut la confession des péchés, et vise la foi au pardon de Dieu.

Confession et pardon sont liés car Dieu est lumière. C’est devant lui que nous ne voulons plus cacher nos transgressions, et c’est de lui que nous recevons le pardon. Paul dit qu’il a prêché la repentance envers Dieu (Act 20 v 21) : elle exprime une confiance envers ses lois et surtout envers sa personne.

Ils confessaient leurs péchés (Mt 3 v 6). Il s’agit de gens ayant entendu Jean Baptiste prêcher la repentance (v 1). Dieu avait enseigné à Israël de confesser ses péchés (Prov 28 v 13). Dieu nous l’enseigne aussi : si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste (envers son Fils crucifié) pour nous pardonner et nous purifier (1 Jn 1 v 9). Nous nous repentons dans le cœur, en acceptant une réprimande de Dieu. Puis Dieu veut que le repentir viennent sur nos lèvres : nous confessonsà Dieu les fautes précises qu’il a désignées (pensées, paroles, actes), et nous prions : pardonne-nous nos offenses (Mt 6 v 12). Selon Dieu, confesser les péchés est une condition pour être pardonné.

Que la repentance, en vue du pardon des péchés, soit prêchée à toute ethnie à commencer par Jérusalem (Lc 24 v 47). C’est Jésus qui prescrit cela (voir  Kérygme : Jésus a-t-il dit quoi prêcher ?). Lui-même a prêché de se repentir et de croire (Mc 1 v 15). Si Dieu ordonne le repentir c’est afin qu’on puisse croire au pardon. Celui qui se repent montre qu’il est celui pour qui Christ a souffert. Celui qui ne se repent pas se rend impossible la vraie foi : si vous ne vous repentez pas, vous périrez (Lc 13 v 3). Dieu nous donne la repentance dans le but de nous donner la foi au pardon. Ensuite, nos fautes déjà confessées et pardonnées, Dieu ne les ressort pas (Mich 7 v 19), alors nous non plus. Quand la repentance donnée par Dieu est reçue et vécue, il en résulte un changement de conduite (Mt 21 v 29), une délivrance du péché, et de la joie dans le ciel (Lc 15 v 10).

 

Le repentir doit concerner aussi nos schémas de pensée.

Sous le mot péché, la Bible désigne des paroles ou actes mauvais, mais aussi des axes de pensée (Gn 6 v 5). Dieu relève : chacun suivait sa propre voie (Es 53 v 6), et dit : réformez vos voies et vos agissements (Jér 7 v 3). Mes voies sont des schémas auxquels je me fie comme à un mode d’emploi, elles sont la vaine manière de vivre héritée de nos pères (1 Pi 1 v 18). C’est le cas dans chaque famille : des « croyances de fond » induisent des comportements. Des voies comme le matérialisme, le contrôle, la peur, etc. produisent des actes comme : libre sexualité, injustice, mensonge, etc. Ainsi, tout en admirant Philippe, Simon le magicien a maintenu ses propres voies concernant la position sociale et l’argent (Act 8 v 9 et 19). Il ne suffit pas de me repentir des actes produits par mes voies. Je dois aussi identifier en quoi mes voies sont contraires à Dieu, puis les remplacer par les siennes. Par exemple, je demande pardon à Dieu chaque fois que je mens, mais je me repens aussi de ce qui me mène à mentir : par exemple un schéma où plaire aux autres est le moteur de vie (Gal 1 v 10).

Il y a une repentance initiale, quand on devient chrétien : on demande pardon à Dieu pour ce qu’on a fait, et aussi ce qu’on était : indifférent à lui ou rebelle à sa voix (Col 1 v 21). Plus ce repentir initial est profond et inclut nos schémas mauvais, plus la marche chrétienne sera évidente et les chutes rares. Il y a aussi une repentance de disciple, tout au long de la vie chrétienne : on demande pardon à Dieu, non plus pour ce qu’on est, mais pour les péchés qu’on commet encore. Il faut à chaque fois les lui confesser (1 Jn 2 v 1) car notre avocat c’est lui même ! Marcher dans la lumière, c’est être prompt à se repentir, dès qu’on est conscient d’avoir péché. C’est comme changer tout de suite une roue crevée ; si on néglige, on va ruiner le pneu, la jante, l’amortisseur.

 

Dieu nous appelle à nous juger nous mêmes.

Quand Jésus appelle à la repentance (Lc 5 v 32) ce n’est pas une condamnation de Dieu, mais un appel à nous juger nous-mêmes (Jb 42 v 6, Ps 51 v 4-6) pour éviter la condamnation (1 Co 11 v 31-32). Il y repentance quand, avec ou sans larmes, nous ne cherchons plus à minimiser nos péchés mais les jugeons comme Dieu les juge, et commençons à les haïr comme contraires à la sainteté de Dieu. La Bible emploie le verbe « se repentir » au sujet de « péchés ». Il faut maintenir ce sens, et non l’affaiblir au motif que le grec signifie « changer de pensée ». Par exemple, dire : « j’ai changé d’idée sur la vie, sur ma valeur, sur Dieu », ce n’est pas une repentance.

 

 

deuxième partie

MIEUX COMPRENDRE LA CONVICTION DE PÉCHÉ

 

Parce qu’ils sont créés en image de Dieu, tous les humains ont une conscience qui peut les accuser ou les excuser (Rm 2 v 15). Même Jésus y fait appel (Jn 8 v 7 et 9). Mais la « conviction de péché » est plus que cela, plus que se savoir pécheur comme tout le monde.

 

Que signifie « l’Esprit Saint convaincra le monde de péché » ?

Ces mots de Jésus désignent une conviction qui ne viendra pas de la conscience naturelle, mais y sera déposée d’en haut. Dans notre conscience, l’Esprit imprimera ce triple verdict divin : 1. Votre péché a été de ne pas croire Jésus.  2. Ce qui est juste ou pas, mesurez-le d’après Jésus incarné, crucifié, ressuscité.  3. Sur le monde qui vous a formaté, et son prince, il y a une condamnation de Dieu (Jn 16 v 8-9).  Dans les faits, le péché d’incrédulité génère des injustices et désobéissances, que l’Esprit pointera aussi. Selon Jésus, voici une conscience convaincue de péché : deux hommes montèrent au temple pour prier ; le second se tenait à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel, se frappait la poitrine et disait : ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur. Jésus conclut : je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié (Lc 18 v 13).

L’Évangile est faussé si la repentance est divorcée du sentiment d’être coupable  (Lc 13 v 4). Quand Jésus regarde Pierre qui vient de le renier, ce dernier pleure amèrement (Mt 26 v 75) : être convaincu de péché c’est ressentir la tristesse d’une conscience bouleversée (2 Co 7 v 9 à 11). Dieu parle d’une lamentation vraie et non rituelle : déchirez vos cœurs et non vos vêtements (Joël 2 v 13). L’Histoire des réveils en témoigne. La conviction de péché est une grâce qu’il ne faut pas mésestimer sous prétexte que le diable voudrait la dévoyer en remords sans fin. Quand l’Esprit Saint est répandu sur les disciples, ils prêchent Jésus (Act 2 v 22), soulignent aux auditeurs leur rejet de Jésus (v 23), et le proclament Seigneur et Christ (v 36). Le résultat montre ce qu’est la conviction de péché : ils furent transpercés au cœur et demandèrent ce qu’il fallait faire (v 37). La réponse de Pierre n’a pas été : tranquillisez-vous, mais : repentez-vous (v 38).

 

Sans conviction de péché, ce n’est pas de la repentance.

En disant : la patience du Seigneur est votre salut (2 Pi 3 v 15-16), Pierre évoque le verset de Paul : la bonté de Dieu pousse à la repentance (Rm 2 v 4), verset dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, pour leur propre perdition. Comment le tord-on ? En lui faisant dire le contraire du chapitre entier, qui pour expliquer l’Évangile mentionne le jugement de Dieu (v 3), l’endurcissement des cœurs (v 5), la colère à venir (id). Taire cela peut mener à la perdition, si un changement d’avis tient lieu de la repentance : « avant je pensais que Dieu était exigeant, maintenant on m’a convaincu qu’il ne juge personne ».

Comme l’a prédit William Booth, notre siècle a inventé la conversion sans conviction de péché. Et le verset « l’Esprit convaincra de péché » est devenu : nous n’avons plus à mentionner le mal ni le repentir. Or la conviction de péché, donnée par Dieu, doit aussi être voulue par l’homme : purifiez vos mains, pécheurs ; nettoyez vos cœurs, âmes partagées ; reconnaissez votre misère, menez deuil, pleurez ; que votre rire se change en deuil et votre joie en tristesse (Jcq 4 v 8-9). Nous avons notre part dans ce que l’Esprit Saint veut faire : c’est l’Esprit qui fait naître d’en haut, c’est nous qu’il pousse à prêcher la repentance et la foi en Christ.

 

Depuis ma conversion, ne suis-je que peu convaincu de péché ?

Si oui, ce n’est pas dû à Dieu mais à une légèreté chez moi, ou chez ceux qui m’ont évangélisé puis enseigné. Le déficit se reconnaît par des contraires à ce qui est écrit : La repentance vient par la parole de Dieu ; est-ce que je fais dans la Bible un tri qui m’arrange ? Elle est commandée ; est-elle chez moi rare et réticente ? Elle implique la confession des péchés ; est-ce je cherche à excuser les miens ? Elle est donnée par bonté ; suis-je resté allergique à la correction ? Elle répond au sang de Christ ; à mes yeux la croix donne-t-elle une impunité automatique ? Etc. Si oui, il faut demander le secours de Dieu, car sa miséricorde dure à toujours.

(voir aussi : Ayez le mal en horreur)

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