Concernant la sainte Cène, le NT ne dit pas qu’elle est un rappel ou un symbole de la croix, mais une communion au sang et au corps de Christ.  Qui communie ?  Ceux aux yeux de qui a été dépeint Jésus Christ crucifié (Gal 3 v 1), dépeint en Mt 27, Mc 15, Lc 23, Jn 19.

 

première partie

LE SENS DE CETTE COMMUNION

 

Pourquoi Jésus a-t-il inauguré la Cène dans le cadre de la Pâque ?

Parce que Dieu, son Père, avait sauvé les Israélites par la Pâque. Et l’avait posée comme l’acte qui les constitue en peuple : l’alliance initiale par laquelle je les ai fait sortir du pays d’Égypte, aux yeux des nations, pour être leur Dieu ; je suis l’Éternel (Lv 26 v 45).

Que fut la Pâque ? L’Éternel dit à Moïse (Exd 12 v 1) : on prendra un agneau (v 3), on l’immolera (v 6), on prendra de son sang et on en mettra sur les deux poteaux et sur le linteau de la porte des maisons où on le mangera (v 7) ; c’est la Pâque de l’Éternel (v 11). Cette nuit-là, je parcourrai le pays d’Égypte et je frapperai (de mort) tous les premiers-nés … je suis l’Éternel. Le sang vous servira de signe sur les maisons où vous serez : je verrai le sang, je passerai au-dessus de vous, et il n’y aura pas sur vous de fléau destructeur (v 12-13)  (‘pâque’ vient du verbe hébreu ‘passer par dessus’).  La Pâque fut donc le salut au lieu de la mort. Célébrer chaque année ce salut-là exprimait la gratitude et la foi des réchappés.

Cette Pâque préfigurait la croix de Christ sauvant et constituant le peuple de Dieu. La veille de sa crucifixion, Jésus envoie dire à quelqu’un : mon temps est proche, c’est chez toi que je célèbrerai la Pâque avec mes disciples (Mt 26 v 18). Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain et, après avoir dit la bénédiction, il le rompit et le donna aux disciples en disant : prenez, mangez, ceci est mon corps (v 26). Il prit ensuite une coupe et, après avoir rendu grâces, il la leur donna en disant : buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés (v 27-28).

 

Pourquoi l’agneau de Pâque, puis la Cène, doivent-ils être mangés ?

Cette nuit même, on en mangera la chair rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères (Exd 12 v 8).  Certes, nous sommes vitalement liés à ce que nous mangeons, ça nous constitue (eau, protéines, lipides, etc).  Mais Dieu dit une chose plus directe, plus vitale : si celui qui le peut s’abstient de célébrer la Pâque, celui-là sera retranché de son peuple (Nbr 9 v 13). Il ne sera plus dans l’alliance divine.

Le Seigneur Jésus, que dit-il ? Moi je suis le pain vivant descendu du ciel (Jn 6 v 51, redit huit fois dans le chapitre), si quelqu’un mange de ce pain il vivra éternellement, et le pain que je donnerai c’est ma chair pour la vie du monde (v 51b).  Et, par deux phrases volontairement symétriques, Jésus montre que manger et boire c’est croire : Celui qui croit a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6 v 40) ; celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour (v 54). Jésus insiste, au point de choquer : celui qui me mange, vivra par moi (v 57). Ces paroles étant Esprit et vie (v 63) soulignent fort : mangez ! buvez-en tous !

 

Que signifie : ceci est mon corps, ceci est mon sang ?

(Mt 26 v 26-27, Mc 14 v 22-24, Lc 22 v 19-20)  Le cadre où Jésus dit cela, peut éclairer. Il prend deux éléments du repas de Pâque, le pain azyme (non levé) et une coupe, puis il les désigne comme liés à son sacrifice à lui : mon corps donné pour vous, mon sang répandu pour le pardon des péchés. Il affirme : la Pâque c’est moi crucifié, il fonde le verset futur : Christ, notre Pâque a été immolé (1 Co 5 v 7).  Pourquoi Jésus ne dit-il pas de l’agneau rôti : ceci c’est moi ? Sans doute pour donner aux disciples une référence surpassant l’agneau d’Exd 12. Il prend donc le pain et une coupe, et les donne comme étant son corps crucifié, son sang versé : c’est le repas du Seigneur (1 Co 11 v 20).  (le mot cène vient du latin repas)

Ceci est mon corps, ceci est mon sang (ici, le mot corps ne désigne pas l’Église mais bien le corps cloué sur la croix).  D’un côté, il est abusif de dire : le pain devient son corps, le vin devient du sang ; c’est moins de la foi que du magisme. D’un autre côté, il est très insuffisant de dire : ceci symbolise son corps et son sang ; c’est moins de la foi qu’une démarche mentale.  Mieux vaut dire : le pain ‘présente’ à notre foi le corps crucifié, le vin ‘présente’ à notre foi le sang versé. L’Esprit Saint nous met face à Christ et, par la parole de l’Évangile, nous le dépeint crucifié. Là il nous pousse à croire, et adorer.

En donnant le pain et la coupe, Jésus précise : faites ceci en mémoire de moi (Lc 22 v 19). Vu l’ensemble des versets parlant de la Cène, il ne s’agit pas de penser à Jésus par un souvenir uniquement cérébral, mais bien de communier. Car il ne dit pas : ceci rappelle, mais : ceci est.

 

Pourquoi est-il écrit : la communion au sang de Christ, la communion au corps de Christ ?

(1 Co 10 v 16)  Et pas uniquement : la communion à Christ ?  Dieu nous a appelés à la communion de son Fils (1 Co 1 v 9), notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jn 1 v 3). Cette communion-là est l’ensemble de tout ce que Dieu nous ouvre.  Mais dans cet ensemble, il y a comme un sous-ensemble : la communion spécifique au crucifié souffrant. Il a dit qu’il lui fallait souffrir beaucoup et être mis à mort (Mt 16 v 21). Il s’agit de communier au Christ… en train d’expier nos péchés.  Communion possible car cette expiation n’est pas que passée, Dieu lui a donné une dimension éternelle. Car, même ressuscité, Jésus est entré dans le ciel avec son propre sang (Hb 9 v 12, comp. Ap 5 v 6).

Tous les versets mentionnant la Cène la relient à la croix (vous annoncez la mort du Seigneur, 1 Co 11 v 26), aucun ne la relie à la résurrection. La Cène est un temps pour communier au crucifié, pas pour danser en exultant (cf. pains sans levain et herbes amères).

La communion au sang et au corps crucifié de Jésus vient par l’Esprit Saint, et non d’abord notre concentration sur le thème, ou notre émotion. Quand nous buvons la coupe et mangeons le pain, l’Esprit nous met en communion avec le sang et le corps de Jésus. Il le fait sur sa parole : celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui (Jn 6 v 56).  Notre union à Christ résulte de la croix, donc s’affermit premièrement par notre communion au crucifié.

 

 

 

deuxième partie :

LA PRATIQUE DE LA CÈNE

 

Pourquoi répéter la Cène ?

L’Éternel avait modifié le calendrier pour poser en Israël un repère : ce mois-ci sera pour vous le premier des mois de l’année (Exd 12 v 2). Un repère à célébrer de façon répétée : vous observerez ce jour (de Pâque) comme une prescription perpétuelle pour toutes vos générations (v 17).  De même, Jésus prescrit : faites ceci en mémoire de moi. Luc écrit donc : ils persévéraient dans la fraction du pain (Act 2 v 42). Paul précise que c’est régulier : toutes les fois où vous mangez ce pain et buvez cette coupe (1 Co 11 v 26).

C’est en inaugurant la Cène que Jésus affirme qu’il y a nouvelle alliance en son sang (Lc 22 v 20), et pardon sûr (Mt 26 v 28). La Cène est répétée pour nourrir notre foi en l’expiation de nos péchés. Par la communion au Christ payant le coût du pardon, nous rendons grâce régulièrement : À celui qui nous a déliés de nos péchés par son sang, à lui la gloire (Ap 1 v 5-6).  La Cène nous maintient dans : ne rien savoir que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié (1 Co 2 v 2). Sa croix n’est pas une étape à dépasser !

 

Pourquoi y a-t-il une mise en garde de ne pas manger le pain et boire la coupe du Seigneur indignement ?

Pour que d’anciens coupables ne redeviennent pas coupables.  Car l’Éternel a fait retomber sur (Christ) la faute de nous tous (Es 53 v 6), et lui a intercédé pour les coupables (v 12). Alors, si nous disons : nous avons communion avec lui, mais marchons dans les ténèbres, nous mentons (1 Jn 1 v 6). Croire à la grandiose réalité du pardon ne signifie pas mettre en oubli la purification de nos anciens péchés (2 Pi 1 v 9), sinon les progrès en foi et en amour (v 5-7) nous fuiront.  La sainte Cène nous affermit contre le péché, en dignes bénéficiaires de la croix du Christ.

Manger le pain et boire la coupe du Seigneur indignement (1 Co 11 v 27) c’est manger et boire sans discerner le corps du Seigneur (v 29), c’est à dire sans communion au crucifié.  En quoi était-ce le cas à Corinthe ? À cette époque la Cène était célébrée pendant une agape d’église ; mais parfois ce n’était plus le repas du Seigneur (v 20) car, au lieu de communier au crucifié, les uns étaient ivres alors que d’autres avaient faim (v 21). Au moment où il fallait être face à la croix, on était en train de pécher !  Paul écrit que ça rend coupable envers le corps et le sang du Seigneur (v 27b), plus encore qu’envers les frères.

Aujourd’hui, si nous péchons tel ou tel jour (Héb 12 v 1) la solution est de nous repentir, et non de nous priver de la prochaine Cène. Mais si nous péchons pendant la Cène… en conservant mépris, rancœur fraternelle, impureté en église…  Paul écrit que Dieu juge cela par des maladies et décès prématurés, précisant : afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde (1 Co 11 v 30-32).

 

Pourquoi Jésus a-t-il dit : jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu ?

(Lc 22 v 18)  Pour que la communion qui nourrit notre foi au Christ crucifié, nourrisse aussi notre attente de son retour. Dieu nous a convertis pour le servir, et pour attendre des cieux son Fils (1 Thess 1 v 9-10). D’où : vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne (1 Co 11 v 26b).  C’est une communion de présence du Christ, et en même temps d’absence (2 Co 5 v 6).

En nous présentant la croix de Christ, la Cène contribue à notre marche avec lui : quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple (Lc 14 v 27). Or nous n’avons pas d’autre croix que la sienne : je ne me glorifierai de rien d’autre que de la croix de notre Seigneur Jésus Christ par qui le monde est crucifié pour moi comme je le suis pour le monde (Gal 6 v 14).

 

Pourquoi Jésus dit-il au pluriel : avec vous, pour vous, tous ?

J’ai vivement désiré manger cette Pâque avec vous (Lc 22 v 15), ceci est mon corps qui est donné pour vous (v 19), mon sang qui est répandu pour vous (v 20), et : buvez-en tous.  C’est au pluriel parce que, comme la Pâque a constitué Israël en peuple, la croix de Jésus constitue les rachetés en un seul corps, car nous participons tous à un même pain (1 Co 10 v 17), chair de Christ. La croix fait notre unité : tout chrétien est le frère pour lequel Christ est mort (1 Co 8 v 11).

Par la Cène, l’union avec Christ crucifié est collective plus qu’individuelle. C’est une communion avec tous les rachetés présents, et ceux de toutes les églises de la ville, et ceux de tous les continents (particulièrement avec les persécutés pour le nom de Christ). Ainsi le repas du Seigneur est toujours avec des frères, ne serait-ce que deux. Toujours dans un moment commun avec eux (même quand des circonstances très exceptionnelles nous séparent physiquement).

Car, ensemble, nous sommes le peuple de réchappés aux yeux de qui a été dépeint Jésus Christ crucifié.

(voir aussi :  GRÂCE VENUE PAR JÉSUS CHRIST)

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