La base solide, c’est ce que Jésus a dit du Saint Esprit.

Quand il dit que l’Esprit Saint sera donné (Jn 14 – 15 – 16), Jésus parle à la fois d’une venue définitive (il sera en vous) et de ce que l’Esprit fera et continuera de faire (il convaincra, vous me rendrez témoignage, etc). Jésus annonce que le disciple sera à la fois habité et conduit par l’Esprit, il parle à la fois d’une venue flagrante et d’une présence permanente. Sa promesse de Jn 14 (l’Esprit en vous) se rapporte à la même Pentecôte que la promesse d’Act 1 (l’Esprit sur vous) ; c’est artificiel de séparer dans les textes entre ‘en vous’ et ‘sur vous’. Dans l’ensemble de ses paroles sur l’Esprit Saint, Jésus ne fait pas deux thèmes distincts entre né de l’Esprit (Jn 3 v 5) et baptisé de l’Esprit (Act 1 v 5).

(voir article « ESPRIT SAINT : COMMENT JÉSUS EN A-T-IL PARLÉ ?)

 

Le salut est un bain d’Esprit Saint où le nouveau croyant est plongé.

En ce jour-là, vous connaitrez que moi je suis en mon Père, vous en moi, et moi en vous (Jn 14). Voilà le cœur de ce que l’Esprit fait aux croyants : appliquer dans leur vécu l’union à Christ, le Christ de Dieu. C’est l’Esprit qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rm 8 v 16). Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ il ne lui appartient pas (v 9).

Le texte des Épîtres présente comme un tout le salut et la réception de l’Esprit. Dieu nous a sauvés par le bain de régénération et de renouveau du Saint Esprit (Tite 3 v 5-6). C’est dans un seul Esprit que nous tous, pour former un seul corps, avons été baptisés (1 Co 12 v 13).  C’est pourquoi le NT n’a aucun texte où les apôtres prient et imposent les mains pour que l’Esprit soit donné à quelqu’un en qui il habite déjà (2 Tim 1 v 6 parle d’un charisme, contrairement à Act 11 v 17).

Note : un seul texte montre un délai entre salut et venue de l’Esprit : Act 8 v 16, voir Annexe.

 

Qu’est-ce que la Pentecôte d’Act 2 ?

La fête de la moisson, des premiers fruits (Exd 23 v 16), avait été appelée pentecôte (c-à-d 50e jour après Pâque). Après le sacrifice de Christ, Dieu a choisi ce jour pour donner les premiers fruits : les arrhes de son Esprit.   Au sens fort, il n’y a qu’une Pentecôte, une ‘première mondiale’ réalisant la promesse : je répandrai de mon Esprit sur tout chair (v 17). À partir de là, la promesse est pour tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera (Act 2 v 39), ils recevront l’Esprit Saint quand ils se convertiront (10 v 44).

Les 120 d’Act 2 avaient vécu en ‘chevauchement’ entre l’incarnation de Christ et les débuts de son Église, leur position était unique : être disciples de Jésus, et ne pas avoir reçu l’Esprit qui n’était pas encore donné (Jn 7 v 39). Puisque le NT ne situe pas leur conversion, leur expérience de Pentecôte n’implique pas une distinction normative entre salut et venue de l’Esprit.

Pour les générations suivantes, la Pentecôte est la venue définitive de l’Esprit envoyé par toute la terre (Ap 5) ; mais elle est aussi une promesse !  La manière flagrante dont l’Esprit Saint descend (Act 2), indique quel genre d’effusions on peut s’attendre à expérimenter au long de la vie chrétienne. Sans trop préjuger de quand et comment elles doivent arriver.

 

Dieu prolonge le don de son Esprit.

Les Actes montrent qu’après avoir donné son Esprit, Dieu prolonge l’effet de ce don et l’amplifie, au long de la marche du disciple. Ce dernier doit continuer d’être rempli de l’Esprit (Eph 5 v 18) qui déjà l’habite.  Ce prolongement arrive autant par des effusions ponctuelles, que par l’action durable du Saint Esprit (Act 6 v 3). Le NT grec emploie deux verbes différents traduits par rempli : l’un signale plutôt un déversement soudain, l’autre un état permanent. Un déversement de l’Esprit fait dire avec assurance la parole de Dieu ; l’habitation par l’Esprit façonne le caractère chrétien. Bien que l’un puisse être spectaculaire et l’autre discret, les deux effets sont conjugués et c’est pour les deux qu’il faut tendre à rester rempli d’Esprit Saint.

 

Pourquoi faut-il continuer d’être rempli ?

Le livre des Actes dit : les disciples furent tous remplis d’Esprit Saint (2 v 4), et après quelques temps dit à propos des mêmes : le lieu où ils étaient assemblés trembla, ils furent tous remplis du Saint Esprit (4 v 31).  Nous aussi devons continuer d’être remplis. D’abord parce que seul Jésus a l’Esprit de Dieu sans mesure (Jn 3 v 34), nous n’en avons que les prémices (2 Co 1 v 22 et 5 v 5). Ensuite, parce que notre foi et obéissance sont partielles, nous n’expérimentons qu’en partie la venue de l’Esprit de Dieu. Enfin, parce que c’est nous qui causons des déperditions : la vie sur terre nous attache vite ailleurs qu’à Dieu (ce n’est pas que l’Esprit serait un fluide qui s’évapore).

 

 

 

Qu’est-ce qui indique qu’on est rempli ?

On sait qu’on est rempli quand on expérimente ce que Jésus a dit que l’Esprit ferait (Jn 14 – 15 – 16). Contrairement à l’attente de beaucoup, le NT n’a aucun texte où c’est l’émotion (par ailleurs légitime) qui signale qu’on est rempli d’Esprit. Dans les versets indiquant un déversement soudain, l’Esprit Saint produit surtout des paroles données par Dieu : la personne proclame Jésus sauveur (Act 4 v 8), ou bien prophétise (Lc 1 v 67), ou bien dit les merveilles de Dieu (en langues, Act 2 v 11). Dans les versets suggérant un état permanent, l’Esprit Saint génère la sagesse (Act 6 v 3), la foi (11 v 24), un cœur tout entier à Dieu.

En contrepied du culte d’idoles impliquant l’ivresse, Paul ne compare pas mais oppose « rempli d’Esprit » à « enivré de vin » (Eph 5). Qui, en Act 2, dit que les 120 sont « pleins de vin doux » ? Ce n’est pas Luc, ce sont ceux qui se moquent. L’expérience de Saül (1 Sam 19) est une chose, mais Jésus n’a pas dit : quand le Paraclet sera venu, il vous conduira dans l’ivresse et la déraison.

 

Comment rester rempli ? En aimant Christ et en lui obéissant.

D’abord, on reste rempli de l’Esprit en valorisant ce qui fait qu’on l’a reçu. Donc en valorisant la prière de Jésus : moi je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet (Jn 14). On reste rempli par la foi au Christ qui, élevé par la droite de Dieu, a répandu l’Esprit Saint promis (Act 2).

Ensuite, on reste rempli en persévérant dans la condition formulée par Jésus : si quelqu’un m’aime il gardera ma parole (Jn 14). Le Saint Esprit est donné par Dieu à ceux qui lui obéissent (Act 5 v 32), ici ceux qui croient Jésus et témoignent de lui. Évangéliser, mais aussi toute forme d’obéissance à Dieu, contribue à nous maintenir pleins de son Esprit. Il est donné pour glorifier Jésus, donc à ceux qui veulent cela.

Enfin, on reste rempli en recherchant les choses dont Jésus a dit que l’Esprit les fera : il vous enseignera, rappellera tout ce que moi je vous ai dit, témoignera de moi, il vous conduira dans la vérité, me glorifiera : il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera, etc.

 

Comment rester rempli ? En prononçant la parole de Dieu.

C’est l’analogie entre Esprit de Dieu et Parole de Dieu.  Et c’est inclus dans obéir à Dieu : on reste rempli en s’entretenant par des Psaumes, des hymnes, des chants spirituels (Eph 5 v 18-19). Ici, entretenez-vous signifie : parlez à vous-mêmes (à soi-même et entre vous). Parler quoi ? La parole de Dieu, surtout telle qu’elle est écrite (des Psaumes), puis par des résumés (des hymnes, chants lourds de sens, par ex. 1 Tim 3 v 16), puis par ce qu’elle inspire (des chants spirituels, parfois en langues). L’autre fois où Paul emploie la même suite de mots : psaumes, hymnes, chants spirituels, c’est quand il écrit : que la parole de Christ habite en vous avec sa richesse (Col 3 v 16).  Puisque l’Esprit a été donné à ceux qui ont cru la parole de Christ, c’est en la confessant et la chantant qu’ils se maintiendront remplis d’Esprit. Le NT ne donne pas d’autres consignes pour rester rempli ; aucun texte, par exemple, où l’on se communique l’Esprit les uns aux autres en s’imposant les mains (ni en soufflant, appuyant, criant).

Note : c’est bien la parole de Dieu et non la mélodie qui nous remplit d’Esprit Saint ; la mélodie touche notre âme mais c’est pour y imprimer les paroles qui viennent de Dieu.

 

Demander le Saint Esprit ?

En général quand le NT parle d’être rempli d’Esprit, il ne dit pas de le demander. Par exemple en Act 4, les disciples sont remplis d’Esprit alors qu’ils ont demandé d’annoncer la Parole en toute assurance et que Dieu étende sa main pour des prodiges (v 29).  Cependant, Jésus dit : le Père céleste donnera l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Lc 11 v 13). Est-ce la demande pour naître de l’Esprit ? Sans doute pas, puisque Jésus la compare à la demande quotidienne de pain. C’est plutôt une demande en vue de l’équipement, du revêtement, de la sagesse, etc. Celle que chacun fera pour soi-même, motivé par sa propre faim de Dieu. Et non avec l’idée qu’on ne l’a pas encore reçu : pour des gens qui ont reçu l’Esprit (Eph 1 v 13), Paul prie que Dieu donne Esprit de sagesse et de révélation, pour le connaître (v 17).

 

Tous les rachetés ont l’Esprit Saint et tous doivent le rechercher.

Qu’est-ce qui produit, soit une vie chrétienne sans réel impact, soit une vie fructueuse avec des dons spirituels qui édifient les saints et favorisent des conversions ?  Ce n’est pas, en soi, le fait de croire que salut et venue de l’Esprit sont une même chose ou sont deux étapes. C’est de croire profondément que, ayant reçu l’Esprit de Dieu, on doit avoir soif d’en être continuellement rempli. Or cette soif – ou son absence – peut exister autant chez ceux qui ne séparent pas salut et baptême d’Esprit, que chez ceux qui séparent.

Rien ne doit faire qu’on ne demande jamais au Père l’Esprit Saint. Car c’est bien au Père qu’on demande, ou à Jésus. Dans toute la Bible, personne ne demande à l’Esprit de venir le remplir.

 

Que gagne-t-on à rechercher l’Esprit, que perd-on à ne pas le faire ?

En demandant l’Esprit à Dieu, on reçoit de lui – entre autre – une hardiesse pour l’Évangile, et l’accès aux ressources d’en haut. En ne le demandant jamais, on dépend moins de lui et on manque en partie le surnaturel décrit dans la Bible. En effet, dans le NT, servir l’Évangile inclut des miracles divers : ma prédication reposait sur une démonstration d’Esprit et de puissance (1 Co 2 v 4). Ce miraculeux est accordé par Dieu en des mesures très variables (Ap 3 v 8) mais il fait partie de l’Évangile. En soi, le miracle ne vient pas parce qu’on sépare salut et baptême d’Esprit, mais parce que Dieu l’a promis et qu’il honore la foi et la consécration.

 

Conclusion.

C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien ; les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie (Jn 6 v 63).

 

Annexe.

En Act 8, des Samaritains croient au nom de Jésus (v 5 et 12) et sont baptisés. Mais le texte relève – comme une anomalie – que l’Esprit Saint ne descend pas encore sur eux (v 16).  Raison possible : hybride à l’origine entre des religions païennes et celle de l’Éternel (2 Rois 17 v 24 et suivants), leur foi revendique maintenant Jacob comme père (Jn 4 v 12) et l’Éternel comme Dieu, mais en rivalité à Israël (v 20). Or c’est en Samarie que Jésus a dit : le salut vient des Juifs (v 22). Maintenant ils ont cru en Christ qui fait l’unité d’un Israël de Dieu ; en vue de cette unité, Dieu aurait conditionné le don de l’Esprit à la prière des autorités de son peuple.  (note : en Act 19 v 2, c’est tout différent car les personnes étaient disciples non de Jésus mais de Jean-Baptiste)

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