Si le dessein éternel de Dieu a pour centre son Fils pour qui il a tout créé, s’il a désigné d’avance ce Fils comme seul rédempteur des hommes coupables de la rupture, si Dieu a élu Israël comme cadre où il se révèle, s’il donne ses rachetés à son Fils, alors l’Israël de Dieu se définit par rapport à ce dessein.

(cet article a été remanié depuis sa première publication ;  il fait suite à :  POURQUOI DIEU SE DIT-IL « DIEU D’ISRAËL » ?)

 

première partie

LES RESCAPÉS D’ISRAËL ET LE MESSIE

 

Le retour d’exil est prophétique d’un Israël de Dieu.

De Babylonie sont revenus surtout des membres de la tribu de Juda (Esd 2 v 1), d’où le nom Juifs. Sont revenus ceux dont Dieu réveilla l’esprit (Esd 1 v 6) pour un retour de cœur vers lui. Sanctionnant la désobéissance (rejet de sa parole) et l’idolâtrie (divination par d’autres dieux et non-foi en lui), l’Éternel avait livré Israël puis Juda à la déportation, comme annoncé. Mais il a fait revenir un nombre réduit de rescapés, selon l’annonce que confesse Néhémie : je vous rassemblerai et je vous ramènerai vers le lieu que j’ai choisi pour y faire résider mon nom (Néh 1 v 9).

D’où la reconstruction de l’autel d’abord puis du Temple (Esd ch 3 à 6), bien avant la muraille. De ce Temple modeste – comparé à celui de Salomon – l’Éternel dit : la gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première, et c’est dans ce lieu que je donnerai la paix (Ag 2 v 9). Dans ce Temple, Yéshua (Jésus) impressionnera (Lc 2 v 46), enseignera (Jn 7 v 28), guérira (Mt 21 v 14), et à la question : si tu es le Messie, dis-le nous ouvertement (Jn 10 v 23-24), il répondra : je vous l’ai dit (v 25).

 

L’Éternel lui-même fait le lien entre le retour d’exil et la venue du Messie.

De nombreuses prophéties attestent ce lien : Si un premier temps a rendu négligeable le pays de Zabulon et Nephtali, le temps à venir donnera la gloire (Es 8 v 23), le peuple qui marche dans les ténèbres voit une grande lumière (9 v 1), car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Prince de la paix (v 5). Et : celui qui a dispersé Israël le rassemblera (Jér 31 v 10) ; quand j’aurai fait revenir leurs captifs (v 23), je conclurai avec la maison d’Israël et de Juda une alliance nouvelle (v 31). Et : je vous rassemblerai de tous les pays et vous ramènerai sur votre territoire (Ez 36 v 24), je vous purifierai de toutes vos souillures et idoles (v 25), je vous donnerai un cœur nouveau (v 26).

 

C’est l’alliance nouvelle qui accomplit : vous serez mon peuple et je serai votre Dieu.

Avant tout, cette appartenance résulte du choix divin : je suis le Dieu d’Abraham ton père, et d’Isaac (Gn 28 v 13). Ensuite, dans la dimension éducative de la loi, l’appartenance semble résulter de l’obéissance : si vous écoutez ma voix vous m’appartiendrez en propre (Exd 19 v 5). Enfin, par les prophètes, Dieu promet une appartenance résultant de sa propre intervention : l’Éternel ton Dieu circoncira ton cœur (Dt 30 v 6), pour que tu aimes l’Éternel de tout son cœur (id). Je conclurai avec Israël une alliance nouvelle (Jér 31 v 31), j’écrirai ma loi sur leur cœur (v 33), ainsi je serai leur Dieu et ils seront mon peuple (id). J’ôterai de leur chair le cœur de pierre (Ez 11 v 19-20), je vous purifierai (36 v 25), je mettrai mon Esprit en vous (v 27), là vous serez mon peuple et je serai votre Dieu (v 28). Ces versets sont une promesse : ils seront mon peuple, car (litt.) ils reviendront à moi de tout leur cœur (Jér 24 v 7), promesse de nouvelle alliance, réponse au cri : fais-moi revenir, et je reviendrai (31 v 18).

Fallait-il une alliance neuve pour que des Israélites soient pleinement à Dieu ? Il le fallait, puisque la loi n’a pas été donnée pour justifier mais pour saisir les consciences et conduire au Sauveur. Il le fallait car, pour eux, être retranché du peuple de l’Éternel n’était pas uniquement une sanction sociale et terrestre mais une réalité spirituelle : c’est celui qui a péché contre moi, que j’effacerai de mon livre (Exd 32 v 33). Aujourd’hui, Juifs ou grecs, nous devons lire ces versets avec une grande crainte de Dieu : il a enfermé tous les hommes dans la désobéissance afin de faire miséricorde à tous (Rm 11 v 32).

 

L’Israël de Dieu c’est celui qui écoute le Messie pour lequel il a été créé.

Dieu avait prédit : vous ne resterez qu’un petit nombre, parce que tu n’as pas écouté la voix de l’Éternel (Dt 28 v 62). Et : dans les temps à venir, tu retourneras à l’Éternel ton Dieu et tu écouteras sa voix (Dt 4 v 30), il s’agit des temps du Messie. Décret de l’Éternel : tu es mon fils, c’est moi qui t’ai engendré (Ps 2 v 7), embrassez le fils de peur que vous ne périssiez (v 12). Lui seul est engendré et non créé, Oint préfiguré par David (Es 55 v 3), Oint dont Moïse a parlé (Dt 18 v 15 et Jn 1 v 45). Dieu avait défini l’enjeu : si quelqu’un n’écoute pas mes paroles qu’il dira en mon nom, c’est moi qui lui en demanderai compte (Dt 18 v 19), ce qui a été compris comme : je l’exterminerai du peuple (Act 3 v 23). Les motifs précédents pour être effacé du peuple (refus d’être circoncis, de célébrer la Pâque, d’obéir à l’Éternel) se résument à un motif : refus d’écouter le Messie.

Dès l’AT l’enjeu est vital : beaucoup sont effacés (vous n’êtes pas mon peuple, et je ne suis rien pour vous, Os 1 v 8), d’autres sont restaurés : là où on leur disait : vous n’êtes pas mon peuple, on leur dira : fils du Dieu vivant (2 v 1), incluant des païens (Rm 9 v 24-26). Dès l’AT Dieu demande plus que le physique : circoncisez vos cœurs (Jér 4 v 4). Dès l’AT il n’y pas totale identification entre l’Israël selon la chair (peuple physiquement né de Jacob) et l’Israël de Dieu (Israélites embrassant le Fils et rejoints par des étrangers qui s’attacheront à l’Éternel pour le servir et aimer son nom, Es 56 v 6). Car tous ceux qui descendent d’Israël (Jacob) ne sont pas Israël (de Dieu) (Rm 9 v 6), mais ceux qui ont la foi (au crucifié) sont fils d’Abraham (Gal 3 v 7), Juifs et non juifs.  Note : ces versets ne parlent pas de ‘nouvel Israël’, prétention ultérieure du christianisme latin, européen, américain.

 

 

deuxième partie

DIEU N’A PAS REJETÉ SON PEUPLE

 

L’Israël de Dieu est l’assemblée du Messie d’Israël, Fils du Dieu vivant.

Dans l’AT grec les mots ‘assemblée de l’Éternel’ sont traduits par ‘ekklésia du Seigneur’. Réunie par une sainte convocation, c’était la communauté des Israélites non impurs pour le culte ; le NT la mentionne comme l’ekklésia au désert (Act 7 v 38). Ce mot (qui a donné église) signifie : assemblée convoquée. Quand donc Yéshua dit : je bâtirai mon ekklésia (Mt 16 v 18), il reprend ce mot assemblée pour indiquer qu’Israël appartient complètement à l’Éternel quand il s’attache à son Fils. Dieu a pris parmi les nations un peuple (Israël) consacré à son nom (Act 15 v 14), il en relèvera les ruines (v 16), afin que toutes les nations cherchent le Seigneur (v 17). En attendant le relèvement complet, un relèvement est déjà arrivé en Israël : c’est la venue du Messie et la foi de nombreux Juifs en lui la gloire d’Israël (Lc 2 v 32).

De même qu’avec Élie Dieu s’était réservé sept mille Israélites fidèles à lui (Rm 11 v 4), de même avec Yéshua il y a un reste selon l’élection de la grâce (v 5). Le mot reste est d’Ésaïe (10 v 20-22) : aux yeux de Dieu qui a élu Israël pour son Fils, le reste c’est ce qui est resté dans cette volonté. Ils étaient à toi et tu me les as donnés (Jn 17 v 6). Le reste c’est l’Israël qui croit à son Messie et qui conduit des non juifs à croire au même Messie : ma Maison sera appelée une Maison de prière pour tous les peuples (Es 56 v 7).

 

Après Yéshua, Israël conserve une réalité humaine et une réalité spirituelle.

Israël c’est, dans sa réalité humaine, la communauté des Israélites. C’est aussi, dans sa réalité spirituelle, la partie des Israélites qui croit que Yéshua est le Messie. Comme dans l’AT déjà, coexistent l’Israël selon la chair (1 Co 10 v 18) et l’Israël de Dieu (Gal 6 v 16), connu de lui. En fait, dans toute ekklésia, Dieu seul voit qui est vraiment à lui ou pas.

Dieu n’a pas rejeté son peuple (Rm 11 v 1) : au moment de Pentecôte (qui accomplit Ez 36 v 27), la naissante assemblée du Messie se compose uniquement de Juifs qui l’ont reconnu. Puis se joint à cette assemblée une foule d’Israélites de Jérusalem, de Judée, de toute contrée. Et ensuite des non juifs, Samaritains, Romains comme Corneille, gens de diverses ethnies. Pour tous, Juifs ou pas, le Dieu et Père du Seigneur Jésus-Christ est le Dieu d’Israël.

 

C’est ce qu’illustre l’image de l’olivier.

(Rm 11 v 16 à 24).  Israël est comme un olivier cultivé ; sa racine c’est le Dieu d’Abraham, Dieu saint qui sanctifie les branches ; de Dieu a germé Christ le vrai cep ; son Esprit est la sève. L’image de l’olivier avertit les disciples non juifs (branches d’olivier sauvage) greffés parmi les Juifs croyant en Yéshua (branches naturelles), de ne pas s’enorgueillir en voyant que d’autres Juifs (branches naturelles) ont été retranchés à cause de leur non-foi. L’olivier ainsi retravaillé figure l’union entre ‘le reste’ et des païens ayant reçu la grâce. À ces derniers il est commandé de craindre en considérant la bonté et la sévérité de Dieu qui est puissant pour regreffer les Juifs s’ils reviennent à la foi, et pour retrancher des non juifs s’ils ne demeurent pas dans sa bonté.

Sanctifié par les interventions souveraines de Dieu, qui continuent envers Juifs et non juifs, l’olivier figure un seul corps nouveau que par sa croix Jésus a créé en sa personne, à partir des deux (Eph 2 v 15-16). C’est la règle (Gal 6 v 16) d’appartenance à Dieu : être une nouvelle créature (v 15) par la croix de Christ (v 14). Cette règle définit ce qu’est ou pas le peuple de Dieu, auparavant défini par la circoncision ou l’incirconcision (v 15). En ligne avec cette règle se dessine dans la Bible « l’Israël de Dieu ». Car la circoncision est celle du Christ (Col 2 v 11) et Christ est notre Pâque (1 Co 5 v 7).

 

La non-foi en Yéshua a provisoirement éloigné Israël de l’alliance nouvelle qui est pour lui.

Rappelant qu’il est venu de Dieu, Yéshua prédit : votre maison vous sera laissée déserte, jusqu’à ce que vous disiez : béni soit celui qui vient au nom du Seigneur (Mt 23 v 38-39). C’est une tragédie collective et durable qu’il annonce en pleurant (Lc 19 v 41), et il explique : il ne restera pas ici pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visité (v 44). Réduisant la bénédiction divine à ses effets terrestres, voulant un messie libérateur politique, Israël a été globalement déçu du Messie dont le royaume n’est pas de ce monde. L’endurcissement contre Yéshua, pourtant espérance d’Israël (Act 28 v 20), s’est soldé en drame matériel et national (deuxième destruction de Jérusalem puis deuxième dispersion) où l’on a surtout manqué l’alliance nouvelle.

Mais, mystère de la grâce, par leur chute le salut a été donné aux païens (Rm 11 v 12), par leur mise à l’écart Dieu ouvre sa réconciliation au monde (v 15, cp Act 28 v 28). Jésus avait dit : jusqu’à ce que, pour indiquer une mise à l’écart provisoire. Paul suit : je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous regardiez pas comme sages : il y a endurcissement partiel d’Israël jusqu’à ce que la plénitude des païens soit entrée (Rm 11 v 25) ; et ainsi tout Israël sera sauvé (v 26). C’est vraisemblablement ce tout Israël qui est peint comme les douze mille de chaque tribu d’Israël (Ap 7 v 4), et comme devenu un avec une foule de toute nation (v 9), pour une commune louange (v 10).

Dans cette perspective, la deuxième dispersion donne lieu à un deuxième retour concernant Israël aujourd’hui.  (voir un prochain article)

 

Conclusion.

L’Israël de Dieu est connu de lui seul, il est rassemblé par l’Esprit de Dieu et de Jésus, en vue de la cité céleste de Dieu.