Qui sera en vraie bénédiction à son entourage, sinon celui qui admire la merveille qu’est la bénédiction de Dieu ? Voici une vue globale de ce que la Bible en montre.

première partie

C’EST DIEU QUI BÉNIT

 

Ce que tu bénis, ô Éternel, est béni pour l’éternité (1 Chr 17 v 27). Les contextes où l’AT emploie le mot, distinguent nettement entre la bénédiction de Dieu et celle d’un homme. L’une est réalité céleste, l’autre est prière bienveillante (parfois simple simple salutation, 2 Rois 4 v 29).

 

Dieu bénit : il soutient ce qu’il a créé et donne un avenir.

Au début le verbe bénir a une portée limitée : les animaux marins, Dieu les bénit en disant : soyez féconds, multipliez et remplissez les eaux des mers, et que les oiseaux multiplient sur la terre (Gn 1 v 22). Sur des êtres à qui il a donné vie, Dieu – par son autorité de Créateur – prononce le développement prévu.

Ensuite, quand il crée à son image l’homme et la femme, Dieu les bénit et Dieu leur dit : soyez féconds, multipliez-vous (Gn 1 v 28). Ici, le texte précise : Dieu leur dit. Autorisant leur développement, la bénédiction est pourtant différente : Adam et Ève n’en sont pas bénéficiaires inconscients mais ils la comprennent. Ils se voient offrir une participation : soumettez, dominez sur les poissons… (id). Et une explication : je vous donne tout herbe porteuse de semence, ce sera votre nourriture (v 29).

Enfin, quant il cessa toute l’œuvre créée, Dieu bénit le septième jour et le sanctifia (Gn 2 v 3), il mit sur lui son empreinte divine. Ici, Dieu fait bien plus que soutenir le vécu des hommes, il leur prépare un jour de communion avec lui (à terme le jour de Christ).

 

La parole du Créateur bénit, elle le fait connaître en tant que Dieu.

Le fait que Dieu bénisse en parlant souligne, dans le contexte, qu’il est le seul dont la parole crée (celle des hommes aura un effet, bon ou mauvais, mais la Bible ne la dit jamais créatrice). Il faut éviter les raccourcis : pour nous, bénir ne se réduira pas à parler. Le verbe hébreu bénir (bârak) n’est pas lié à dire, mais étonnamment à genou ; les lecteurs humains de Genèse entendent donc la bénédiction comme résultant, non du fait de parler, mais du fait que c’est Dieu, celui devant qui on fléchit le genou (ex. Ps 95 v 6).

Après le déluge, la bénédiction est renouvelée à Noé et ses fils : soyez féconds, multipliez (Gn 9 v 1). Mais, jusqu’à aujourd’hui, la seule promesse de Dieu à tout être vivant c’est de pouvoir naitre et vivre sans déluge (v 11). Au début, la bénédiction de Dieu n’était pas conditionnée à un comportement de l’homme, car il n’y avait pas de péché. Mais après la rupture, elle sera largement conditionnelle. Ainsi, en résumant un millénaire de vies humaines le texte de Genèse n’emploie plus le mot bénir, jusqu’à l’appel d’Abram.

 

Depuis Abraham et jusqu’à la fin, Dieu bénit en lien avec l’élection et l’alliance.

Là, le mot ‘bénir’ abonde puisque Dieu révèlera son dessein. Dieu dit à Abram : je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, deviens donc source de bénédiction ; je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi (Gn 12 v 2-3). Bénédiction donnée avec un appel (va t’en vers le pays que je te montrerai, v 1) qui débouche sur : l’Éternel apparut à Abram (v 7). Souveraine, cette bénédiction est cependant liée à l’obéissance (Abram partit comme l’Éternel le lui avait dit, v 4) et à la foi : Abram crut en l’Éternel, qui le lui compta comme justice (Gn 15 v 6).

Élection, alliance, la bénédiction de Dieu est spirituelle, éternelle (Gn 17 v 7). Elle inclut le shalom de Dieu. Ses effets physiques ou matériels sont accordés dans le cadre de l’alliance : je bénirai Sara et je te donnerai d’elle un fils (Gn 17 v 16), ou : Isaac sema dans ce pays et récolta cette année le centuple, car l’Éternel le bénit (Gn 26 v 12-13). Au long des siècles l’Éternel bénit par approbation envers Israël qui garde son alliance (Dt 7 v 13 et 28 v 2-6). Les autres humains, Dieu ne les bénira qu’à condition qu’ils bénissent Abraham (l’élu), ou soient bons envers quelqu’un de l’alliance (Gn 39 v 5) ; d’autres exceptions sont de rares personnes que Dieu qualifie de justes. Hormis cela, quand l’AT dit que l’Éternel bénit, ça concerne uniquement ceux qui sont dans l’alliance.

Pourtant : Dieu nous bénit, et toutes les extrémités de la terre le craignent (Ps 67 v 8). En distinguant Israël, le Seigneur se signale aux autres peuples comme le seul Dieu qui bénit, et qu’ils pourront reconnaître. Ainsi, les compassions de l’Éternel sont sur toutes ses œuvres (Ps 145 v 9) et il rassasie à souhait tout ce qui a vie (v 16), toutefois l’AT ne qualifie pas cela de bénédiction. Le mot est réservé à ce qui touche l’alliance où sera donné le Sauveur. Cette exclusive sera confirmée par Jésus : nul ne vient au Père que par moi.

 

 

deuxième partie

LA BÉNÉDICTION DE DIEU DANS LE NT

 

Toutes les nations de la terre se diront bénies par ta descendance.

(Gn 22 v 18)  Promesse réaffirmée quand Abraham accepte de sacrifier son fils. Promesse que le NT répète : la bénédiction d’Abraham a pour les païens son accomplissement en Jésus Christ (Gal 3 v 14). Il faut le savoir, le NT prolonge fidèlement la notion de bénédiction révélée dans l’AT : Dieu bénit ceux qu’il appelle à son alliance et qui la gardent. Ainsi, le NT emploie le verbe grec eulogéô (bénir), non d’abord avec le sens usuel (parler le bien) mais avec le même sens que l’hébreu bârak (de genou).

 

Le NT mentionne la bénédiction de Dieu uniquement en rapport avec le don de son Fils.

Par son seul sang on est dans l’alliance nouvelle (remède à la rupture), par son seul nom d’autres y sont appelés. C’est la bonne nouvelle. La bénédiction de Dieu c’est le salut donné en Jésus-Christ, l’Élu dont l’élection d’Abraham était l’indicateur. Vous êtes les fils de l’alliance que Dieu a traitée avec Abraham : toutes les familles de la terre seront bénies en ta descendance (Act 3 v 25), Christ. Il vous bénit en détournant chacun de ses iniquités (Act 3 v 26). Là seulement il donne la paix. La coupe de bénédiction, c’est celle de la communion au sang de Christ (1 Co 10 v 16).

Dans l’alliance nouvelle, la bénédiction de Dieu est une réalité spirituelle, céleste, christocentrique : Dieu nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les hauts cieux en Christ (Eph 1 v 3). Hériter la bénédiction (2 Pi 3 v 9b) commence ici-bas, sous condition de s’éloigner du mal (v 10-12). Hériter la bénédiction sera complet au jour de Christ : venez, vous qui êtes bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé (Mt 25 v 34). Contrairement à l’AT, le NT n’emploie jamais le mot bénédiction pour des bienfaits matériels ni pour le fait que Dieu donne aux païens la vie, le souffle, et toutes choses (Act 17 v 25). Le mot bénédiction est lié au salut éternel en Christ.

 

‘Jésus bénit’ prolonge ‘Dieu bénit’.

Sans doute parce que c’est celle de Dieu, la bénédiction de Jésus n’est que sobrement rapportée : le NT n’a que quatre textes où Jésus bénit quelqu’un (sans paroles). Un. Jésus en tant qu’envoyé du Père bénit les enfants du peuple auquel a été promise la nouvelle alliance : il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains (Mc 10 v 16). Deux. Avant son ascension Jésus bénit ses disciples qui l’ont reconnu pour le Messie : il les conduisit jusque vers Béthanie et, ayant levé les mains, il les bénit (Lc 24 v 50). Trois. Son ministère est résumé ainsi : Dieu l’a envoyé pour vous bénir, en détournant chacun de vous de ses iniquités (Act 3 v 26). Quatre. En lien avec le service de l’Évangile, Paul écrit : je sais qu’en allant vers vous, c’est avec une pleine bénédiction de Christ que j’irai (Rm 15 v 28-29).

 

 

troisième partie

DANS LA BIBLE LES CROYANTS BÉNISSENT

 

Dans tout l’AT les fidèles bénissent le nom de l’Éternel.

Au sens premier et plein, Dieu seul bénit. Alors que signifie : bénissez l’Éternel ? Simplement que la bénédiction de Dieu est une telle grâce et un tel salut, qu’elle nous fait adorateurs. Sa bénédiction nous met à genou. D’évidence, bénir Dieu c’est reconnaître de cœur sa bénédiction, élever notre âme vers lui qui bénit. Ensuite seulement, c’est le reconnaître des lèvres. C’est reconnaître son amour fidèle dans le cadre de l’alliance (Gn 24 v 27), le reconnaître dans notre vécu personnel : béni soit l’Éternel car il écoute la voix de mes supplications (Ps 28 v 6). C’est reconnaître sans ingratitude celui qui bénit : mon âme, bénis l’Éternel et n’oublie aucun de ses bienfaits (Ps 103 v 2). Exemple significatif : bénir l’Éternel c’est lui rendre grâce de pouvoir manger (Dt 8 v 10).

 

C’est la même chose dans tout le NT.

Jésus lui-même bénit Dieu pour la nourriture (Mc 6 v 41). Surtout, dans le NT, bénir Dieu c’est d’abord reconnaître le don de son Fils : ils criaient : hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur (Mc 11 v 9). Et : béni soit Dieu le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui selon sa grande miséricorde nous a régénérés pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts (1 Pi 1 v 3). Bénir Dieu c’est faire écho à la bénédiction de Dieu, la ‘rendre’ à sa source : pendant qu’il les bénissait, il fut enlevé au ciel (Lc 24 v 51), résultat : ils retournèrent à Jérusalem … et bénissaient Dieu (v 52). Toute la Bible atteste que Dieu donne du prix au fait que ses fidèles le bénissent.

 

Dans l’AT des fidèles bénissent les fidèles.

Un exemple frappant est celui d’Isaac bénissant Jacob, mais ne pouvant bénir pareillement Ésaü (Gn 27 v 38-40). Sur celui que Dieu a choisi (Gn 25 v 23), Isaac ne fait que transmettre ce que Dieu a mis dans l’alliance : maudit soit celui qui te maudit, béni soit celui qui te bénit (Gn 27 v 29). Autre exemple, les termes que l’Éternel enseigne à Aaron et ses fils (les souverains sacrificateurs à venir) : vous bénirez ainsi les Israélites, vous leur direz : que l’Éternel te bénisse et te garde, que l’Éternel fasse briller sa face sur toi et t’accorde sa grâce, que l’Éternel lève sa face vers toi et te mette la paix ! Et Dieu ajoute : c’est ainsi qu’ils mettront mon nom sur les Israélites et je les bénirai (Nbr 6 v 22 à 27). Cette bénédiction est clairement pour le peuple de Dieu, dont le nom ne peut être mis sur des gens hors de l’alliance. À Aaron, Dieu fait prononcer des paroles, mais des paroles qui disent que c’est l’Éternel qui bénit.

 

Dans le NT, les saints bénissent des humains.

Le NT mentionne sept fois qu’un fidèle bénit autrui.  Un, remplie d’Esprit Saint, Élisabeth crie à Marie enceinte : tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni ! (Lc 1 v 42).  Deux, conduit par l’Esprit vers les parents de Jésus nourrisson, Siméon les bénit, prophétisant aussi ce que provoquera la mission de Jésus (Lc 2 v 34).  Trois, à ses disciples Jésus indique un rapport entre aimer, faire du bien, bénir, prier : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent (Lc 6 v 27-28).  Quatre, ce rapport est redit en Mt 5 v 44 (sauf certains manuscrits).  Cinq, il est précisé de ne pas soi-même maudire : bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas (Rm 12 v 14).  Six, c’est vécu : insultés, nous bénissons (1 Co 4 v 12).  Sept, bénir les malfaisants est mis en corrélation avec hériter la bénédiction de Dieu : ne rendez point mal pour mal ou injure pour injure ; bénissez au contraire, car c’est à cela que vous avez été appelés afin d’hériter la bénédiction (1 Pi 3 v 9).  L’ensemble est lié à la venue du Messie, et à la manière dont ses disciples vont le manifester aux opposants.

Note : ici les verbes bénir et maudire ne sont pas employés au sens plein qui appartient à Dieu (lui seul sauve ou condamne), mais au sens relatif : plutôt que souhaiter aux pécheurs la condamnation divine, un disciple leur répond avec quelque chose qui vient du Sauveur, sans rester au niveau humain (soit médire et insulter, soit dire du bien d’eux).

 

Conclusion.

L’Éternel se souvient de nous : il bénira, il bénira la maison d’Israël, il bénira la maison d’Aaron, il bénira ceux qui craignent l’Éternel (Ps 115 v 12-13), c’est à dire : il bénit son peuple, son culte, les païens venant à lui.

(notre contribution à leur venue est le sujet de :  POUR NOUS, QUE SIGNIFIE ‘BÉNIR AUTRUI’ ?).

 

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