C’est en priant Dieu que Jésus a dit : la vie éternelle c’est qu’ils te connaissent toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ (Jn 17 v 3). Que signifie « connaître Dieu » ? Différentes réponses peuvent venir à la pensée.  Ici, Jésus fait le lien avec lui-même, accrédité par Dieu afin qu’il donne la vie éternelle aux élus (v 2). Pour eux, tout ce qui ne mène pas à la vie éternelle, ne sera pas « connaître Dieu ».

 

première partie

CONNAÎTRE DIEU PAR LA FOI

Non par intellect ou par affect seulement, mais par la foi.

La Bible peut employer le verbe connaître au sens d’un savoir, exemple : Judas connaissait le lieu (le jardin de Gethsémané) (Jn 18 v 2). Ce n’est pas dans ce sens qu’on saisira ce que signifie connaître Dieu. Car le fait d’intégrer des éléments de savoir, même au sujet de Christ, ne donne pas la vie éternelle. Encore moins un savoir au sujet de soi : « connais-toi toi même » (Socrate) est psychologiquement utile, mais n’est pas la clé pour connaître Dieu. C’est l’inverse ; et le texte biblique donne infiniment moins de poids à « se connaître » qu’à « connaître Dieu ».  La Bible peut aussi employer le verbe connaître au sens d’union intime : Adam connut Ève sa femme et elle devint enceinte (Gn 4 v 1). Ce n’est pas non plus dans ce sens qu’on saisira ce que signifie connaître Dieu. Car aucun texte mentionnant « Christ et l’Épouse » ne relie ce mystère à nos expériences personnelles avec Dieu, mais à un statut collectif (Eph 5 v 32) et futur (Ap 21 v 9 à 14).

Dans le texte biblique, « connaître Dieu » est relié à autre chose. Paul écrit : mon but est de le connaître lui (Christ), et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort (Phil 3 v 10). Pour Paul, connaître Christ est relié à la croix agissant en nous, relié à la délivrance du péché et à la vie éternelle.

 

C’est Dieu qui se fait connaître.

1 Samuel emploie le verbe de deux manières.  D’une part : les fils d’Éli étaient des vauriens, ils ne connaissaient pas l’Éternel (1 Sam 2 v 12). Non qu’ils ne savaient rien de lui ; en effet leur père était sacrificateur de l’Éternel, et ils connaissaient son culte. Dans leur cas, ne pas connaître l’éternel signifiait qu’ils ne lui obéissaient pas (voir les v 13 à 17).  D’autre part : Samuel ne connaissait pas encore l’éternel, et la parole de l’Éternel ne lui avait pas encore été révélée (1 Sam 3 v 7). Le jeune Samuel savait des choses au sujet de Dieu puisqu’il était au service de l’Éternel auprès d’Éli (v 1), toutefois Dieu ne lui a parlé qu’ensuite.

Les fils d’Éli et Samuel vivent dans le même cadre, les uns n’accueillent pas en leur conscience la majesté de Dieu, l’autre l’accueille. Pour lui il y aura ‘rencontre’ parce qu’il y aura ‘écoute’ : parle Éternel, car ton serviteur écoute (v 9).  L’orientation du cœur compte devant Dieu, toutefois elle n’est pas la clé pour le connaître ; la clé c’est la voix de Dieu. Quand il appelle (v 4, 6, 8, 10), on commence à le connaître, dans l’homme intérieur.

Ainsi, la connaissance qu’Israël a de Dieu sur quatre millénaires de foi en lui, a commencé par : l’Éternel dit à Abram (Gn 12 v 1), et : l’Éternel apparut à Abram (v 7).  De même, Pierre adresse sa deuxième épître à ceux qui ont reçu en partage une foi du même prix que la nôtre (2 Pi 1 v 1). Leur communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ (1 Jn 1 v 3) : communion filiale accordée par grâce.

 

On connaît Dieu par ses œuvres et sa parole.

La loi de l’Éternel englobe ses œuvres, son alliance, ses paroles. Aux bénéficiaires il dit : tu as donc été éclairé pour reconnaître que l’Éternel est Dieu, qu’il n’y en a point d’autre que lui … il t’a fait entendre sa voix pour t’instruire … il t’a fait voir son grand feu … il a aimé tes pères et choisi leur descendance … il t’a lui-même fait sortir d’Égypte … il a dépossédé devant toi des nations… (Dt 4 v 35 à 38).  Dieu poursuit en reliant reconnaître l’Éternel (v 39) et observer ses prescriptions (v 40). Et il aide : tous les sept ans tu liras cette loi à tout Israël … ils la connaitront, l’entendront, apprendront (Dt 31 v 10 à 13).  Selon Jésus, la loi contient la clé de la connaissance (Lc 11 v 52) ; on connaît Dieu par sa parole écrite. Selon Paul, connaître les écrits saints avec foi, mène au salut, et éduque. Il précise que la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole du Christ (Rm 10 v 17).  La loi de Dieu freine le mal, et façonne la conscience, surtout elle produit la foi. Là, ce qu’on sait vient par son Esprit de révélation et illumine les yeux du cœur (Eph 1 v 17-18).

 

Connaître Dieu est lié à l’amour, l’amour selon lui.

Celui qui aime connaît Dieu (1 Jn 4 v 7). Jean écrit « amour », non au sens où les païens aussi aiment ceux qui les aiment (Mt 5 v 46), mais au sens que Jésus donne à ce mot, c’est à dire : si vous gardez mes commandements vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les commandements de mon Père et que je demeure dans son amour (Jn 15 v 10).  Moïse avait déjà formulé ce rapport entre aimer et obéir : tu aimeras l’Éternel ton Dieu, et tu observeras toujours ses préceptes (Dt 11 v 1).

Quelle grâce, Dieu est connaissable dans l’alliance où il s’est révélé !  (mais quand on méprise la révélation, on développe soit l’idée que Dieu serait inconnaissable, soit l’idée qu’il n’y aurait ni péché ni perdition mais une fusion de tout avec lui)

 

 

deuxième partie

CONNAÎTRE DIEU EN MARCHANT AVEC LUI

 

On connaît Dieu au fur et à mesure qu’on lui obéit.

Prière de Moïse à l’Éternel : fais-moi connaître tes voies, alors je te connaitrai (Exd 33 v 13). Clairement, on connaît Dieu quand il enseigne sa manière d’agir et sa volonté.  La soif du cœur de Moïse compte vraiment, mais ce n’est pas elle qui fera sa connaissance de Dieu, c’est l’apprentissage des voies de Dieu (en hébreu, écouter et obéir sont un même verbe).

Les innombrables versets parlant d’obéir à Dieu ont pour sens profond de le connaître ! C’est pourquoi ils abondent aussi dans le NT.  Dieu fait écrire par Jérémie en quoi ça consiste : (Josias) pratiquait le droit et la justice, il jugeait la cause du pauvre … n’est-ce pas là me connaître ? (Jér 22 v 15-16). Et Dieu fait écrire par Jean : à ceci nous reconnaissons que nous l’avons connu : si nous gardons ses commandements (1 Jn 2 v 3), celui qui dit : je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur et la vérité n’est pas en lui (v 4). Dieu fait même écrire par Paul : dégrisez-vous et ne péchez pas, car quelques-uns n’ont pas la connaissance de Dieu, à votre honte (1 Co 15 v 34).

Son commandement est : croire et aimer (1 Jn 3 v 23). Pratiquer la justice et la miséricorde (Mt 23 v 23), aimer les frères (Jn 15 v 12), leur pardonner (Mt 18 v 35), témoigner de Christ (Act 1 v 8), s’abstenir de l’inconduite (1 Th 4 v 3), etc.  Pratiquer ça régulièrement se fait avec Dieu ! C’est marcher avec lui comme l’a fait Hénoc (Gn 5 v 22) tant apprécié par Dieu (v 24).  Quand on commence à connaître Dieu, on prie : Éternel, fais-moi connaître tes chemins (Ps 25 v 4).

 

Connaître Dieu c’est le reconnaître tel qu’il s’est fait connaître.

Puisque Dieu est premier, on ne peut le connaître qu’en le reconnaissant (en hébreu c’est le même verbe).  Dans les chapitres 25 à 39 d’Ézéchiel, Dieu multiplie une déclaration : on reconnaitra que je suis l’Éternel. Il le dit en conclusion de paragraphes annonçant ses jugements, soit sur telle nation, soit sur Israël. Il le dit en conclusion de paragraphes annonçant ses délivrances : quand je les ramènerai des pays de leurs ennemis, je serai sanctifié par eux aux yeux de beaucoup de nations (Éz 39 v 27). On reconnaitra que je suis l’Éternel, leur Dieu, qui les avait déportés chez les nations, et qui les réunit sur leur territoire (v 28).  Et Dieu déclare : je ne leur cacherai plus ma face (ce qui était une sanction, v 24), car je répandrai mon Esprit sur la maison d’Israël (v 29). C’est par son Esprit qu’ils vivront devant sa face, leur communion (sera) avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. (si Jean n’ajoute pas : et avec l’Esprit, c’est parce que Jésus avait dit : qu’ils te connaissent toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ, sans ajouter : et l’Esprit)

Mais, par l’Esprit Saint court l’exhortation : venez, retournons à l’Éternel ; car il a frappé mais il pansera … connaissons, cherchons à connaître l’Éternel (Osée 6 v 1-3).  S’il frappe, et délivre (Hb 12 v 6), c’est pour nous faire passer de ‘manquer Dieu’ (pécher) à : ‘connaître Dieu’.

 

Connaître Dieu tel qu’il se montre en Christ.

Tout ce qui précède culmine ici : Dieu n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous (Rm 8 v 32), et : le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui (Es 53 v 5).  Qui connaît Dieu ? Ceux qui reconnaissent qu’il a frappé Jésus pour leur justification, qui ainsi sont régénérés, et qui ainsi deviennent disciples : quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple (Lc 14 v 27).  Puisque l’Éternel déclare : par la connaissance qu’ils auront de lui, mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes (Es 53 v 11), Paul parle de connaître Christ en devenant conforme à lui dans sa mort (Phil 3 v 10).

C’est lui, Christ, qui assure : je vous ai aimés (Jn 15 v 9), et qui explique (après la croix) : moi je reprends et je châtie tous ceux que j’aime (Ap 3 v 19). C’est aussi lui qui, ultimement, punira ceux qui ne connaissent pas Dieu (2 Th 1 v 8), tels les fils d’Éli (cp. Jér 9 v 5).  Mais là où le Fils justifie, là on l’aime : celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu (1 Jn 4 v 7).

Là, être en communion avec Dieu n’exclut pas de porter la croix ; là on ne passe pas sous silence le péché présent ; on ne parle pas de ‘dépasser la croix’ ; ni de ‘mystique’ révélant plus que ce qui est écrit. Là on enseigne la grâce en Jésus-Christ, sans déduire que depuis la croix Dieu ne châtie plus.  Là on ne dessine pas un dieu humanisé, mais on apprend à connaître Dieu tel qu’il se révèle.

 

Garantie…

Jésus apporte une glorieuse caution à ceux qui le croient et le suivent : Père juste, le monde ne t’a pas connu … mais ceux-ci ont connu que tu m’as envoyé (Jn 17 v 25 ).  Et il formule une glorieuse promesse : je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître (v 26). Il est en train de le faire, il nous a pris en apprentissage, jusqu’au grand Jour !  Car aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu (1 Co 13 v 12).

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voir aussi :   » Il y a des disciples parce qu’il y a le Maître  »