Pourquoi ne pas juste les lire séparément, mais réfléchir à leur tonalité d’ensemble ?  Premièrement, parce que ces lettres (Ap 2 et 3) ont un seul auteur, Jésus. Leur lecture produit la conscience qu’il est là et qu’il parle. Il dit 80 fois les mots je, ou mon, ma, mes (dans le grec). En chaque lettre, il va de : je connais, à : je donnerai.  Deuxièmement, ces lettres dégagent une tonalité d’ensemble parce qu’elles ont en commun la même structure et surtout le même enjeu de salut. Et parce que l’ensemble des sept églises constitue un prototype de tous les états dans lesquels une église peut être, depuis 2000 ans.  Troisièmement, voir en Ap 2 et 3 une tonalité d’ensemble, c’est trouver une réponse à la question : si le Seigneur Jésus était physiquement parmi nous, que dirait-il de notre église ?

(cet article fait suite à : IMPORTANCE DES LETTRES AUX SEPT ÉGLISES)

 

Comment Jésus nous voit-il ? 

La question concerne le collectif que forme chaque église aujourd’hui, avant de concerner l’individu. Même quand nous ne formulons pas explicitement la question, nous avons instinctivement un avis au sujet des qualités et défauts de notre église. Cet avis résulte de plusieurs facteurs, communautaires et personnels : notre éducation familiale, notre type de conscience, les focus de notre milieu ecclésial, les personnes que nous écoutons volontiers, ce que nous lisons, etc.  Nous vivons donc avec un ressenti, plutôt subjectif, qui soit nous inquiète soit nous rassure. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une conviction qui résulte des paroles de Jésus prises comme un tout, et donc résumables.

C’est justement là que les lettres aux sept églises aident. En tant que ‘bref testament’ adressé à toute église, elles résument comment Jésus nous voit. Leur ton global nous fournit une référence simple mais pas simpliste. À leur lecture, nous saurons où notre regard sur l’église est proche de celui de Jésus, et où il en est fort éloigné.

 

Thème global des sept lettres : aimer, croire, faire.

Ou : son amour, sa Parole, ses œuvres. Cela est à prendre non comme trois thèmes indépendants, mais comme aide mémoire d’une tonalité globale. (tous les extraits de versets ci-dessous sont d’Ap 2 et 3)

Amour.  Celui qui aime d’abord, c’est Christ. Amour qui prend parti pour l’église (ils reconnaitront que je t’ai aimé), qui compatit (tu as souffert à cause moi). Amour qui voit (je connais tes œuvres), encourage (tiens ferme ce que tu as), félicite (tu ne n’es pas lassé), oriente (je viens bientôt). Et qui préserve (je te garderai de la tentation sur le monde entier). Amour qui réprimande (j’ai contre toi que…), sanctionne (je corrige ceux que j’aime), commande (repens-toi, affermis le reste).  Celle qui aime ensuite, c’est l’église (ton premier amour). Amour qui l’attache à Christ (tu n’as pas renié mon nom), et que Jésus voit (je connais ton amour). Amour qui doit rester moteur premier (pratique tes premières œuvres).

Parole.  Elle est la vérité qui doit être crue. Jésus félicite (tu as gardé ma parole) et commande (garde la parole). Parole à confesser (tu n’as pas renié ma foi). Et à suivre : Jésus pointe des anomalies ponctuelles (certains maintiennent la doctrine de Balaam, ou des Nicolaïtes), et une déviance instituée (tu laisses Jézabel enseigner). Parole qui censure les doctrines de démons (idoles et débauche).  La vérité doit être aussi dans les personnes (tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas). Jésus identifie même de faux croyants (ils se disent Juifs et ne le sont pas). La vérité est aussi morale (tu as de la haine pour les œuvres des Nicolaïtes, moi aussi).  Le tout en perspective de la gloire (jusqu’à ce que je vienne).

Œuvre (c’est obéir à Dieu, dire l’évangile, aider autrui).  L’église manifeste amour et vérité par sa pratique concrète. Témoignage local (je sais où tu demeures), travail, service : tout provient de Dieu. Jésus complimente foi et persévérance, et aussi les demande. Avec exigence (sois fidèle jusqu’à la mort) mais sans pression (tu as peu de puissance).  Quand l’église s’aveugle et oublie la Parole, des œuvres renommées masquent une mort de la piété (je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu). Pas chez tous, heureusement (quelques hommes n’ont pas souillé leurs vêtements).

(comp. avec 1 Jn 3 v 23 ou Jn 14 v 31)

 

Ton global des sept lettres : compliments et reproches, encouragements et ordres.

Par comparaison, quel est le ton global du christianisme ?  Selon le milieu dont nous sommes issus, notre regard puis nos exhortations – censés venir du Seigneur – n’incluent aucun compliment. Comme si le danger pour l’église était qu’une approbation la pousse à l’orgueil.  En d’autres milieux, notre regard puis nos exhortations – censés venir du Seigneur – n’incluent aucune réprobation. Comme si en église la sagesse consistait à taire qu’une pratique ou doctrine trahit la Bible.  La solution n’est pas dans un rééquilibrage humain, mais dans la voix de Jésus ! Que loue-t-il dans les sept lettres ? Et que reproche-t-il ?

Le Seigneur Jésus félicite ses églises pour leur œuvre, leur persévérance, leur résistance aux menteurs, leur haine des souillures. Il les loue de souffrir pour lui, d’être fidèles, riches. Il les complimente de garder sa parole, ne pas renier son nom, ne pas suivre le mal. Il loue leur amour, leur foi, leur pureté. Quand Jésus les félicite, il leur commande aussi de garder sa parole, rester fidèle, tenir ferme.  Note : seules deux églises ne reçoivent aucun éloge, Sardes (à part quelques individus) et Laodicée.

Le Seigneur Jésus reproche à ses églises le mensonge, un refroidissement de leur amour, une doctrine corrompue, un enseignement qui séduit, et favorise l’idolâtrie. Jésus avertit (je les combattrai par l’épée de ma bouche), distinguant parfois entre collectif et individus. Il dénonce une façade, un abandon de la Parole, des souillures. Il condamne la tiédeur, l’orgueil, l’aveuglement. Quand Jésus réprimande, il ordonne de se repentir (dans 5 lettres sur 7), de pratiquer ses œuvres à lui, d’affermir ce qui reste (il dit : j’ai contre toi… et non : je suis contre toi).  Note : seules deux églises ne reçoivent aucun reproche, Smyrne et Philadelphie.

 

 

Enjeu commun aux sept lettres : selon Jésus, que signifie ‘vaincre’ ?

Bien des ministères aujourd’hui vantent leurs ‘clefs pour être vainqueur’. Mieux vaut écouter ce que dit l’Esprit de Jésus !  Il conclut chaque lettre par cette promesse : au vainqueur, je donnerai… Avant de voir ce qu’il promet, nous devons voir qui est qualifié de vainqueur par Jésus : au vainqueur, à celui qui garde mes œuvres jusqu’à la fin (Ap 2 v 26). Dans le contexte de chaque lettre, est vainqueur l’église qui faisait déjà ce que Jésus a approuvé dans cette lettre, qui se repent de ce qu’il a contre elle, et qui ensuite fait ce que Jésus ordonne dans la lettre. Et le Seigneur précise : jusqu’à ce que je vienne (v 25).  Comp. avec : j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi (2 Tim 4 v 7).

D’après la lettre à Éphèse, est vainqueur l’église qui ne perd pas son amour de convertie, qui se repent si elle l’a perdu, qui hait l’impureté.  D’après la lettre à Smyrne, est vainqueur l’église qui reste fidèle à travers les tribulations et malgré la persécution causée par le diable.  D’après la lettre à Pergame, est vainqueur l’église qui retient le Nom malgré Satan, s’oppose aux doctrines idolâtres, s’en repent.  D’après la lettre à Thyatire, est vainqueur l’église qui aime croit et agit, censure les prophètes d’idolâtrie, tient ferme.  D’après la lettre à Sardes, est vainqueur l’église qui retrouve la Parole telle que reçue, s’affermit et se repent, ne se souille pas.  D’après la lettre à Philadelphie, est vainqueur l’église qui, bien que faible, garde sa parole, sans le renier, se laisse aimer, persévère.  D’après la lettre à Laodicée, est vainqueur celui qui revient à Christ pour la vraie richesse, se laisse corriger, se repent.

 

Espérance globale des sept lettres : le salut éternel.

Au vainqueur, je donnerai…  Ce que Jésus promet à chacune des églises, est conditionné au fait que cette église aura été vainqueur. Et surtout, lié au trait sous lequel Jésus s’est présenté à cette église. Mises bout à bout, les sept promesses dépeignent le salut.

À Éphèse, si elle retrouve son premier amour, « celui qui tient les sept étoiles dans sa droite » donnera à manger de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu (Ap 2 v 7).  À Smyrne, « celui qui est le premier et dernier, qui était mort et est revenu à la vie » promet qu’elle ne sera pas touchée par la seconde mort (Ap 2 v 11).  À Pergame, si elle se repent d’une idolâtrie, « celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants » donnera de la manne cachée, un caillou blanc, un nom nouveau (2 v 17).  À Thyatire, après avoir jugé la séductrice, « le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu et les pieds comme du bronze » donnera autorité sur les nations, donnera l’étoile du matin (2 v 26-27).  À Sardes, si un reste revient à la Parole, « celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles » promet des vêtements blancs, de ne pas l’effacer du livre de vie, et de le confesser devant son Père (Ap 3 v 5).  À Philadelphie, « le Saint, le Véritable, celui qui a la clé de David, celui qui ouvre et nul ne fermera » promet de faire d’elle une colonne dans le temple de Dieu, d’écrire sur elle le nom de Dieu, de Jérusalem, et son nom nouveau (3 v 12).  À Laodicée, si des membres lui ouvrent leur porte, « l’Amen, le témoin fidèle et véritable, l’auteur de la création de Dieu » promet de les faire asseoir avec lui sur son trône, comme lui avec son Père (3 v 21).

Un si grand salut ! (Hb 2 v 3) : arbre de vie et paradis (Éphèse), pas de mort (Smyrne), manne cachée et nom nouveau (Pergame), union à Christ et son autorité (Thyatire), vêtement blanc, livre de vie et être introduit par Jésus devant le Père (Sardes), être dans le temple de Dieu, et marqué de son nom (Philadelphie), être associé au règne de Jésus (Laodicée).

 

En résumé.

L’enjeu global des sept lettres est clairement notre salut éternel, être introduits par Jésus dans le paradis de Dieu et non vomis de sa bouche. Dans ce but, le Seigneur Jésus nous indique en quoi consiste être vainqueur. Et nous démontre son amour qui félicite et reproche. Et nous conduit à aimer, croire, faire.  Plus utiles que les meilleurs audits, les sept lettres disent quel est le regard de Christ sur nos églises. Aujourd’hui et jusqu’à ce qu’il vienne (Ap 2 v 25). Sur une année (par exemple) de prédications dans nos églises, le ton global d’Ap 2 et 3 doit se retrouver. Alors nos ministères servent vraiment la Parole que Christ nous adresse.

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