Il s’agit des lettres que le Seigneur Jésus a fait écrire par l’apôtre Jean à sept églises du premier siècle en Asie mineure (Ap 2 et 3). De prochains articles traiteront de ce qui est spécifique à chaque lettre, mais il faut considérer aussi ce qu’elles ont en commun : leur importance (ici), et leur tonalité (article suivant : TONALITÉ DES LETTRES AUX SEPT ÉGLISES).
Heureux celui qui lit.
Comme l’Apocalypse entier, les lettres aux sept églises sont introduites par une promesse toute simple : heureux celui qui lit et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui s’y trouve écrit (Ap 1 v 3). L’importance des sept lettres ne peut être affirmée de manière plus encourageante !
Jésus les annonce d’une voix forte comme le son d’une trompette (Ap 1 v 10, une trompette retentit pour du solennel). Il crie à Jean : ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept églises : à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, à Laodicée (v 11). Ce qui leur sera envoyé c’est l’ensemble de l’Apocalypse, et c’est d’abord une vision que Jésus accorde de lui-même tel qu’il est dans le ciel. C’est cette vision qui fonde l’importance des sept lettres.
Importance, parce que les sept lettres viennent de Jésus glorifié.
À Jean, il fait voir d’abord sept chandeliers d’or (Ap 1 v 12). Bien connu, le chandelier du Tabernacle imageait le peuple rencontrant l’Éternel (Exd 40 v 24) et conduit par son Esprit (Za 4 v 2-6). Ici, l’image est amplifiée par le fait qu’il y a sept chandeliers, dont Jésus dira qu’ils sont les sept églises (Ap 1 v 20). Et c’est au milieu d’elles que le Seigneur se montre !
Il se montre comme un fils d’homme (v 13), celui qu’Ézéchiel a vu au-dessus du trône (Ez 1 v 26), celui dont la domination est éternelle (Dn 7 v 13-14). Tel Dieu (Es 6 v 1), il est vêtu d’une longue robe (Ap 1 v 13). Tel Dieu (Dn 7 v 9), sa tête et ses cheveux sont blancs comme neige ; tel Dieu (Za 3 v 9 et 4 v 10), il a les yeux comme une flamme de feu (Ap 1 v 14). Ses pieds (sa venue) sont comme du bronze en fusion dans une fournaise (Ap 1 v 15) : tel l’Éternel qui juge, son jour est comme le feu du fondeur (Mal 3 v 2, 19). Tel Dieu (Ez 1 v 24), sa voix est comme la voix des grandes eaux (Ap 1 v 15). Il est Parole de Dieu (Hb 4 v 12), de sa bouche sort une épée acérée à deux tranchants (Ap 1 v 16). Son visage est comme le soleil qui brille en sa puissance (Ap 1 v 16, cp. Mt 17 v 2). Il est semblable à un homme mais sa tenue, sa tête, ses yeux, ses pieds, sa voix, sa bouche, son visage… sont décrits tels que l’Écriture évoque Dieu !
C’est lui qui a dans sa droite sept étoiles (Ap 1 v 16 cp. Jn 1 v 51), les anges des sept églises (v 20), anges qui sont au service de Dieu (cp. Hb 1 v 14) en faveur des élus (et non au service des élus). Voir Jésus ainsi, décuple en Jean la crainte de l’Éternel : je tombai à ses pieds comme mort (Ap 1 v 17). Tel Dieu (Exd 20 v 20) sauveur redoutable, Jésus pose sur Jean sa droite et dit : sois sans crainte. Tel Dieu (Ap 1 v 8), il est le premier et le dernier, le vivant (Ap 1 v 18). Il affirme : j’étais mort, et me voici vivant aux siècles des siècles, et je tiens les clés de la mort et du séjour des morts (id.). De ce Jésus viennent les lettres aux sept églises.
Importance encore, parce que Jésus ramène chaque église à un trait de sa gloire.
Chacune des sept lettres commence par : voici ce que dit celui qui… ou : voici ce que dit le… Il s’agit bien sûr de Jésus. Sept fois, il se présente en rappelant un trait de la vision accordée en Ap 1. À chaque église, dans l’état où elle se trouve alors, Jésus demande de bien prendre en compte qui il est. Non pas qu’il se définisse par rapport à cette église, mais il lui indique à quel trait particulier de sa majesté elle doit se confier (noter le tu collectif) : Chaque trait rappelle que Jésus est la source des choses qu’il approuve en cette église, et aussi la ressource pour ce qu’il lui ordonne, et aussi le remède contre ce qui a égaré cette église. En voici un survol.
Éphèse, destinataire d’amples félicitations et blâmée pour l’abandon de son amour initial, est ramenée à celui qui tient les sept étoiles dans sa droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers (Ap 2 v 1). Lui, roi des anges et des élus, sauvegardera cette église, et fondera sa repentance. Smyrne, fidèle et persécutée, est consolée par celui qui est le premier et dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie (2 v 8). Lui, Dieu mais crucifié, la maintiendra fidèle jusqu’à la mort. Pergame, très exposée au mal, est ramenée à celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants (2 v 12). Lui, Parole de Dieu, préservera cette église contre Satan, et l’épurera d’une fausse doctrine. Thyatire, approuvée mais séduite par l’idolâtrie, est ramenée vers le Fils de Dieu, celui qui a les yeux comme une flamme de feu, et les pieds semblables à du bronze (2 v 18). Lui seul, par sa majesté et ses jugements, sera garant pour cette église. Sardes, morte d’avoir écarté la Parole reçue d’en haut, est ramenée à celui qui a les sept Esprits de Dieu, et les sept étoiles (Ap 3 v 1). Lui, autorité céleste, sera l’unique chance de cette église. Philadelphie, faible mais sans reproche, est attirée vers le Saint, le Véritable, celui qui a la clé de David, celui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira (3 v 7). Lui, porte divine et chef de cette église, la préservera pour Dieu. Laodicée, pitoyable mais se croyant riche, est ramenée vers l’Amen, le témoin fidèle et véritable, l’auteur de la création de Dieu (3 v 14). Lui, la vérité et la vie, rattrapera en cette église les membres qui s’ouvriront à lui.
Importance enfin, parce que les sept églises figurent l’Église universelle.
Le fait qu’il y ait sept églises signale, non la perfection (vu le contenu des lettres) mais la totalité des églises de Christ. Plutôt que segmenter l’Histoire de l’Église en périodes successives, les sept églises d’Asie mineure figurent ensemble l’Église universelle au long des siècles et jusqu’au Jour de Christ. Elles sont comme sept prototypes des églises de tout temps et tout lieu, dans les divers états où ces dernières se trouveront. Éphèse peut figurer toute église fidèle mais de devoir. Smyrne peut figurer toute église persécutée. Pergame peut figurer toute église située en une culture que Satan régente particulièrement. Thyatire peut figurer toute église aimante mais friable à la séduction mystique. Sardes peut figurer toute église qui se détourne de la Révélation. Philadelphie peut figurer toute église lambda. Laodicée peut figurer toute église à la fois aveugle et présomptueuse. (détails dans de prochains articles)
Il semble en effet que, au long de son vécu, chaque église ou union d’églises sur terre puisse être visée tour à tour par la lettre à Éphèse par exemple, ou à Smyrne, etc. C’est probablement pour cela que Jésus répète à chaque église (au singulier) : que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises (au pluriel). Chacune doit entendre ce qu’il dit à toutes. Car, vu le texte des lettres, chaque église tour à tour œuvre, tombe, souffre, se repent, etc.
Conclusion.
Sans anticiper sur les articles à venir, disons que les sept lettres nous placent avant tout face au Chef de l’Église ! Glorieusement et solennellement, elles disent qui Jésus est pour son peuple. Heureux tout disciple de Christ qui, de nos jours, les lit régulièrement. Heureuse toute église locale qui régulièrement se réfère aux sept lettres, les lit, confesse dans sa prière celui qui les leur adresse. Les lettres aux sept églises sont comme les testaments lucides écrits pour préserver ceux que Dieu fait cohéritiers de son Fils.
– – –
(voir aussi : APOCALYPSE : RAPIDE COUP D’ŒIL)