En aide mémoire, cet article pourrait s’intituler : « TROIS VERSETS ».  Jésus prit la parole et leur dit : ayez foi en Dieu (Mc 11 v 22). En vérité je vous le dis, si quelqu’un dit à cette colline : ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et si dans son cœur il ne doute pas, mais croit que ce qu’il dit arrive, cela lui sera accordé (v 23). C’est pourquoi je vous dis : tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et cela vous sera accordé (v 24).  Ces fortes paroles nous laissent parfois sceptiques. Pourtant, lues selon l’analogie des Écritures, elles peuvent dynamiser notre foi de serviteurs.

 

Technique de persuasion ou foi en Dieu ?

Dans ces versets, nous lisons : si quelqu’un dit à cette colline… et : s’il ne doute pas, et : s’il croit que ce qu’il dit arrive, et : croyez que vous l’avez reçu. Jésus suggère-t-il à ses disciples de mieux exploiter leurs ‘facultés mentales’ ? Non, c’est une piste étrangère aux Évangiles.  Jésus précise : ayez foi en Dieu, et : cela lui sera accordé, et : ce que vous demandez en priant, et de nouveau : cela vous sera accordé. Ces mots-là déterminent le sens des trois versets : Jésus ne réfère pas ses disciples à eux-mêmes mais à Dieu. L’assurance de foi qu’il encourage consiste à être sûr de Dieu ! Puisque, dans la Bible, la nature même de la foi est d’être donnée par Dieu.  Pour mieux comprendre, voyons le contexte de ces paroles, et à qui Jésus les adresse.

 

En quelle circonstance Jésus dit-il ces paroles ?

Le contexte global est l’épisode « des rameaux » où Jésus – rejeté par les chefs – est acclamé par beaucoup comme le Messie venant au nom du Seigneur (Mc 11 v 1 à 10). Une fois entré à Jérusalem, il observe tout dans le Temple (v 11).  Le lendemain, ne trouvant que des feuilles sur un figuier, il lui dit : que jamais personne ne mange plus de ton fruit (v 14). Cette ‘condamnation’ du figuier illustre sans doute celle où, juste après, Jésus chasse les marchands du Temple (v 15). Car l’Éternel n’y trouve pas le fruit qu’il attend de sa maison de prière pour toutes les nations (v 17).  Suit le jour des trois versets, où les disciples réalisent que le figuier a séché jusqu’aux racines (v 20). Et c’est en réponse à leur admiration et étonnement que Jésus déclare : ayez foi en Dieu. (‘en Dieu’ est bien le sens, la forme grecque ‘de Dieu’ ne signifie pas du tout que c’est Dieu qui croit)

Voici la leçon fondamentale de Mc 11 : Jésus a dit une chose et elle est arrivée ! C’est de ce socle permanent que les disciples ne devront pas douter.  Sur ce socle vient une deuxième leçon : Dieu accordera à leur foi de voir arriver ce qu’ils disent, en priant. Dans Matthieu, c’est explicite : non seulement vous ferez comme à ce figuier, mais vous direz à cette colline… (Mt 21 v 21), et : tout ce que vous demanderez en croyant, par la prière, vous le recevrez (v 22).

 

À qui Jésus adresse-t-il les trois versets de Mc 11 ?

Souvent on les lit comme adressés aux chrétiens qui n’ont pas le type de foi évoqué. On se dit : « je ne dois pas douter, je dois commander aux choses, me persuader que ça arrive ». Et ça n’arrive pas.  Or, ces versets sont adressés à des disciples qui avaient déjà chassé beaucoup de démons et guéri beaucoup de malades (Mc 6 v 13). Pourquoi ont-ils vu arriver ces choses ? Parce que, en amont, Jésus leur avait donné autorité sur les esprits impurs (Mc 6 v 7) et de guérir toute maladie (Mt 10 v 1) quand ils prêchaient la repentance et le royaume de Dieu. Si Christ ne leur avait rien donné, ils n’auraient rien accompli.  À leurs oreilles, « ne pas douter » et « croire que ce qu’on dit arrive » ne signifiait pas : mieux se concentrer et croire en soi, mais : mieux se fier à ce que Jésus dit.

Idem aujourd’hui : notre foi fait arriver ce que nous disons, quand nous servons ce que Jésus a dit. Les choses accordées peuvent être extraordinaire ou pas, il s’agit de la même foi.  Où fait-elle arriver ce que nous disons en priant ? Dans le domaine où Dieu nous a appelés. Ça peut être la prophétie, l’exhortation, la miséricorde, l’évangélisation, le miracle, etc.

C’est bien vers Dieu que Jésus nous pousse quand il relie « ce que vous dites arrive » avec « ce que vous demandez en priant ». Prier c’est demander à Dieu, dans le cadre de sa volonté connue.

 

En Mc 11, la foi est subordonnée au dessein de Dieu.

La phrase « si vous dites à cette colline : ôte-toi de là… » ne s’interprète pas : « votre foi devrait supprimer tout ce qui contrarie votre réussite ou vos besoins, et la clé est de parler aux obstacles ». Non.  Dans l’Écriture, la foi dépend de Dieu. Elle n’est pas une puissance autonome pour faire arriver ce qu’on veut, elle est donnée pour servir Dieu, aussi en supportant persécutions et dénuements. Exemple, si une grande montagne est aplanie devant Zorobabel (Za 4 v 7), c’est dans un cadre défini : l’Éternel veut qu’il reconstruise le Temple (v 9).

En fait, l’épisode du figuier séché et des marchands chassés du Temple, a été sanction de Dieu.  Nous, disciples de Jésus, que devons-nous imiter en lui ? Non le fait de sanctionner (ne jugez pas, Mt 7 v 1) mais la leçon fondamentale :  Ce que Jésus a dit au figuier est arrivé parce que ça venait de Dieu. De même « croire que ce qu’on dit arrive » est valide quand on le dit au nom de Jésus, véritablement de sa part.

 

Et…

Aux trois versets, Jésus ajoute : et lorsque vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez (Mc 11 v 25) !  Il nous avertit : la foi qui déplace des montagnes n’a d’avenir que dans la grâce et la pureté de cœur.

 

(voir aussi : DEMANDEZ TOUT CE QUE VOUS VOUDREZ)

 

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