Il y a comme une analogie entre Esprit et Parole.

Le mot esprit signifie souffle (hébreu ruah, grec pneuma). L’image dit que, tout en étant invisible et omniprésent comme le vent, Dieu est vie et intention comme le souffle. Chez l’homme, alors que la respiration est souffle plutôt instinctif, la parole est « souffle volontaire » (H. Blocher). En amont de l’homme, quand la Bible parle de Dieu, elle tend à assimiler sa parole et son souffle : il a tout créé par sa parole (Gn 1), précisément par le ruah de sa bouche (Ps 33 v 6).

Évidemment quand la Bible parle de Dieu, elle dépasse la simple image : le ruah de Dieu c’est l’Esprit Saint, et le Fils est nommé Parole de Dieu (Jn 1). Ayant dit cela, on n’imagine pas avoir défini Dieu, mais on l’admire : Dieu est Esprit, l’Esprit Saint est Esprit de Dieu et de Christ (1 Pi 1) ; Dieu a tout créé par son souffle, tout a été créé par le Fils (Col 1) ; par le Fils c’est Dieu qui parle, par le Saint Esprit c’est Dieu qui parle (Hb 1). Tout cela indique un mystère divin, qu’on déshonore si on pense que l’Esprit est tout mais que la Parole serait seulement des mots.

 

L’analogie entre Esprit et Parole a produit l’Écriture.

Pour Jésus, l’Écriture résulte de la bouche de Dieu. C’est pourquoi, entre Parole, Esprit, et Écriture, les apôtres confessent un lien divin (Act 4 v 25) : c’est toi qui as dit (parole divine), par l’Esprit Saint (Esprit de Dieu), de la bouche de David (inspiration), et ils citent le Ps 2 (Écriture).

Bien sûr l’Esprit Saint est Dieu et l’Écriture ne l’est pas. Mais il y a quelque chose de surnaturel en elle : parce que ses mots (pas l’encre ou le papier) viennent de l’Esprit de Dieu et de Jésus, ils sont indissociables du Logos et ne peuvent être abolis (Jn 10 v 35). Ainsi l’Écriture n’est jamais sans l’Esprit ; penser qu’elle peut l’être, c’est mésestimer la dimension surnaturelle de Dieu, et c’est minorer la nature de sa Parole. C’est se vouloir plus spirituel que l’Esprit Saint qui, lui, habite le texte qu’il a fait écrire. Car ce qui est de la bouche de Dieu n’est pas sans l’Esprit de Dieu.

Une réalité divine grandiose nous presse à avoir la même considération pour l’Écriture que pour l’Esprit Saint : c’est que Dieu le Fils est la Parole éternelle (Jn 1).

 

Le lien entre Esprit, Parole, et Écriture est trop négligé.

Il est négligé par ignorance : on n’a pas réalisé que la Bible enseigne ce lien. Il est aussi négligé par présomption : on estime que persévérer dans la lecture de la Bible est peu de chose comparé à l’écoute de l’Esprit Saint. Heureusement, une ignorance peut se corriger, et une présomption peut disparaître quand on s’aperçoit qu’elle ne vient pas du Saint Esprit qui a fait écrire la Bible.

Il faut écarter, avec repentance, toute dissociation entre Esprit et Écriture, entre révélation et étude du texte, entre prophétique et doctrinal. En effet rien n’est plus prophétique que la Bible. Il faut déplorer tout ce qui minimise l’importance d’être rempli du Saint Esprit (Eph 5). Et déplorer tout ce qui minimise le Livre en prétendant honorer l’Esprit qui en est l’auteur (Mt 5 v 18). Par exemple, Apoc 1 v 3 ne dit pas : heureux celui qui dépasse le texte et saisit l’esprit, mais : heureux celui qui lit … et garde ce qui s’y trouve écrit.

 

Conclusion.

Jésus affirme un lien fort entre « garder sa parole » et « recevoir l’Esprit Saint » (Jn 14 v 15-16). Il dit : mes paroles sont Esprit et vie (Jn 6 v 63). Cessons de croire que, nous les rachetés, pouvons lire la Bible sans être impactés par celui de la bouche duquel elle résulte.

 

Voir aussi dans le blog bleu,  JÉSUS : QUELLE RELATION AVAIT-IL AVEC LES ÉCRITURES ?