« Communion » est un mot propre au NT, où il a un sens qui n’est pas celui qu’on imagine couramment. Le mot (grec koinônia : action de partager, mettre en commun, participer) y désigne moins une union des sentiments qu’une action. Ainsi, la communion est un partage matériel ; en amont, elle est un ‘croire’ commun ; surtout, elle est notre engagement commun envers Christ. Cela parce que, dans la Bible, l’amour n’est pas d’abord un sentiment mais une volonté de bien en action et en vérité (1 Jn 3 v 18). Note : le latin communio (qui traduit koinônia) vient non pas de unio (union) mais de munus (don partagé).
Dans le NT, le mot « communion » implique des actions.
Il ne concerne pas un état émotionnel. Évidemment, aimer Dieu et être un seul cœur en Église, est primordial ; c’est écrit de plusieurs manières. Cependant le mot « communion » concerne les engagements que l’Évangile produit : croire Christ, puis agir selon lui. Se comporter en frères : ils persévéraient dans la communion (sous entendu : fraternelle) (Act 2 v 44). Faire une collecte : ils ont voulu faire une communion (litt.) pour les pauvres parmi les saints de Jérusalem (Rm 15 v 26, 2 Co 9 v 13). Donner une part : que celui à qui on enseigne la Parole fasse communier (litt.) à tous ses biens celui qui l’enseigne (Gal 6 v 6).
En nommant « communion » le partage matériel entre saints, ces versets nous interpellent : la communion est un acte de partage, au-delà d’un ressenti commun (dans la Bible, même les mots consolation et miséricorde concernent des actes, Lc 10 v 37, Phil 2 v 1). Certes, foi et fraternité touchent profondément les émotions. Pour autant, être ému n’est pas croire, vibrer n’est pas communier. Dans un concert, un événement sportif, un meeting politique, les gens vibrent à l’unisson (parfois jusqu’à être dans un état second, une transe). Calquer sur ça notre idée de communion, c’est corrompre l’enseignement biblique.
La communion de notre foi.
En amont de la sainte générosité, il y a la communion de notre foi (Phm v 6) autrement dit le fait que nous avons part à la commune foi (Tit 1 v 4). Il s’agit ici de la foi ‘objective’ c’est à dire du contenu que les Écritures désignent comme devant être cru. Croire Dieu est la première obéissance (1 Jn 3 v 23). Cette obéissance fait la communion des saints. Notre communion c’est partager avec eux, non pas n’importe quelle foi, mais l’acte durable de croire le contenu posé par Dieu. Ce qui n’est pas obéissance concrète à ce contenu, le NT ne l’appelle pas « communion ». C’est pourquoi notre communion n’est pas une fusion de sentiment, mais : si nous marchons dans la lumière, nous sommes en communion… (1 Jn 1 v 7a). Notre communion c’est notre ‘suivance’ commune de Jésus dont le sang nous purifie de tout péché (v 7b).
Ce qui était dès le commencement (ici, l’incarnation de Christ), ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie – et la vie a été manifestée, nous l’avons vue et nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui a été manifestée – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi afin que vous ayez communion avec nous (1 Jn 1 v 1 à 3). La « communion » à laquelle Jean invite ses lecteurs, c’est de se décider avec lui à être disciples du Christ, qui est vie éternelle manifestée d’auprès de Dieu.
Dieu nous a appelés à la communion de son Fils.
(1 Co 1 v 9) Dieu veut notre engagement commun envers la personne de son Fils. Car le salut consiste à recevoir le Fils même de Dieu ! Jésus le dit ainsi : celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé (Jn 13 v 20), et : quiconque ne recevra pas le règne de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera pas (Mc 10 v 15). Recevoir, entrer : c’est l’acte continu de suivre Jésus. Cette communion-là c’est persister à croire en lui, crucifié pour nos offenses et ressuscité pour notre justification (Rm 4 v 25). Pour dire combien ce croire-là sera concret, Jésus utilise des mots d’actions : croire en lui (Jn 6 v 40) c’est manger sa chair et boire son sang (v 54). Ce qui fonde : rompre le pain et boire la coupe (1 Co 10 v 16) est notre communion à Christ crucifié.
Le saint privilège, c’est que notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ ! (1 Jn 1 v 3). Voici ce qu’elle est : ensemble, Dieu nous donne part à son salut et continue à se faire connaître. La communion avec le Fils consiste en persistantes actions de croire : se repentir, écouter sa parole, persévérer dans la prière, lui faire confiance, le servir. Donné par l’amour de Dieu, dans la grâce du Seigneur Jésus Christ, tout cela est la communion du Saint Esprit (1 Co 13 v 13). Autrement dit, le bénéfice de l’expiation nous est appliqué par l’Esprit Saint qui pousse à croire et recevoir le salut en partage. Dans le NT, c’est ça la communion du Saint Esprit, la communion au Père et au Fils entretenue par leur Esprit qui habite en nous.
Quand, ensuite, le NT parle d’une communion aux souffrances de Christ (Phil 3 v 10, 1 Pi 4 v 13), le texte concerne toujours des douleurs résultant de l’investissement à proclamer son Évangile, soit des privations pendant ce travail soit des persécutions pour son nom.
En résumé, l’emploi que le NT fait du mot « communion » est une leçon de persévérante mise en pratique. Quiconque me dit : Seigneur, Seigneur ! n’entrera pas forcément dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Mt 7 v 21).
– – –
(voir aussi : QUE SIGNIFIENT LES MOTS : » EN CHRIST » ?) .