Ce verset n’invalide pas tout ce qui, de Genèse à Apocalypse, présente la mort spirituelle puis physique comme une sanction de Dieu. Ni ne valide l’imagerie populaire concernant le diable.

(cet article fait suite à :  MOI, JE FAIS MOURIR, ET JE FAIS VIVRE)

 

Par sa mort, Jésus a écrasé celui qui avait la puissance de la mort, c’est à dire le diable.

(Héb 2 v 14)  S’agit-il ici d’une autorité préalable du diable, ou plutôt d’une force de manœuvre ?  La réponse vient de Jésus : le diable a été meurtrier dès le commencement (Jn 8 v 44). Comment ?  Dans le jardin d’Éden. Déjà déchu, il avait la volonté de tuer la créature image de Dieu, mais pas le pouvoir de le faire. Sachant que Dieu sanctionnerait de mort la désobéissance d’Adam et Ève, le diable les a poussés à désobéir. Sa force était de mentir et tenter. Alors, par un seul homme le péché est entré dans le monde et, par le péché, la mort (Rm 5 v 12). Le péché fait la force de la mort.  La mort et le séjour des mort sont comme des ‘dispositifs judiciaires’ de Dieu.

La puissance du diable est de faire pécher. Ce n’est pas qu’il aurait ‘inventé’ la mort et l’aurait imposée à l’homme, sans que Dieu n’y puisse rien. En aucun cas le diable n’a un pouvoir symétrique à celui de Dieu. Satan n’a pu causer la mort des hommes qu’indirectement : par leur péché. L’aiguillon de la mort, c’est le péché (1 Co 15 v 56).

 

Illustration du pouvoir d’orienter vers la mort.

Un jeune homme manquant de sens (Prov 7 v 7) rencontre une femme mise comme une prostituée, la ruse au cœur (v 10), qui l’embrasse avec insolence (v 13), et qui méprise Dieu (v 14). Elle a son propre but (mon mari n’est pas à la maison, v 19), elle le fléchit par son savoir faire, ses lèvres doucereuses (v 21) ; il se met tout à coup à la suivre (v 22) dans le péché. Or c’est le chemin du séjour des morts (v 27).

La convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, parvenu à son terme, engendre la mort (Jcq 1 v 15).

 

Le diable ‘avait’ la force de la mort.

C’est écrit au passé concernant ceux que Dieu a sanctifiés (Héb 2 v 11) et donnés à Christ (v 13). Sur eux, la force que le diable avait d’orienter vers la mort spirituelle, est dissoute.  Concernant les hommes sans Christ, cette force perdure hélas ; l’œuvre du diable est de les faire pécher, les assujettir à sa volonté (2 Tim 2 v 26). Avant d’être eux-mêmes coupables, ils sont victimes du tentateur premier pécheur : le diable pèche dès le commencement.

Mais le Fils de Dieu est apparu pour détruire les œuvres du diable (1 Jn 3 v 8), c’est à dire pour ôter les péchés (v 5). En les ôtant par son sang il a réduit à l’impuissance (litt.) celui qui avait la force de la mort, le diable. Impuissance à orienter encore vers la mort ceux qui sont à Christ.

 

La mort de Christ n’est pas une rançon obtenue par Satan.

Pour expliquer l’addiction des hommes au mal, on avance que leur péché donnerait à Satan un ‘droit légitime’ sur eux. Il n’a ni droit ni légitimité, mais motif d’accusation ; et emprise usurpée. Jésus dit simplement : celui qui pratique le péché est esclave du péché (Jn 8 v 34).  Cette idée de ‘droit’ du diable tord le sens de la Croix : elle serait une rançon payée au diable.  Christ est venu donner sa vie en rançon pour beaucoup (Mc 10 v 45), mais la donner à Dieu en expiation pour des hommes condamnés par Dieu : Père, entre tes mains je remets mon esprit (Lc 23 v 46). Il s’est livré lui-même à Dieu (Eph 5 v 2).

 

Jésus assure : je tiens les clés de la mort et du séjour des morts.

(Ap 1 v 18)  La puissance du diable sur la mort des hommes, c’est les faire pécher. Plus directement, c’est exciter les pillards qui ont tué les serviteurs de Job (1 v 15). Ou provoquer la tempête qui a tué les fils et filles de Job (v 19), mais cela uniquement avec une permission ponctuelle de Dieu (v 12).  Quoi qu’il en soit, Dieu a choisi d’expliquer peu au sujet du diable.

Attention donc, on renverse la vérité si on considère comme relatif : ‘moi l’Éternel, je fais mourir’, et comme absolu : ‘le diable avait le pouvoir de la mort’. Il est écrit des centaines de fois que c’est Dieu qui châtie par la mort et ses prémices (maladie, famine, malheur) ; et des centaines d’autres fois, c’est implicite.  Aux humains en sursis de mort, cette abondance de versets dit le sens de leurs peines et surtout la direction de leur salut. Par la douleur aussi l’homme reçoit un avertissement sur sa couche (Job 33 v 19), délivre-le afin qu’il ne descende pas dans le gouffre : j’ai trouvé une rançon (v 24).

 

Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort.

(1 Co 15 v 26)  Universellement, la mort est interruption de vie, épouvante, chagrin… La mort a régné depuis Adam (Rm 5 v 14). Souffrance et mort physique, étant sanctions du péché, seront englouties dans la victoire sur le péché. Dieu qui ôte le péché, détruira aussi le dispositif châtiant le péché. Note : la Bible ne personnifie pas ‘la Mort’ comme une entité (ce que font imaginaire religieux et littérature).

L’Éternel engloutit la mort pour l’éternité, essuie les larmes de tous les visages (Es 25 v 8). C’est un futur : lorsque ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui fut écrite : la mort a été engloutie dans la victoire (1 Co 15 v 54).  En attendant, dire que Jésus a vaincu la mort, signifie qu’il a effacé notre sentence de mort spirituelle.

La mort dépend bien de Dieu puisqu’elle subsiste après que le diable soit jeté dans l’étang de feu brûlant de souffre (Ap 20 v 10). Puis vient le jugement dernier (v 12), ensuite seulement la mort et le séjour des morts sont jetés dans l’étang de feu ; c’est la seconde mort (v 14).

Enfin, viennent un nouveau ciel et une nouvelle terre (Ap 21 v 1) !

 

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