Le précédent article présentait ce qu’est « l’analogie de la foi ».  Centrale pour bien connaître le texte biblique, elle a surtout pour enjeu la vérité, celle qui libère. L’enjeu est aussi que les membres d’église croient et diffusent, non des raccourcis, mais les paroles vraies de Dieu.

 

Exemple : « celui qui croit fera des œuvres plus grandes que moi ».

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais vers le Père (Jn 14 v 12).  Cette parole signifiera pour moi ce qu’elle a signifié pour Jésus, si je vais voir ce qui est aussi écrit juste avant, après, ou ailleurs.

Premièrement, au v 11, Jésus parle d’œuvres qu’il fait pour aider à croire, c’est à dire prédications, appel des disciples, miracles… C’est le sens du pluriel ‘œuvres’ quand Jésus parle de lui-même (il n’emploie pas ce pluriel pour ce que nous appelons l’œuvre de la croix).

Deuxièmement, au v 10, Jésus dit qu’en lui c’est le Père qui accomplit ses œuvres (ex. Jn 9 v 3) ; lui, Jésus, faisant juste ce que Dieu lui montre et donne. Cette subordination du Fils m’oriente vers une humble obéissance de foi.  Le verset s’éclaire quand Jésus dit pourquoi on fera les mêmes œuvres que lui : parce que je m’en vais vers le Père. C’est à comprendre avec le contexte élargi de Jn 14 – 15 – 16 : si je m’en vais je vous enverrai l’Esprit de vérité, il rendra témoignage de moi et vous aussi vous me rendrez témoignage, il vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit. Etc.  C’est à dire : vous ferez ce que l’Esprit Saint vous donnera de faire, il vous inspirera selon ce que j’ai enseigné pendant mon incarnation.

Troisièmement, je regarde comment le NT décrit les œuvres faites – au nom de Christ (14 v 13) – par les premiers auditeurs de notre v 12. Il apparaît que certaines sont ‘plus grandes’ en visibilité, non en nature.  Trois milles conversions en un jour (Act 2 v 41), exprimant la puissance de Jésus qui avait appelé les premiers disciples.  Une foule de sacrificateurs obéissent à l’Évangile (Act 6 v 7), par Jésus et sa confession initiale devant Caïphe (Mt 26 v 64).  La bonne nouvelle du salut manifestée aux païens par delà les mers (Act 14 v 27), c’est plus étendu que la prédication de Christ en Galilée et Judée. Etc.

 

Réfléchir selon « l’analogie de la foi », c’est de l’honnêteté.

Dans cet exemple (il fera des œuvres plus grandes que moi), est-ce mon état de cœur qui décide à quel autre verset je relie celui-ci ?  Vais-je le relier à : nous règnerons avec lui (2 Tim 2 v 12), ou plutôt à : ne pas avoir de prétentions excessives, n’aspirez pas à ce qui est élevé (Rm 12 v 3 et 16) ?  Est-ce une question de tempérament, de préférence propre à mon type d’église ?  Non, c’est une question d’honnêteté. Car ces versets auxquels je relie ma lecture, ont eux aussi un contexte, immédiat et global. Ainsi, « nous règnerons » est au futur et récompensera la persévérance ; ça ne dit pas qu’un disciple n’a aujourd’hui aucune limite. Et, « n’aspirez pas à ce qui est élevé » a pour contexte une haute qualité d’amour, pureté, zèle, unité ; ça ne dit pas qu’un disciple ne fait rien de grand.

En lisant : celui qui croit en moi fera des œuvres plus grandes que moi, on entend Jésus annoncer que son peuple le servira avec grande foi et puissance de l’Esprit. Et le fait de lire « selon l’analogie de la foi », écarte les interprétations abusives.  Parmi elles, l’idée que croire impliquerait l’ambition. Ou qu’on prolongerait l’expiation des péchés. Ou qu’on aurait une mission dépassant celle de Jésus, pour dominer sur le monde.

 

Autre exemple : « le Fils de Dieu est apparu afin de détruire les œuvres du diable ».

(1 Jn 3 v 8b)  Comment comprendre ça ? Quelles sont ces œuvres du diable ? Qu’est-ce que Jésus a détruit ?  Les réponses se trouvent dans le reste du verset, et de l’épître. Le début du verset dit : celui qui commet le péché est du diable, car le diable pèche dès le commencement. Ici, les œuvres du diable sont d’induire les gens à pécher comme il pèche lui-même.  Et ce que Jésus est venu détruire – par la croix – c’est cette emprise sur les hommes qui croient. Toute l’épître a cet axe : l’amour de Dieu consiste en ce qu’il a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés (4 v 10). Ainsi : le sang de Jésus son fils nous purifie de tout péché (1 v 7), je vous écris ceci afin que vous ne péchiez pas (2 v 2), gardez-vous des idoles (5 v 21).

Peut-on extrapoler de 1 Jn 3 v 8 que Jésus serait apparu afin d’éradiquer la pauvreté, la maladie, la guerre ? La réponse s’impose par l’analogie de la foi.  Dans l’épître, Jean ne mentionne pas ces désastres, seulement la haine entre frères.  Dans les Évangiles, Jésus n’a pas promis la fin des calamités, ni par l’effet de sa croix ni par les progrès de la mission (elles ne cesseront qu’à son retour) ; il a annoncé : guerres, famines, cela doit arriver (Mc 13 v 7-8, cp. Ap 6 v 8 : peste), et : vous serez haïs de tous à cause de mon nom (Mc 13 v 13).  Chez Paul, être né de Dieu et rempli de son Esprit puissant, n’exempte pas de privations, coups (2 Co 6 v 4-5), infirmité (Gal 4 v 15) et maladie (Phil 2 v 27).  De Genèse à Apocalypse, Dieu seul maîtrise les calamités.

 

Exercice.

Appliquer « l’analogie de la foi » pour comprendre par exemple : rien ne pourra vous nuire (Lc 10 v 19), ou : tout ce que vous demandez en mon nom, je le ferai (Jn 14 v 13), ou : vous n’êtes pas sous la loi (Rm 6 v 14). Ou d’autres versets.

 

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(voir aussi :   » L’analogie de la foi  » a un rival.)