En donnant son Esprit à ceux qui ont reçu la parole et l’œuvre rédemptrice de son Fils, Dieu a fait d’eux ses enfants adoptifs. Ils ont ensuite leur part de responsabilité pour continuer d’être remplis de son Esprit. Le présent article traite seulement de cette part-là.  Concernant être rempli, il existe diverses opinions fondées sur telle ou telle expérience, mais le critère est : qu’est-ce que l’Esprit de Dieu a fait écrire dans la Bible, qu’est-ce qu’il n’a pas fait écrire ?

voir aussi : ESPRIT SAINT : COMMENT JÉSUS EN A-T-IL PARLÉ ?  et : ESPRIT SAINT : L’AVOIR REÇU, ÊTRE REMPLI, LE DEMANDER

 

première partie

UNE TRIPLE VOIE POUR CONTINUER D’ÊTRE REMPLI

 

Selon le NT, être rempli de l’Esprit n’est pas un but en soi, mais l’Esprit a lui-même un but qui est de glorifier Jésus. Quand ce but devient nôtre, nous aimons continuer d’être remplis. Pour cela, le NT montre une voie, qui mérite qu’on en parle davantage. Elle apparaît dans les trois versets qui font les titres des trois paragraphes suivants :

 

« Le Saint Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent »

(Act 5 v 32)  Cette phrase de Pierre éclaire beaucoup.  Il fut rempli de l’Esprit à la Pentecôte (2 v 4), ensuite le texte le dit rempli du Saint Esprit (4 v 8) alors qu’avec Jean il est emprisonné et s’apprête à témoigner du nom de Jésus (4 v 10-12). En affirmant qu’il témoigne avec le Saint Esprit (5 v 32), Pierre précise que Dieu donne son Esprit à ceux qui lui obéissent. Sans dire que l’Esprit se mérite, Pierre implique dans sa phrase que Dieu leur a donné son Esprit parce qu’ils ont cru et suivi Jésus. Et qu’il le leur donne encore parce qu’ils sont en train de le proclamer comme prince et sauveur qui accorde à Israël la repentance et le pardon des péchés (5 v 31).  Voilà ce qu’obéir à Dieu signifie dans le contexte d’Act 5.  Fondamentalement, continuer d’être rempli de l’Esprit Saint, n’est pas autre chose que : demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous (Jn 15 v 7).

C’est Jésus qui le premier dit une condition pour recevoir l’Esprit : si vous m’aimez vous garderez mes commandements et moi je prierai le Père et il vous donnera le Paraclet (Jn 14 v 15-16). Puis Jésus étend la même condition pour continuer d’en être animé : quand on vous emmènera (vous mes témoins) dites ce qui vous sera donné à l’heure même, car ce n’est pas vous qui parlerez mais l’Esprit Saint (Mc 13 v 11). L’idée est : une fois l’Esprit Saint venu dans nos cœurs, il continue à nous être donné pendant que nous vivons ce que Dieu nous dit de vivre. Il est donné pour faire ce que Dieu dit, donc à ceux qui veulent le faire.  Celui que Dieu envoie évangéliser est rempli de l’Esprit en évangélisant, celui que Dieu envoie aider est rempli de l’Esprit en aidant, celui que Dieu envoie enseigner est rempli de l’Esprit en enseignant. Etc. Ainsi, les disciples sont remplis du Saint Esprit alors qu’ils demandent d’annoncer la Parole en toute assurance et que Dieu étende sa main pour des prodiges (Act 4 v 29) ; exactement ce que Jésus leur a dit de faire.  Obéir à Dieu, que ce soit en évangélisant ou autrement, est une voie où l’on est rempli. Dans la Bible c’est une évidence. Il ne faut pas l’annuler en imaginant qu’être rempli de l’Esprit est avant tout une extase émotionnelle.

 

« Soyez remplis de l’Esprit en parlant à vous-mêmes par des Psaumes »

(Eph 5 v 18-19)  Littéralement, ce verset implique de continuer d’être rempli. Il dit que cela arrive pendant que l’on confesse la parole de Dieu à soi-même et les uns aux autres. Parler par des Psaumes, c’est dire et chanter l’Écriture : l’autre fois où Paul emploie la même suite de mots (psaumes, hymnes, chants spirituels) c’est quand il écrit : que la parole de Christ habite en vous avec sa richesse (Col 3 v 16). C’est le même principe que plus haut. L’Esprit Saint, donné pour rappeler les paroles de Jésus (Jn 14 v 26) et conduire dans toute la vérité (Jn 16 v 13), continue d’être donné à ceux qui veulent cela, pendant qu’ils prononcent et chantent la vérité.  Confesser l’Écriture textuellement (par des Psaumes) est le socle de toute autre confession. Par des hymnes on formule de solennelles confessions de foi, résumées ou pas ; par des chants spirituels on rend des actions de grâce inspirées par l’Esprit Saint (1 Co 14 v 15). Paul enseigne que c’est en confessant et bénissant Dieu par son Esprit, que les saints continuent d’être remplis de son Esprit.

Quand il donne son Esprit à ceux qui agissent comme il les inspire, Dieu fait et réitère une œuvre de fond. Chanter Dieu de tout notre cœur est vivifiant à la fois sur l’instant et sur le long terme. C’est enthousiasmant aussi ; et ça requiert de distinguer entre excitation et plénitude d’Esprit, entre ambiance et vérité. Oui Dieu fait en nous une œuvre de fond.  Note : notre confession compte, non parce que notre parole serait créatrice (seule celle de Dieu l’est), mais parce que la vérité est agissante.

Aux temps bibliques, il était entendu que les Psaumes et les chants étaient des prières ! Ainsi, le Saint Esprit, qui fait prier les enfants de Dieu (Eph 6 v 18), continue à leur être donné pendant qu’ils prient. Dieu donne son Esprit à ceux qui font ce pour quoi il l’a envoyé !

 

« Le Père céleste donnera l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent »

(Lc 11 v 13)  C’est Jésus qui dit cela, et il le dit dans une perspective qui certainement dépasse l’envoi de l’Esprit Saint dans nos cœurs une fois pour toutes. Car, pour le premier envoi, Jésus dit que c’est lui qui le demande à Dieu pour nous.  Mais ici, notre Seigneur semble bien annoncer que nous, nous allons régulièrement demander au Père de nous donner l’Esprit Saint. Car il fait le parallèle avec un fils qui demande du pain, un poisson, un œuf (v 11-12), des demandes qui par nature sont à répéter.  De même, quand Paul prie qu’aux Éphésiens Dieu donne Esprit de sagesse et de révélation (1 v 17), il demande un octroi sur la durée. Car connaître Dieu, être illuminé quant à l’espérance, l’héritage, et sa puissance (v 18-19), sont des choses qui s’expérimentent sur la durée.

Concernant demander le Saint Esprit à Dieu, faut-il être réticent sous prétexte que Dieu a déjà envoyé son Esprit dans nos cœurs ? Non.  D’abord parce que Jésus dit de le faire. Ensuite parce que Dieu a une logique supérieure : en général dans le NT la prière lui demande des choses qu’il a déjà données : la grâce, la foi, etc. Oui, c’est bien ce qu’il a donné que Dieu continue à donner, car cela est immense, et aussi car nous n’avons pas fini de le recevoir.

 

 

deuxième partie

RÉFLEXIONS AU SUJET DU TERME ‘REMPLI’

 

Pourquoi le NT emploie-t-il le terme ‘rempli’ ?

La question peut se poser, vu que l’Esprit de Dieu n’est pas quelque chose mais quelqu’un. La réponse est annoncée par Jésus : il sera en vous (Jn 14 v 17). Dans le NT ‘en vous’ et ‘sur vous’ concernent le même envoi de l’Esprit (comparer Act 1 v 8 et 2 v 4), donné pas seulement comme ‘visiteur’ mais pour être à l’intérieur de nous.  Ainsi, le terme ‘rempli’ fait écho aux nombreux versets parlant de notre cœur et de notre bouche. Oui, quand l’Esprit Saint remplit un croyant, les Écritures soulignent le plus souvent que celui-ci parle (prédication, témoignage, prophétie, langues). Le terme ‘rempli’ n’est pas contradictoire avec le fait que l’Esprit soit quelqu’un. Pour comparaison, même une personne importante peut occuper plus ou moins de place dans notre affection et nos pensées, et donc avoir plus ou moins d’effet sur nous.

 

Tentative d’illustration concernant ‘continuer d’être remplis’.

Un grand propriétaire a des employés rebelles, qui ne veulent pas s’investir sur ses terres. Un jour pourtant il se les réconcilie et même les adopte comme fils !  Peu capables mais repentants, ils sont prêts à vivre avec lui et le servir. Leur nouveau père appelle son intendant personnel, et le détache auprès d’eux pour les conduire dans le type de gestion qu’il aime pour sa propriété. Dès qu’il leur est donné, cet intendant les fait agir efficacement. En même temps, c’est au fur et à mesure de leur action qu’ils seront imprégnés de sa sagesse efficace. C’est à dire pendant qu’ils prendront en charge les semailles, ou parleront entre eux des perspectives du père, ou même lui demanderont plus d’interventions de la part de l’intendant. En un mot, ils seront pleins de ce qu’est l’intendant, au fur et à mesure qu’ils feront ce pour quoi il leur a été attribué.  De même nous avec l’Esprit Saint.

 

Être rempli ou se sentir rempli ?

Le NT rapporte largement les émotions des fidèles mais – il faut le noter – pas à propos de recevoir l’Esprit Saint. Il y a des émotions, mais le NT ne les désigne nulle part comme signes de l’Esprit. Il enseigne, non de se sentir rempli, mais de l’être.  Parlant de l’Esprit Saint qui nous remplit, le NT signale (par deux verbes différents) tantôt un déversement soudain, tantôt un état permanent. Le déversement peut produire un ressenti, plus que ne le fait l’état permanent. Mais le NT souligne le résultat : dire la parole de Dieu, et avoir le caractère de Christ.

Si donc le critère pour nous savoir ‘remplis’ n’est pas l’émotion, quel est-il ?  Simplement celui-ci : nous pouvons nous considérer remplis quand nous vivons ce que Jésus et ses apôtres ont dit que l’Esprit Saint fera. C’est à dire quand il glorifie Jésus en nous, nous rappelle ses paroles, nous fait adorateurs du Père, nous fait ses témoins, nous fait prier, nous fait parler de sa part, produit amour et joie et paix, distribue des dons, donne la sagesse, nous fait rejeter ce qui est charnel, etc.  Tout aussi simplement, l’absence ou la baisse de ces choses en nous est le critère indiquant que nous avons besoin d’être encore rempli. Or, dans les faits, ce besoin est continuel.

 

Qu’en est-il de l’imposition des mains, et qu’en est-il d’inviter le Saint Esprit ?

Le NT a deux textes mentionnant l’imposition des mains pour que des gens reçoivent le Saint Esprit, or les deux précisent que jusque-là ils ne l’avaient pas reçu du tout (Act 8 v 16 et 19 v 2).  Autre chose est le texte mentionnant le don que Timothée a reçu par imposition des mains de Paul (2 Tim 1 v 6), il dit de le ré-enflammer, non de chercher une nouvelle imposition des mains. Et pour le charisme reçu par Timothée quand les anciens lui ont imposé les mains (1 Tim 4 v 14), la consigne est de ne pas le négliger. D’autres versets mentionnent l’imposition des mains aux malades.  Mais le NT ne montre nulle part l’imposition des mains comme une voie pour continuer à être rempli de l’Esprit saint.

Qu’en est-il d’inviter le Saint Esprit ?  Quand Jésus dit que nous demanderons à Dieu l’Esprit Saint, il dit bien de le demander à Dieu. Dans la Bible entière, il n’y a aucun texte qui enseigne d’inviter directement l’Esprit à venir nous remplir, aucun texte qui rapporte qu’un personnage biblique l’ait fait. Cela peut étonner, mais seulement si nous donnons au dogme trinitaire une autorité supérieure à celle du texte inspiré.  (ce sujet méritera un article séparé)

 

En conclusion.

Heureusement, notre part de responsabilité pour continuer à être rempli d’Esprit Saint, est souvent assumée avec persévérance. Hélas, elle est parfois négligée. Ou comprise autrement que dans la Bible.  Notre part est prévue par Dieu, et ne doit pas être définie par notre sensibilité charismatique ou non charismatique. Devant Dieu, aucune logique ne fait qu’une partie de son peuple devrait chercher à être rempli de l’Esprit et une autre partie n’aurait pas à le faire.  Prions que, chez tous, Dieu couvre de grâce cette recherche !  Prions que de façons variées il nous pousse à lui obéir, et à prononcer ses paroles, et à lui demander son Esprit Saint.

 

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