Par dessus tout, c’est au sujet de Dieu que la Bible mentionne la sainteté. Et avant tout, c’est Dieu qui dit de lui-même : je suis saint ! Par conséquent, avoir une idée biblique de la sainteté commence d’abord par lire les choses que Dieu dit de lui-même, car seule sa sainteté fera la nôtre.
Cet article est le premier d’une série de trois. Voir aussi Sainteté : notre sanctification, et Sainteté : saint de corps et d’esprit.
L’Éternel dit : Je suis saint.
On ne peut qu’effleurer la hauteur sans équivalent que le mot saint évoque dans la Bible quand il s’agit de Dieu. En hébreu ancien l’étymologie du mot kadosh est incertaine ; c’est heureux et non pas regrettable car l’ensemble de la Bible dit la sainteté de Dieu sans en donner ni définition ni raccourci. En grec le mot hagios signifie pur. La sainteté de Dieu n’est pas à interpréter mais à percevoir, admirer, et recevoir. En instituer une simplification est une erreur qui réduit la crainte de Dieu.
Dans l’usage que la Bible fait des mots de la famille de saint, l’idée de séparation n’est pas centrale mais seconde. De nos jours, pour la prédication ou même la traduction de la Bible, on tend à remplacer le mot saint par plusieurs expressions : séparé, mis à part, consacré, appartenant à. Ce n’est pas qu’elles soient fausses, mais elles limitent le sens ; elles aident à comprendre en partie la sainteté prescrite au croyant, mais sont inappropriées pour parler de Dieu. Il n’a pas dit : par nature je suis séparé, j’appartiens, je suis consacré. Quand la rébellion de Satan survient, Dieu la condamne et de ce fait s’en distingue évidemment ; cela est dit aussi de Jésus qui est séparé des pécheurs (Hb 7 v 26) mais qui, de nature est un avec le Père. Retenons bien que le mot biblique saint comporte une dimension plénière qu’il est seul à récapituler, c’est pourquoi il est un mot-clé de prière : que ton nom soit sanctifié (tenu pour saint).
À qui me comparerez-vous, pour que je lui ressemble, dit le Saint.
(Es 40 v 25) Quand l’Éternel fait écrire qu’il est saint, c’est premièrement pour dire ce qu’il est en lui-même. En fait, par d’innombrables versets, la Bible relie la sainteté de Dieu à tout ce qu’il est. Si on les lit, le contexte immédiat montre Dieu comme pur (Lv 11 v 44), repère (Lv 19 v 2 et 1 Pi 1 v 16), céleste (Dt 26 v 15), juste (Es 5 v 16), glorieux (Es 6 v 3), sans comparaison (Es 40 v 25), majestueux (Hab 3 v 3), roi souverain (Ps 99 v 5 et 9), et par-dessus tout : Père de Jésus Christ (Jn 17 v 11). D’un bout à l’autre de la Bible, Dieu se révèle comme le bienheureux et seul souverain, qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir : à lui honneur et puissance éternelle, amen (1 Tim 6 v 15-16). C’est ce qui introduit le premier commandement : écoute, Israël, l’Éternel est un (Dt 6 v 4), et toute l’Écriture montre : il est pur.
L’Éternel est saint au ciel, de toute éternité.
L’Éternel est dans son saint temple … dans les cieux (Ps 11 v 4). Ainsi parle le Très-Haut dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : je demeure dans les lieux élevés et dans la sainteté (Es 57 v 15). L’Éternel est saint, il l’était déjà avant la révolte de Satan ou la rupture décrite en Gn 3. Dans la Bible, la sainteté de Dieu est sa nature permanente, aucun verset ne suggère qu’il est saint par réaction au mal. La nature de l’Éternel ne lui vient pas de ce qu’il rejette. Par contre elle explique qu’il rejette le mal. Oui.
À des hommes de poussière nés après la rupture, Dieu affirme sa sainteté afin qu’ils entrevoient à quel point elle les surpasse et à quel point ils ont besoin d’elle. D’où la prière : penche-toi de ta demeure sainte, des cieux (Dt 26 v 15). Et la proclamation : il se penche du haut de son lieu saint, des cieux l’Éternel regarde sur la terre (Ps 102 v 20). De même, le Ps 11 et Es 57 (cités en début de paragraphe) continuent : ses yeux regardent, ses paupières sondent les êtres humains, et : je demeure aussi avec l’opprimé.
Nous tous qui espérons son secours et avons pour vocation de lui plaire, devons considérer d’abord la nature sainte du Dieu qui d’en haut nous sonde. Quand il dit : vous serez saints, il appuie son commandement sur : car je suis saint (Lv 11 v 44).
La sainteté de Dieu impressionne, et aussi elle attire.
Quand l’Éternel fait écrire qu’il est saint, c’est deuxièmement pour dire ce qu’il est pour les siens. Le contexte des versets le montre alors redoutable : ô Éternel, qui est comme toi magnifique en sainteté, redoutable et digne de louanges, opérant des miracles ? (Exd 15 v 11). Il délivre (Lv 11 v 45), sépare (Lv 20 v 26), sanctifie (Lv 21 v 8), il est jaloux (Jos 24 v 19), il est loué (Ps 96 v 4), il est roi d’Israël (Es 43 v 15), il appelle (1 Pi 1 v 15), il oint (1 Jn 2 v 20), il est maître (Ap 6 v 10), il est craint (Ap 15 v 4), il juge (Ap 16 v 5). Oui, le Dieu saint est de nature à impressionner le fidèle. Cela implique qu’il est de nature à condamner le pécheur (sur ce sujet un article suivra), ce que les Israélites admettent vite : celui qui fait leur salut est aussi celui qui les terrifie ; ils dirent à Moïse : parle-nous toi-même et nous t’écouterons, mais que Dieu ne nous parle pas de peur que nous ne mourions (Exd 20 v 19). Un survol de la Bible montre qu’à Israël pécheur l’Éternel a affirmé sa sainteté et, par elle, inculqué une bénéfique conscience de l’impureté donc d’une distance avec Dieu.
Pendant longtemps, c’est la vie de quelques personnages bibliques qui montrait à quel point le Dieu saint est également de nature à attirer. Je demande à l’Éternel une chose … contempler la magnificence de l’Éternel (Ps 27 v 4). Puis c’est la vie de Jésus : les foules nombreuses se rassemblaient pour l’entendre et pour être guéris de leur maladies, car il attirait ; mais aussi : lui se retirait dans les déserts pour prier (Lc 5 v 16), car le Dieu Saint l’attirait plus que tout. La seule fois où Jésus dit « Père saint » c’est après lui avoir dit dans sa prière, deux fois : auprès de toi (Jn 17 v 5), et : « je vais à toi » (v 11). C’est à dire : tout en priant pour les siens, Jésus a exprimé ce qui était son bien profond, ce qui pour lui personnellement faisait sens : être attiré par le Père Saint.
Parlant du Saint, la Bible mentionne lumière, splendeur, adoration.
Au roi des siècles, incorruptible, invisible, seul Dieu, honneur et gloire aux siècles des siècles ! Amen (1 Tim 1 v 17). Dieu est lumière (1 Jn 1), l’Apocalypse en dévoile différents effets : trône, pierre précieuse, arc en ciel, éclair, voix, tonnerre, mer de cristal (ch 4), et en dit le sens : saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant (v 8). Dieu est Saint en lui-même, unique et glorieux, majesté de puissance et de grâce. Dans le Ps 22, l’Esprit de Christ confesse à Dieu : tu es le Saint, tu sièges au milieu des louanges d’Israël (v 4), c’est à dire : tu es celui dont la sainteté fait le ravissement des tiens et ainsi produit leurs louanges. Puis dans Jn 17, Jésus incarné dit : Père saint. C’est pourquoi la Bible mentionne autant la sainteté (plus de 600 fois, sans compter la pureté).
Hormis lui-même, Dieu déclare saint ce qui sert son intention de se faire connaître.
Dieu bénit le septième jour et le sanctifia. Heureusement le texte explique cette première apparition du mot sanctifier : car en ce jour Dieu avait cessé toute l’œuvre qu’il avait faite (Gn 2 v 3). C’est la première fois que Dieu se montre autrement que créateur. Ce jour est sanctifié, non par opposition à du mal (les jours précédents étaient bons) mais parce qu’il s’y passe une chose qui concerne la personne de Dieu par dessus son œuvre ; c’est dans la Bible la première évocation d’une chose toute personnelle à Dieu. Il a sanctifié ce jour et non, par exemple, l’Éden. Il a créé toutes les montagnes de la terre mais il ne qualifiera de saintes que celles où il dévoile ce qui lui est précieux, ainsi celle de la transfiguration (2 Pi 1 v 17-18), sainte pour la foi des apôtres (et non comme lieu institué).
En prolongement de Gn 2 v 3, ce que Dieu déclare saint dans la Bible sera en rapport avec ce qui ouvre un accès vers lui (ou parfois l’interdiction de s’approcher, Exd 3 v 5). Dieu déclare saints : un jour, l’alliance, le commandement, une convocation, etc. parce qu’il les donne pour ouvrir un accès vers lui. Dieu déclare saints : l’autel, un lieu, un vase, une huile, la victime sacrifiée, le sacrificateur, son vêtement, etc. parce qu’il les prend pour éduquer à un accès vers lui. Le Pentateuque, qui parle beaucoup de sainteté, en parle à quatre-vingt dix pour cent au sujet des moyens ou règles d’accès à Dieu. Le sommet étant : le sang de l’expiation est une chose très sainte devant l’Éternel (Exd 30 v 10).
Nous avons cru et nous avons connu que c’est toi le Christ, le Saint de Dieu.
Cette confession de Pierre (Jn 6 v 69) est celle de toute la Bible. Celui qui a les paroles de la vie éternelle, Jésus sans qui nul ne vient au Père, est le Saint et le juste (Act 3 v 14). L’Évangile le souligne : le saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu (Lc 1 v 35). Souverain sacrificateur saint, innocent, immaculé, séparé des pécheurs (Hb 7 v 26), il a souffert pour sanctifier le peuple par son propre sang (13 v 12). Il est l’auteur d’un salut éternel (Hb 5 v 9), médiateur d’une alliance nouvelle (9 v 15) parce qu’il est le Saint, le Véritable, celui qui a la clé de David (autorité royale), celui qui ouvre et personne ne fermera, qui ferme et personne n’ouvrira (Ap 3 v 7).
Bien entendu, celui encore qui est massivement qualifié de saint dans la Bible, c’est l’Esprit de Dieu et de Jésus ; envoyé pour nous appliquer ce qui vient d’eux, il est le Saint Esprit. Dans ce nom, le mot saint récapitule tout ce qui est écrit de lui, dès Es 11 : Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de vaillance, Esprit de connaissance (de l’Éternel) et de crainte de l’Éternel. Puis dans le NT : Esprit de vérité, de sainteté, de vie, d’adoption, de la grâce, de sagesse et révélation, de force, d’amour et de sagesse.
Pour un humain, être sanctifié c’est être pris en main par le Saint.
Nous concernant, les mots de la famille de saint visent le lien à Dieu. C’est le Saint qui sanctifie, Dieu qualifie de saint ce qui a sa marque : en premier son saint appel (2 Tim 1 v 9) puis, par là, nous qu’il appelle à la repentance, convainc de péché, qu’il purifie, adopte comme siens, qu’il remplit de son Esprit Saint. En tout cela, nous que Christ a rachetés sommes dans la main de son Père (Jn 10 v 29) et ainsi sommes appelés saints (Act 9 v 13, 2 Co 1 v 1), en prolongement de la parole : tu es un peuple saint pour l’Éternel ton Dieu (Dt 7 v 6). En tout cela, notre cri de disciple reste : j’ai été saisi par le Christ Jésus (Phil 3 v 12), j’ai été « pris en main par le Saint ».
En tous les humains, le Dieu saint a mis une conscience de l’éternité (Eccl 3), mais aussi du mal donc d’une distance avec ce qui est saint. Mais, une fois le péché châtié sur la personne de l’Agneau, un privilège inespéré leur est ouvert : la sainteté de Dieu peut les attirer, sans terreur, et les sanctifier pour lui. En ce jour-là, le regard de l’homme se posera sur son créateur, ses yeux contempleront le Saint d’Israël (Es 17 v 7).
La sainteté de Dieu est notre bonheur suprême.
Elle n’est pas ‘contrainte pénible’ mais merveille désirée par-dessus tout : nous nous rassasierons du bonheur de ta maison, de la sainteté de ton temple (Ps 65 v 5). Ayant produit notre conversion par son attraction, la sainteté éternelle nous attire d’autant plus et nous rend adorateurs ! C’est pour offrir une communion que Dieu nous parle de sa sainteté : je les amènerai sur ma montagne sainte et je les réjouirai dans ma maison de prière (Es 56 v 7). De notre côté donc, parler de sainteté sera goûter la grâce de connaître Dieu et de prier devant sa magnificence.
C’est pourquoi la Bible ne présente pas la sainteté de Dieu comme un contrepoids à son amour. Elle ne dit pas : Dieu est amour « mais » il est saint. Ce serait introduire en Dieu une division comme il en existe en l’homme, et fracturer le divin en aspects soit positifs soit négatifs. Au contraire, quand l’Éternel annonce la restauration de son peuple, c’est aussi par sa sainteté qu’il explique la fin de la colère envers lui (Os 11 v 9).
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voir aussi l’article SAINTETÉ : NOTRE SANCTIFICATION.