Étonnamment, quand le Seigneur Jésus dit ces mots (Mt 13 v 11), il ne parle pas des dimensions inexprimables du royaume céleste mais de ses effets actuels. En quoi sont-ils mystérieux ? En ce que Dieu les a cachés aux sages et aux intelligents, et les a révélés aux enfants (Lc 10 v 21). Bien des paraboles commencent par : le royaume des cieux est semblable à (Mt 13 v 24, Mc 4 v 30). Cela signifie : voici comment Dieu, qui règne déjà, manifeste ce règne dans votre siècle. L’amour de Dieu est la tonalité fondamentale de ce règne : éternellement, il est le royaume du Fils de son amour (Col 1 v 13), et le royaume promis à ceux qui aiment Dieu (Jcq 2 v 5).

 

(cet article fait suite à : ROYAUME DE DIEU, ROYAUME PROCHE)

 

Jésus dit que le royaume se manifeste de lui-même.

Il en est du royaume de Dieu comme d’un homme qui jette de la semence en terre ; qu’il dorme ou qu’il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment (Mc 4 v 26-27). Voilà sans doute la première chose à croire : le règne de Dieu est inexorable car, comme un germe, il contient en lui-même sa puissance. Assurément, ce n’est pas notre vigilance qui fait avancer l’autorité royale de Dieu. Ce n’est ni par la puissance ni par la force mais c’est par mon Esprit, dit l’Éternel des armées (Za 4 v 6). Là, le fait qu’il est Roi sauveur n’est plus ignoré : c’est à vous qu’a été donné le mystère du royaume de Dieu (Mc 4 v 11).

Les paraboles de Jésus sont à comprendre d’après le reste de ses enseignements. Il ne dit jamais que le règne lui-même grandit ; c’est son effet visible qui s’allonge (litt.), c’est ce qu’il produit parmi nous. Dans le Bible, semailles et moisson servent souvent d’image pour le surnaturel : parole du salut, vie nouvelle, fin du monde (v 28-29).

 

Le règne de Dieu est parmi vous.

Le mystère c’est aussi que le royaume de Dieu ne vient pas de telle sorte qu’on puisse l’observer, on ne dira pas : voyez il est ici, ou : il est là ; car voyez, le royaume de Dieu est au milieu de vous (Lc 17 v 20-21). Précision importante : parlant à des pharisiens, Jésus ne dit sans doute pas que le règne serait ‘au-dedans’ d’eux, mais qu’il est actif dans leur génération. Il leur dit que ce règne, sans appartenir à un lieu ou un homme, est largement à l’œuvre. Toutefois, bien qu’ayant des résultats très concrets, il ne vise pas à frapper les regards ni à servir des ambitions (les chefs attendaient à leur profit une théocratie imposée du ciel). Pour toute époque, ce verset dénonce l’illusion d’un royaume toujours visible et qu’on toucherait en se rendant à tel ou tel endroit.

L’autorité royale agit dans le monde, semblable à un filet jeté dans la mer et qui ramasse des poissons de toute espèce ; quand il est rempli, on le tire sur le rivage puis on s’assied, on recueille dans des vases ce qui est bon et on jette dehors ce qui est mauvais. Il en sera de même à la fin du monde… (Mt 13 v 47 à 50). Selon Jésus, la parole du royaume est comme une semence qui, mystère encore, tombe le long du chemin, sur le roc, au milieu des épines, et… dans la bonne terre (Lc 8 v 5-8).

 

C’est de façon très contrastée que Jésus manifeste le royaume des cieux.

En Jésus incarné, le règne divin est une semence d’irrésistible puissance. Il renverse des limites (Jésus opère des résurrections, chasse les démons) et, en même temps, il accepte des limites (Jésus est fatigué, il ne change pas le monde). D’une part le Seigneur démontre un règne flagrant, d’autre part il prêche un règne dont les effets ne profitent pas à tous, ou ne sont perçus que peu à peu. Ainsi, le levain introduit dans la pâte y est invisible, pourtant il la fait lever entièrement (Mt 13 v 33). De tels contrastes ne gênent pas les cœurs d’enfant.

Le Seigneur souligne un autre contraste, entre la plus petite des semences (le grain de moutarde) et la taille de l’arbre devenu lieu d’habitation pour tant d’oiseaux (Mt 13 v 31-32). Le pouvoir du Roi sauveur est jugé insignifiant par le monde mais, mystère, il se révèle être un refuge pour beaucoup.

 

Le mystère du royaume c’est qu’il est à la fois présent et futur, sans contradiction.

(cf. G-E Ladd, Théologie du NT) L’authentique puissance royale est déjà là, venue en avance sur l’accomplissement final. Venue pour en donner des gages massifs ; des gages qui ne remplacent pas le final mais en stimulent l’attente. Ainsi, le salut dès notre conversion, est gage de la résurrection au dernier jour (Jn 6 v 40), et une guérison miraculeuse maintenant, est gage du corps glorieux que nous aurons alors (Phil 3 v 21). L’influence du royaume futur se fait déjà sentir.

L’emploi du même mot ‘royaume’ pour les gages et pour le final, souligne le lien entre les deux. Parlant de la puissance royale présente, notre Seigneur dit : le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche. Parlant de l’avènement futur du Roi, il dit exactement les mêmes mots : quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est proche (Lc 21 v 31). Jésus dit : le royaume de Dieu est parmi vous, il dit aussi : jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu (Lc 22 v 18). C’est en effet le règne présent parmi nous qui nous fait aimer Dieu et hériter du royaume qu’il a promis.

 

Jusque-là, comment comprendre le mystère du règne de Dieu ? En recevant ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ (Act 28 v 31).

 

(l’article suivant sera : LE ROYAUME EST COMME UN MAÎTRE QUI EMBAUCHE DES OUVRIERS)