Après les versets bibliques affirmant que Dieu règne, que son règne doit être cru et reçu, voici un verset concernant notre activité au service de son règne : Le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne (Mt 20 v 1).

(cet article fait suite à : ROYAUME DE DIEU, ROYAUME PROCHE,  et : LES MYSTÈRES DU ROYAUME DES CIEUX)

 

première partie

ÊTRE OUVRIERS POUR LE RÈGNE DE DIEU

 

Bien sûr, plusieurs paraboles du royaume concernent ce que Christ fait : celles du semeur, du grain de sénevé, de l’ivraie, du levain, du filet (Mt 13). Beaucoup concernent notre façon de recevoir : celles du semeur, du trésor, de la perle (Mt 13), des noces (Mt 22), des invités (Lc 14), du serviteur qui ne pardonne pas (Mt 18), des dix vierges (Mt 25). Deux disent ce qui n’est pas notre mission : celles de la semence (Mc 4 v 27), et de l’ivraie (Mt 13 v 28-29). Et deux disent notre mission : la parabole des ouvriers (Mt 20) et celle des mines à faire valoir (Lc 19). Par les deux, Jésus dit qu’être ouvriers de son règne c’est travailler dans sa vigne, c’est à dire dans le cadre de son alliance. C’est, dans la grâce et la vérité, faire valoir ce qu’il nous a confié, cultiver le fruit de l’Esprit. Car la tonalité du royaume c’est la sainteté et la grâce rédemptrice.

 

C’est par une convergence d’actes et de parole qu’on sert le Roi sauveur.

Ayant donné autorité aux douze, Jésus les envoya prêcher le royaume de Dieu et guérir (Lc 9 v 2). Ensuite Jésus dit à un anonyme : toi, va annoncer le royaume de Dieu (v 60), sans mention de miracles. Plus tard, il dit aux 70 : guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : le royaume de Dieu s’est approché (Lc 10 v 9). Même s’il y a une dimension propre aux douze, un principe demeure : être ouvriers du règne de Dieu implique une convergence d’actes et de paroles. On le sert en action et en vérité.

Ici, les actes qui servent le royaume sont des miracles : le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les signes qui l’accompagnaient (Mc 16 v 20). En d’autres versets, ce qui sert le royaume c’est la justice, la paix et la joie par le Saint Esprit (Rm 14 v 17). Un comportement juste est un témoignage, un miracle est un signe : il signale que Dieu règne et sauve. Si on parle sans guère démontrer, on ne sert l’Évangile qu’en partie ; si on poursuit les miracles sans prêcher Jésus-Christ crucifié, on dénature l’Évangile. Conduite pure, miracle, prédication : l’ensemble relaie l’appel insistant du Roi seul capable de détruire le péché et la mort !

 

Jésus a dit quoi proclamer.

Voici ses consignes : Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour ; et que la repentance en vue du pardon des péchés serait prêchée en son nom à toutes les ethnies, à commencer par Jérusalem (Lc 24 v 46-47). Prêchez la bonne nouvelle à toute la création ; celui qui croira sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné (Mc 16 v 15-16). Faites de toutes les ethnies des disciples ; et enseignez-leur à garder tout ce que Jésus a prescrit (Mt 28 v 19-20).

Prêcher que le règne de Dieu est proche c’est, comme Philippe en Samarie, prêcher le Christ (Act 8 v 5). C’est, comme Pierre chez Corneille, prêcher la paix avec Dieu par Jésus qui est Seigneur (Act 10 v 36), raconter ce qu’il faisait (v 38), dire sa crucifixion et sa résurrection (v 39-40), prêcher qu’il est juge de tous (v 42), appeler à croire en lui pour le pardon des péchés (v 43), avec repentance (Act 11 v 18). Comme Paul, prêcher le royaume de Dieu (Act 20 v 25) c’est annoncer la repentance et la conversion à Dieu avec la pratique d’œuvres dignes de la repentance (Act 26 v 20). Servir le roi c’est : suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d’hommes (Mt 4 v 19).

 

Être ouvriers pour le règne de Dieu n’est pas autre chose que servir l’Évangile du Christ.

Proclamer la royauté de Dieu ne consiste pas à glisser partout le mot ‘royaume’. Ainsi, l’Évangile de Jean n’emploie quasiment pas le mot (sauf Jn 3 v 3, 5 et Jn 18 v 36). Mais, pour dire le pouvoir rédempteur du Roi, Jean multiplie l’expression ‘la vie éternelle’ au sens déjà présent (Jn 6 v 40), et pas seulement au sens futur (comme faisait le judaïsme). Dire le royaume de Dieu ne consiste pas à reprocher à nos prédécesseurs d’avoir peu prêché le mot, ou d’avoir sous estimé le miraculeux. Si Dieu accorde davantage de miracles c’est pour signaler son règne, pas pour qu’on accommode le message en taisant que le chemin spacieux mène à la perdition (Mt 7 v 13). Les ouvriers du règne de Dieu ne font pas autre chose que servir l’Évangile du Christ. Publier la bonne nouvelle du royaume ne consiste pas à promettre la guérison sans exception ou la prospérité économique (le NT ne les promet pas) mais à montrer et dire le kérygme.  (voir l’article : KÉRYGME)

 

C’est la royauté de Dieu qui crée l’Église, pas l’inverse.

L’Église n’est pas le royaume. Les disciples ne sont pas le royaume. L’Église existe parce Dieu a fait Christ roi et tête de l’Église (Eph 1 v 22). Il dit : je bâtirai mon assemblée (Mt 16 v 18), prolongement de l’assemblée de l’Éternel. Universelle ou locale, l’église est rachetée par le roi et, pour cette raison, elle est ouvrière de son règne. Elle sert le royaume comme messagère : de la part du roi elle appelle les invités aux noces du Fils (Mt 22 v 2-3) et appelle le long des chemins (v 10). Elle sert aussi comme portière ayant la clé : elle accueille et dit les conditions d’entrée (voir v 11-12). Ouvrière sainte, elle fait partie de la maison du roi et lui obéit ; pleine de sollicitude pour les perdus, elle se tient à l’accueil pour leur faciliter l’entrée.

Le royaume est autorité rédemptrice de Dieu atteignant des hommes, à travers l’obéissance d’autres hommes, jamais sous le contrôle des hommes. Autrefois, l’Église a dominé outrageusement et prétendu être elle-même le royaume de Dieu ; aujourd’hui, certains déprécient l’Église tout en s’imaginant établir eux-mêmes le royaume de Dieu.

 

 

deuxième partie :

DIEU NE CHARGE PAS SES OUVRIERS DE LE FAIRE ROI

 

Le règne de Dieu existe en lui-même, et non à mesure que des hommes le reçoivent.

Le NT ne dit jamais que nous devrions l’établir ou le construire, ni même l’amener. Si son règne était un ‘réseau’ on pourrait parler de le construire, mais son règne c’est sa ‘royauté’. Ce ne sont pas les rachetés qui établissent la royauté qui les a sauvés. Une paysanne ennoblie par le roi puis fiancée à son fils, ne fait pas la souveraineté de ce roi. La Bible est claire : l’Éternel est roi de toute la terre, non pour en faire le ciel (2 Pi 3 v 10) mais pour en appeler des élus.

L’idée d’établir nous-mêmes le règne de Dieu se nourrit d’une affirmation sans nuance : nous serions rois. C’est oublier que le NT ne parle de notre règne avec Christ qu’au futur et au conditionnel (2 Tim 2 v 12) ; et comme sacrificateurs au service du roi (Ap 5 v 10, 1 Pi 2 v 9). Quand Paul relève que les Corinthiens pensent ‘régner’ déjà (1 Co 4 v 8), il ne fait que dénoncer leur orgueil (v 18).

L’idée d’établir nous-mêmes le règne de Dieu se nourrit aussi d’une interprétation tendancieuse de Gn 1 v 28 : les mots ‘remplissez la terre, soumettez-la, dominez’ exprimeraient le plan A de Dieu. Cette interprétation veut ignorer que le NT ne pose jamais Gn 1 comme sens du salut. Gn 1 présente Dieu et l’homme (cf. 2 v 15 et 19), pas encore le Fils. Or en Christ est le commencement (Jn 1 v 1) et le but : tout a été fait pour lui (Col 1 v 16). Le dessein éternel de Dieu c’est son Fils, pas notre domination sur la terre. Ce n’est pas l’Église mais Dieu qui va tout récapituler sous le Christ (Eph 1 v 10).  (voir l’article : LE DESSEIN DE DIEU EST CENTRÉ SUR SON FILS)

 

Nous ne voulons pas que celui-là règne sur nous.

(Lc 19 v 11-14)  Le Seigneur Jésus l’affirme, c’est au milieu d’un tel rejet que ses serviteurs travaillent pour lui, légitime roi. C’est pourquoi ils sont persécutés : l’essence de la persécution est antichrist, car l’essence de la conversion est recevoir Christ. Alors même que la terre lui appartient, Dieu y est rejeté ; certains proposent une solution : veux-tu que nous arrachions l’ivraie ? Le maître répond : non ! (Mt 13 v 28-29). Arracher l’ivraie équivaudrait à imposer aux hommes de fonctionner comme s’ils étaient fils du royaume (v 38), ce qu’ils ne sont pas.

L’idée que la terre appartiendrait à Satan et qu’il faudrait la conquérir afin que Dieu en devienne roi, est étrangère aux Écritures. À vouloir régir le monde et sa culture, l’Église a autrefois corrompu la vérité. De même aujourd’hui, l’ambition d’assujettir la terre discréditera la parole du royaume (ambition née dans des pays influents où l’église n’est pas persécutée). Toutefois cette ambition a un effet collatéral, elle stimule le zèle pour évangéliser ; que ce soit sous un faux motif n’empêche pas, selon Paul, de nous réjouir (Phil 1 v 18). Car Dieu règne.

 

Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car le royaume des cieux est à eux.

(Mt 5 v 10)  Jésus affirme un rapport entre le royaume approché et la persécution des siens. À peine Pierre est-il restauré, que Jésus lui indique par quelle mort il glorifiera Dieu (Jn 21 v 19). À peine certains sont-ils sauvés, que Paul les prévient : c’est à travers beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu (Act 14 v 22). Quand Jésus dit qu’on use de violence pour y entrer (Lc 16 v 16), il ne parle pas de la violence humaine (cf. tends l’autre joue) mais de la radicalité requise par une si bonne nouvelle. Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite (Lc 13 v 24), prêts à perdre un œil ou une main (Mt 5 v 29-30).

Dans ce règne les hommes peuvent entrer, ou pas (Mt 23 v 13), mais ils ne peuvent le détruire. Même s’il y a entre les hommes et Dieu un choc des volontés, même si les rois terrestres (Ps 2 v 2) ou des Israélites (1 Sam 8 v 7) rejettent sa royauté, rien n’empêche Dieu de la manifester aux élus de Jacob et des ethnies (Es 49 v 6) par son Messie.

 

Récompense : certains héritent du royaume, il est pour eux, il est à eux, il leur est donné.

Pour qui est le royaume ? Qui le voit et en vit ? Il est pour ceux qui ressemblent aux petits enfants (Mt 19 v 14). Il est aux pauvres en esprit (Mt 5 v 3) et à ceux qui sont persécutés à cause de la justice (Mt 5 v 10). Il est donné au petit troupeau (référence au reste, Rm 9 v 27) : votre père a trouvé bon de vous donner le royaume (Lc 12 v 32). Il est donné aux ouvriers qui veulent le servir et non en disposer : le royaume de Dieu vous sera enlevé et sera donné à une nation qui en produira les fruits (Mt 21 v 43).

Si le royaume est pour nous, ce n’est pas en tant qu’humains : la chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu (1 Co 15 v 50). C’est Jésus qui le donne : vous êtes de ceux qui ont persévéré avec moi dans mes épreuves, c’est pourquoi je dispose du royaume pour vous (Lc 22 v 29).

 

Conclusion.

Être ouvriers pour le règne de Dieu, c’est travailler en priant : que ton règne vienne (Mt 6 v 10). Cela ne signifie ni : ton règne est absent (car il lui appartient déjà, v 13), ni : la terre deviendra le ciel. Mais cela signifie prier que Christ sème dans ce monde des fils du royaume (Mt 13 v 38), et prier qu’à la fin du monde (v 40) Jésus vienne ! Alors il les rassemblera dans le royaume de son Père, car le règne promis à Israël (Za 9 v 9), c’est celui de Jésus. Et la parabole des ouvriers embauchés garantit qu’il est bon (Mt 20 v 15) et juste (v 16).

Ensuite viendra la fin, quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père (1 Co 15 v 24).