Dieu ne dit pas seulement de désirer la nourriture qu’est sa parole, il nous dit aussi de rejeter le mal : rejetez toute méchanceté et toute fraude, l’hypocrisie, l’envie et toute médisance (1 Pi 2 v 1), désirez le lait non frelaté de la parole (v 2). Rejetez, désirez : Dieu commande les deux.  Pour illustrer, il n’y a pas de saine production agricole sans refus de la pollution. Tout le NT enseigne à ne pas tolérer le mal en nous. C’est à la fois simple : abstenez-vous, écartez, ôtez, et laborieux : rejetez, haïssez, faites mourir.

 

Que personne ne vous séduise par de vains discours.

(Eph 5 v 6a)  Il y a des discours qui nient le danger du mal. Ce sont ceux où un Dieu d’amour ne condamnerait personne, où la débauche ne serait qu’une forme d’amour de la vie. Ils sont une rébellion contre Dieu et attirent sa colère (v 6b).  Il y a des discours qui minimisent le danger. Ce sont ceux où la sagesse consisterait à ne prêcher que du positif. Ils font le jeu du diable en contredisant la pédagogie de Dieu. En effet, à travers toute la Bible, Dieu forme les siens en révélant sa gloire et en dénonçant la nocivité du mal. Nous devons résister au « dictat du tout positif », cette fausse sagesse qui traite le mal par le non dit.

 

Nous sommes à Christ, et cependant la menace du péché est présente.

(Col 3)  Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en haut où le Christ est assis à la droite de Dieu ; pensez à ce qui est en haut et non à ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ; quand le Christ, votre vie, paraitra alors vous paraitrez aussi avec lui dans la gloire (v 1 à 4). Paul magnifie Christ sur le trône, affirme ce qui est vrai de nous, montre la bonne orientation de cœur !  Il continue : faites donc mourir les membres (litt.) qui sont sur la terre : inconduite, impureté, désir mauvais, et la cupidité qui est une idolâtrie, et : rejetez tout cela : colère, animosité, méchanceté, calomnie, paroles grossières qui sortiraient de votre bouche, puis : ne mentez pas les uns aux autres (v 5 à 9).  Pourquoi, au lieu de rester uniquement sur le positif, Paul mentionne-t-il des choses négatives ? Parce que « vous êtes une nouvelle créature » n’annule pas « priez, afin de ne pas tomber en tentation » (Lc 22 v 46).

 

Les membres qui sont sur la terre, c’est ma capacité à faire le mal.

Au sens figuré, mes membres sont l’ensemble de mes capacités. Je les avais mises au service du péché, et elles s’y sont habituées, maintenant elles servent ce qui est juste (Rm 6 v 19).  Je dois croire Dieu pour les versets ‘valorisants’ de sa parole ; mais je tords ces versets si j’imagine que de moi il ne peut sortir que du bien. Col 3 enseigne qu’en Christ est ma vraie vie, et enseigne que je suis fragile.

Moi, vrai disciple de Jésus, je reste capable de méchanceté, de convoitise, de sexualité hors mariage, d’idolâtrie, etc. C’est bien de ma bouche que pourraient sortir des grossièretés (v 8). Je ne dois pas, m’estimant au-dessus du risque de tomber, voir ces avertissements comme de la peur face au péché. L’enjeu est grave, sinon Dieu dirait-il de faire mourir des choses qui me concernent ? Dans le NT l’expression « crucifier la chair » fait écho aux paroles de Jésus : qu’il prenne sa croix et me suive.

 

C’est Jésus qui parle le plus radicalement de rejeter le mal.

Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne (Mt 5 v 29). Il dit la même chose concernant ta main droite (v 30). Par ce résumé entre tentation et géhenne, le Seigneur me parle fort : je dois choisir d’arracher, de couper, de jeter ce qui en moi pourrait conduire à l’étang de feu. Par exemple l’adultère (v 31-32). Par l’œil viennent des tentations, qui bientôt mettent en mouvement la main.  Rejeter le péché qui nous enveloppe si facilement (Hb 12 v 1), va coûter : vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang en luttant contre le péché (v 4). Refuser de pécher comme fait le monde mène à accepter de souffrir et, en temps de persécutions, d’être blessé ou tué.

 

Faire des compromis avec le mal, c’est contribuer à une pollution.

Il y a la pollution insidieuse ou la pollution violente. Fautes jugées banales ou souillures graves, qu’est-ce qui fait qu’on les rejette, qu’est-ce qui fait qu’on se les autorise ? Quand on les rejette, c’est parce qu’on aime Dieu et sa parole de grâce et de vérité, et parce qu’on est reconnaissant d’être citoyen d’en haut et non de la terre. On les rejette parfois difficilement, mais toujours par la force que donne la nourriture d’en haut.

Quand on s’autorise certains péchés, pourquoi le fait-on ? On s’autorise un péché car on y est habitué, par exemple médisance ou jalousie : ce sont des « voies » dont il faut se repentir. On s’autorise un péché car on en retire un profit, par exemple hypocrisie, malhonnêteté matérielle, ou doctrinale : ce sont des moyens qu’il faut refuser. On s’autorise un péché car on y trouve un plaisir, par exemple image érotique ou blague malsaine (Eph 5 v 4) : ce sont des poisons qui font la guerre à l’âme (1 Pi 2 v 11). Tolérer des péchés ‘anodins’ mènera à des choses plus dévastatrices : mensonge en église, cupidité, adultère.

Bien sûr, être tenté n’est pas avoir péché !  Alors, contre ce qui en moi répondrait aux tentations, je serre ta parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi (Ps 119 v 11).

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