L’expression surprend, si la vérité est seulement vue comme la réalité vérifiable, la philosophie, l’honnêteté. Car le verbe aimer n’est pas tout à fait approprié à ce type de vérité. Mais l’expression ne surprend plus quand on devient disciple du Christ : la vérité est à aimer parce qu’elle est en Dieu qui est à aimer. Dans le contexte (2 Thess 2 v 10), les mots ‘amour de la vérité’ disent combien la vérité comblera celui qui reçoit Jésus, ils impliquent aussi un ‘vide d’amour’ pour celui qui repousse Jésus.

Cet article est le deuxième d’une série de cinq.  Voir aussi :  Comment Jésus parle-t-il de la vérité ?Nous sommes de la véritéObéir à la véritéNe mentez pas contre la vérité.

 

Que contient l’expression ‘aimer la vérité’ ?

L’expression vient de Dieu (Zach 8) et récapitule ce que Jésus dit de la vérité : la pratiquer (Jn 3), témoigner d’elle (Jn 5), la connaître (Jn 8), y persévérer (id), la dire (id), être sanctifié par elle (Jn 17), en être (Jn 18). L’expression ‘amour de la vérité’ récapitule aussi ce que dit le reste du NT : obéir à la vérité (Gal 5, 1 Pi 1), se réjouir d’elle (1 Co 13), la manifester (2 Co 4), en être instruit (Eph 4), se ceindre d’elle (Eph 6), la croire (2 Th 2), y être affermi (2 Pi 1), l’avoir en soi (1 Jn 1 et 2, 2 Jn), agir avec elle (1 Jn 3 et 3 Jn), en être (1 Jn 3), aimer en elle (2 Jn, 3 Jn), y marcher (2 Jn, 3 Jn), et plusieurs fois : la connaître, la dire. Il s’agit d’un rapport à Dieu, non d’un idéal ému.

 

La vérité est à aimer.

Quand l’être humain se veut repère central du vrai et du faux, l’idée s’impose qu’aucune vérité n’est objective, ou même n’existe. Hormis ce néant revendiqué, la vérité est généralement vue comme un ensemble de données à savoir et, souvent, à réfléchir. Dans la Bible, la vérité est certes à savoir mais surtout à aimer. Aimer n’est pas d’abord un sentiment pour vibrer soi-même, c’est une volonté qui cherche soit le bien d’une personne soit, ici, le bien qui vient de Dieu. Aimer la vérité, est-ce seulement d’autres mots pour dire : aimer Dieu ? Ultimement, oui. Mais, au long de notre existence, aimer la vérité fait prendre des décisions pratiques :

 

Connaître les paroles de Jésus.

Ça rejoint l’idée ordinaire que la vérité est à découvrir. Et aussi ça transcende cette idée car ici la découverte est guidée par Jésus : si vous demeurez dans ma parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira (Jn 8 v 32). Elle m’affranchira non de l’ignorance mais du péché, c’est à dire de mon « manquer Dieu » (sens du mot péché) et des actes mauvais qui en résultent. Être mis face à quelque chose de Jésus, prêter attention à sa personne, réaliser qu’une parole de lui me bouge… et je commence à goûter la vérité. Si alors je continue, sans passer à autre chose, Jésus parlera encore. Et j’aimerai l’Évangile qui me libère, et j’aimerai Jésus. Selon le NT, le salut c’est parvenir à la connaissance de la vérité (1 Tim 2 v 4).

Jésus dit que la vérité est dans ses paroles et nous atteint par la Bible. Qu’un chrétien y soit attaché est l’évidence même. Cependant il doit savoir que dans le christianisme agissent des forces qui minimisent la vérité biblique, et même s’y opposent. Soit frontalement : l’Écriture ne serait pas vérité mais mythe (c’est l’aile dure de la théologie libérale, auxiliaire de l’incrédulité humaniste). Soit subtilement : l’Écriture serait moins vérité que nos définitions, nos prophéties, notre expérience de l’Esprit Saint (c’est une séduction multiforme qui érode la foi saine). Dans les deux cas, par le père du mensonge, on retient la vérité captive de l’injustice (Rm 1 v 18).

 

Croire Jésus.

De nouveau, ça rejoint une idée ordinaire : la vérité peut être crue ou pas. Et aussi ça transcende cette idée car, une fois que la vérité pointe, croire est donné par Dieu. C’est la vérité qui produit la foi, pas l’inverse. À ce stade, une décision d’humilité dépend de nous, pour être instruits selon la vérité qui est en Jésus (Eph 4 v 21). C’est la décision contraire à celle de certains auditeurs de Jésus qui, comprenant qu’il parlait d’abandonner leur péché, ont prétendu par orgueil n’en avoir jamais été esclaves (Jn 8 v 33). Ou la décision de ceux qui, en toute mauvaise foi, ont choisi de ne pas croire Jésus parce qu’il leur disait la vérité (v 45) mais qu’elle menaçait leur position. Quand croire Jésus commence à m’être donné, quand j’ai décidé de continuer à l’écouter, et quand je sens mon cœur guérir à sa voix, évidemment que je vais aimer de mieux en mieux la vérité !

 

Aimer la vérité ça vient de Dieu, et c’est la seule alternative au mal.

Le NT explique que, si beaucoup sont séduits et croient les mensonges du diable, c’est parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvé (2 Th 2 v 10). Ce n’est pas simplement : ils sont non croyants. C’est : quand la vérité de Jésus a pointé dans leur vie pour les sauver, quand il fallait commencer à la goûter, ils ont pris plaisir à l’injustice (v 11).

L’amour ne se réjouit pas de l’injustice, il se réjouit de la vérité (1 Co 13 v 6). Ce mot injustice désigne tout mal qu’on justifie. Exemple : des choses que le monde qualifie d’amour mais que Dieu nomme idolâtrie, convoitise, adultère, etc. Autre exemple d’injustice : soit on cesse d’aimer si la ‘vérité’ qu’on défend n’est pas reçue, soit on trahit la vérité au profit d’un ‘amour’ universel qui honnit la pureté morale prescrite par Jésus. Daniel, prophète lucide, avait résumé ainsi le péché d’Israël : nous n’avons pas été attentifs à ta vérité (Dn 9 v 13).

 

Conclusion.

La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ (Jn 1 v 17). Ne l’oublions pas, en notre nature première de pécheurs, la vérité n’est pas en nous. Découvrir et aimer la vérité de Dieu est avant tout une grâce venant de lui.